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Brigitte Duzan (Traducteur)
EAN : 9782809716320
208 pages
Editions Philippe Picquier (07/04/2023)
3.6/5   48 notes
Résumé :
C'est le goût inoubliable de l'enfance que nous livre ici Sheng Keyi, une brassée de parfums et de saveurs venus du plus loin de son enfance dans la campagne du Hunan.
L'odeur des eaux dormantes où, se faisant une petite barque d'une bassine en fer, elle va cueillir les fleurs de lotus et les châtaignes d'eau. L'arôme discret des fleurs du jujubier sous lequel elle faisait ses devoirs, celui du riz cuit dans la paille et des beignets d'armoise et de citrouil... >Voir plus
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L'auteure revient sur son enfance dans le Hunan et plus particulièrement sa vie dans son petit village natal, à travers 75 petits textes .
Du pur plaisir . Un moment hors du temps que cette plongée dans la Chine de la jeunesse de l'auteure.

Bien entendu , Keyi Sheng prend le parti de stigmatiser la Chine actuelle et présente donc un visage édulcoré du temps passé.

Tout est nostalgie ici : Les étangs ont disparu, l'eau est polluée, les odeurs n'exaltent plus les sens, les animaux se raréfient tout comme les échanges humains. La bétonisation est décriée.
Alors l'auteure se remémore le potager de sa maman, l'arrivée des beaux jours , la fraiche rivière aujourd'hui polluée , l'étang aux lotus, les diverses chasses, cette vie faite de rien mais qui était si pleine. Elle le fait avec une langue simple mais traduisant bien la valeur des choses simples .
Elle appuie ses propos de calligraphies qu'elle a elle même dessinées, ce qu'elle explique en fin d'ouvrage avec grande modestie.
J'ai adoré ce moment au milieu des lotus , des jujubes , des grenouilles, à partager le quotidien de ces gens de rien à qui la Chine moderne a enlevé le peu qu'ils avaient: La beauté de la nature , aujourd'hui souillée et inexploitable, et l'entraide et la fraternité de la communauté villageoise.
Toutefois , on pourra reprocher à l'auteure de sans doute magnifier la vie des paysans chinois de son enfance , même si elle fait allusion à leurs conditions de vie dans quelques textes . Mais ce livre a été écrit avec le coeur nostalgique de celle qui voit disparaitre tout ce qui a fait la beauté de son enfance.
Un très beau livre , qui à sa façon est aussi un cri d'alarme écologique .
C'était mieux avant...
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En commençant la lecture du Goût sucré des pastèques volées, je m'attendais au récit de souvenirs tantôt attendrissants, nostalgiques voire mélancoliques. Dans le genre de la première gorgée de bière, en sorte. Il y a bien de ça, mais pas seulement. Et c'est tant mieux à mon goût, offrant plus de profondeur et de réflexion au texte.

Née en 1973, dans le Hunan, province montagneuse du Sud de la Chine, Sheng Keyi a 45 ans à la parution du Goût sucré des pastèques volées. Enfant de la campagne, elle a depuis quitté son village natal pour Pékin, n'y revenant qu'épisodiquement pour les célébrations du Nouvel An ou des fêtes du Printemps notamment.
Son livre n'est pas construit sur un récit linéaire, mais les soixante-quinze courts chapitres offrent comme autant de coups de projecteur sur tel souvenir, tel aspect du quotidien, telle réflexion sur l'existence.
S'il y a eu beaucoup de moments de bonheur dans cette enfance campagnarde, l'autrice rappelle également la précarité des récoltes en fonction des aléas météorologiques, les temps de disette où la rapine sur les fruits sauvages (et quelques vergers mal surveillés) permet de tenir. Elle raconte les pénibles conditions de vie paysanne, celles encore plus difficiles des filles et femmes dans un milieu où elles sont considérées comme inférieures. Elle parle de sujets existentiels,  tels que la vieillesse, la solitude. Il y a du bilan de mi-parcours de vie dans ses propos.

