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EAN : 9782363390899
262 pages
Finitude (02/11/2017)
4.35/5   26 notes
Résumé :
Italie, été 1822. Le poète Percy Shelley traverse le golfe de Livourne à bord de l’Ariel, un petit voilier qu’il vient d’acheter. La mer est agitée, fait chavirer l’embarcation et emporte le jeune écrivain. Sa veuve, Mary Shelley, auteur du mystérieux Frankenstein, n’a pas encore vingt-cinq ans.
La douleur soudaine, brutale, anéantit la jeune femme qui entame alors l’écriture d’un journal, son Journal d’affliction, qu’elle tiendra jusqu’en 1844. C’est une œuv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
De Marie Shelley, on ne connait plus aujourd'hui que ‘Frankenstein', et les sauts de carpe que doit faire sa tombe à chaque fois qu'un nouveau cinéaste hollywoodien s'en empare. Et c'est dommage, car c'est résumer Maupassant au Horla. La publication de son journal vise à remédier à cet état de chose ; mais je ne peux prétendre à la neutralité en le critiquant, car c'est ma soeur qui l'a traduit, annoté et en a écrit la postface. Je peux toutefois en présenter les protagonistes.

Car en plus de son auteur, ce journal permet de faire connaissance avec son entourage, et par là offre une plongée dans un monde bien particulier et peu connu en France : celui de son père le théoricien politique William Godwin, de son époux le poète Shelley, de leur ami le célèbre Byron, de l'aventurier Trelawny, du journaliste Leigh Hunt… Tout un cercle qui fut l'âme de la révolution intellectuelle qui bouleversa la pensée en Angleterre, à l'époque où la révolution industrielle en bouleversait la société.

Mais c'est avant tout un texte sombre, commencé dans le deuil et le désespoir. le 8 juillet 1822, son époux Percy Shelley s'est noyé lors d'une traversée en bateau du golfe de la Spezia, près de Gênes. Une mort qui s'ajoute à celles de sa fille et de son premier fils, deux ans avant. de ce point de départ le journal se poursuit sur une vingtaine d'années.

Aux deuils viennent s'ajouter les trahisons et la solitude. La bonne société britannique ne lui pardonne pas sa fuite avec Shelley – qui était déjà marié au moment des faits, et dont l'épouse s'est suicidée. Les amis qui lui restent s'avèrent douteux, et sont plus des sources de peines supplémentaires que de réconfort. Quand à trouver une nouvelle âme soeur, c'est essentiellement une suite de déceptions. Ne lui reste donc que son fils, Percy, sur lequel se reportent tous ses espoirs et toutes ses attentions.

Les notes complètent le journal, notamment sur le contexte de son écriture. La postface contient de nombreux éléments biographiques sur Mary Shelley, et permet de mettre en parallèle sa vie publique et les sentiments qu'elle exprime sur le papier. de petites biographies des principaux personnages cités viennent compléter l'ouvrage.

Un texte sombre pour découvrir un écrivain peu connu, et pourtant à l'origine de l'un des mythes de la littérature moderne.
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Je crois que jamais je n'ai vu de plus beau titre de livre que celui-ci. Voilà, c'est dit, je suis tombée folle amoureuse de ce titre et de cet objet, pour ensuite tomber amoureuse de la plume si mélancolique de Mary Shelley. J'ai eu envie de lire du Chateaubriand, de me promener le long d'une plage, les cheveux au vent, par une météo sombre et grise, avec en musique de fond une nocturne de Chopin… Voilà, histoire que vous voyiez un peu mon ressenti lors de ce livre, et le vôtre si vous devez le lire! 🙂

Aaaaaaah!!! Mary, ma pauvre Mary, quelle vie pourrie tu as eue!!! Nous connaissons tous le livre Frankenstein, écrit par Mary Shelley, mais nous ne connaissons pas forcément sa vie. Pour vous la faire courte, elle a perdu son mari et trois de ses quatre enfants. Voilà voilà. Ce livre est son journal d'affliction (déf: Tristesse profonde, abattement à la suite d'un grave revers.), et elle va nous livrer toutes ses larmes, toute sa peine, son chagrin, inconsolable à la perte de son mari et de ses enfants. Il n'y a plus aucun espoir, sa vie est sombre et triste à jamais. Elle veut mourir, et elle le dit de nombreuses fois.

