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3,76

sur 109 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Caroline Corsham trouve son amie Lucia mourante, poignardée, dans un parc londonien. Elle découvre rapidement que la jeune femme était plus connue sous le nom de Lucy Loveless, une prostituée.
Comprenant que la police ne fera pas beaucoup d'effort pour retrouver le meurtrier, Caroline engage un détective privé, Peregrine Child. L'enquête les plongera dans un monde où la noblesse, la finance usurière et la pègre se côtoient sans trop se cacher...

Comment qualifier ce livre : roman ? roman historique ? roman noir historique ? polar historique ? J'ai retenu "roman noir historique" dans mon introduction. Ce n'est en effet pas tant le suspense qui compte que la plongée dans les moeurs londoniens dans laquelle l'enquête nous entraîne. Et ce n'est pas joli joli...
Oisiveté et cynisme d'une noblesse largement désargentée, prostitution, bars louches, financiers véreux, nous avons droit à tout. Droite dans ses bottines, un peu naïve, Caroline Corsham serait bien seule si le détective Child n'avait pas quelques comptes à régler, avec lui-même et avec les autres...
Au-delà, les personnages sont assez repoussants d'égoïsmes, quelles que soient leurs raisons, et c'est le milieu des prostituées qui apparaît presque comme le plus humain.
Un roman intéressant, bien documenté au plan historique. Une écriture alerte (bravo à la traductrice), assez nerveuse avec des chapitres plutôt courts et une alternance de points de vue. Dommage qu'il y ait quelques longueurs...

Merci à 10/18 et Babelio de m'avoir fait découvrir l'autrice et son roman.
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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On est à Londres en 1782, et Caroline , épouse de capitaine, a rendez-vous sous les charmilles , quand une de ses connaissances meurt sous ses yeux. Il s'agit d'une femme que lui avait présentée son frère (débauché notoire), elle l'avait prise pour une honnête femme, mais la vérité, c'est qu'il s'agit d'une prostituée, connue sous le nom de Lucy Loveless (tout un programme...)
Caroline L aimait bien, Lucy avait promis de l'aider à résoudre un petit problème, aussi cette fille de banquier n'hésite pas une seconde à se "salir les mains", elle va engager un attrappe-voleurs, afin de résoudre le crime et enquêter aussi , à ses heures perdues. Elle se frottera à un milieu qu'elle ne connait pas, celui de la prostitution, qui vit en parallèle du sien, puisque bon nombre de ses connaissances masculines fréquentent les péripatéticiennes.

La première chose que l'on remarque avec ce roman c'est la documentation qu'a su réunir l'auteure. On s'y croierait ! le dix-huitième siècle ,est merveilleusement retranscrit. Les moeurs, la toilette, les rues boueuses ou crasseuses de Londres, les rapports hommes/femmes : tout. C'est donc un réel plaisir d'évoluer dans le monde de cette héroïne, pendant plus de cinq cent pages.
La vie des femmes y était infiniment moins libre que celle des hommes, et pourtant cette Caroline n'hésite pas à prendre un amant, avec les risques de finir à la rue et sans son fils, si son mari l'apprenait... Je pense qu'il y aura une suite , parce que cet aspect-là de la vie de Caroline n'est pas résolu à la fin. C'est ce qui m'a fait tiquer, le risque qu'elle prend... D'autant que les raisons qui poussent Caroline dans les bras d'un autre sont évoquées en une phrase. On ne sait rien sur ce couple, on ne sait rien du caractère de Caroline (à part qu'elle est drôlement courageuse, et qu'elle part bille en tête dans cette enquête, somme toute, pour une femme qu'elle qualifie d'amie, un peu vite).
Si l'auteure s'attache à nous brosser un ultra-réaliste portrait de l'époque, elle est un peu avare en descriptions des personnages, leurs goûts, leurs sentiments, ça va un peu trop vite... alors qu'elle s'étend beaucoup sur les prostituées, leurs conditions de vie. C'est un roman à charge pour les hommes. Qu'elles soient prostituées, épouses, mères, bourgeoises, ou sans protection, orphelines... les femmes en bavaient drôlement !
Roman féministe : sûrement. Roman social aussi, et enquête policière. J'ai eu beaucoup de mal à croire qu'une héroine ayant eu un peu de chance à la loterie de la vie, prenne autant de risques physiques et risque sa réputation, pour une soit-disant amie..
A la fin du roman, Laura Sheerd- Robinson nous apprend qu'une femme sur cinq avait pratiqué la prostitution à Londres à cette époque. Dés lors, pourquoi ne pas faire de Lucy, une cousine proche de Caroline, une cousine aimée ?
Ça , ajouté à mon manque d'empathie pour le personnage principal , et le fait qu'il n'y a pas, une fin mais deux (en quelque sorte ), a fait retomber mon enthousisme sur ce roman dont la reconstitution historique est remarquable...



