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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu dans le cadre du Challenge Nobel

Avant d'entamer la présente chronique, j'ai commis la grande erreur de lire la critique de Nastasia. Me voilà bien marrie : c'est tellement bien écrit, tellement complet, que je ne sais plus quoi rédiger. Nastasia, vous m'enlevez les mots du stylo ! ;-) Mais bon, c'est plus fort que moi, je m'en vais donc ajouter mon petit grain de sel…
Pièce de théâtre en cinq actes et 165 pages, le format est court et pourtant il brasse une foultitude de thèmes et de questions dont certains auteurs, coutumiers de pavés de 600 pages aussi creux qu'un tambour, feraient bien de s'inspirer. Mais c'est là une autre histoire.
Et donc nous avons trois personnages principaux : Eliza, jeune vendeuse de fleurs sur le pavé londonien, qui n'a pour elle que sa jolie figure. Ni argent, ni éducation, ni culture, et un langage de charretière embourbée dans les ornières des bas quartiers de Londres début 20ème siècle. C'est d'ailleurs ce qui éveille l'intérêt du professeur Higgins, spécialiste ès phonologie, capable de vous dire quelle rue de Londres vous habitez rien qu'à votre façon de bâiller (ou presque). Avec son compère le colonel Pickering, spécialiste des dialectes des Indes, il se met au défi de transformer Eliza en jeune fille distinguée, en lui apprenant à s'exprimer « dans le meilleur anglais » de la bonne société londonienne. La relation qui s'installe entre Higgins et Eliza tient moins du lien « maître-élève » que du rapport « savant fou-objet d'expérimentation ». Higgins ne s'embarrasse guère de pédagogie, et encore moins d'empathie à l'égard de son cobaye, qui rêve seulement de parler assez correctement que pour pouvoir être embauchée chez un fleuriste avec pignon sur rue.
Et, comme dans les laboratoires où on teste des médicaments sur des petits lapins sans se préoccuper du bien-être de ces pauvres bestioles innocentes, on se demande quelles seront les conséquences de cette « expérience » sur Eliza. Et puis… Suffit-il de s'exprimer dans un langage « châtié » pour s'élever dans l'échelle sociale ? Et d'ailleurs, qu'est donc cette échelle sociale si convenue, et faut-il absolument y grimper ? Certes nous aspirons tous à un confort matériel, mais est-ce là l'unique but d'une vie ? Et que ressent-on à toucher du doigt une vie rêvée, juste avant que la porte ne s'en referme brutalement sur nos phalanges ?
Bernard Shaw, contrairement à un Higgins totalement dépourvu de psychologie, nous expose avec un humour corrosif les rapports complexes qu'entretiennent ces personnages. Si Pygmalion est une pièce par moments franchement drôle, elle est aussi un peu cruelle, et propose un dénouement inattendu, bien loin des happy-ends hollywoodiens. Mais après tout, est-ce là ce qu'on attend d'un prix Nobel ?

PS : le thème de l'éducation comme ascenseur social m'évoque l'ouvrage « La névrose de classe » (V. de Gaulejac) http://www.geneasens.com/dictionnaire/nevrose_de_classe.html
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J'étais une jeune ado quand mon père m'a raconté cette anecdote sur Bernard SHAW (je vous la livre telle que ma mémoire s'en souvient) :

- Bernard Shaw était très prisé par la haute société londonienne (dont il n'avait, lui-même, qu'une estime toute relative) et il était de bon goût de se prévaloir de sa présence dans les salons.
Un jour, il reçoit d'une aristocrate en vue, le bristol suivant :
"Madame la Comtesse de X..... sera chez elle jeudi à 17 h"
Bernard Shaw l'a élégamment éconduite en lui retournant son bristol avec la mention :
"Bernard Shaw aussi"
(Classe, le râteau, non ?)

Dès lors, j'ai eu très envie de découvrir plus avant cet écrivain. Puis le temps a passé, passé, passé... Jusqu'à ce que, récemment, je lise une critique de Nastasia sur Pygmalion.
Merci Nastasia. Ce n'est pas la première fois que vous m'inspirez des lectures par vos commentaires. Et, cette fois encore, le plaisir était au rendez-vous.

