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Au bord de l'eau (Yokoyama) tome 1 sur 8

Shengtan Jin (Adaptateur)Jacques Dars (Traducteur)
EAN : 9782070402205
1152 pages
Gallimard (02/05/1997)
4.31/5   131 notes
Résumé :
Éblouissant d'invention et de truculence, cette «œuvre de génie» - dira son éditeur Jin Sheng-tan - met en scène une bande de hors-la-loi et d'insurgés de toutes origines sociales. Férus d'arts martiaux, mais fort habiles aussi en bien d'autres domaines, ils se recrutent parmi les vagabonds du monde «des rivières et des lacs» et d'autres insoumis en délicatesse avec la justice ou les autorités. Ils forment, au fil des rencontres et des hasards, des duels et des bata... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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C'est tout simplement jubilatoire. On plonge là-dedans et on en ressort deux mille pages plus tard en état d'apesanteur.

Le livre nous raconte les aventures et le recrutement des cent huit brigands qui vont se donner pour mission de redresser les torts des fonctionnaires paresseux et corrompus. Parce que dans cette histoire, ce sont les brigands qui sont sous le "mandat du ciel" et les représentants de l'ordre qui sont les "méchants". Nous suivons ces personnages époustouflants et outrés dans leurs aventures improbables. Tous nos repères sont chahutés, tourneboulés par l'inversion des valeurs et l'exotisme du récit.

C'est conté dans une langue d'une richesse incroyable, truculente et foisonnante. Ca me rappelle Rabelais par la démesure des situations et le choix du vocabulaire un peu archaïsant.
A déguster sans modération.
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"Au bord de l'eau" est un géant de la littérature mondiale, les chinois le classent parmi les 4 grands classiques de leur littérature, et il est à comparer aux romans de la table ronde, ou au dit des Heiké. Comme ces deux dernières oeuvres, il est issu d'une tradition orale médiévale, rédigée tardivement, ici au 14e siècle.

L'intrigue est assez simple, et rigoureusement construite : le roman raconte comment 108 brigands, en révolte contre la société et contre un mauvais empereur (le début raconte comment il a été maudit par les dieux), se rejoignent dans des marais, défient le pouvoir, avant de rentrer dans les rangs... Mais comme l'histoire de (quasiment) chacun des 108 personnages est racontée, sur le mode picaresque, le tout est assez foisonnant, surtout que le contexte est, pour nous occidentaux, à la fois exotique et déconcertant. le résultat est à mon sens absolument fantastique. La galerie de personnages est époustouflante : moine paillard et ivrogne, brigands, maitre d'arme vertueux, femmes soumises ou indépendantes, héros bagarreurs... Les descriptions de costumes - qui reflètent la psychologie des personnages - défient l'imagination (l'utilisation d'un dictionnaire est parfois requise)... Nous voici embarqués dans des péripéties haletantes et dans un univers extraordinaire, celui de la Chine médiévale. A recommander sans modération aux amateurs de grande littérature, à ceux qui apprécient l'exotisme et l'aventure !
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Au bord de l'eau est un à-pic vertigineux, une somme, une compilation issue de récits oraux. Deux tomes, 2090 pages dont 210 de notes, et encore il existe des versions plus longues. C'est un monument, un des patrimoines immatériels de la culture chinoise.

Une troupe de combattants sans peur mais non sans reproche, hors-la-loi ayant en commun d'avoir commis un crime de sang pour laver une dette d'honneur ou pour punir un abus de pouvoir de fonctionnaires cupides ou de juges corrompus, pour châtier une femme infidèle ou du moins pour avoir refuser de se plier à l'autorité de chefs iniques, d'avoir changer de camps, se forme progressivement au fil des aventures, des victoires militaires, des coups de mains, des embuscades pour atteindre finalement le nombre de cent huit brigands remarquables. Pas de quartier pour les oppresseurs passés par le fil de l'épée ainsi que leur famille, pas de pitié pour la femme adultère, son amant, sa complice, l'entremetteuse, c'est la mort de même. La vie sauve pour l'adversaire vaillant dont le mérite, la valeur, le courage ou la probité sont reconnus et qu'on incorpore dans la troupe. Ces redresseurs de torts ne reculent devant rien pour porter secours à un camarade en fâcheuse posture. En revanche on hésite pas à mettre des crimes sur le dos d'innocents pour les obliger à rejoindre la horde et y trouver protection. Les pires emportements violents voisinent avec des assauts codifiés de politesse, d'humilité, de soumission superlatives. L'esprit chevaleresque, la magnanimité, n'effacent pas les actes d'une extrême cruauté.

