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Laurence (Traducteur)
EAN : 9782070379316
382 pages
Gallimard (14/04/1988)
3.65/5   100 notes
Résumé :
Frensic, honorable agent littéraire, reçoit un jour le manuscrit d'un roman, Pitié, ô hommes, pour la vierge.
Le sujet en est délicieusement scandaleux : il traite des amours d'un jeune homme avec une très vieille dame, et l'auteur tient absolument à rester anonyme. Frensic et son assistante Sonia Futtle décident alors de " monter un coup " littéraire. Ils choisissent, comme prête-nom, un obscur écrivaillon qui s'est vu refuser un ouvrage : Peter Piper. Ils r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« La grande poursuite » (en anglais « The great pursuit ») est un livre écrit par Tom Sharpe en 1977. Écrivain britannique, Tom Sharpe figure en tête de liste des grands humoristes de son époque (1928 – 2013). Il est reconnu pour avoir utilisé un style percutant et iconoclaste pour critiquer alternativement le monde littéraire, l'apartheid, le snobisme anglais, l'extrémisme, la bureaucratie, les monde des enseignants, les banquiers de la City, la police, le système de santé public, la guerre en Irak et la bêtise en général. Spécialiste des situations abracadabrantes basées sur des quiproquos, Tom Sharpe écrit assez généralement sans se soucier de la vraisemblance. Dans « La grande poursuite », Tom Sharpe s'en prend au petit monde de l'édition.

L'histoire en est détaillée en 4ème de couverture : « Frensic, honorable agent littéraire, reçoit un jour le manuscrit d'un roman, « Pitié, ô hommes, pour la vierge ». le sujet en est délicieusement scandaleux : il traite des amours d'un jeune homme avec une très vieille dame, et l'auteur tient absolument à rester anonyme. Frensic et son assistante Sonia Futtle décident alors de « monter un coup » littéraire. Ils choisissent, comme prête-nom, un obscur écrivaillon qui s'est vu refuser un ouvrage : Peter Piper. Ils remettent le livre à un éditeur de renom mais ruiné, Geoffrey Corkadale, et obtiennent de l'argent du richissime Hutchmeyer. La machine est en route pour lancer sur le marché ce qui doit être, assurément, un best-seller. Et tout rate. Les intrigues amoureuses succèdent aux querelles de pouvoir, les complots aux combines, à une vitesse ahurissante ».

Dans « La grande poursuite », ouvrage qui compte 377 pages, le métier d'éditeur apparaît clairement comme un sale boulot où les margoulins abondent (certains n'hésitent pas à demander aux auteurs de réécrire plusieurs fois leur ouvrage) et où le fric passe avant toutes choses : le best-seller que tout éditeur espère dénicher nécessite (page 12) de grosses ventes, un bon pourcentage sur les droits d'auteur et des stimulations énormes offertes notamment par des clubs de livres. L'auteur (du best-seller) passe (page 21) pour un égoïste et un enquiquineur notoire, l'objectif de l'éditeur consistant à placer le livre sélectionné (page 23) très précisément au bon endroit de sorte que la vente ait des conséquences optimales, que ses retombées soient bénéfiques à sa réputation et favorisent des intérêts ultérieurs. L'éditeur est rarement « certain de son coup » : ainsi, les avis de Frensic et de Sonia diffèrent quant à la qualité de « Pitié, ô hommes, pour la vierge ». Elle trouve le livre (page 25) bizarre, pathétique, plein de discernement, profond, avec une bonne intrigue ; il le trouve mauvais, prétentieux mais il le vendra car il combine histoire cochonne et style plus cochonné encore, (page 26) avec des détails exquisément nauséeux, avec des suggestions à la Lawrence. L'éditeur Corkadale est intéressé par l'ouvrage : il recherche un best-seller (qui le tirera de la faillite), il récupèrera 10% des droits de vente américains et il pourra vendre l'ouvrage au Royaume-Uni. L'éditeur Hutchmeyer est également intéressé par l'ouvrage : il le paiera cher (2 millions de dollars) car son auteur est unique et anonyme, et surtout car il fait confiance à Frensic : lui (page 37) ne lit jamais les livres qu'il achète, ne sachant lire que les chèques et les billets de banque. Cochon ce livre ? Il s'agirait d'une romance entre un garçon de 17 ans et une femme de 80 ans, ou plutôt d'une relation, voire d'une idylle entre eux, idylle que (page 32) le Comité de lecture aurait trouvée (page 32), obscène, (page 33) dégoûtante, une pornographie pseudo-intellectuelle (page 35). Certains lecteurs pourraient toutefois y voir (page 42) une histoire d'amour où l'un et l'autre s'apportent mutuellement ce dont ils manquent individuellement, un livre (page 43) sur les possibilités de la vie, une symphonie de mots. Qui croire ? Comme Tom Sharpe ne nous en livre aucun passage, il est difficile de se prononcer. Et là n'est pas la question. Ce manuscrit va être édité par Corkadale et par Hutchmeyer, mais à quel prix !