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J'avais lu précédemment de cette autrice « Blood Sugar » qui évoquait des pratiques ignobles des marchands négriers au 18ème siècle. le personnage principal était le capitaine Corsham, le mari de Caroline qui, dans ce roman, tient le rôle principal. L'action se situe en 1782 à Londres et le point de départ est l'assassinat d'une femme que devait rencontrer Caroline Corsham. Même si celle-ci apprend plus tard que la femme était une prostituée et non pas une aristocrate italienne comme elle prétendait l'être, ce meurtre scandalise Caroline et elle engage un homme-Peregrine Child- pour trouver le meurtrier. Mais cette enquête entraîne Peregrine et Caroline vers des révélations dérangeantes et qui inquiètent certaines personnes. On les menace bientôt mais Caroline s'obstine, elle ne reculera pas même si la société la rejette.

J'avais bien aimé le roman « Blood Sugar », je trouvais que le sujet était intéressant. Pour ce nouvel opus, j'ai un avis plus mitigé. le roman se lit bien, l'univers londonien est bien rendu mais il y a des longueurs notamment dans l'enquête : Laura Shepherd-Robinson aurait gagné à réduire les pistes, il y aurait eu plus de rythme. Ce que j'ai aimé par contre c'est le courage et la persévérance de Caroline. Quel intérêt a-t-elle de découvrir le meurtrier et les raisons du meurtre ? Lucy Loveless n'est qu'une prostituée mais Caroline voit en elle une victime des hommes, tout comme elle se considère comme victime de cette société hypocrite qui permet aux hommes d'agir comme ils le veulent, alors que le moindre soupçon de scandale ruine la vie des femmes. J'espère qu'il y aura un autre roman avec Caroline comme protagoniste.

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Vies et mort de Lucy Loveless

Lors d'une soirée aux jardins du Vauxhall, Caro Corsham s'éclipse pour retrouver une amie, Lucia une comtesse italienne. Elle la découvre mourante, sauvagement poignardée, prononçant dans un dernier souffle " Il sait ".
La comtesse n'en était pas une, il s'agissait en fait de Lucy Loveless une prostituée des beaux quartiers, amante et favorite d'hommes en vue, qui avait visiblement appris un secret qui lui sera fatal.
Les autorités ne souhaitant pas faire la lumière sur ce crime et plutôt même l'étouffer, Caro décide d'engager Peregrine Child, un attrape-voleur, pour enquêter.
Hommes puissants, financiers ou personnalités politiques, club secret, luxure, tromperies, l'autrice nous conduit au coeur de l'hypocrisie de la haute société géorgienne, là où les femmes ne comptent pas, n'ont que peu de valeur mais peuvent toutefois avoir beaucoup de pouvoir.

Malgré l'épaisseur de ce roman je ne me suis pas lassée, ni de l'intrigue ni des personnages.
J'ai beaucoup aimé les allusions historiques et le contexte politique mais suis restée un peu sur ma faim, j'aurai apprécié que la narration soit plus ancrée dans le Londres, et plus généralement la Grande Bretagne, de l'époque.

