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Simon Leys (Traducteur)
EAN : 9782709630689
264 pages
J.-C. Lattès (21/01/2009)
4.25/5   14 notes
Résumé :

Shen Fu (1763 -?) était un lettré obscur qui dut faire figure de raté aux yeux de ses contemporains. Mais ses Six Récits, dès leur publication posthume, connurent un succès extraordinaire, en Chine tout d'abord, puis à l'étranger (où il fut traduit en plusieurs langues). Le propos apparemment modeste de Shen Fu - simplement raconter quelques expériences d'une vie sans grande histoire - a produit une œ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce merveilleux petit roman, qui se présente sous la forme d'un récit autobiographique, décrit les pérégrinations d'un lettré pauvre dans une Chine aujourd'hui disparue. Au centre de ce récit, la relation privilégiée avec sa compagne et la façon dont ils affrontent ensemble la dureté de ces temps. On est ébloui par la qualité humaine de ce rapport, aux antipodes de l'égocentrisme et du narcissisme contemporain.Une incomparable leçon de poésie et de savoir vivre. On trouvera deux versions différentes en français de cet ouvrage de Shen Fu (沈復, Chen Fou) : "Six récits au fil inconstant des jours" de Pierre Ryckmans (Simon Leys) et les "Récits d'une vie fugitive. Mémoires d'un lettré pauvre" de Jacques Reclus.Les deux sont recommandables. le titre est emprunté à un poème de Li Bai (Li Po) qui dit " L'univers n'est que l'auberge des créatures, et le temps, l'hôte provisoire de l'éternité; au fil inconstant des jours, notre vie n'est qu'un songe, et nos joies sont fugaces ..."
Shen Fu vécut entre 1763 et 1810.
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Bon livre, carton rouge à l'avant-propos !
Tardivement retrouvé, le manuscrit recelait six récits ; les deux derniers furent perdus. le narrateur, Shen Fu, un Chinois du XVIIIe siècle de bonne famille, mais ayant échoué aux examens, y relate sa vie. On entre facilement dans ce récit à la fois très dépaysant et humainement si proche de nous. L'amour conjugal, les querelles familiales, la pauvreté, les épreuves, la vie quotidienne se lisent dans une traduction fluide. On y voit l'épouse, Yun, fabriquer un plat en forme de fleur pour y disposer les mets peu abondants qui accompagnent les boissons, vendre ses bijoux pour acheter de quoi boire aux invités, chercher une concubine pour son mari (quelle épouse aimante !), faire assaut de poésie. Son mari cherche désespérément des ressources, travaille, emprunte, se crée des dettes, voyage, se livre aux joies de la culture de bonsaïs… La dernière partie est une sorte de revue des plus beaux sites visités par l'auteur, et propose une réflexion sur la nature et l'artifice, et la jouissance poétique des paysages avec des amis (et de l'alcool). Parmi ces curiosités, signalons le passage sur les « Bateaux-de-fleurs» des prostituées de Canton, où le narrateur se montre à la fois « gentil » avec la jeune prostituée qu'il a choisie et assez indifférent à son sort.
Ce récit apparemment authentique, publié de façon posthume, pose de multiples questions. A qui le texte était-il destiné ? Quel était l'objectif du narrateur ? Quelle est la vérité sur ses dettes, ses emplois instables, sa brouille avec son père ?
Cependant je ne peux passer sous silence l'odieux avant-propos sexiste et raciste du traducteur, qui écrit :
« En décrivant Yun, son épouse, l'auteur a donné de la femme chinoise (sic) la plus fascinante image qu'on puisse trouver dans la littérature (je livre d'ailleurs le portrait de cette admirable et fougueuse personnalité à la méditation de certaines dames féministes (re-sic) qui croient que la femme chinoise a dû attendre jusqu'à 1949 avant de pouvoir accéder à l'existence.) »
Si Simon Leys avait pensé sans a priori à son texte, il se serait souvenu de nombreux passages où Yun, tout comme son mari, regrettent que les femmes ne soient pas libres.