Ce recueil de récits d'aventures date du XIVème siècle. On imagine tout le travail du traducteur qui a su glisser çà et là quelque vocables archaïques et inusités. Ces hors la loi, par leur nombre et leur diversité dévoilent toute une richesse de caractères, de motivations, d'espérances. On ne les condamne pas, mais il s'en faut de beaucoup qu'on les approuve. C'est une oeuvre alerte, violente, haute en couleur. Elle a le mérite de nous emporter, de se renouveler sans cesse, d'étourdir son lecteur.
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Très dur de ne pouvoir acheter de livre en ce moment, mais il y a un pavé que j'avais gardé - au cas'ou -
Un pavé en deux tomes 2200 Pages en tout

Malgré son titre, Shui Hu Zhuan, (contes du) Bord de l'eau, il ne s'agit pas d'un livre contemplatif mais d'une oeuvre magnifique, foisonnante, épique. Une sorte de Robin des Bois ou des trois Mousquetaires qui se déroule en pleine fin de l'âge d'or des Tang mais a été écrite sous les (et donc, de fait, ressemble aux) Song, notre Moyen Age. Les histoires de ces 108 brigands, la constitution de leur bande, leur repaire dans les marais et leur lutte contre les autres bandes, les autorités, les armées impériales, sont picaresques, vertes, drôles. On ne s'ennuie jamais.
De plus, la traduction de Jacques Dars, si elle m'a désarçonné dans un premier temps par son "archaïsme", se révèle très vite prenante, chaude, flamboyante. Au final, elle s'impose comme la meilleure pour longtemps.
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Un grand classique de la littérature chinoise, une formidable épopée, un livre qui se dévore on ne le lâche pas, du à l'histoire, à ses personnages remarquables et foisonnants.
J'ai aussi aimé à la petite phrase à la fin de chaque chapitre qui relance le lecteur vers un nouveau chapitre.
Un livre que je recommande car c'est un très bon et grand moment de lecture, un livre marquant à ne pas manquer.
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critiques presse (1)
ActuaBD
15 octobre 2012
Complots et intrigues de cours rythment ce récit au dessin maniéré qui fait parfois penser aux romans historiques de René Giffey. On ne s’ennuie pas en parcourant ces pages au dessin élégant, qui sont proposées au public sous la forme d’un coffret regroupant l’intégrale de la collection au format chinois, pourvu d’un petit livret introductif.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Venez découvrir un grand classique de la littérature chinoise. Il s'agit d'un des quatre romans fleuves (plus de 2000 pages) avec le Jing Ping Mei, le rêve dans le pavillon rouge et la Pérégrination vers l'Ouest. Tous les chinois en ont lu une partie dans leur vie et ce livre a donné lieu à des centaines d'adaptation en film en chine.

L'histoire, inspirée de faits réels, raconte une révolte qui s'est produite pendant la dynastie Song (960-1279). En ces temps l'empire chinois souffrait de la corruption des grands mandarins. Certains "hommes de bien" sont entrés en rébellion contre le pouvoir en vue de ramener "la justice sous le ciel".

Dans le premier tome on fait la connaissance des 108 protagonistes principaux. On suit chaque personnage pendant deux ou trois chapitres, jusqu'à sa rencontre avec un autre héros et ainsi de suite jusqu'à ce tous les personnages soient réunis et mènent des aventures communes dans le deuxième tome. Il y a donc beaucoup d'histoires qui s'entrecroisent.

Ces récits étaient originellement colportés par des troubadours, sous des formes diverses. Au fil des siècles et des lieux les histoires se sont enjolivées et ont été reconstruites puis ont été couchée par écrit et fixée vers le 15ème siècle. Il y a ainsi des versions différentes de ce livre (40 chapitres en plus dans l'édition de la Pléiade).

Cela explique aussi la difficulté de lire ce livre qui regorge de vocabulaire du moyen-âge. Il nous manque le contexte historique et culturel pour bien comprendre les enjeux des intrigues. Heureusement le texte comporte beaucoup de notes afin de nous éclairer. Leur lecture est parfois fastidieuse et hache le récit mais on en apprend beaucoup sur la civilisation chinoise. De plus il faut souligner le remarquable travail de traduction de Jacques Dars qui a su rendre en français tout le sel de ce livre.