J'espère retrouver Caro et Child dans un nouvel opus et suis vraiment curieuse de connaître l'évolution de leur situation respective.

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Je remercie les éditions 10-18 et babelio pour l'envoi, dans le cadre d'une masse critique privilégiée, du roman : Vies et mort de Lucy Loveless de Laura Shepherd-Robinson.
Londres, 1782.
Par une nuit d'été, Caroline Corsham tombe sur l'une de ses amies mourante, venue agoniser dans ses bras en lui murmurant un énigmatique « Il sait ».
Caroline comprend bientôt que son amie lui avait menti : Lucy Loveless, de son vrai nom, était la prostituée favorite d'un club d'hommes puissants.
Lorsqu'il apparaît que magistrats et notables ont davantage intérêt à étouffer le crime qu'à le résoudre, Caroline engage un voleur privé, Peregrine Child, pour trouver l'assassin de Lucy. Il fouillera jusqu'aux tréfonds de la société géorgienne, au coeur d'un monde d'artifices, de tromperies et de vies secrètes.
De désillusions en hypocrisies, Caro lèvera le voile sur tout un monde : celui où les hommes peuvent emmener de belles courtisanes au théâtre et coucher leur fils adultérin sur leur testament.
Un monde où les femmes, elles, paient de leur honneur tous les désirs dont elles sont l'objet… Jusqu'à y perdre la vie.
Vies et mort de Lucy Loveless est un beau pavé de presque 600 pages, avec une très jolie couverture.
Je trouve que ce roman attire l'oeil et donne envie :)
Au début du roman, il y a un plan de Londres en 1782 et une liste des différents personnages. Cette dernière est importante et permet de se repérer surtout au départ, avant d'avoir bien en tête qui est qui.
Ce roman nous emmène dans le Londres de la fin du dix huitième siècle, une époque où la condition de la femme n'était pas jolie jolie ! Et c'est peu dire !
Quand Lucy meurt dans les bras de Caroline, une femme de la haute société, cette dernière n'imagine pas un instant la véritable identité de son amie. Elle va vite le découvrir et comprendre que les autorités ne sont pas du tout pressées de connaitre le coupable ! Il faut dire que la morte n'est autre qu'une célèbre prostituée.
Caroline engage Peregrine Child pour trouver l'assassin de Lucy.
Tous deux sont des personnages très intéressants. Ils ne sont pas lisses, ont chacun de sacrés fêlures et des secrets. Ce qui va d'ailleurs leur jouer des tours car parfois.. les secrets tuent !
J'ai apprécié le secret de Caroline, le fait qu'elle se mette en danger et sa détermination à connaitre la vérité concernant Lucy. OK, son amie n'est pas qui elle imaginait mais il est important que la vérité éclate au grand jour.
Nous suivons donc Caroline, Child, mais aussi différents personnages. Notamment une jeune fille nommée Pamela.
J'ai aimé ma lecture, toutefois je trouve qu'il y a des longueurs. A plusieurs moment je me suis dit que c'était un peu long. J'ai même fait remarqué à mon mari que je n'étais pas rendue quand j'ai attaqué la quatrième partie ! Et puis, vers ce moment là, je me suis mise à dévoré ce roman.
Oui, il y a des longueurs, beaucoup de personnages.
Mais je ne me suis pas perdue dans ma lecture et à un moment j'ai vraiment eu envie de découvrir où l'autrice allait m'emmener et comment toute cette affaire allait se terminer !
Jai apprécié l'ambiance, le fait que ça se déroule à Londres en 1782.
Bravo à l'autrice pour tout le travail de recherche fait pour ce roman car on sent qu'elle connait l'époque, c'est très crédible.
La période dans laquelle nous emmène l'autrice est cruelle pour les femmes. Les jeunes filles mettent aux enchères leur virginité, préférant ceci à récurer les toilettes. Certes, elles gagnent beaucoup plus en vendant leur corps et en se prostituant mais j'ai trouvé ça vraiment terrible.
Le dénouement de l'enquête est très réussi ; Laura Shepherd-Robinson a su me surprendre jusqu'à la fin.
Vies et mort de Lucy Loveless est un bon roman même s'il a quelques défauts.
Ma note : 3.5 étoiles.




