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Erich Scheurmann (Éditeur scientifique)Dominique Roudière (Traducteur)
EAN : 9782266130325
160 pages
Pocket (17/06/2004)
3.92/5   115 notes
Résumé :
Touiavii, le chef de la Tribu de Tiavéa, a observé de près cet être étrange qu'est le Papalagui et en dresse un portrait plus éclairé que ne pourrait le faire un ethnologue :
- le Papalagui étouffe son corps avec des peaux lourdes et serrées qui le privent de soleil ;
- le Papalagui vit dans des coffres de pierre empilés, séparés par des fentes bruyantes et grises ;
- le Papalagui est obsédé par le métal rond et le papier lourd qui régissent tou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Il est étonnant comme un aussi petit livre peut laisser une aussi grande impression ! Lu il y a quelques années, la lecture du Papalagui m'a laissée songeuse. Eric Scheurmann, écrivain du début du XXème siècle, a recueilli dans cet ouvrage les propos de Touiavii, chef de tribu polynésien sur l'homme blanc.

Le terme « Papalagui » signifie littéralement « pourfendeur du ciel » et sert à désigner le Blanc (en cause, les voiliers par lesquels les hommes blancs sont arrivés à Samoa, les aborigènes prenant alors les voiles blanches pour des trous dans le ciel).
Touiavii rêvait de voir l'Europe. Alors il est parti en voyage. Et porte un regard critique sur la civilisation occidentale. Ses propos ne nous étaient pas destinés. Ils s'adressaient aux compatriotes polynésiens de Touiavii. Mais Eric Scheurmann les a recueillis pour nous et même s'ils sont restés dans l'ombre pendant longtemps, ils n'ont pas pris une ride et sont toujours aussi pertinents.

Ce petit livre se lit très facilement, les propos du chef de tribu prêtant souvent à rire. En effet, Touiavii nous livre une critique du mode de vie de l'homme blanc mais avec beaucoup d'humour. Destinés à mettre en garde les peuples aborigènes contre le continent européen, ses propos peuvent également se révéler un véritable trésor pour nous, Européens éclairés et aveuglés par notre propre civilisation. Pour apprécier le Papalagui, il faut donc être prêt à admettre que notre société n'est pas parfaite et affronter cette vision qui ne la met guère en valeur. Cela ne veut pas dire que nous sommes obligés d'adhérer aux propos tenus. Pour autant, on ne peut s'empêcher de s'interroger tout le long de cette lecture car avec simplicité et modestie, Touiavii pointe les nombreux paradoxes de la culture occidentale et le danger qu'elle représente pour les cultures minoritaires. Tout y passe : le côté matérialiste, l'attachement à l'argent, la course contre le temps, la religion… Autant de points qui sont toujours sujets à débat aujourd'hui !
Certes, il existe un très grand fossé entre les différentes cultures abordées. Pourtant, on ne peut rester impassible face à de tels propos. Comment ne pas se remettre un minimum en question quand dès le début du XXème siècle un chef de tribu polynésien pointait déjà avec beaucoup de lucidité et de pertinence certains des travers et paradoxes de la civilisation occidentale ?

Eric Scheurmann nous offre avec le Papalagui un témoignage sans concession de notre civilisation occidentale à l'aube du XXème siècle toujours d'actualité. Simple et efficace, c'est un livre qui ne fait pas de mal et qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie !
Lien : http://drunkennessbooks.blog..
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Ce petit livre donne l'impression d'avoir été écrit récemment, tellement il reste d'actualité.
C'est drôle, bien enlevé et plein de fraîcheur.
A l'époque où notre impact sur la planète nous saute à la figure, cette approche nous fait réfléchir sur notre style de vie. La vision du chef de tribu est une vraie proposition philosophique dont malheureusement nous nous sommes complètement éloignés, tout en considérant les populations autochtones comme négligeables, les poussant à la disparition (on peut citer les amérindiens de Guyane ou du Brésil).
Reste-t-il même encore un Touiavii pour s'étonner sur notre style de vie ?
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Même si ce livre nous fait facilement rire, il sera nécessaire toutefois d'avoir suffisamment d'humour mais aussi accepté un reflet de notre culture occidentale qui ne nous met absolument pas en valeur.

Dans ce petit livre sont donc recueillis les propos d'un chef de tribu des îles Samoa qui se prénomme Touiavii qui rêvait de partir en voyage en Europe pour rencontrer l'homme blanc. Il est alors parti pour plusieurs mois et a donc eu l'occasion d'observer notre monde. A son retour au pays il se donne pour mission de faire le tour des villages afin de mettre son peuple en garde contre ce peuple complètement dénuer de sens et surtout de l'ambition qu'il a d'imposer son mode de culture à travers le monde. Je précise que le voyage s'est effectué au début du XXe siècle.

Mais avant de continuer je m'arrête pour vous donner l'explication sur ce papalagui. C'est quoi un papalagui. Et bien c'est un Blanc, un étranger et même plus que ça c'est le pourfendeur du ciel. "Car le premier missionnaire blanc qui débarqua à Samoa, arriva sur un voilier. Les aborigènes prirent de loin les voiles blanches pour un trou dans le ciel, à travers lequel le Blanc venait à eux. Il traversait le ciel."

