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3,51

sur 148 notes
C'est tout moi, ça. J'achète les livres de la collection UHL du Bélial' et je les laisse prendre la poussière sans les lire. C'est pas bien.

Bon, j'attaque le rattrapage avec Les attracteurs de Rose street. Mon premier Lucius Shepard (là aussi j'ai du retard). Un court roman du temps de la reine Victoria qui fleure bon le brouillard de particules londonien, les calèches et la curiosité des hommes bien nés pour le monde qui les entoure.
C'est fou comme j'ai eu l'impression de lire un roman fantastique britannique de la fin du 19eme siècle. Vous êtes sûrs que Shepard est américain ? Un coup de chapeau également au traducteur Jean-Daniel Brèque qui retranscrit parfaitement l'atmosphère des romans de cette époque. Tout y est : le narrateur Samuel Prothero, aliéniste ambitieux mais pas snob qui accepte de prêter ses talents au riche mais taciturne Jeffrey Richmond. M. Richmond dont la maisonnée renferme de lourds secrets qui n'ont pas été sans me rappeler ceux de M. Rochester dans Jane Eyre. Mais des secrets dont émanent un parfum de fantastique qui va prendre de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure de l'avancée du récit.
L'auteur passe allègrement d'une ambiance Londres des bas-fonds à la Dickens à du quasi vaudeville . En revanche le tampon steampunk me semble abusé ; les machines de Richmond sont seules à le justifier, mais pas plus que la machine à explorer de temps de H.G. Wells.

Le récit se déploie lentement, faisant avancer l'intrigue principale à la même vitesse que les relations entre les personnages, ladite intrigue se devant d'accélérer sur la fin pour ne pas se prendre dans la face la 4eme de couverture de ce court format. Des questions resteront sans réponses sur ce dont Samuel, Jane et Jeffrey ont vraiment été témoins. Un aspect nécessaire de ce genre d'histoire selon moi.
Je lis peu ce genre de récit, mais une fois de temps en temps c'est bienvenu. Ici le timing était parfait. J'ai beaucoup aimé.
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Lucius Shepard fait partie des auteurs que j'ai envie de découvrir depuis quelques temps déjà. Et quoi de mieux pour une première lecture d'un auteur qu'une novella ?! Cette rencontre avec Shepard fut un bien agréable moment qui m'a donné envie de lire d'autres textes de l'auteur.

Il y a bien un côté steampunk dans « les attracteurs de Rose street », les machines créées par Richmond ont une importance capitale dans le récit et leur description amène en tête des images assez rétro-futuristes. Mais cet aspect steampunk m'a semblé bien moins marqué que le côté gothique du récit. On y retrouve plein d'ingrédients classiques du roman gothique. Comme tous les récits relevant de ce registre « les attracteurs de Rose street » joue beaucoup sur l'ambiance. Shepard semble s'amuser à transposer ces ingrédients gothiques dans une ambiance victorienne très marquée par la révolution industrielle. Ainsi le château mystérieux est remplacé par un ancien bordel non moins énigmatique, la brume est remplacée par la pollution… Comme dans nombre de romans gothiques, tout le récit est teinté d'une sensualité trouble, impression renforcée par l'aspect psychologique du roman qui est bien fouillé pour un texte de ce format. Les personnages auraient pu être d'avantage développés, tout comme l'intrigue d'ailleurs, mais pour un texte de cette taille la caractérisation des personnages est soignée et l'histoire très bien menée.

« Les attracteurs de Rose street » est encore une publication intéressante de la collection Une heure-lumière. Et ce court roman m'a convaincue du talent de Shepard. Je compte bien me procurer d'autres livres de cet auteur.
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Belle découverte que cette collection de romans courts qui nous emmènent dans l'univers de la science-fiction où ici, plutôt dans l'univers steampunk.
Un inventeur va faire appel à un aliéniste pour l'aider à comprendre une histoire de fantômes.
J'ai beaucoup aimé ce mélange des genres.
Le Londres du 19e siècle est bien décrit et les descriptions des quartiers mal-famés sont très réalistes.
J'ai aimé l'originalité de l'histoire qui mêle la technologie, avec la création de machines servant à purifier l'air de la ville, et les fantômes qui sont comme irrésistiblement attirés par ces mêmes machines.
Une lecture originale, courte et très plaisante.
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J'ai passé un très bon moment avec ce récit qualifié de steampunk, mais qui en est assez éloigné, hormis les machines fantastiques de Richmond.