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Le coeur de Londres, ses beaux quartiers et ses bas-fonds. S'inscrivant dans la veine du polar historique aux illustres prédécesseurs, Laura Sheperd-Robinson délaisse l'époque victorienne, abondamment utilisée comme cadre dans de nombreuses intrigues pour s'inscrire à la toute fin du 18e siècle. Nous y gagnons de ne pas croupir dans une morale bienpensante complètement étriquée et de profiter au contraire de caractères hauts en couleurs et aussi émancipés que l'organisation sociale de l'époque l'autorisait.
Pourtant il faut bien l'avouer, aucun des personnages n'a de quoi remercier le destin du sort qui lui échoit : Peregrine Child, attrape-voleur au triste passé et au foie bien attaqué au gin, prostituées côtoyant des hommes qui n'ont de gentils que la dénomination, anciens militaires devenus chiffonniers, antiquaires faussaires, la galerie des portraits n'épargne personne et il n'en est aucun qui ne morfle... Même le milieu aisé de la banque d'affaires abrite des trajectoires cabossées : Ainsi notre personnage principal, Caroline Corsham, dite Caro, fille et soeur de riches banquiers n'est pas aimée de son époux et le sait. Elle en a pris son parti et cherche le bonheur dans d'autres bras, à défaut de le trouver. Un soir qu'elle se rendait dans le fond d'un parc où se scellent certaines rencontres illicites, elle y retrouve Lucy Loveless, célèbre prostituée, laquelle se vide de son sang et finit par agoniser dans ses bras. Désireuse de ne pas laisser ce crime impuni, Caro va mener l'enquête aux côté de Peregrine Child et mettre au jour un faisceau complexe d'intérêts morbides et de personnalités sans vergogne.
Au début, j'ai crié au chef d'oeuvre, à la découverte d'une nouvelle Ann Perry. J'ai été soufflée par les connaissances historiques installant le tableau, charmée par un style agréablement érudit. Et puis, à mesure que l'enquête suivait son cours, mon intérêt n'a pas su être relancé. Comme mon enthousiasme frôlait les sommets aux premières pages, il m'en est resté assez pour que j'achève le livre mais sans la même fougue. Cela tient, je crois, à deux choses : l'intrigue policière est foisonnante, elle met au jour différents acteurs qui agissent de manière concomitante mais non conséquente et cela nuit au plaisir que constitue une élucidation ne reposant que sur une seule cause. D'autre part, aussi profonds et attachants que soient en théorie les personnages dans leur conception, l'intrigue ne leur laisse pas souvent l'occasion d'illustrer les multiples facettes de leur personnalité et la succession des chapitres les conduit trop souvent à enchainer les rencontres déterminantes, les interrogatoires probant sans que leurs existences soient en rien touchées par ce qui leur arrive. Ils finissent par être davantage conduits par les péripéties qu'à en être au coeur. C'est dommage car il y avait, à mon sens, bien plus de potentiel dans le personnage de Caro, son anticonformisme qu'explique assez bien ses origines roturières, sa liberté intérieure qui résonne autant avec les courants philosophiques dans la fin du 18e siècle qu'avec nos préoccupations contemporaines.
Vies et mort de Lucy Loveless reste cependant un polar historique tout à fait honnête et je me laisserai bien tenter par la suite des aventures de Caro si cet opus devait n'être que le deuxième d'une plus longue série.
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Ça y est ! Je l'ai terminé ! Je ne sais pas si c'est la période chargée ou le livre en lui même qui ont fait que je n'avançais pas dans ma lecture, mais ça a été long! Ce n'est pourtant pas le manque de motivation qui m'a fait défaut car j'avais très envie de connaître le meurtrier de Lucy Loveless.
L'intrigue est intéressante, foisonnante, Lucy s'étant attiré l'intimité de nombreuses personnes de haute naissance comme de basse extraction.
Le contexte historique permet à l'auteure de mettre en évidence le rôle des femmes. Entre Caro, l'héroïne, femme mariée de la haute société qui jouit de moyens financiers importants mais est limitée par la bienséance, le qu'en dira-t-on et l'obligation de préserver l'honneur de son mari, et Lucy, prostituée qui a sa liberté mais est mise au ban de la société et risque la misère à tout moment, l'écart de situation est vertigineux. L'hypocrisie masculine est également mise en évidence avec les comportements de façade particulièrement vertueux et dans l'ombre le recours aux filles de joie pour assouvir leur part la plus sombre, sous couvert de philosophie, de retour à l'antique...
Les personnages sont bien construits et les révélations distillées tout au long du livre quand aux racines de leur personnalité.
Si j'ai trouvé le roman très long, je l'ai également trouvé intéressant mais je suis restée sur ma faim quant au sort réservé à Caro par son mari...
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Avec sa couverture qui me rappelait les romans de Stuart Turton édités également chez 10/18, j'ai de suite été attirée par les Vies et mort de Lucy Loveless, policier historique se déroulant dans la Londres de la haute de la fin XVIIIe dont nous allions découvrir les turpitudes.

