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Critique de Tachan


Tachan
10 décembre 2019
Ce n'est pas une chronique facile que je m'apprête à rédiger, en premier lieu parce que le prieuré de l'oranger est le dernier titre à la mode dont tout le monde parle et que tout le monde semble avoir aimé, ce qui n'est pas mon cas... et ensuite parce que c'est tout de même une belle brique de plus de 950 pages qu'il n'est pas forcément facile à résumer.

Le prieuré de l'oranger de Samantha Shannon est le dernier phénomène en date de la blogosphère amatrice de roman de Fantasy. Publié dans la petite maison d'édition de Saxus, ces derniers ont fait une grosse campagne de pub sur les réseaux sociaux à renfort de comparaison avec des titres comme Game of Thrones et des auteurs comme Tolkien, Robin Hobb ou G.R.R. Martin. Sauf que malheureusement, comme je le pressentais ce titre est totalement survendu et qu'on est bien loin de la qualité des titres et auteurs cités.

Le prieuré de l'oranger est un titre de fantasy tout à fait classique, se déroulant dans un monde coupé en deux (voire plus, on le verra ensuite) autour de la question de la vénération ou non des dragons, le tout autour d'une légende de grands personnages les ayant affrontés. On s'y retrouve bien des siècles après la dernière grande bataille alors que le plus terrible d'entre eux semble se réveiller. On y suit d'un côté la Reine Sabran dont le règne est perturbé par de multiples complots et de l'autre Tané, une jeune dragonnière en devenir qui tente de gravir les échelons malgré ses origines modestes. Voilà pour résumer très brièvement le début et le contexte.

Au fil des pages, on va suivre de nombreuses péripéties, de nombreux complots, de nombreuses trahisons et de nombreux voyages. On va en apprendre plus sur l'histoire et la mythologie de cet univers. L'autrice va tenter de nous surprendre avec des revirements et des découvertes brutaux, etc. Mais personnellement, dès le début, j'ai trouvé tout cela bien faible. Contrairement à ce qui est annoncé par l'éditeur, nous ne sommes pas avec un titre de fantasy pour adultes, mais plutôt avec un titre dans la lignée des Young Adult sortant chez nous et ça change tout ! Personnages mal définis et bien plus jeunes dans leurs actions et pensées que leur âge semble l'indiquer, actions téléphonées, grosses ficelles utilisées à multiples reprises pour faire avancer l'histoire ou surprendre le lecteur. Les plus de 900 pages du titre ont été bien mal employées....

J'ai d'emblée eu énormément de mal avec les personnages de l'histoire. Je les trouve trop archétypaux et pas bien construits. Ils ne sont pas développés comme peu le faire une Robin Hobb ou un G.R.R. Martin à qui on veut comparer l'autrice. Ici, ils sont fades, sans personnalités et enchainent des actions ma foi fort prévisibles tout en se comportant souvent comme des ados ou des très jeunes adultes malgré leur âge. J'ai été déçue. Je sais que beaucoup ont aimé qu'on retrouve des relations LGBT de façon très naturelle dans ce titre, mais ça ne suffit pas à en faire un bon titre, un titre marquant. Ça a déjà été fait ailleurs et mieux. Lisez les titres de Lynn Flewelling !

C'est justement le gros point noir du titre pour moi : on nous enrobe l'univers tout un tas d'éléments qui flattent le lecteur mais au final tout sonne creux. L'univers semble prometteur sur le papier. On nous appâte en couverture avec de très beaux dragons, mais ceux-ci n'ont qu'un rôle mineur dans l'histoire au final. Si vous voulez de vrais bons titres où les dragons sont mis en valeur, allez lire Robin Hobb, au moins ils ont une personnalité et leur rôle ne tient pas sur 10 pauvres pages dans l'histoire ! On nous appâte avec une mythologie reposant sur d'anciens personnages avec des pouvoirs qui se sont défiés et ont mis le monde à mal, mais c'est résolu en deux coups de cuillères à pot avec presque aucune conséquences importantes. Un vrai pétard mouillé. Si vous voulez des Dieux qui mettent le monde à mal, allez lire N.K. Jemisin ! On nous parle aussi d'une magie à base de feu, de joyaux et d'arbres donnant des pouvoirs, mais là aussi ce n'est pas du tout visuel. La magie n'a rien de percutant et marquant pour le lecteur. Vous voulez lire des titres avec des systèmes de magie à vous chambouler la tête et de l'action quasi cinématographique, allez lire Brandon Sanderson et son Fils des Brumes ! Enfin, on nous promet des complots de cour à la G.R.R Martin mais c'est du pipi de chat en comparaison, ici. Tout est évident et il n'y a aucune surprise ni renversement dramatique avec nos personnages chéris mis à mal. Les quelques bouleversements qu'ils subissent sont un vrai pis aller en comparaison aux Noces Pourpres du maitre, allez plutôt lire l'original ! Bref un titre vraiment trop survendu !

Alors là, je viens de déverser toute ma frustration de lectrice déçue et on pourrait croire que je n'ai rien aimé dans le titre mais ce n'est pas le cas. C'est juste que je m'attendais à tellement plus vu le matraquage marketing que le banal titre de Fantasy pour grands ados que j'ai lu fut une grande déception.

Cependant, je reconnais que la plume de l'autrice fait que le titre se lit bien. Les chapitres, assez courts, s'enchainent rapidement. le changement régulier de point de vue fait qu'on ne se lasse pas malgré la longueur du titre. On a envie de découvrir quel nouveau coup du sort va leur tomber dessus et comment ils vont s'en sortir. On voyage beaucoup dans les terres et les mers de cet univers. Et même si on reste beaucoup trop en surface pour moi, il y a de vraies bonnes idées dans la mythologie du titre, avec la création du Reinaume d'Inys, ainsi que la manipulation faite de l'Histoire par les différentes puissances qui peuplent ces terres. J'ai aimé les quelques moments où on a entraperçu les dragons et où ils ont agit. La relation entre Tané et sa dragonne était touchante. L'autrice met en avant des valeurs qui me sont chères telle que l'amitié et l'amour au-delà des castes et des différences. Cette lecture ne fut donc pas un total calvaire loin de là, juste pas le chef d'oeuvre annoncé.

Pour conclure, si de Saxus n'avait pas fait un tel matraquage en disant partout que le prieuré de l'oranger était un nouveau "monument de la fantasy et de la littérature" (cf la 4e de couverture...), j'aurais peut-être plus apprécié ma lecture. Là, je m'attendais à recevoir une claque et le lire juste après l'excellent Roue du Temps de Robert Jordan, titre vraiment à destination des adultes, fait paraitre celui-ci bien fade et révèle tous ces défauts dont j'ai parlés en long en large et en travers plus haut. le prieuré de l'oranger est une lecture jeunesse honnête mais ça s'arrête là. Il ne tient absolument pas la comparaison avec les auteurs et les titres à côté desquels son éditeur veut le placer...
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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