Ce dernier demande à un aliéniste de venir enquêter sur des phénomènes étranges dans sa maison suite à l'installation des "attracteurs", inventés à l'origine pour dépolluer l'atmosphère irrespirable de Londres.

C'est un récit d'ambiance plus que d'action, bien tissé et bien mené, plus gothique que steampunk, finalement. Les personnages sont très justes, cohérents, et l'intrigue, qui amènera Prothero (le jeune aliéniste qui parle en "je") à beaucoup mûrir, est intéressante à défaut d'être passionnante.

C'est sous certains angles trop court, il m'a manqué des développements et des précisions (notamment sur l'apparition "noire", qui apporte un peu de suspens, mais c'est pas assez approfondi de mon point de vue). Mais ça reste d'un très bon niveau d'écriture.

Relecture d'Octobre 2019 : je l'ai presque davantage apprécié qu'en première lecture. Même si les défauts que j'ai cité au dessus restent, l'ambiance est vraiment gothique à souhaits, et convient plutôt bien à la période "pré-Halloween". :)
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La collection Une Heure-Lumière des éditions le Bélial' a une forte coloration science-fiction, toutefois, une fois de temps en temps, il est possible de trouver une novella fantastique ou fantasy, c'est le cas des Attracteurs de Rose Street.

Une intrigue fantastique sur un fond scientifique
Samuel Prothero est aliéniste – il étudie les problèmes mentaux et cherche à adoucir la peine des aliénés – et vit à Londres à la fin du XIXe siècle. Il recherche la bonne compagnie afin de se faire une place dans la société. Parmi les membres du Club des Inventeurs qu'il veut rejoindre, une personne semble quelque peu à l'écart des autres membres influents : ce Jeffrey Richmond l'attire chez lui pour lui demander d'utiliser ses qualifications professionnelles afin de résoudre un problème personnel. Il le mène à ce qu'il désigne comme des « Attracteurs » : astucieux, ceux-ci servent à capter l'humidité ambiante du quartier de Rose Street afin de désépaissir le fameux smog qui inhibe la vie londonienne. L'invention est bien trouvée et adaptée à l'esprit de l'époque. Toutefois, et c'est là le coeur du problème, l'invention de Richmond a son revers de la médaille : il a de fâcheuses conséquences en rapport avec le décès récent de la soeur de ce dernier. Pour résoudre cette affaire, l'aliéniste Prothero doit donc mêler science et goût pour le surnaturel.

Une ambiance victorienne à souhait
Comme convenu en lisant le titre et la quatrième de couverture, l'ambiance victorienne est au rendez-vous. On peut même dire que les premières pages débordent d'éléments caractéristiques pour bien se positionner sur cette époque spécifique. Tout d'abord, l'auteur décrit avec force détails la misère des rues londoniennes, et notamment ce quartier en marge qu'est Rose Street, plus privilégié que Whitechapel, mais pas au point de bien y vivre quand on est miséreux au XIXe siècle. de plus, ce qui nous met le pied à l'étrier dans cette histoire est la propension de cette société à être conservatrice : le milieu bourgeois est dans l'entre-soi, se recommande en son sein et adopte des théories au détriment des classes populaires (vive le XIXe siècle !). Enfin, l'ambiance se révèle volontairement gothique où des bâtiments bourgeois projettent leur ombre terrifiante sur des quartiers malsains. Pour le coup, Aurélien Police a encore diablement bien capté (c'est le cas de le dire) la substantifique moelle du récit avec une couverture qui joue d'abord sur l'aspect architectural.

Une novella à fond sur les problèmes psychiatriques
Pourtant, le coeur de cette novella n'est ni son contexte victorien, ni son intrigue « fantômesque », mais bien le fonctionnement psychologique des personnages. En effet, les secrets qui sont progressivement dévoilés sur certains d'entre autres en disent bien plus sur la misère humaine et sur la pauvreté de certains rapports sociaux. Pour aborder ces sujets, on sent que l'auteur convoque un peu de freudien et un peu de lacanien, tant on parcourt les méandres malsains des fantasmes parfois lubriques des personnes rencontrées. Dans cette optique, sont convoqués à la fois des aspects terrifiques dignes d'un récit d'horreur et des esprits fantomatiques, qui d'abord viennent bousculer la rationnalité des personnages, mais ensuite servent surtout à confronter le lecteur à des situations dérangeantes. du coup, la psychologie des personnages est particulièrement approfondie et cet aspect qui colle à l'esprit de l'époque est sûrement le plus réussi. Cela est d'autant plus le cas que la chute de cette novella résoud l'intrigue d'une façon tout à fait bien trouvée et qui confronte un des protagonistes à ce qui justement le hantait.