Soyons clairs, il ne faut pas avoir le cafard quand on lit ce livre, car cela ne va pas aller en s'arrangeant! La première partie est très sombre, on sent que Mary Shelley a besoin de vider son sac, et c'est nous, lecteurs, qui allons tout prendre en pleine tête.

Cette affliction, elle va s'en nourrir, plonger dedans la tête la première, comme si elle avait besoin d'atteindre un degré de mélancolie plus bas que terre, pour pouvoir en ressurgir ensuite. Mais il va falloir beaucoup de temps, plusieurs années même. Alors au départ, on peut trouver ça lent et long. Oui, c'est vrai il ne se passe pas grand chose dans sa vie, mais peu à peu, elle va retrouver… le sourire! Si, si, je vous jure, elle est heureuse! Mais bon, ne rêvons pas, il faudra des années comme je vous l'ai dit.

Cette plume… Quelle beauté. Je me suis arrêté de nombreuses fois dans ma lecture pour relire certaines phrases. C'est tellement beau, et extrêmement bien traduit. Oui, certains passages sont assez répétitifs (elle dit très souvent le mot affliction, parfois toutes les deux pages), mais les tournures de phrases sont tellement belles…

Je tiens également à souligner le travail de titans fait en bas de pages. Énormément de notes sont mises en bas de pages pour donner pleins d'indications sur sa vie, son passé et la vie de son époux et de sa famille. Aussi, en fin de livre, nous retrouvons le Journal d'une âme en peine, de Constance Lacroix, qui nous explique un peu plus en détail la vie privée et publique de l'auteure. Bref, ce livre est une excellente amorce pour découvrir Mary Shelley, empli de mélancolie certes, mais avec une plume magistrale.
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Mary Shelley
Que les étoiles contemplent mes larmes
Journal d'affliction
1822 – 1844
Finitude 2017

« Puissé-je mourir jeune. »

C'est environ quatre ans après « Frankenstein ou le Prométhée moderne » en 1818 que Mme Shelley se déchargea de toute la souffrance qui débordait du plus profond de son être. Shelley, son mari, son nirvana sentimental et intellectuel fut mort. La perte quelques années plus tôt de ses enfants en bas âge perçait déjà ce couple de cœurs tendres tel un poignard empoisonné laissant une douleur inaltérable, prête à surgir dès qu'un moment de bonheur se fît sentir.
Ce journal est une pratique courante à l'époque (chacun cherchant la postérité). Remercions ces esprits brillants qui se prirent la peine de participer à cette coutume. Sans cela que lirions-nous ?
Au-delà de toute conception « sentimentale », l'exercice de style apporte une grandeur poétique, érudite et lyrique intense à l'oeuvre. C'est l'apanage du XIXe siècle d'ailleurs. Celui des poètes John Keats, Lord Byron, Prosper Mérimée, les soeurs Brönte et les romanciers Arthur Conan Doyle, Victor Hugo et Guy de Maupassant ou enfin Edgar Allan Poe, Mark Twain et Herman Melville ! Rien que ça !
C'est une époque révolutionnaire, foisonnante de talent, où hommes et femmes de lettres atteignent le zénith de la maîtrise de l'art d'écrire. Cet ouvrage est beau, digne héritier d'un temps révolu, empli de passion et de douleur si belle. Ce livre permet de revivre ces moments exceptionnels d'apogée de l'esthétique littéraire.
Mary Shelley, i love you.

