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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Abimagique de Lucius Shepard est la parution numéro 22 de la collection Une heure Lumière des éditions le Bélial. C'est la deuxième parution de l'auteur dans cette collection après le très bon Les Attracteurs de Rose Street, novella à l'ambiance gothique très travaillée. Abimagique est certainement une des parutions de cette collection les plus clivantes, justement par la nature même du texte.

Abimagique c'est l'histoire d'une rencontre, une rencontre en un homme et une femme, une rencontre avec l'étrange, avec l'amour, avec l'acceptation. Une histoire qui parait très simple au premier abord et puis se complexifie au fur et à mesure. Un jeune homme dont on sait peu de choses (hormis qu'il est étudiant au début des années 2000) et même pas son nom rencontre une jeune femme au look gothique. Elle semble assez solitaire et aucun garçon ne l'aborde. Il ose pourtant le faire et rencontre ainsi Abi, diminutif d'Abimagique, un surnom qu'elle s'est elle-même donné. Tout semble les séparer et pourtant une relation amoureuse commence entre les deux jeunes gens. Ils emménagent vite ensemble chez Abi dans une maison à l'image de la jeune femme, mystérieuse et mystique. Abi a des croyances bien à elle: elle suit un régime alimentaire végan très spécialisé, semble dénuée d'empathie, est certaine que la fin du monde approche, ne parle jamais de son passé, et est également persuadée d'être très différente des autres et d'avoir des connaissances du monde que les autres n'ont pas.

Tout cela aurait pu déranger beaucoup de monde, mais pas notre protagoniste qui même s'il se pose quelques questions est totalement accro à Abi, fasciné et presque dominé par elle. Il en vient à avoir le même mode de vie qu'elle, à ne plus voir personne d'autre qu'elle, à être sous son contrôle, à ne désirer qu'elle et rien d'autre. Il voit en elle la perfection, la volupté, la beauté, le désir, le sexe, l'amour au point d'en être complètement dépendant. C'est ainsi l'histoire d'une rencontre entre un homme et une femme, une rencontre sous fond de sexe, de domination, de drogue, de fin du monde, d'étrange, de dérives.

Ce qui fait d'Abimagique un roman si spécial et si clivant tient à deux faits: sa narration à la seconde personne du singulier, et son appartenance au genre fantastique. La narration choisie par Lucius Shepard est très peu utilisée et elle surprend de prime abord le lecteur. Dans La cinquième saison de N.K.Jemisin, il y a une partie du récit à la deuxième personne du pluriel mais elle n'a pas la même fonction que dans Abimagique. Ici, on est face au discours intérieur du narrateur, face à quelqu'un qui raconte son histoire comme s'il se parlait à lui-même. On est ainsi dans un récit totalement subjectif où on ne peut déterminer si ce que raconte le narrateur est vrai, où on ne peut se décider entre un point de vue ou un autre, entre une vérité ou une autre. (la vérité est ailleurs).

Cette narration fait complètement entrer le roman dans le genre du fantastique, mais le fantastique dans sa définition originelle et française, celle des textes De Maupassant ou de Théophile Gautier. Dans les textes de cette époque, le fantastique est défini comme l'hésitation entre deux explications: celle du surnaturel ou celle du réel en gros. Des événements étranges apparaissent dans le monde normal, sans véritable explication de leur provenance et tout consiste à savoir si c'est vrai ou non. La première version du Horla de Maupassant est caractéristique du fantastique: on ne peut pas savoir si le horla existe ou si la folie est à l'oeuvre. Abimagique est exactement du même ressort: le jeune homme est il fou? Abi est-elle dans le vrai? est ce juste une histoire de sexe et d'emprise sur l'autre? qu'est ce qui est vrai dans toute cette histoire? le génie de Shépard est de ne donner aucune réponse et de le faire grâce à une narration très spéciale et à une écriture pleine de subtilité et de beauté.

Abimagique est ainsi un court roman à l'image de son personnage féminin: mystérieux, violent, envoûtant, étrange. Tout le monde ne sera pas forcément séduit par cette histoire mais on ne peut nier que Lucius Shepard l'ait écrite avec beaucoup de talent. Si on aime le fantastique (dans sa définition première) on ne peut qu'être conquis par ce roman.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Lucius Shepard est un auteur qui ne cesse de me fasciner de lecture en lecture. Découvert avec la novella gothique "Les Attracteurs de Rose Street", je me suis donc lancé les yeux fermés dans "Abimagique".

La forme narrative à la 2e personne du singulier interpelle d'abord, mais une fois habitué, Shepard nous donne l'impression de parler avec lui, d'être l'auditeur de cet homme lambda vivant une histoire d'amour inquiétante et fascinante.

Un récit fantastique, empreint d'érotisme, tant les corps s'entremêlent et se manipulent, et d'ambigüité, brassant les hypothèses folles et rationnelles pour nous laisser dans le flou.