En conclusion, petite déception pour ces Attracteurs de Rose Street même si la fin est parfaitement maîtrisée ; pour autant, il faut que la collection Une Heure-Lumière poursuive dans cette voie de proposer de tout au sein des littératures de l'imaginaire (Science-Fiction comme Fantasy et Fantastique).

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J'avais repéré ce titre de Lucius Shepard, ainsi qu'un autre de Laurent Kloetzer, parmi le catalogue de la formidable collection Une heure lumière des éditions Bélial. En arrivant à ma librairie préférée pour les acquérir, cerise sur le gâteau, un inédit de Ken Liu en cadeau pour l'achat de deux.

Revenons au sieur Lucius et à son livre. le plaisir débute dès la couverture, aussi magnifique qu'angoissante, d'Aurélien Police. Soit dit en passant, les superbes illustrations sont aussi une caractéristique de cette collection Une heure lumière. Celle-ci nous insuffle d'emblée l'ambiance brumeuse et gothique qui va accompagner notre lecture.
Lucius Shepard a placé son intrigue dans le Londres du XIXème siècle (c'est d'ailleurs ce qui m'a fortement attirée dans le résumé). le narrateur, Samuel Prothero, est un jeune homme de vingt-six ans, né au Pays de Galles, aliéniste - profession encore sujette à caution et méfiance à l'époque (cf. l'excellent L'Aliéniste de Caleb Carr pour une version américaine). Nouveau venu au Club des Inventeurs à Londres, il compte se servir des hautes relations qu'il pourra s'y faire pour ouvrir une clinique dans laquelle soigner les maladies mentales et non simplement parquer les fous dans des asiles sordides.
Parmi les privilégiés du Club, Richmond y est admis quoique meprisé. Ce dernier requiert l'aide de Samuel pour une affaire singulière concernant un être proche. Mû par la curiosité, le jeune idéaliste accepté et se retrouve chez Richmond, dans un quartier des bas-fonds londoniens. Héritée de sa soeur, il s'agissait d'une maison close du temps de sa propriétaire. Surprise de notre héros. Et pas la dernière. Suite à l'invention d'un procédé pour dépolluer le ciel de la capitale, les attracteurs du titre, Richmond n'a pas récupéré seulement de la suie et des particules. Mais également des fantômes, dont sa soeur. La "patiente" de Samuel.

Je vous laisse découvrir les péripéties du roman. Lucius Shepard y instaure une ambiance délicieusement en phase avec les canons du roman gothique XIXème siècle. La quatrième de couverture renvoie au Frankenstein de Mary Shelley. C'est vrai dans une certaine mesure avec le personnage de Richmond dépassé par son invention.
Au-delà de toutes références, il signe avec Les attracteurs de Rose Street une histoire exaltante. Mon libraire m'avait vanté son style. En effet, l'écriture est très soignée, et également en phase avec le contexte. Les descriptions de l'auteur, qu'il s'agisse des populations miséreuses ou des perruches ficelées dans des corsets pour trouver un époux auprès des membres du Club, possèdent une extraordinaire puissance évocatrice. C'est bien simple, on y est, on voit et on sent chaque endroit, chaque personne.

Jusque-là je ne connaissais Lucius Shepard que de nom. Cette première incursion dans son univers n'a fait que m'encourager à en découvrir plus. Je m'attends donc à de nouvelles lectures passionnantes, pleines de fantastique et d'une grande qualité littéraire.
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J'ai profité de l'offre du Bélial (pour deux livres achetés dans la Collection Heure-lumière, un Hors série est offert du 6 septembre au 31 octobre 2018) pour découvrir de nouveaux auteurs. du coup, ce n'est pas deux mais quatre livres que j'ai achetés! Et Les attracteurs de Rose Street était en premier sur ma liste en raison de son contexte historique, l'une de mes époques préférées : le Londres victorien.