Au départ, j'ai eu une petite appréhension en constatant qu'il s'agissait d'un format "pièce de théatre" (mauvais souvenir de ma période scolaire). Appréhension qui s'est totalement dissipée avant même la seconde page.
Un ravissement que cette lecture !
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Lapalissade: appréhender une pièce de théâtre par la seule lecture, sans bénéficier du jeu d'acteurs, de la mise en scène etc bref de tout ce qu'apporte le théâtre vivant peut s'avérer terriblement frustrant. Je porte cette lapalissade au carré pour "Pygmalion", qui plus qu'une autre est une pièce à voir et vivre; heureusement, poser en toile de fond quelques images souvenirs de "My fair lady" et de la pétulante Audrey Hepburn a donné ce petit sel de vie à ma lecture.

Et que de richesse dans ce texte! Shaw jour sur la lanque, sur les codes sociaux, sur les aspirations et aveuglements de ses personnages pour nous servir une leçon sociale aussi pertinente que cruelle, tout en étant éminemment drôle : la perception du niveau social de chacun n'est affaire que de codes aisément manipulables, aucune innéité à la noblesse qui peut s'acquérir, la personne sociale peut se travailler comme l'argile sur le tour de potier. Quant aux atermoiements d'une petite fleuriste des rues, qui s'en soucie?

J'avais gardé l'image épouvantée de la belle Audrey avec des cailloux dans la bouche pour forcer sa prononciation, j'ajoute maintenant à mon petit théâtre mental sa gouaille populeuse, les rues détrempées de Londres, la chaleur du poêle de Mr Higgins à l'opposé extrême de la froideur de son coeur. Sensations qui s'ajouteront au résultat en demi teinte d'une expérience sociale édifiante, et à un retournement final bienvenu.
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Eliza Doolittle est une petite marchande de fleurs qui vit pauvrement grâce à ce commerce, qu'elle exerce dans les rues de Londres. La jeune fille est jolie, mais son manque d'éducation (qui est perceptible dès qu'elle ouvre la bouche), son allure pauvre, ses vêtements démodés ne plaident pas en sa faveur.
Un jour, alors qu'il pleut des cordes, Eliza se réfugie sous le porche de l'Eglise Saint Paul. Certaines personnes sont déjà là et, parmi elles, se trouvent le Colonel Pickering, un spécialiste des dialectes de l'Inde, et Henry Higgins, professeur de phonétique et poète. Higgins possède un talent rare : celui de détecter d'où vient une personne rien qu'en l'entendant parler. Il exploite d'ailleurs ce talent et sa passion pour la phonétique en donnant des leçons aux personnes qui veulent améliorer leur diction. Higgins affirme d'ailleurs, devant témoins, que s'il donnait des leçons à Eliza (dont l'accent est abominable), la jeune fille pourrait se faire passer pour une duchesse au bout de quelques mois.
Le lendemain, Pickering rend visite à Higgins lorsque la gouvernante de ce dernier annonce une visite pour le moins insolite : Eliza Doolittle vient demander à Higgins de lui donner des cours. La jeune fille souhaiterait travailler chez un fleuriste, mais elle se rend bien compte que son accent et sa manière de se conduire sont des obstacles à cette ambition. Elle s'est souvenue de l'affirmation de Higgins et vient lui demander de s'occuper d'elle pendant quelques mois, jusqu'à ce qu'elle puisse passer pour une jeune fille de bonne famille.

Avec Pygmalion (et surtout grâce au personnage de Henry Higgins), George Bernard Shaw insiste, plus d'une fois au cours des cinq actes de cette pièce, sur l'importance du langage dans les relations sociales. C'est l'un des thèmes marquants exploités par l'auteur.
Pour Higgins, le fait de pouvoir s'exprimer avec élégance est une sorte de pouvoir. Et ce pouvoir peut changer la vie de ceux qui le maîtrisent. de simple marchande de fleurs, Eliza devient une "lady" rien que parce que, pendant quelques mois, Higgins se charge de lui enseigner la phonétique. Pickering, de son côté, fournit à la jeune fille quelques belles robes et un peu d'argent. Grâce à ces trois éléments (le langage, la tenue vestimentaire, les moyens financiers), Eliza finit peu à peu par faire illusion et par passer pour une jeune fille bien élevée. Même si la jeune fille oublie encore quelques fois ce qu'elle a appris (c'est le cas lorsqu'elle rend visite à Mrs Higgins, la mère de Henry) et reprend parfois ses anciennes expressions, la plupart du temps, ceux qui ne l'ont pas connue avant ne devinent pas d'où elle vient.