Mon avis ? Après un démarrage un peu lent, les péripéties s'enchainent les unes après les autres et le lecteur se démène tant bien que mal pour ne pas y perdre son latin : une grande poursuite après le succès (d'où le nom de l'ouvrage ?) et un jeu de cache-cache (page 356) où chacun dupe l'autre ou le fait chanter, et finit par « se prendre les pieds dans le tapis », dépassé par la tournure que prennent les événements. L'intrigue est très bien ficelée et la fin (en fait, le dernier quart du livre) est ahurissante.

Il y a de belles trouvailles : le studio TV où Peter Piper donne une interview (complètement surexcité, il envoie promener le micro) ; l'arrivée de Piper à New-York où Mac Mordie, l'agent de Hutchmeyer, organise une émeute en faveur de l'auteur présumé de « Pitié, ô hommes, pour la vierge » ; le passage où Mac Mordie inonde le crâne de Piper de sang universel afin de le faire passer au JT du soir pour (page 136) la victime expiatoire sur l'autel de la grande littérature ; le moment où Piper rasé, chauve et la tête couverte de bandages ressemble à s'y méprendre à l'homme invisible ; la sortie en mer de Sonia et de Hutchmeyer ; Baby (la femme de Hutchmeyer), en plein office dominical, qui se laisse (page 326) mordre les seins siliconés par un serpent corail afin de prouver aux fidèles que la foi est plus forte que tout ; Baby et Piper qui élisent domicile à Bibliopolis, la cité de la Bible, et qui vont devenir tous deux des prêcheurs ; Piper qui invente la logosophie ou doctrine du mot rendu parfait (page 339) ; Baby qui oblige Frensic à signer une lettre dans laquelle (page 368) il avoue la vérité (sur la fabrication et l'édition de « Pitié, ô hommes, pour la vierge ») en le menaçant de la prison à vie pour avoir menacé d'une arme (un coupe-papier), injurié et fait chanter Piper alors même que sa voiture contenait de l'héroïne ; Frensic qui devient le secrétaire de Piper et tape à la machine tous ses manuscrits ; etc. Et les personnages sont très bien brossés sous la plume satyrique de Tom Sharpe (voyez comment il dépeint le vrai auteur de « Pitié, ô hommes, pour la vierge »).

