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Critique de boudicca


Un Mexique du futur ravagé par la lutte opposant de puissantes entreprises. Un pays d'Afrique hanté par le fantôme de son précédent dictateur et la présence d'hommes-crocodiles. Une boite russe réservée aux truands dans laquelle se déroulent de bien curieux événements. Voilà le genre d'histoire que nous propose de découvrir Lucius Shepard dans ce recueil de six nouvelles, toutes plus atypiques les unes que les autres. Les quelques commentaires que j'avais pu glaner concernant « Aztechs » promettaient une expérience de lecture inoubliable et je dois avouer être totalement tombée sous le charme de la plume de l'auteur.

Difficile d'apposer une étiquette aux six textes présents au sommaire de ce recueil à la croisée des genres, empruntant aussi bien à la SF qu'au fantastique mais aussi, comme beaucoup l'on très justement fait remarquer, au réalisme magique. du côté de la science-fiction on a donc affaire à des intelligences artificielles usant de technologies ultra sophistiquées afin d'éliminer leurs concurrents, à des techniques novatrices permettant d'adopter une seconde personnalité, ou encore à des mondes parallèles dans lesquels un homme et une femme se livrent une guerre sans merci. Au delà de l'originalité des décors, l'intérêt des textes de Lucius Shepard réside avant tout dans l'incorporation d'éléments surnaturels que protagoniste comme lecteur peinent à interpréter et qui font prendre au récit un tour toujours inattendu. Chaque nouvelle confronte ainsi un homme en perte de repères à des événements extraordinaires qui vont agir comme une sorte de révélation tandis que le lecteur assiste fasciné aux vaines tentatives des dits protagonistes pour reprendre pied dans la réalité. Lucius Shepard a le don pour créer des personnages profondément humains, à la fois complexes et faillibles, pour lesquels il est difficile de ne pas se prendre d'affection et auxquels le lecteur s'identifie sans mal.

Parmi les textes les plus réussis du recueil figure à mon sens « Le rocher aux crocodiles » dans lequel on assiste à la confrontation entre un jeune homme un peu perdu et une manifestation de l'animisme africain sous la forme d'hommes-crocodiles. L'auteur nous y dépeint un Zaïre hanté par l'esprit de son ancien président/dictateur, Mobutu, dont la mort aurait laissé une marque sombre et indélébile sur le pays. Une nouvelle à l'ambiance un peu oppressante et probablement celle faisant le moins appel à la SF. « Le dernier testament » est également une belle réussite, Lucius Shepard y effectuant un habile croisement entre la vie d'un riche et arrogant avocat et celle du célèbre poète du XVe siècle François Villon. Il en va de même pour « La présence », nouvelle dont l'action se situe sur le site de Ground Zéro, encore fortement imprégné par la tragédie du 11 septembre, ou encore d'« Ariel », texte consacré à l'histoire faite de passion et de trahison de deux amants issus d'autres univers. « L'éternité et après », relatant les épreuves endurées par un prometteur membre de la mafia russe afin de racheter à l'homme le plus puissant du pays une prostituée dont il est tombé amoureux, mérite également le détour. Je serai cela dit plus nuancée en ce qui concerne « Aztechs », seule nouvelle à laquelle j'ai eu du mal à accrocher car un peu trop « technique » à mon goût.

Vous aimez les littératures de l'imaginaire et cherchez à découvrir des textes sortant des sentiers battus ? Alors n'hésitez plus, « Aztechs » est fait pour vous ! Lucius Shepard nous y propose six nouvelles remarquablement écrites qui, outre le fait de nous faire voyager sur tous les continents, a également le mérite de faire réfléchir le lecteur sur des thématiques que l'on a peu l'habitude d'aborder en SFFF. Un grand auteur, incontestablement.
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