Son ton est sombre également quant aux évolutions sociales et économiques. A chaque retour dans son village, elle constate les changements indéniables. C'est en soi normal que tout change; il est plus triste et préoccupant cependant de constater que les clairs cours d'eau qu'on buvait directement sont désormais tous pollués. Que la bétonnisation envahit les espaces, au détriment des arbres. Que la faune si variée quelques décennies auparavant encore a grandement décru voire disparu pour certaines espèces. Sheng Keyi dénonce les velléités écologiques chinoises alors que la réalité montre un désir constant de s'enrichir et de tirer profit de tout, au détriment de la nature. Et de résumer cette façon d'être par une phrase marquante : "Au bord du précipice, on continue de creuser le dernier bout de terre sous nos pieds." (page 110 de la version poche des éditions Picquier).
Sheng Keyi dresse un portrait désespérant de sa Chine contemporaine. Elle proclame une sorte de "c'était malgré tout mieux avant". Malgré tout car elle n'enjolive pas la situation des paysans pliant sous le joug des normes administratives maoïstes, des impôts, des aléas, etc. Son ton est mouillé de pessimisme amer et fataliste.

Bien d'autres propos du livre m'ont paru remarquables, et pas tous par leur sombre constat. Il se dégage une poésie simple et envoûtante de ce texte (merci ô combien à Brigitte Duzan et Ji Qiaowei pour leur traduction). En lisant, je me suis trouvée renvoyée plus d'une fois à ma propre enfance, Sheng Keyi et moi n'ayant que trois ans d'écart. Certaines expériences similaires qui doivent être universelles ("Quand je passe en revue le passé, je réalise que mes souvenirs d'enfance tiennent de l'illusion. Les rivières que je croyais très larges le sont en réalité très peu et les distances très longues dans mon souvenir peuvent être parcourues en quelques minutes." page 131). Mais aussi une altérité certaine puisque vivre en Chine communiste et en France républicaine n'implique pas les mêmes conditions d'existence. C'est la similitude dans l'altérité autant que l'altérité dans la similitude.

Avec tout cela, est-il encore utile de dire combien j'ai aimé lire le goût sucré des pastèques volées?
Lire le texte et admirer les délicates illustrations à l'encre de la main même de l'autrice.
Voilà un petit volume que je compte bien offrir autour de moi.
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Un peu de douceur avec "Le goût sucré des pastèques volées" qui a sans doute un petit côté "La première gorgée de bière" de Philippe Delerm

Comme notre écrivain normand inventeur de l'instantané littéraire, la romancière chinoise n'a pas son pareil pour ressusciter les plaisirs et les sensations de son enfance (et nous inciter aussi à ouvrir plus grand les yeux sur toutes les sensations offertes par notre environnement).

Ce n'est pas pour autant une exhortation au bonheur et à se contenter de ce qu'on a.

Si la petite fille du roman vit à la campagne, elle s'y sent prisonnière et rêve de ce qui se passe au delà de la rivière.

Elle mange souvent à peine à sa faim et à travers elle, l'écrivaine porte un regard critique sur les conséquences désastreuses de la modernisation sur les campagnes chinoises.

Les textes sont portées par des illustrations de Sheng Keyi, montrant toute l'étendue de son talent !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une grande douceur émane des textes et des illustrations de Sheng Keyi, nous donnant une sensation de bien-être à la lecture de ce livre.

L'auteure nous fait part ici de sa nostalgie pour son village et sa jeunesse, des temps passés où les gens étaient pauvres mais peut-être plus heureux, où les enfants jouaient dehors tous ensemble et n'étaient pas scotchés à leur téléphone et où il n'y avait pas autant de pollution.

Dans des textes courts, Sheng Keyi partage avec nous ses souvenirs, ses reflexions ainsi que des anecdotes. Elle nous plonge dans l'intimité de sa famille et de son village. J'ai beaucoup aimé d'ailleurs le petit texte dans lequel elle nous explique qu'il n'y avait pas besoin de téléphone quand elle était petite, les gens se criaient les informations/invitations/demandes d'un bout à l'autre du village. Cela devait être très convivial et animé même s'il n'y avait aucune intimité.