Deuxième roman de l'autrice, celle-ci semble s'être spécialisée dans les romans policiers historiques du XVIIIe avec une touche de dénonciation. Après la traite négrière dans Blood & Sugar, place à la prostitution cette fois et son dernier, sorti en vo cette année, semble traiter de la bonne fortune et autre divination. Avec un style simple et direct, très facile d'accès et particulièrement addictif, l'autrice plonge peu à peu son lecteur dans une ambiance londonienne plus vraie que nature où l'amatrice de romance dans ce lieu et cette époque, que je suis, a parfaitement su trouver ses marques. C'était savoureux.

L'histoire, en elle-même, n'a rien de complexe dans un premier temps. le lecteur est plongé dans une enquête menée par une dame de la haute : Caroline, qui vient de trouver une amie morte, assassinée, sous les charmilles de Vauxhall, le parc à la mode pour les soirées de fêtes et les rencontres. Sauf que cette amie n'était pas la duchesse italienne qu'elle imaginait mais une prostituée et qu'elle lui a laissé un mystérieux message. Voyant que les autorités n'allaient pas trop s'intéresser de près à son cas qui risquait d'impliquer ses messieurs, Caroline avec l'aide de l'attrape-voleur, Mr Child, se lance sur les traces de l'assassin ! Et chacun a aussi ses propres secrets à protéger.

J'ai beaucoup aimé le puzzle en lequel va se transformer l'histoire, nous emmenant dans les méandres de la bonne société masculine londonienne avec ses artistes et antiquaires, ses clubs de prostitués, ses clubs d'hommes libertins, ses parties fines, ses couples qui n'en sont pas, etc. A chaque découverte de l'héroïne, nous allons un peu plus loin dans les déviances de ces messieurs qu'ils cachent sous de bonnes moeurs qui n'en sont pas et Caroline étant elle-même issue de ce milieu, elle va elle-même croiser des figures connues impliquées, ce qui va compliquer les choses et rendre l'enquête encore plus personnelle.