Évidemment, tout n'est pas parfait, loin s'en faut : le scénario n'est pas rectiligne mais sinueux à souhait ; les situations, même loufoques, ne prêtent pas toutes à sourire ; le style, quoique grinçant et parfois un rien acide, n'a rien d'extraordinaire ; le texte est parfois « agrémenté » de propos machistes fort désagréables, peut-être destinés à être appréciés par la gentry masculine de l'époque (page 39 – Sonia avait élargi physiquement au point que ses proportions la rendaient proprement immariable ; 108 – « quand ma conne de femme en aura fini avec lui… ») ; et « last but not least », le tout a quand même un peu vieilli … Je ne sais pas si, comme l'annonce la 4ème de couverture, c'est « un des romans les plus drôles que la Grande-Bretagne ait jamais produits » mais le livre m'a semblé assez rafraichissant, cynique, décapant, humoristique voire jubilatoire et original alors que Tom Sharpe y traite d'un sujet de prime abord plutôt intellectuel : « la marchandisation de la littérature ». le livre devrait plaire aux fans d'humour british ; dans ce cas, je suggère de le lire en V.O.
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Frensic, honorable agent littéraire, reçoit un jour le manuscrit d'un roman intitulé "Pitié ô hommes, pour la vierge" relatant les amours scandaleuses d'un jeune homme et d'une octogénaire. L'auteur qui a fait parvenir son roman par l'intermédiaire d'un cabinet d'avocat, tient absolument à conserver l'anonymat.
Avec son associée Sonia Futtle, Frensic décide de monter un "coup littéraire" en faisant tenir le rôle de l'auteur par un obscur écrivain jamais publié Peter Piper.
Le livre présenté comme le best seller du siècle est vendu à l 'éditeur américain Hutchmeyer qui accueille Piper escorté de Sonia pour un voyage promotionnel aux Etats Unis.
Après une arrivée en fanfare orchestrée par Hutchmeyer,Piper est hébergé chez l'américain et fait la connaissance de son épouse Boby qui ne tarde pas à le séduire et à le convaincre de s'enfuir avec elle.
Boby qui cherche à se venger de son mari, part en incendiant la maison et son bateau mais Hutchmeyer qui se trouvait au loin avec Sonia échappe à la mort.
Piper et Boby en virée dans le Sud des Etats Unis entament une nouvelle vie.Boby devient le gourou d'une communauté religieuse pendant que Piper réecrit inlassablement le manuscrit de "Pitié ô hommes.." qu'il trouve tellement abject qu'il n'a de cesse de le transformer en un livre au moins acceptable !
Frensic , craignant que la supercherie soit découverte à l'occasion de la disparition de Piper se lance sur la trace de l'auteur mystérieux du roman qui n'est autre que le Dr LOUTH auteur d'un roman moralisateur fort apprécié de Piper. Cette vieille dame avait pris un malin plaisir à écrire un roman osé sans que sa réputation n'en soit ternie pour autant. Frensic menaçant de la dénoncer , réussit à la convaincre de renoncer à ses droits et part aux Etats Unis où il finit par retrouver Piper et Boby. Cette dernière réussit à contraindre Frensic à publier sous son nom le roman relatant l'enfance et l'adolescence de Piper que celui-ci n'avait jamais réussi à publier auparavant.
Ironie suprême, ce livre devient un énorme succès que Frensic est contraint d'assumer en tant qu'auteur présumé et il comprend enfin combien Piper a pu souffrir quand il l'a piégé en lui attribuant la paternité d'un livre qu'il n'avait pas écrit.
Un enchainement délirant de situations plus cocasses les unes que les autres et une critique savoureuse du monde de l'édition et des agents littéraires
Avec Tom Sharpe ,le plaisir de la lecture est toujours garanti
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J'ai découvert Sharpe par ce livre... Et si l'on est pas mort de rire du début jusqu'à à la fin, on sourit quand même beaucoup face la niaiserie de Piper, l'incapacité de Frensic à se sortir d'une situation qu'il ne maîtrise plus... Rajouter à cela une critique du système éditorialiste, un pointe d'énervement face à toute corporation religieuse, et vous obtenez un très, très bon roman... anglais, of course
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Très déçu. Je ne comprends pas les éloges et la quatrième de couverture, où on nous promet le livre anglais le plus drôle jamais écrit... Je n'ai pas ri, à peine souri. L'histoire est comme une oeuvre de Escher, pleine de faux-semblants, de détours, de détournements. Un scénario tortueux, complexe donc. Comme les séries télévisées actuelles. Ceci n'est pas un roman. Ceci est un super scénario pour une série haletante. Mais ça n'en fait pas un roman pour moi. Ce n'est pas l'écriture qui compte, il n'y a pas vraiment de style, en tout cas la traduction est sans trop de style. On n'y raconte pas grand chose, juste les rouages des éditeurs de livres et la complexité d'être un auteur reconnu.
Bref, il y a là un sujet mais il n'est pas traité de façon si amusante qu'annoncé, qui ferait une super mini-série à la télé mais pas un grand roman.
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L'histoire d'un écrivain qui se croit sans talent et devient agent littéraire car il adore les livres. Il est prêt à n'importe quoi et surtout à embrouiller tout le monde pour gagner sa vie. Mais quand il tombe sur des auteurs et imprimeurs … et leurs compagnes qui se mettent aussi à embrouiller, ça devient une énorme embrouille…. « Grande Poursuite ».
Et Il a vraiment de l'imagination Tom Sharpe et il aime délirer alors il met ses personnages dans imbroglios dont ils ne peuvent se tirer que par d'autres imbroglios. Ça se lit comme un polar mais c'est plus gai !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
page 111
[...] - Mais ne devrait-il pas y avoir plus d'action ? dit Sonia un soir alors qu'il finissait de lire son travail du jour. Enfin, on dirait qu'il ne se passe rien. Ce n'est que de la description et des réflexions de gens.
- Dans le roman contemplatif, la pensée, c'est l'action, dit Piper, citant mot à mot "Le roman moral'. Seul un esprit immature trouve satisfaction dans une action extérieure à lui-même. Ce que nous pensons et ressentons définit ce que nous sommes, et c'est dans l'essence cachée de la personne humaine que se jouent les grands drames de la vie.
- Les sens ? dit Sonia avec espoir.
- L'essence, dit Pipier. E S S E N C E.
- Oh !
- Oui, l'essence, l'essence de l'individu. "Dasein"
- Vous voulez dire "design" ? dit Sonia.
- Non, dit Piper. "Dasein". D A S E I N.
- Vous m'en direz tant, dit Sonia. Enfin, si c'est vous qui le dites ...
- Et si le roman doit se justifier en tant qu'art d'expression intercommunicative, il se doit de ne traiter que de la réalité vécue. L'utilisation facile de l'imagination au-delà du paramètre de notre existence personnelle dénonce une superficialité qui ne peut avoir pour résultat que la non-réalisation de nos potentialités individuelles.
- Est-ce que ça n'est pas un peu simpliste ? dit Sonia. [...]
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La nuit tombait à l'extérieur. Piper se glissa dans son lit et se mit à penser à l'avenir. Dans l'autre lit jumeau, Baby soupira.
-- C'est merveilleux d'être avec un homme qui ne fait pas pipi dans le lavabo, murmura-t-elle.
Piper n'eut aucun mal à résister à l'invitation.
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Tout comme les fanatiques de sectes religieuses, elle avait consacré ce qui était déjà sacré et avait naître une intolérance intellectuelle qui éliminait tout ce qui n'était pas parfait. (XX p.305)
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Piper respira profondément et la saisit avec une passion consommée. La minute suivante, ils étaient sur le lit.
- Vos seins, vos cheveux, vos lèvres, votre peau, vos...
- ... règles, dit Sonia
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Par les temps qui courent, avouez qu'on lirait bien une bonne comédie réussie ? J'ai ce qu'il vous faut.
« Wilt » , de Tom Sharpe, c'est à lire en poche chez 10/18.
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