Mais les propos que Touiavii n'étaient pas destinés pour notre lecture. Si nous avons le bonheur de pouvoir les lires aujourd'hui c'est qu'il ont été recueilli par Erich Sheurmann, peintre et écrivain allemand, parti sur les îles Samoa pour étudier lui aussi leur culture. Il a alors décidé de les publié à son insu et je l'en remercie.

Dans ces propos beaucoup de sujets sont évoqués. Pour commencer notre accoutrement qui sidère Touiavii. Comment peut-on arriver à supporter autant de couches de vêtements qui ne mettent pas en valeur le corps voire l'handicape. Toiavii a pu d'ailleurs observer que la tête et l'esprit est bien plus mis en valeur par l'homme blanc que tout le reste du corps.

"Quand un jeune homme fait d'une jeune fille sa femme, il ne sait jamais s'il n'est pas dupé car il n'a jamais vu son corps auparavant". Bon évidement les moeurs ont bien changés depuis le début du XXe siècle...

"Le corps et ses membres sont de la chair, seulement ce qui est au-dessus du cou est l'homme véritable".

"Les pieds enfin sont aussi pourvus d'une peau douce et d'une peau dure. La douce est souvent souple et s'adapte bien au pied, au contraire de la dure. Celle-ci est faite avec la peau d'un animal vigoureux, qui est longtemps plongée dans l'eau, raclée avec des couteaux, battue et exposée au soleil jusqu'à ce quelle durcisse complètement. le papalagui s'en sert alors pour fabriquer une sorte de pirogue à bords relevés, juste assez grande pour accueillir un pied. Une pirogue pour le pied gauche, et une pour le pied droit. Ces bateaux pour pieds sont crochetés et ficelés solidement au cou-de-pied, de sorte que les pieds s'allongent dans une coque solide comme le corps d'un escargot de mer."

J'ai beaucoup rigolé à ce premier chapitre mais au fur et à mesure de la lecture, quand Touiavii parle de notre habitat, notre côté matérialiste, notre attachement au temps et à l'argent et même si ses propos continuent à nous faire sourire on ne peut que prendre le temps de s'arrêter pour réfléchir à son raisonnement qui n'est absolument pas dénué de finesse et d'une bonne observation.

Bien sur il y a d'autres sujets on l'on voudrait apporter notre grain de sel. Car on ne peut que constater un très grand fossé entre nos cultures ce qui détourne quelques fois les propos de Touiavi vers une trop grande incompréhension. Mais malgré tout on ne peut s'empêcher à une bonne remise en question de notre mode de vie. Une mode de vie qui nous éloigne parfois de l'essentiel et nous fait passer à côté de choses toutes simples mais bien plus en harmonie avec une vie digne de ce nom.

Le peuple de Touiavii a pourtant accueilli il y a maintenant fort longtemps notre religion que les colons leur ont d'une certaine façon imposer. Cette religion ils l'on accueillie en rejetant la leur, l'on acceptée et depuis en on fait la leur. Cette religion qui parle d'amour du prochain leur convient tout à fait mais comment ne pas être ahuri quand au début du XXe siècle ce peuple s'aperçoit que ceux qui se sont imposer arrivent toutefois à s'entre-tuer en continuant de parler de leur Dieu. Lorsque Touiavii tient s'est propos la Grande Guerre en fait bien l'illustration.

Touiavii nous apporte dans ces propos une bonne occasion de nous remettre un peu en question.

Un des livres qu'il faut avoir croisé au moins une fois dans sa vie.
Lien : http://unepauselivre.over-bl..
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Touiavii, chef d'une tribu des mers du sud a observé de près cet être étrange qu'est le "papalagui" et en ethnologue averti il nous livre ici le résultat de son étude.
- le papalagui est obsédé par le métal rond et le papier lourd qui régissent sa vie
_ Il a inventé un objet qui compte le temps et depuis il court sans cesse derrière....
Ce livre est vivifiant et tonique. Paru en 1920 il n'a pas pris une ride et sa poésie reste intacte.
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Bien que ce livre puisse porter à rire avec la naïveté des propos, je pense qu'il faut vraiment le prendre au sérieux et ne pas hésiter à se remettre en question. Vraiment intéressant et raconté d'une façon très simple, on nous explique le fonctionnement de notre monde européen au XXième mais vue sous un tout autre angle et d'une façon très critique.

le Touiavii est un chef de la tribu de Tiavéa, celui-ci ayant toujours rêvé d'aller en Europe y fit un court voyage pour observer cet homme étrange qu'est le Papalagui. Ce livre nous compte les conclusions qu'il en a tirées sur le Papalgui, autrement dit sur nous les Européens.
Un bon roman initiatique qui vaut vraiment le coup d'oeil ! Je le conseille à tous et dès le plus jeune âge.