Pour quelqu'un qui, comme moi, lit peu de romans policiers, on se laisse totalement prendre par les longueurs de l'enquête. C'est ultra savoureux de naviguer d'un milieu à l'autrice, d'approfondir ses connaissances sur tel ou tel groupe, de découvrir tel ou tel personnage et ses implications supposées, en tentant de faire le lien. On est partie prenante et on prend plaisir à se prendre au jeu de jouer nous mêmes les détectives. Plusieurs révélations et rebondissements m'ont surprise tandis que j'en avais deviné d'autres. le roman a beau être long, je n'ai pas trouvé l'enquête poussive, au contraire, elle était plutôt fouillée et l'autrice a ainsi bien mis en valeur les caractères et caractéristiques de chacun.

C'est en effet une plongée dans la face cachée de la bonne société qu'elle propose. On y découvre une héroïne au mariage malheureux par exemple, qui a des aventures ailleurs pour combler le manque d'amour de son mari. On plonge dans les coulisses d'un studio de peinture et d'un couple d'artistes qui n'est pas ce qu'on croit. On y voit des hommes qui tentent de résister à la pression matrimoniale de leurs parents avant d'y céder. On y découvre des femmes poussées bien jeunes à se prostituer et l'autrice nous présente tout le système de mise aux enchères de leur virginité, de leur passage dans les maisons de prostitution de la haute, en passant par leurs participations à certaines soirées fines, pour distraire ces derniers. Il est aussi question de club secret, de maladie, de syphilis et de folie. Même si l'autrice n'a pas une plume des plus incisives, c'est tout de même un portrait légèrement grinçant et triste de cette société qui est fait. Un voile assez morose recouvre l'histoire quand on voit la vie de Caro et de ses amis qui n'a rien de gaie.

J'ai pour ma part beaucoup aimé ce mélange de policier et de peinture de la Londres de la fin XVIIIe bien réaliste, agrémentée au passage d'un plan de la ville en début de tome, toujours fort utile pour visualiser les lieux de l'histoire et celle-ci bougeant bien, c'était très immersif. L'enquête est longue mais fournie et pleine de ramifications dramatiques savoureuses pour se rendre compte de la vie réelle de ces gens de la haute sur lesquels on fantasme un peu trop rapidement. J'ai aimé le ton doux amer de l'autrice et son héroïne, le caractère fort et protecteur de cette dernière prête à tout pour comprendre ce qui est arrivée à son amie et défendre ainsi le droit des prostituées à une enquête digne et un enterrement décent. Caroline fut le genre d'héroïne que j'aime, fascinante car forte au début, plus complexe et fragile par la suite par les secrets qu'elle révèle, mais d'autant plus intéressante du coup. Il en fut de même pour son associé Mr Chip, même si j'aurais aimé qu'il soit encore plus développé, les personnages masculins secondaires l'étant plus que lui… J'ai aimé pénétrer cette société masculine à leurs côtés, aller à la rencontre de la vie de ses prostituées de la haute, découvrir les méandres de ses messieurs derrières leurs beaux tableaux et leurs belles fêtes. C'était entêtant et addictif. Il me fallait connaître le fin mot ! Et celui-ci m'a surprise, même si je suis restée un peu sur ma faim concernant Caroline.

Entre désillusions et hypocrisies, Vies et mort de Lucy Loveless, plus que le récit de l'enquête sur la mort d'une prostituée fut le portrait sans concession d'une société qui se croit un peu trop puissante dans son pouvoir sur les femmes et individus qu'elle considère inférieur. Ce fut une lecture enthousiasmante, pénétrante et passionnante, où j'ai aimé entrer dans les cercles secrets de ces hommes vils et détestables, qui faisaient pâles figures par rapport au courage des femmes qu'ils oppressent. J'ai adoré notre courageux duo d'enquêteurs très humains. Plonger dans ces découvertes m'a émue. Ça m'a donné envie de lire plus de policiers historiques s'ils sont aussi bien écrits.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Londres été 1782, à la sortie d'une soirée où elles devaient échanger, Caroline Corsham retrouve son amie Lucy Loveless sous une charmille, mortellement blessée. Dans son dernier souffle elle lache 'Il sait'. 