Le second élément qui m'a marquée dans cette pièce, c'est le sexisme de Higgins. C'est fou comme ce célibataire endurci se montre désagréable avec son élève. Souvent, Higgins rabaisse Eliza et semble ne pas se rendre compte que la jeune fille éprouve des sentiments et qu'elle peut être blessée par ses paroles un peu vives. Pour Higgins, Eliza ne semble être qu'un sujet d'étude, un pari, un objet qu'il modèle comme il le souhaite.


Pygmalion était un récit bien plus cruel que ce que j'imaginais avant de le lire, mais c'est aussi une pièce étonnante, car on ne s'attend pas du tout à son dénouement, ni même à son déroulement. Les personnages passent d'une vie à l'autre sans que l'on puisse prévoir ces changements, et ils ne nouent pas entre eux les relations que l'on s'attend à les voir nouer. Rien n'est prévisible chez Shaw. Et c'est sans doute pour cela que l'histoire d'Eliza est si marquante.

Challenge 15 Nobel : 13/15
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Pygmalion de G B Shaw, pour ce que j'en savais, c'est-à-dire peu de chose, était pour moi une magnifique histoire. le livre que j'avais pris soin de placer dans mon pense bête me rappelait périodiquement son existence. Quand donc vais-je le lire ? Dans mon esprit c'était l'histoire d'un intellectuel bourgeois qui sortait de la précarité une pauvre petite vendeuse de fleurs, sans famille et sans le sou. Quoi de plus beau que le geste de cet homme ? Ce livre était pour moi, comme une étoile qui brille très fort et qui attire, telle que celle que suivait les rois mages pour rencontrer le Sauveur. Assurément ce livre sera un coup de coeur.

Le moment de lire cette pièce de théâtre est enfin arrivée. Nous sommes à Londres, il pleut à verse, des badauds, des bourgeois et une pauvre petite vendeuse de fleurs, Eliza Doolittle, se sont abrités sous un porche. Les personnages sont acerbes d'être bloqués par la pluie et l'auteur fait état du comportement de chacun d'eux. Des maniérés, des ambitieux, des m'as-tu vu et une pauvre petite vendeuse de fleurs, honnête, qui doit gagner son pain mais qui ne retient l'attention de personne sauf Higgins, le preneur de notes, qui ne dit pas un mot.

Dans l'acte II, Eliza Doolittle bien consciente qu'il ne lui est pas donnés de parler correctement ce rend chez Higgins pour avoir des leçons de prononciations. Higgins fait un pari ave son ami le colonel Pickering. Suivant les capacités de son élève, il la fera correctement parler en trois ou six mois mais ce n'est pas tout, il la logera, la nourrira, lui inculquera les bonnes manières, bref il en fera une duchesse selon ses dires.

Higgins arrive à de bons résultats. Fier, il s'impose chez sa mère le jour où celle-ci donne une réception, occasion pour lui de montrez à un beau monde, en présentant Eliza, que son pari est tenu. C'est donc un ambitieux, égocentrique, qui n'a pas le moindre sentiment pour Eliza. C'est là que j'ai vu que l'histoire ne correspondait pas véritablement à ce que j'avais pensé.

Ma préfiguration d'un coup de coeur s'est avérée erronée. L'auteur présente des comportements humains toujours d'actualités.

Dans mon appréciation (étoiles), je dois tenir compte que j'ai eu difficile à rentrer dans l'histoire avec un verbiage du style : « Qui fiche la paix à c'et pov' OU j'l'ai entendu qui l'disait … eh bien, chuis pas v'nue lui d'mander des compliments. Je chuis prête à l'payer, j'y d'mande pas de faveur, moi et y m'traite comme de la crotte. »

Pour le théâtre, voir une pièce et la lire ensuite est plus agréable, car à la lecture on revoit défiler les scènes.