« Quel dommage que vous soyez une femme et ne puissiez sortir librement ; si vous étiez un homme, nous pourrions faire des voyages ensemble, visiter les sites et les monument célèbres, et courir à l'aventure à travers le monde ! » Lors d'une fête, Yun s'exclame : « Quelle pitié que je sois une femme et ne puisse m'y rendre ! » (p.43). Et sur la suggestion de son mari, elle finit par se déguiser en garçon pour pouvoir sortir...
Cet avant-propos semble dater des années 50 ; pourquoi ne pas le remplacer ??
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Imaginez un vieil homme qui raconte simplement des anecdotes de sa vie, les bons moments, les tourments. Imaginez que cet homme, pas si vieux (il a 43 ans quand il écrit) est chinois, a vécu à la fin du XVIIIème siècle -début du XIXème siècle sous le règne de l'empereur Qianlong et a épousé une femme extraordinaire qu'il aime profondément. Six récits au fil inconstant des jours sont les souvenirs d'un lettré de la bourgeoisie chinoise amoureux de beauté, de poésie, d'instants précieux. Entre les bons souvenirs poétiques et les difficultés qui nous font découvrir la société chinoise de l'époque, ses règles, ses valeurs, ses arts. L'auteur consacre un chapitre à l'arrangement des fleurs et tout un autre aux nombreux sites qu'il a visité. Ces passages plus théoriques permettent de découvrir les notions d'esthétique chinoise, les sites importants et leur valeur pour les Chinois. Si certains de ces passages peuvent paraître plus longs surtout pour quelqu'un qui ne serait jamais allé en Chine (ne pas hésiter de chercher des images sur Internet), pour moi qui y ait vécu 10 ans cela a été comme un retour nostalgique et une redécouverte à travers les yeux de cet homme du passé. La première partie du livre, faite d'anecdotes est donc plus accessible que la deuxième partie. je recommande vraiment la lecture de ces magnifiques récits pour qui voudrais s'évader un instant dans la Chine du passé
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Récit d'une prostituée :
"Après la mort de son père, sa mère s'était remariée, et elle-même avait été vendue par un oncle sans scrupule. Puis, elle peignit toutes les amertumes de cette vie, où il faut sans cesse se séparer d'amis chers pour accueillir des inconnus ; sourire même quand on a le coeur à pleurer ; boire, même si on ne supporte pas la boisson ; chanter même quand la gorge reste sans voix... Pire, il y avait encore les clients méchants et capricieux, ceux qui, au moindre déplaisir, vous jettent leur verre à la figure, renversent les tables et vous accablent d'outrages (...), ou bien encore les vicieux, ceux qui vous plient à tous leurs plaisirs, la nuit entière, sans relâche, poussant votre écœurement jusqu'à l'insoutenable..."
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Mais même si ce monde ancien devait totalement s'effacer de la vie, pour nous Shen Fu n'en restera pas moins un compagnon infiniment cher et proche dans l'incertain voyage de notre existence, car il détient un secret dont nous avons besoin aujourd'hui comme jamais - le don de poésie, lequel n'est pas le privilège de quelques prophètes élus, mais l'humble apanage de tous ceux qui savent découvrir au fil inconstant des jours, le long courage de vivre et la saveur fugitive de l'instant. (avant-propos de Pierre Ryckmans)
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On était en juillet ; les arbres étaient verdoyants et ombreux ; un peu de brise ridait la surface de l'étang, et les cigales nous assourdissaient de leur concert. Notre vieux voisin me fabriqua une canne à pêche ; avec Yun, j'allais jeter l'hameçon sous l'ombrage profond des saules. Puis, vers le moment du crépuscule, nous montions sur la butte pour contempler les rayons du couchant et les nuages du soir, et nous improvisions des vers de fantaisie (p. 41)
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— « N'est-il pas étrange, fis-je remarquer, qu'on puisse se prendre à aimer des choses que l'on avait d'abord eu en horreur ? » — « On n'est jamais rebuté par la laideur des choses que l'on aime », répondit Yun.
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