Mary plonge dans une profonde dépression à la mort de son mari en 1822, « Je ne suis plus qu'une épave » (p58), elle n'en fera jamais le deuil – malgré les tensions avant sa disparition elle pardonnera et idéalisera son poète ; envahie par la solitude, en manque d'amour, d'amitié, abusée par les conflits familiaux, les complots et en peine de mondanité, malgré l'existence de son fils Percy, son amour infini ; son manque d'Italie où son homme est enterré « Être ici sans toi, c'est être frappée d'un double exil ; être loin de l'Italie, c'est te perdre une seconde fois. » (p81) ; elle connaîtra des moments de répit comme la stabilité en fin de vie où sa souffrance s'atténue, on y retrouve l'attention au fils et aux autres « le sourire de mon fils fait ma joie ; je lis et converse avec mes compagnons et le fardeau de mon existence m'en parait moins pesant » (p150).
Les mots rédempteurs, elle fait usage de son talent d'écrivaine dont elle a conscience en toute modestie, lui seront d'un secours capital pendant toutes ces années noires. « J'ai une conscience aiguë, à l'heure même ou j'écris, de mes insuffisances et de la supériorité de son esprit qui l'emporte autant sur le mien que l'excellence sur l'infirmité. […]Ainsi conçue, chaque page de mon existence future ne m'apparaît plus que comme une nouvelle leçon à l'école de la vertu. »(P61)

Il est important de lire à la fin du journal l'étude de Constance Lacroix, la traductrice, qui résume et explique avec brio l'oeuvre en question, un éclairage capital.
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Que les Étoiles Contemplent mes Larmes ?
"Finitude, qui est une petite maison d'édition pour laquelle j'ai beaucoup de respect, m'a proposé cette lecture. Comme je voulais découvrir la plume de Mary Shelley depuis longtemps, auteur entre autres de Frankenstein, j'ai accepté."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Il s'agit ici du journal intime de Mary Shelley, sur une période de plus de vingt ans, de la disparition de son mari, le poète Percy Shelley, à sa propre mort."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous?
"Qu'il a été difficile de lire cela et qu'il est difficile de vous en parler. D'abord parce que j'admire le travail de Finitude, leurs choix éditoriaux, leurs livres soignés et que je n'ai pas envie d'en faire une critique négative, ni de Mary Shelley elle-même d'ailleurs. Pourtant, je pense que ces écrits ne sont pas faits pour être lus. Mary Shelley a perdu successivement plusieurs de ses enfants, sa nièce puis son mari. Elle s'est alors retrouvée avec bien peu de soutien, et ses derniers amis sont finalement morts eux-mêmes peu de temps après ou l'ont trahie. Et ce Journal d'Affliction, qui porte bien son nom, nous livre ici ses pensées. Alors évidemment, n'attendait pas une lecture qui vous fera du bien, au contraire, Mary Shelley a sûrement l'une des vies les plus tristes que je connaisse et ce, jusqu'à ces derniers jours où malgré sa bonté et sa gentillesse, ou plus sûrement à cause de cela, tout le monde lui fit défaut. Ensuite, si une biographie de cette femme doit être passionnante, il s'agit ici uniquement de ses pensées, dépressives pour la plupart, on le serait à moins, et répétitives. Honnêtement, j'ai trouvé les notes de bas de page plus intéressantes, comme une bouffée d'air frais dans ce récit d'une telle pesanteur. Enfin, Mary Shelley a écrit ces mots pour elle seule et ils n'étaient pas destinés à être lus. Elle y a mis toutes les plaintes qu'elle s'est efforcée de ne pas exprimer à voix haute et avec lesquelles elle ne voulait ennuyer personne. Résultat, en lisant ce livre, on a l'impression d'une personne peu sympathique pour laquelle on éprouve de la pitié et qui passe son temps à gémir ce qui, il me semble, et bien loin de ce qu'était ce grand auteur."