Samuel Prothero est un jeune aliénaliste d'origine galloise (un spécialiste des maladies mentales, soit l'ancêtre du psychiatre, si vous préférez) qui débute sa carrière. Fraîchement débarqué à Londres, il décide d'intégrer le très prestigieux et très sélect Club des Inventeurs pour se faire connaître et développer son réseau. C'est alors qu'il rencontre Jeffrey Richmond, un riche inventeur controversé au sein de la bonne société londonienne et qui ne jouit pas d'une luxuriante réputation. Mais, ce dernier a un projet pour le jeune Samuel et pour cela, il est prêt à le payer grassement. Ne serait-ce pas l'occasion pour le jeune aliéniste de trouver les subsides nécessaires à l'ouverture de sa propre institution?

Les Attracteurs de Rose Street de Lucius Shepard est une première pour moi car je ne connaissais pas du tout son auteur. Et je dois dire que son univers foisonnant et l'ambiance oppressante qui caractérisent cette novella m'ont beaucoup plu. La seconde de couverture évoque un univers austenien et steampunk, je ne suis pas d'accord avec cette affirmation :
– Certes, un éminent représentant du Club des inventeurs, du nom de Charles Mellor, souhaite marier sa fille à Samuel mais c'est tout. L'ironie mordante dont Jane Austen faisait preuve dans Orgueils et Préjugés pour dépeindre ses contemporains en est complètement absente.
– Quant au côté steampunk, il ne se résume qu'aux machines inventées par Jeffrey Richmond : les fameux attracteurs. Ces derniers ont pour dessein de purifier l'air de la ville de Londres en aspirant les fumées et les particules des industries. Mais, en fait de pollution, ce sont surtout les âmes des défunts que les attracteurs vont attirer. La novella passe très vite sur cet aspect et les machines ne sont pas au coeur de l'intrigue. de plus, qui dit « steampunk » (dont la société est développée grâce aux technologies basées sur la vapeur) suggère aussi « uchronie », ce qui n'est pas le cas dans l'ouvrage de Lucius Shepard.
– Pour finir, la seconde de couverture fait référence au roman Frankenstein de Mary Shelley. Je ne suis pas totalement contre cette affirmation car il y a un peu du Docteur Frankenstein dans le personnage de Jeffrey Richmond : l'inventeur dont la création/créature lui échappe.

Pour en revenir à l'ambiance, les références aux romans gothiques anglais de la fin du XVIIIème – début XIXème siècle sont manifestes. Mais, les codes en sont légèrement bousculés : exit la jeune fille ingénue qui se retrouve coincer dans une vieille bâtisse perdue au fin fond de la campagne et qui devra en découvrir les secrets pour se libérer. Samuel est invité par Jeffrey à Londres, dans sa maison et ancien lupanar de six étages pour enquêter sur les circonstances de la mort de sa soeur, ancienne tenancière des lieux. S'ensuit un huis-clos étouffant et auréolé de mystères. Samuel ne peut évidemment pas sortir de cette maison sans s'exposer à des risques. En effet, elle se situe dans un quartier malfamé de l'East-End, celui de Saint Nichol. Quant à l'intérieur de la demeure, ce n'est pas mieux. Elle est en effet envahie de spectres attirés par les machines inventées de Richmond. Comme l'a dit notre Lutin, si vous voulez vous mettre dans l'ambiance, lisez donc cette novella à la lueur d'une bougie (ce que je n'ai évidemment pas fait, froussarde comme je suis!). Enfin, les secrets que Samuel va être amené à découvrir ne le libéreront pas, bien au contraire mais, je ne vous en dirai pas plus!

En conclusion, j'ai beaucoup aimé Les attracteurs de Rose Street : la plume de Lucius Shepard est très agréable à lire. Les personnages sont finement travaillés, l'intrigue ne manque pas d'intérêt et l'ambiance est immersive à souhait. Il s'agit de ma troisième novella lue dans la collection Heure-lumière de l'édition Bélial et je n'ai jamais été déçue jusqu'à présent.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Un peu de fantastique, ça ne fait jamais de tort. En plus, faut dire les choses telles quelles, les couvertures des éditions le Bélial sont souvent agréable pour les yeux.

Londres, époque victorienne… Si on avait des doutes, les premières lignes de ce roman les dissipera tous dans l'atmosphère est victorienne à souhait.

Imaginez, nous commençons ce récit dans un Club où se réunissent des bourgeois, ceux de la classe sociale du tiroir du haut, ceux de l'Angleterre d'en Haut !

Ensuite, on rajoute un service avec la description du fog ou smog qui règne dehors, on vous parle des ruelles sombres, crasseuses, remplie de pauvres gens miséreux. Allez Dickens, sors de ses pages !