Qui est ce 'il' ? 'Que sait-il ? 

Ne pouvant agir seule, une femme de cette époque ne peut se rendre partout, Caroline engage Peregrine Child, un "attrape-voleur", qui a la façon de nombre de ses successeurs a un passé trouble, des peines de coeur et un goût prononcé pour l'alcool, du gin en ce qui le concerne ! 

Ensemble, ils vont explorer le demi monde londonien, entre atelier de peintre à la mode, partie fines, mise aux enchères de virginité, barbons syphilitiques, militaires corrompus, antiquaires véreux, prêteurs sur gages usuraires, et un improbable propriétaire de vergers d'ananas ...

Un roman aux si nombreux personnages que j'ai failli m'y perdre mais où heureusement surnagent Caroline et Peregrine dont l'amitié improbable sera un atout indéniable qui leur permettra de décortiquer les dessous sordides de l'assassinat de Lucy.

Un roman qui détaille les conditions de vie dans le Londres de cette fini du XVIIème siècle entre ultimes soubresauts de la guerre d'indépendance américaine, goût pour l'antique  protéiforme : du théâtre à la décoration en passant par la peinture, et la collectionnite aigüe de vases et statues ...

Un roman qui traite également de la condition féminine entre potiches dévouées, mères exemplaires, prostituées au grand coeur et oies plus très blanches mais qui montre qu'avec un peu de chance et de volonté, on peur se sortir de situations malaisées.

Un auteur que j'ai découvert mais dont je vais m'empresser de lire le premier opus qui attend déjà dans ma liseuse.

Je remercie vivement Babelio et les éditions 10/18 qui m'ont fait parvenir cet ouvrage 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Quand j'ai commencé ma lecture de ce joli petit pavé, je ne m'attendais pas à autant apprécier ma lecture. Il faut dire que si j'étais déjà sous le charme de la jolie couverture, je ne suis en général pas très fan des romans historiques et ici nous nous trouvons en Angleterre, en plein règne de George III.
Nous y suivons Caro, jeune mère dont l'époux est parti faire le diplomate ailleurs que dans son pays, qui se trouve mêlée à la mort de celle qu'elle croyait être noble, son amie Lucy.

Caro est acharnée, têtue, et même si elle est blessée par le fait que son amie ne lui ait pas tout dit, elle veut savoir la vérité sur la mort de Lucy. Et elle a bien raison de fouiller parce que sous ce meurtre se cache des secrets pas bien reluisants et toute la noblesse de la capitale pourrait avoir une raison d'avoir voulu voir disparaitre Lucy.

Autant dire que moi qui adore les meurtres et les mystères, j'ai été servie par cette enquête aux multiples rebondissements, pour laquelle Caro fait appel à Peregrine Child, un attrape voleur qui est tombé dans la misère.
Leurs investigations vont les mener sur la trace d'une autre mort sur laquelle Lucy enquêtait et, partant de là, on tombe dans quelque chose de plus en plus glauque où la place des femmes est constamment dévalorisée et où Caro se rend compte qu'elle est bien peu de chose et que tout ce qu'elle tenait pour établi n'est qu'une construction bien fragile.
Elle va devoir se battre contre la police, contre la société, tout en essayant de conserver elle aussi son secret du mieux possible mais, malgré toutes ces difficultés, elle reste un personnage plutôt positif qui ne lâche rien.

L'ensemble assez défaitiste, avec un regard désabusé sur les hommes qui ne voient les femmes que comme des marchandises pouvant les servir, mais parfois aussi sur les femmes qui manquent de solidarité entre elles.

L'enquête en elle-même est plutôt plaisante à suivre, et l'intrication avec la deuxième, plus ancienne, amène tout plein de rebondissements et des implications jusqu'au plus haut sommet de la royauté.
Si vous aimez les mystères historiques, ce roman est un vrai plaisir à dévorer.
Lien : https://yodabor.wordpress.co..
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