Et comment cela s'est-il fini?
"J'ai été plus que soulagée de refermer ce livre, je suis bien obligée de l'admettre. le point positif en revanche, c'est que j'ai encore plus envie de découvrir ses romans, j'ai même l'impression de le lui devoir après avoir été si indiscrète !"
Lien : http://booksaremywonderland...
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Ce Journal est une lecture superbe, magnifique et bouleversante d'émotion : Mary Sheley le commence quelques jours après la découverte du corps de son époux Percy (il s'est noyé lors d'une balade en bateau avec un ami) et il lui permet d'exprimer sa souffrance.

La première partie de ce Journal est donc typiquement romantique avec beaucoup de descriptions de la souffrance de Mary et son désespoir, cela peut lasser ou agacer mais moi, cela m'a énormément touché. D'autant plus que certaines phrases sont magnifiques, à l'image de celle qui donne son titre à ce Journal.
La suite est un peu plus joyeuse, même si on rend compte que la vie de cette pauvre Mary est dominé par les décès de ses amis les plus proches, la trahison de d'autres, ses relations plus que difficiles avec son beau-père (le père de Percy donc) et ses problèmes d'argent constants. Il y a aussi des détails sur sa vie sociale, les personnes qu'elle fréquente et quelques brèves allusions aux romans qu'elle écrit et leur accueil critique.

En définitive, je dirais que ce Journal est une lecture incontournable pour les amateurs de la mère de Frankenstein ou tout simplement pour ceux qui ont envie de découvrir la vie de cette fascinante femme.
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critiques presse (1)
LeFigaro
16 février 2018
Tenu de la disparition du poète Shelley en 1822 jusqu'à sa propre mort en 1844, le journal de Mary Shelley permet de cerner la personnalité et la vie peu ordinaire de l'auteur de Frankenstein.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
je peux bien exprimer mon désespoir, mais il n’est pas de mots pour peindre ma pensée
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J'ai vécu. Extase, allégresse, plénitude, j'ai connu toutes les multiples et changeantes nuances de la joie. Tout s'est évanoui et ma vie est telle une rivière qui court au milieu d'un désert, de même que sur les rives de Messine, l'image évanescente des contrées qu'elle a traversées persiste dans l'atmosphère - et la distance même ne saurait les estomper.
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Je ne peux pardonner à un homme d'insulter une femme. Elle ne peut le provoquer en duel ni s'abaisser à répliquer sur un ton semblable ; elle n'a d'autre choix que de subir l'outrage, qui ne doit jamais être excusé.
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Que le moindre changement affecte donc péniblement l'être qui, sous l'emprise despotique de sentiments exacerbés, est animé d'une vie intérieure sans ressemblance aucune avec celle qu'on lui voit mener en apparence ! Mes jours s'écoulent entre leurs rives stériles, sans que varie leur cours uniforme. Cependant, des courants secrets sourdent de leurs profondeurs, rident la surface lisse de l'onde et déforment les objets qui s'y reflètent. L'esprit n'offre plus alors, un simple miroir à la réalité extérieure, mais se fait peintre et créateur. Certes, cette activité ininterrompue de l'intellect possède le pouvoir d'introduire une infinité de modulations au sein de l'existence la plus monotone. La plus légère altération suscitée par quelques événement concret semble déchaîner le génie des tempêtes et des tourmentes.
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Je suis vouée, semble-t-il, à l'amitié plutôt qu'à l'amour. Or l'inconvénient majeur de tels liens est que, à la différence d'une passion réciproque dont la force égale celle du Destin, l'amitié, si sincère soit-elle, plie invariablement sous le souffle de l'adversité, qui sépare des vaisseaux faits pour voguer toujours de conserve. Sous quelles noires couleurs m'apparaît l'avenir ! Je tremble et me dérobe avec effroi à la vision du futur. Quel nouveau fléau me menace donc ? N'ai-je pas assez souffert ?
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Saviez-vous que le plus célèbre de tous les romans d'épouvante, « Frankenstein », avait été écrit par une femme. Une jeune femme, à vrai dire, puisqu'elle n'avait que 18 ans et relevait un défi.
« Frankenstein » de Mary Shelley, un classique à lire chez Pocket
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