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Mais aux pays des Blancs, il n’est pas possible de vivre sans argent du lever au coucher du soleil, même pas une seule fois. Sans argent du tout, tu ne pourrais pas apaiser ta faim ni ta soif, tu ne trouverais pas de natte pour la nuit. On te mettrait au fadé poui poui (prison) et on clamerait ton nom dans les nombreux papiers (journaux) parce que tu n’aurais pas d’argent. Tu dois payer, ça veut dire donner de l’argent, pour le sol où tu te promènes, pour l’emplacement où se trouve ta hutte, pour ta natte de nuit, pour la lumière qui éclaire ta hutte. Et pour avoir le droit d’abattre un pigeon ou de plonger ton corps dans le fleuve. Si tu veux te rendre là où les hommes ont du plaisir, où ils chantent et dansent, ou si tu veux demander un conseil à ton frère, il faut que tu remettes beaucoup de métal rond et de papier lourd… Et il te faut même payer pour naître et pour mourir, pour donner ton corps à la terre et pour la grande pierre que l’on roule sur ta tombe en mémoire de toi.

Je n’ai trouvé qu’une chose pour laquelle en Europe, on ne prélève pas encore d’argent, une chose que chacun peut commander comme il veut : l’aspiration de l’air. Pourtant, je croirais presque que ce n’est qu’un oubli, et je ne suis pas loin d’affirmer que si on pouvait entendre mes paroles en Europe, on prélèverait aussitôt le métal rond et le papier lourd aussi pour cette action-là. Parce que tous les Européens cherchent toujours de nouvelles raisons de réclamer de l’argent. Sans argent en Europe, tu es un homme sans tête, un homme sans membres. Tu n’es rien.
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Quand l'homme a besoin de beaucoup de choses, il est dans une grande pauvreté, car il prouve en cela qu'il est démuni des choses du Grand-Esprit. Le Papalagui est pauvre parce qu'il est possédé par les objets. Il ne peut pas vivre sans les objets....
.... Vous savez, mes frères, que je ne vous mens pas et que je vous dis tout comme je l'ai vraiment observé, sans en rajouter ni en enlever. Eh bien, croyez-moi, il y a en Europe des hommes qui posent le tube à feu sur leur propre front et se tuent, parce qu'ils préfèrent ne pas vivre plutôt que vivre sans les objets. Le Papalagui saoule son esprit de multiples façons, ainsi, il se fait même croire qu'il ne pourrait pas survivre sans les choses, comme un homme ne peut pas survivre sans manger !
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Le Papalagui n'a jamais encore tissé un pagne aussi fin que celui que Dieu tisse dans chaque toile d'araignée, il n'a jamais fait une machine aussi fine et ingénieuse que la petite fourmi des sables, qui vit dans notre hutte. Je vous ai dit que le Blanc volait jusqu'aux nuages comme un oiseau. Mais le grand goéland vole plus haut et plus vite que l'homme et par toutes les tempêtes, et ses ailes sortent de son corps, alors que les ailes du Papalagui sont une imitation et peuvent tomber et se briser facilement.
Toutes les merveilles du Papalagui ont une imperfection cachée, elles ont toujours besoin de leur gardien et de leur conducteur. Et chacune renferme une malédiction secrète. Car si les puissantes mains des machines fabriquent tout, elles dévorent aussi l'amour par leur travail, cet amour que contient chaque objet que nos propres mains ont fait. Quelle valeur aurait pour moi une massue ou pirogue taillée par une machine ? Ce ne serait qu'une création pâle et froide qui ne dit rien du travail fourmi, ne sourit pas quand elle est terminée et ne peut être montrée à son père et à sa mère pour les réjouir.
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Le Papalagui est toujours insatisfait, et il accuse le Grand-Esprit de ne pas lui avoir fait don de plus de temps. Il insulte la grande sagesse divine en divisant et subdivisant chaque jour nouveau d'après un plan bien précis. Il le découpe comme on découpe en quatre une noix de coco avec une machette. Chaque part a son nom : seconde, minute, heure. La seconde est plus petite que la minute, celle-ci plus petite que l'heure, toutes ensemble font les heures, et il faut avoir soixante minutes pour faire une heure et encore bien plus de secondes avant d'en avoir pour une heure.
C'est une chose embrouillée que je n'ai jamais complètement comprise, parce que cela m'ennuie de réfléchir plus longtemps que nécessaire à des choses aussi puériles...
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Un Samoan intelligent étend ses membres sous la chaude lumière et ne pense à rien. Il ne prend pas seulement le soleil avec la tête, mais aussi avec les mains, les pieds, les cuisses, le ventre et tous les membres. Il laisse sa peau et ses membres penser pour lui. Et ils pensent certainement aussi, même si c’est d’une autre façon que la tête. Mais pour le Papalagui l’habitude de penser est souvent sur le chemin comme un gros bloc de lave dont il ne peut se débarrasser. Il pense à des choses gaies, mais n’en rit pas, à des choses tristes, mais n’en pleure pas. Il a faim, mais ne prend pas de taro ni de palousami. C’est un homme dont les sens vivent en conflit avec l’esprit, un homme divisé en deux parties.
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