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Aujourd'hui encore on a tendance à juger les gens sur leur façon de parler, ce qui fait la modernité de "Pygmalion" pièce de théâtre de Bernard Shaw jouée pour la première fois à Londres en 1914. Je pense que le dramaturge irlandais lauréat du prix Nobel de littérature en 1925 savait de quoi il parlait.
Il met en scène Éliza Doolittle, une jeune fille qui vend des fleurs dans la rue dont la gouaille montre qu'elle est issue des bas-fonds londoniens. Alors pas question pour elle de travailler dans un magasin comme elle aimerait le faire.
Son accent Cockney va attirer Henry Higgins, expert en phonétique renommé qui a pour idée de faire un pari avec le colonel Pickering : en trois mois métamorphoser Éliza en lady en lui apprenant à parler comme dans le beau monde.
On est un peu loin du mythe d'Ovide et ce Pygmalion n'est pas à prendre au premier degré, comme un amoureux qui façonne son aimée pour la conduire au succès.
Les rapports entre Éliza Doolittle et Henry Higgins sont souvent tendus en écho à une société où la classe dominante brille avec arrogance par son langage.
Heureusement, la jeune Éliza a les pieds sur terre et son désir d'émancipation est plus fort que tout.
Si l'histoire est connue pour avoir été adaptée plusieurs fois au cinéma, j'aime beaucoup la pièce pour son humour décapant qui donne à entendre de drôles de joutes verbales.


Challenge Riquiqui 2022
Challenge XIXème siècle 2022
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Une pièce féministe ! J'avais gardé le souvenir du film My Fair Lady, inspiré par la pièce Pygmalion, mais je n'avais pas lu l'oeuvre, qui diffère légèrement.

Dans la mythologie, Pygmalion tombe amoureux de Galatée, une statue qu'il a créée et rendue vivante grâce à la déesse Aphrodite, et dans l'oeuvre de Shaw, le mythe est transposé chez Higgins, phonéticien réputé, totalement dépourvu de compassion, qui par le plus beau des hasards tient le pari avec le colonel Pickering, de prendre la jeune et jolie vendeuse de fleurs Eliza Doolittle sous son aile corrosive, cynique et misogyne pour la faire passer pour une duchesse, elle qui, par manque d'éducation, ne s'exprime que par un langage et un accent cockney et voudrait pourtant ouvrir une boutique et devenir fleuriste...
Pari tenu, Eliza réussira sa métamorphose : s'exprimer avec grâce, porter des tenues de lady, fournies par Pickering, en vue du bal de l'ambassade. le secret du pouvoir : les bonnes manières, l'argent et l'apparence... Mais elle prendra son envol, lasse d'être considérée comme un objet. Mais pourra-t-elle pour autant devenir fleuriste ? La condition féminine du début du XXe siècle a été un carcan, même avec les clés de la réussite, la liberté n'était, et n'est toujours pas la porte à côté.

Eliza ne sera pas seule à s'élever dans l'échelle sociale, dans cette pièce et j'imagine combien celle-ci a dû faire grincer des dents lors de sa création, lorsqu'elle fut jouée devant la société londonienne... Il y a pourtant de la mélancolie à la fin de cette pièce, c'est surprenant car rien ne se passe comme le lecteur le pensait...

Certes, nous sommes en présence d'une pièce de théâtre, mais les dialogues sont excellents, le manque de narration ne m'a pas gênée. Je souhaite découvrir d'autres oeuvres de cet auteur.
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J'ai adoré!!!
Je connaissais évidemment la comédie musicale 'My fair Lady"... Mais lire "Pygmalion" das e texte avec les mots de Bernard Shaw, fut une formidable découverte. Les mots se lisent et se dégustent. Un bien-être incroyable m'a envahie en lisant ce livre qui m'a emmené dans un monde hors du temps.
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Pygmalion est inspiré d'un mythe grec, celui de Pygmalion et Galatée, rapporté par Ovide dans les Métamorphoses. Mais le dramaturge Bernard Shaw a considérablement modernisé l'histoire, la transposant dans l'Angleterre du début du XXe siècle. Son héroïne, Eliza Doolitle, est une pauvre vendeuse de fleurs londonienne. Un jour de pluie, elle rencontre deux spéciales de la phonétique et de la linguistique, le professeur Higgins et le colonel Pickering, qui font le pari qu'ils peuvent transformer la jeune femme en lady en quelques mois.