Car ce qui est remarquable dans ce livre d'aventure et de cape et d'épée c'est le style. On est emporté par la qualité de l'écriture. On sent que des générations de conteurs se sont succédé afin de rendre les histoires toujours plus captivantes. L'exotisme des personnages et des situations (pour un lecteur européen) est aussi très réjouissante. Les personnages ont des noms et des surnoms à coucher dehors: Wu Song, l'astre de sapience, Li Kui, le tourbillon noir, La vipère d'une toise... On découvre aussi la façon qu'ont les chinois de décrire le monde avec beaucoup de métaphores et de poésie.

Pour toutes ses raisons, je vous recommande chaudement la lecture de ce livre (en tout cas si vous êtes bon lecteur et intéressé par la Chine).
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— Pour commencer, je suis entremetteuse. De plus, je peux servir d'intermédiaire dans les ventes. Je suis aussi sage-femme s'il le faut, et accoucheuse. Je sais enfin manigancer certaines intrigues amoureuses, et être maquerelle au besoin.
— Marraine, si tu es vraiment capable de faire aboutir mon affaire, tu auras de moi dix taels d'argent pour t'acheter un cercueil !
— Messire, continua la mère Wang, laissez-moi vous dire une chose ! Dès qu'il s'agit du "jeu des approches", on se heurte à des difficultés, et il faut remplir cinq conditions, pas une de moins, pour avoir sa chance. La première, c'est d'avoir la beauté, comme Pan An. La deuxième, c'est d'avoir un outil gros comme celui d'un âne. La troisième, c'est d'être aussi riche que Deng Tong. La quatrième, c'est d'être jeune et, avec cela, patient comme aiguille dans de la soie. La cinquième enfin, c'est d'avoir beaucoup de temps libre. Telles sont les cinq conditions requises — autrement dit : "Bel âne riche, jeune et libre !" Quand elles sont toutes satisfaites, on peut parvenir à ses fins.
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— Prisonnier Wu Song, quelles sont les maladies dont tu as souffert en route ?
— Moi ? Je n'ai eu aucune maladie ! J'ai bu du vin, mangé du riz, mangé de la viande et j'ai marché, tout simplement !
— Mais non ! insista le directeur. Cet individu a été malade pendant le trajet ! Je vois à son teint qu'il est à peine guéri !... Remettons provisoirement la bastonnade à plus tard !
Les gardes armés de triques qui entouraient Wu Song lui glissèrent aussitôt à voix basse :
— Dépêche-toi de dire que tu as été malade ! Tu vois bien que Son Excellence te tend la perche ! Fais-toi vite porter malade, et c'est tout !
— Mais je n'ai jamais été malade le moins du monde ! rétorqua Wu Song avec obstination. Bâtonnez-moi, et qu'on en finisse ! Je n'ai nulle envie d'avoir un crédit de coups de bâton ! C'est un avoir qui me gênerait comme un hameçon au ventre, et j'ai hâte d'en être quitte !
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— Balivernes ! rétorqua Shi Jin. Je fais ici office de protecteur, et j'avais justement l'intention d'aller capturer la bande de brigands que vous êtes ! Aujourd'hui, vous me faites la surprise de passer par mon village, et vous imaginez qu'au lieu de vous attraper, je vais vous laisser tout bonnement traverser ? Si le magistrat de la sous-préfecture l'apprenait, c'est moi qui aurais des ennuis, à coup sûr !
— Comme on dit : "Entre les quatre mers, tous les hommes sont frères !" De grâce, laissez-moi un passage !
— À quoi riment ces sornettes ? Même si pour ma part je disais oui, j'en connais une qui dirait non ! Demande-le-lui donc ! Si tu as son accord, tu pourras passer.
— Messer, à qui m'adresserai-je ?
— À cette guisarme que j'ai à la main ! Demande, et vois si tu passeras !
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— Allons, les enfants ! Vite à l'œuvre !... Arrachez-nous le cœur et le foie de ce gros bœuf, et servez-nous trois parts d'un bon bouillon aigre-doux, qui nous dégrisera !
Un petit drille apparut alors avec une grande marmite de cuivre pleine d'eau et la plaça devant Song Jiang. Un autre s'approcha, retroussa ses manches et empoigna un "coutelas à extraire les cœurs", dont la lame aiguë jetait un éclat sinistre. Le premier drille, puisant à deux mains dans la marmite d'eau, se mit à asperger Song Jiang, en arrosant soigneusement la région du cœur.
… En effet, le cœur humain baignant pour ainsi parler dans du sang chaud, une aspersion d'eau glacée dissipe cet excès de sang chaud ; cela permet d'arracher un cœur qui sera bien croustillant : c'est comme cela qu'il est le meilleur !
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