Un nouvel opus de la collection "Une Heure Lumière", à la forme surprenante et au sujet aussi envoutant que la belle gothique Abi !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Amour, emprise, sorcellerie féministe, sauvetage du monde malgré lui ? Une fable contemporaine au fantastique subtilement vaporeux, magistralement rendue indécidable par le grand et si regretté Lucius Shepard.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/02/note-de-lecture-abimagique-lucius-shepard/

Dès ses romans « Les yeux électriques » (1984) et « La vie en temps de guerre » (1987), et en atteignant un sommet dans cette direction avec « le dragon Griaule » (construit sous forme de fix-up remarquablement intelligent entre 1984 et 2011), le si regretté Lucius Shepard (1943-2014) nous avait démontré son étonnante facilité à travailler à la lisière du fantastique et du roman noir le plus contemporain, en installant une prémisse improbable mais pleinement acceptée des protagonistes pour créer son propre territoire de l'inquiétude. Nouvelle de 2005, développée en novella en 2007, traduite en 2019 par Jean-Daniel Brèque pour la collection Une Heure-Lumière du Bélial', « Abimagique » est à son tour une parfaite illustration de ce phénomène subtil. Avec cette singulière rencontre qui laisse rapidement s'insinuer un doute corrosif (peut-être bien à juste titre néanmoins) dans la satisfaction sexuelle et amoureuse qui la baigne, l'auteur réussit un questionnement mystérieux de ce qui nous anime, envers et contre tout.

Jouant d'une imagerie gothique (plutôt que de l'atmosphère hippie si bien rendue, autour de la terrifiante figure par ailleurs de Charles Manson, par Quentin Tarantino dans son « Once upon a time in Hollywood » – avec ce fabuleux sourire des yeux imaginé pour la jeune actrice Margaret Qualley) et d'un arrière-plan potentiellement sectaire mais infiniment moins direct que chez le déterminé Madison Smartt Bell de « La couleur de la nuit » (2011), Lucius Shepard arpente la frontière entre l'amour et l'emprise, distille de précieux éléments de sorcellerie féministe que ne renierait peut-être pas Starhawk, au prix de quelques paradoxes possibles, et nous offre une superbe illustration de l'art des fins indéterminées, ou à explications soigneusement multiples et indécidables.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Lucius Shepard est un sorcier, capable de nous envoûter pendant quelques 80 pages avec un pitch de départ aussi banal que "un gars rencontre une fille gothique dans un resto japonais".
Cette histoire de sorcière new age, d'histoire d'amour apocalyptique et de désirs psychédéliques est aussi efficace qu'elle est immersive. Tout ça grâce à la capacité de Shepard à nous happer dans l'intimité de ce couple, et à alterner entre délire et réalité (ou pas ?). Je suis pas sur d'avoir tout pigé à la fin, mais l'ambiance m'a scotché. Chapeau.
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Pour résumer, Abimagique est un roman qui porte bien son titre car il emporte le lecteur dans une aventure fantastique au sens classique du terme. Avec sa narration à la deuxième personne et son héroïne mystérieuse, Lucius Shepard retourne nos habitudes en donnant la part belle à un personnage féminin et en acceptant que son héros se retrouve paumé, sans réponses à ses questions ni aux nôtres. Toute une expérience, une fois de plus, au sein de cette brillante collection. Une belle découverte que je recommande à ceux qui souhaitent se dépayser !
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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Abi, ou Abimagique est une jeune femme pour le moins étrange qui semble avoir une influence sur les hommes qui partage sa vie. Est-elle une sorcière? Une déesse de la Terre perdue? Un ange? Ou une folle psychopathe?

Impossible à dire ^^

On va suivre l'histoire d'un garçon qui va vivre avec Abimagique et découvrir des choses au mieux étrange... Surtout quand elle va parler de sacrifice pour sauver la Terre...

Cette histoire est une courte nouvelle (principe de la collection "Une heure lumière") de 100 pages qui pose l'histoire, nous fait suivre la "plongée" du compagnon d'Abi et... Bah pour la fin faudra lire le livre ^^

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle très original et qui installe une ambiance érotico-mystique sans faire dans le fan-service simpliste.

Un bémol: il ne faut pas lire la postface rédigée par l'auteur, c'est un moment gênant d'ego centrisme ^^

Bref une nouvelle très très sympa que je conseille bien entendu!
Lien : https://chroniquesantharius...
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"Elle a pour nom Abi — diminutif d'Abimagique. Elle est volupté, sensualité, violence aussi, parfois. le monde court à sa perte, elle en est convaincue, mais elle dit avoir le pouvoir de sauver ce qui peut l'être… Elle est impénétrable. Possible qu'elle soit Cybèle, Magna Mater, femme sorcière tellurique. "

Un jeune homme, étudiant en sciences, est attiré par une jeune femme qu'il voit souvent, déjeunant seule dans un petit restau des environs de l'Université de Seattle, elle est fringuée gothique, et elle rayonne. Ses yeux sont vert bouteille, lumineux. Elle est superbe, ses formes pleines ont un pouvoir d'attraction incroyable. Mais personne n'essaie de la draguer.