Cette histoire vous dit quelque chose ? Cette excellente réécriture théâtrale a en effet inspiré une comédie musicale, My fair lady, adaptée au cinéma avec Audrey Hepburn. Mais le film de 1964 a pris quelques libertés par rapport à la pièce de Shaw, plus réaliste et à la fin plus dure. Pygmalion est en effet une comédie moins légère mais tout aussi efficace que le film. Les répliques de Shaw fusent et font mouche. Ses personnages sont très drôles et le texte n'a pas pris une ride depuis 1941 (date de la publication de la dernière version de Pygmalion, dont un premier jet avait été rédigé par Shaw en 1912). C'est donc une pièce à dévorer en un (très agréable) après-midi.
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L'auteur

Bernard Shaw (1856-1950) est Irlandais et auteur de célèbres pièces de théâtre dont beaucoup ont été adaptées en film. Acerbe et provocateur, pacifiste et anticonformiste, il obtint le prix Nobel de littérature en 1925. Sa verve humoristique, parfaitement adaptée au théâtre, en fait l'un des plus grands représentants anglophone. Pygmalion, écrit en 1913, est souvent considéré comme l'un de ses chefs-d'oeuvre.
Le livre

Le professeur Higgins est un phonéticien réputé, mais également un grand misanthrope. Rencontrant par hasard une jeune vendeuse de fleurs, il se vante de pouvoir la faire passer pour une duchesse à la cour royale en 6 mois, uniquement en lui faisant perdre son accent populaire et en l'éduquant. La jeune vendeuse, Eliza, le prend au mot et le retrouve pour lui rappeler sa proposition. Seulement, il n'est pas anodin de tirer une jeune femme de la pauvreté, et de lui offrir à rêver au-dessus de sa condition, il faut également savoir qu'en faire ensuite ...
Ce que j'en ai pensé

J'ai découvert Bernard Shaw lorsque j'étais en stage à la médiathèque du Centre culturel irlandais à Paris (dont je vous recommande la visite, leur fonds est très bien fourni et intéressant !) et je m'étais promis de lire au moins Pygmalion, qui paraissait être son oeuvre la plus importante. Mieux vaut tard que jamais ! Et je regrette par ailleurs de ne pas l'avoir fait avant !

C'est une pièce de théâtre incontournable d'après moi ! J'y ai trouvé un quelque chose de tellement différent de ce qu'est le théâtre traditionnel. Dans le même genre que Brecht, Shaw renouvelle le théâtre et la littérature en y apportant sa verve, la critique acerbe d'une société bourgeoise où prévaut le conformisme. En l'occurrence, il prouve que les bonnes manières, la noblesse et la délicatesse ne découlent pas d'une quelconque richesse ou titre mais de l'éducation. Certes, on peut douter qu'en lui faisant simplement perdre son accent, Higgins ait fait d'Eliza une princesse. Mais il montre que c'est justement en éduquant des gens pauvres, coincés à la place qui les a vu naître, sans avenir, que l'on crée une véritable noblesse car elle viendra d'une transformation, d'un véritable effort sur soi-même et non pas de sa richesse ou autre. Une valorisation du mérite en somme, qu'il développe d'une certaine façon dans une fin ... étonnante !

Le personnage de Higgins est à la fois savoureux et détestable : savoureux par son misanthropisme et sa misogynie qui lui donne un cynisme assez drôle; détestable par son attitude envers Eliza, et ce jusqu'au bout !

Eliza est par contre très attachante : petite vendeuse de fleurs à qui l'on donne sa chance et qui en profite. Mais j'ai souffert avec elle de l'attitude d'Higgins tout au long, prévoyant la catastrophe au moment où Higgins l'abandonne, comme un jouet cassé ...

Bref à découvrir ou à redécouvrir pour mettre un peu de fraîcheur dans votre conception du théâtre ...



Lien : http://wp.me/p1Gkvs-gy
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