WESTON (Après une pause). Maintenant je me souviens. J'ai emprunté. J'ai fait des dettes. J'ai toujours parié sur l'avenir, je croyais qu'on allait vivre mieux. Les gens n'ont qu'une idée : acheter. Des frigos. Des voitures. Des maisons, des terrains, des actions. On est gouverné par un argent invisible. On entend plus le son de la monnaie. C'est un mouvement artificielle qui va et vient. Je me suis dit comme les autres, pourquoi ne pas en profiter ? M’endetter de quelques milliers de dollars, ce n'est qu'une question de chiffres ? Ce n'est qu'une idée, c'est abstrait, ça n'a rien de réel, alors pourquoi ne pas en profiter ? Je n'ai fait que suivre le mouvement.
WESTON. C’est problématique d'avoir trop de confort, tu sais ? On oublie ses origines. On perd contact avec la réalité. On croit aller de lavant mais en fait on marche à reculons, hypnotisé. Comme magnétiser, dans le coma. On a besoin d'une table dur pour retrouver le sens des réalités. Une bonne table bien dure qui ramène à la vie.
A l'occasion de la sortie de son dernier roman, Une lune tatouée sur la main gauche, aux éditions Finitude, nous avons le plaisir de vous proposer une rencontre en compagnie de Rodolphe Barry qui poursuit son exploration de l'Amérique au travers de portraits saisissants. Après Raymond Carver et James Agee, c'est à Sam Shepard que la plume virtuose de Barry s'intéresse, et ça vaut le détour !
Discussion animée par Pascal Thuot.
Réalisation: David Even