Whitechapel, Spitalfields, Limehouse, les quartiers miséreux… Oubliez-les et passez faire un tour à Rose Street, le quartier mal famé de Saint Nichol et arpentez les rues, si vous l'osez !

Pas de Jack The Ripper dans ses ruelles mal famées, juste un bourgeois inventeur, comme ses pairs au Club. Il a mis au point une machine à dépolluer et ses attracteurs à smog ont fait apparaître sa soeur, décédée tragiquement.

Des fantômes, un aliéniste, une dose de fantastique, une louche de mystère, une pincée du père Freud et de l'opacité puisque personne ne veut divulguer ses petits secrets. Il nous manque un maitre des Chuchoteurs… (Oui, la fin de GOT a fait un trou dans ma vie).

Ce que j'ai apprécié dans ce court roman, c'est l'atmosphère ! Ah, elle a vraiment une gueule d'atmosphère, l'atmosphère. Il y a aussi un petit côté steampunk, mais le gothique est plus prégnant que le côté machines habituellement dévolu à ce genre.

Sans oublier que le vieux château aux volets grinçants est remplacé par une maison qui abrita, jadis, un bordel (ça grinçait ailleurs que dans les volets).

Dans les descriptions, tout contribue à nous faire sentir le Londres de la reine Victoria par tous les pores. Cette époque où les classes sociales ne se mélangeaient pas (ou alors, dans les bordels, mais chuut) et où les conventions régissaient la vie des plus fortunés ou titrés. Ça pue les conservateurs dans ces pages.

Oui, l'auteur a vraiment fait en sorte que nous ressentions ce mépris des classes bourgeoises pour ce qui n'est pas de leur milieu, c'est-à-dire les classes laborieuses, populaires. Ce sont les classes d'en haut qui décident pour tout le monde, au détriment bien souvent des classes sociales qui arpentent les caniveaux.

La psychologie des personnages est mise en avant, poussée, même, bien que ces derniers ne soient pas très fouillés, juste esquissés, avec ce qu'il faut pour qu'on s'attache un peu à eux, mais pas trop.

L'écriture est soignée, agréable à suivre, le suspense n'est pas poussé à son paroxysme, mais il y a quelque chose dans ces pages qui vous retient et vous pousse à le lire d'un coup, sans faire de pause (hormis celle du café, ou du thé).

Avec ce genre de récit, je suis sortie de mes sentiers habituels et je compte réitérer la chose avec un autre roman de cette maison d'édition qui propose toujours des récits différents des autres.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Une petite novella qui empreinte au genre policer (enquête) et fantastique (fantômes), dans un univers Steampunk.

Samuel Prothero, nouveau membre du prestigieux club des inventeurs, est missionné par un mystérieux savant Richmond (l'inventeur des fameux « attracteurs ») pour enquêter sur la mort de sa soeur.

Je n'ai pas été emballé par ce texte de Lucius Shepard. de cet auteur, je connaissais la nouvelle « Salvador » dont les envolées psychédéliques et psychologiques m'avaient bluffé. En commun : les thèmes de la mort et des esprits. C'est tout.

L'écriture ne pose pas de problème ici, même si le style est plutôt plat.

Samuel Prothero est l'exemple même du personnage principal neutre dont la seule fonction est d'offrir un support à la narration. Il n'agit pas, et c'est assez agaçant pour un enquêteur.
Tout l'intérêt de l'histoire réside dans le mystère à résoudre. Or, ce mystère est factice car Richmond le connait depuis le début. On en est donc réduit à attendre patiemment que Samuel reconstitue petit à petit le puzzle (sans mérite aucun), et que finalement Richmond crache le morceau... Je sais que cette mécanique est exploitée dans de nombreux polars, mais j'ai toujours du mal avec. Quant au fameux mystère, il m'a paru des plus banals, donc bon...

Richmond est un personnage plutôt travaillé, du genre excentrique et antipathique, avec un comportement régulièrement agressif envers Samuel. Or, celui-ci ne lui doit rien, et j'ai trouvé peu crédible qu'il persiste à collaborer, même si l'auteur fournit quelques raisons.