De très douces illustrations de l'auteure sont insérées entre les textes, ce qui nous donne des intermèdes agréales. Nous y voyons à chaque fois une petite fille (l'auteure enfant) toujours suivie de son fidèle compagnon, le chien Obama. Les couleurs utilisées sont principalement le noir (pour les cheveux et le chien), le rouge et le vert (pour les vêtements) et des teintes pastel. J'aime beaucoup le style assez épuré.

Levture que je conseille de tout coeur si vous souhaitez découvrir des anecdotes tantôt drôles tantôt touchantes, vous permettant en même temps d'en apprendre plus sur la vie dans un petit village chinois de la deuxième moitié du XXème siècle.
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Un portrait nostalgique de la campagne.
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Dans ce récit, Sheng Keyi nous raconte des scènes d'enfance dans son village natal. On plonge avec elle dans ses souvenirs d'enfance, réveillant une certaine nostalgie de ce regard d'enfant porté sur le monde environnant. Même si le lecteur n'a pas forcément vécu à la campagne, l'autrice évoque des thèmes connus de tous et on ne peut que s'attendrir face à certains souvenirs qui font écho aux nôtres.
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J'ai aussi beaucoup aimé le ton de l'autrice qui sait être très cynique quand elle regarde la campagne d'aujourd'hui et ce qu'on en fait les hommes et les différentes politiques. Elle alterne entre un ton chaleureux et tendre pour parler de son enfance, de ses parents, du goût des légumes cultivés avec amour, du chant des cigales, du bruissement de l'eau, et enchaîne aussitôt avec un ton plus sarcastique quand elle montre la pollution, la cupidité de l'homme, les arnaques, les décisions politiques hallucinantes et la refonte totale des paysages de son enfance. Elle veut retourner dans sa terre natale mais existe-t-elle encore ?
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C'est un récit très émouvant !
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Cette cachette était bien pensée et sa mise en œuvre très réussie, pourtant elle ne m'a procuré aucune joie notable, au contraire : c'était moi la perdante, je m'étais de moi-même mise dans une situation contradictoire. Peut-être le plaisir de jouer à cache-cache vient-il du fait d'être trouvé, et non de faire tout son possible pour ne pas l'être. Prendre le jeu trop au sérieux éloigne de sa nature véritable. J'ai retenu la leçon : lors des parties suivantes, mêmne si je me cachais très bien, j'ai veillé à toujours laisser quelques indices pour pouvoir être trouvée. Ainsi le plaisir était-il partagé et tout le monde gagnant.
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La ville a ouvert l 'espace du rêve. Dans l'immensité de la mer nocturne, ils peuvent apercevoir au loin un phare illuminé, inaccessible certes, mais c 'est toujours mieux que la totale obscurité des champs.
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En Chine, à part les riches, les puissants et les fonctionnaires corrompus, de combien peut on dire qu' ils vivent? Pousser par l 'instinct de survie , la plupart d'entre eux ne font qu'avancer, le joug autour du cou.
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Le mal du pays, c'est peut-être le souvenir de saveurs préservé dans la mémoire de nos papilles gustatives.
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Devant un animal d'une telle bêtise, le chat faisait preuve d'une grande sagesse. S'esquiver ne voulait pas dire qu'il était lâche ou peureux, mais simplement qu'il ne voulait pas laisser souiller son noble pelage par la bave d'un chien galeux. Les chats aiment la tranquillité et la propreté et savent se tenir à l'écart du monde. C'est un trait de caractère qu'ils ont acquis depuis bien longtemps. Calmes et raisonnables, ils ne suivent pas aveuglément le courant et passent le plus clair de leur temps à faire de l'introspection. Ils sont souples et résistants sans être cupides ni voraces. Ils ont une philosophie de la vie et connaissent le sens de l'existence. Perspicaces, ils savent percer les mystères du monde et ne se perdent jamais. Ainsi peut-on dire qu'il n'y a que des chiens fous en ce monde mais pas de chats fous.
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