Il faut qu'il l'aborde, qu'il la drague, qu'il l'emmène. Ce qu'il fait. Il met peu de temps à s'installer chez elle. Elle est masseuse-thérapeute, vegan, fabrique des bougies et des mixtures vraiment spéciales, c'est loin de sentir bon, mais le jeune homme passe au-dessus de ça : il l'aime, ils font l'amour sans arrêt, et elle a le chic pour appuyer de ses doigts des points dans son dos qui lui donnent des orgasmes presque insupportables. Elle est très portée sur l'idée de l'effondrement, et elle est persuadée qu'ils n'ont que peu de temps à vivre, alors les projets, elle n'en fait pas. Ils discutent des heures durant, et il est étonné de ses opinions et de ses connaissances dans des domaines comme les Anges, les herbes, Dieu, les fantômes, les esprits, les monstres, la magie animale et végétale, les cercles de l'enfer. Mais le jeune homme, avec ses arguments scientifiques, ne trouve pas moyen d'ouvrir une brèche, elle refuse de discuter. Alors il l'accepte comme elle est, avec son corps flamboyant, l'amour tantrique, et ses lubies de régime. Mais il s'aperçoit qu'avec ce qu'elle lui fait manger, et les tisanes qu'elle lui fait boire, infâmes boues, il se sent vaseux, de plus en plus faiblard... et doit faire face à sa grande violence, parfois. Et il se demande si elle n'est pas plus dangereuse qu'il ne le pensait. Sorcière, Ogresse, Démon, femme animale, Ange Exterminatrice.. pire ??

Mon avis : j'avais beaucoup aimé la précédente novella de Lucius Shepard "Les attracteurs de Rose Street" dans la même collection Une Heure Lumière. L'ambiance Steampunk m'avait bluffée. Là, ce n'est pas le mème genre, on entre carrément dans le Fantastique. le narrateur, dont on ne saura jamais le prénom, parle à la 2e personne, ce "tu" qui surprend au début, mais comme j'ai lu l'an dernier "Le Livre que je ne voulais pas écrire" d'Erwan Lahrer, qui usait de ce système pour pouvoir parler de ce qu'il avait vécu au Bataclan, ça ne m'a pas génée. La postface de Lucius Shepard explique pourquoi il a employé le "tu".

On se laisse facilement entraîner dans ce flot de magie, blanche au début, puis on s'angoisse pour le jeune homme, pour ce qu'il risque en offrant sa vie et son amour à cette femme. On n'aura pas de réponses sur ce qui se passe à la fin de l'histoire, à nous de penser, de choisir. Un classique dans le Fantastique, nous dit le sieur Apophis, de n'avoir pas d'explication. J'ai quand même moins aimé l'ambiance glauquissime de cette novella que "Les Attracteurs de Rose Street". J'ai bien aimé la lecture, le format "roman court" me convient parfaitement pour la SFFF. le format poche et la couverture un peu rigide à rabats, ce gris nuancé et les illustrations d'A. Police donnent à ces livres une envie immédiate de les collectionner..... (ce que je fais..)

Abimagique - Lucius Shepard ed du Bélial' coll Une Heure Lumière n°22, 104 pages, Septembre 2019, traduction Jean-Daniel Brèque, couverture et conception graphique Aurélien Police, 8,90€
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Seconde incursion dans les univers de Lucius Shepard pour moi après le très bon Attracteurs de Rose street, et là encore, l'auteur offre un récit fantastique et étrange empreint d'érotisme.

Proposer un récit à la deuxième personne est toujours un pari délicat. Loin de renforcer l'immersion du lecteur, ce procédé à plutôt tendance à créer un sorte de dissonance qui complique la lecture, sauf qu'ici cela participe totalement de l'ambiance perturbante de cette novella.

Mais que raconte Abimagique ?
Hé bien, un homme tombe amoureux d'un femme et ils emménagent ensemble. Sauf que cette femme, Abi, semble être un sorcière tantrique impliquée dans une conjuration cosmique visant à éviter la fin du monde. A moins que notre protagoniste soit juste complètement camé.

Et c'est ça qui fascine tout le long du récit, cette incertitude, cette impossibilité d'accorder sa confiance pour notre protagoniste qui va l'enfermer tout le long de cette relation qui oscille entre le divin et le purement toxique. Notre héros, Carl, est totalement largué et alterne entre des moments de défiance pur vis à vis de cette Abi, des drogues qu'elle lui fait ingérer, de son apparente nonchalance envers des sentiments qui l'enferme et parfois une apparente clairvoyance pour la (prétendue ?) mission de sa compagne.

L'écriture de Shepard est très organique, sensuelle, et porte une charge érotique très forte, même si on pourrait lui reprocher d'être beaucoup trop centrée sur le regard masculin.

Incertitude jusqu'au bout, ambiance purement fantastique, écriture lyrique, érotisme et sensualité, le tout fait de ce récit une expérience particulière qui vaut le détour et qui me donne encore une fois envie de poursuivre mon exploration de l'oeuvre de Shepard.
Lien : https://imaginelec.blogspot...
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