À part l'univers steampunk qui correspond bien au scénario et aux thèmes, je reproche un enrobage assez artificiel autour d'une histoire de moeurs somme toute banale :
- le statu quo relationnel qui règne dans la demeure de Richmond est peu crédible.
- le background de Samuel (un aliéniste), n'est pas exploité.
- Son coup de foudre paraît forcé et n'apporte pas grand-chose à l'histoire.
- La fonction première des « attracteurs » – purifier l'air – ne colle pas avec le scénario : il est clair que Richmond n'a jamais été intéressé que par leur capacité à attirer les fantômes (je n'en dis pas plus).
- L'intermède de la soirée au club paraît complètement hors sujet.


Je n'ai pas non plus été convaincu par la partie Fantastique, assez importante eu égard aux longues descriptions des fantômes, lesquelles ne m'ont fait ni chaud ni froid. La chute finale est prévisible et pas spécialement renversante.
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« Les attracteurs de Rose Street » est le quinzième ouvrage de la collection « Une Heure Lumière » qui s'est jusqu'à présent toujours révélée excellente, que ce soit par la qualité des textes proposés ou celle de leurs couvertures. Ce nouvel ajout à leur collection ne fait d'ailleurs pas exception à la règle et nous permet une fois encore de découvrir une novella signée par un grand auteur étranger et jusqu'alors inédite en français. Après Ken Liu, Kim Johnson, Stephen Baxter ou encore Roger Zelazny, c'est cette fois Lucius Shepard (malheureusement décédé en 2014) qui est mis à l'honneur avec ce texte relevant davantage du fantastique que de la science-fiction. le récit se passe à Londres, à la fin du XIXe siècle, et met en scène un certain Samuel Prothero, aliéniste de profession, et appartenant au très huppé Club des Inventeurs, dont il espère que l'étroite collaboration avec ses membres lui donnera la possibilité de s'élever dans la société. Il fait là-bas la connaissance de Jeffrey Richmond, que tous les membres du club s'accordent à éviter, pas seulement en raison de son caractère peu amène, mais aussi et surtout à cause de son lieu d'habitation : le quartier mal famé de Saint Nichol. Quelle n'est alors pas la surprise de Prothero de se voir demander de l'aide par cet homme étrange. le patient qu'il veut lui confier ? La défunte soeur de Richmond, Christine, dont le fantôme se manifeste chaque jour depuis sa mort dans la maison qu'elle occupait alors… La chose paraît d'autant plus étonnante que cette apparition (ainsi que toutes les autres constatées dans cette même maison) seraient causées par les prototypes installés sur le toit par Richmond et destinés à purifier l'air londonien.

Le principal atout de ce texte tient essentiellement à son atmosphère. La qualité de la reconstitution de l'époque tient d'ailleurs moins à la précision avec laquelle les décors sont décrits qu'à l'ambiance qui se dégage de chacun des lieux visités. L'auteur réussit notamment à créer un contraste intéressant entre la bonne société dont sont issus les membres du Club des Inventeurs, avec leurs belles maisons et leurs soirées mondaines, et les plus pauvres parmi les pauvres, réduis à vivre dans d'horribles conditions. La description du quartier de Saint Nichol fait particulièrement froid dans le dos, et laisse entrevoir l'immense misère qui régnait effectivement à l'époque dans certains quartiers de la capitale. Dans un tel décor, les fantômes paraissent presque autant à leur place que les pauvres hères qui hantent les rues, et c'est cette prise de conscience ajoute encore à l'effroi que fait naître le récit de Samuel Prothero. Car c'est là un autre des atouts de cette novella qui parvient en peu de temps et de mots à nous glacer l'échine. Si vous aimez les histoires de fantômes vous allez être servi ! L'intrigue est pour sa part bien construite et ne cesse de nous surprendre au fil des pages, jusqu'à l'ingénieuse conclusion trouvée par l'auteur. Rien à redire non plus du côté des personnages : on s'attache rapidement à l'aliéniste (qui occupe ici le rôle de narrateur) ainsi qu'a tous les personnages féminins, fantôme compris. Jeffrey Richmond est pour sa part plus difficile à cerner, mais c'est justement ce mystère qui fait une partie du sel de cette histoire. On peut également saluer le soin apporté par Lucius Shepard à son écriture qui participe elle aussi à mettre le lecteur dans l'ambiance de cette fin de XIXe.

Lucius Shepard signe avec « Les attracteurs de Rose Street » une très bonne novella qui séduit autant par le frisson qu'elle procure que par la qualité de l'immersion qu'elle propose, et ce en très peu de pages. Encore un bel ajout à la collection du Bélial !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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