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Critique de fanfanouche24


Je poursuis mes lectures de Aki Shimazaki... avec cette fois un symbole de promesse , pour le Japon [et pour nous Européens, signe de chance, de bonheur ], je voulais nommer le "Mitsuba": Trèfle (ou trois feuilles )

Encore un petit bijou... qui en dit bien long sur la vie japonaise... Comme dans chaque récit, Aki Shimazaki se dévoile aussi attachée aux beautés, particularités uniques du Japon, son pays de naissance qu'extrêmement
critique, lucide sur les travers des gouvernants,en politique comme à la tête des entreprises ainsi que sur les souffrances morales de ses concitoyens !

Nous sentons d'entrée de jeu... que dans cette fiction, Tabashi Aoki, le narrateur est accaparé par son travail dans une importante compagnie d'import-export à Tokyo où avait déjà travaillé son père, et ce, jusqu'à
l'épuisement total et une mort prématurée !!
Il fallait se vouer à la nation, et redresser le pays après les affres de la guerre...

L'individu ne représente donc pas grand-chose !!
La nation, l'entreprise, la réussite professionnelle tout est là, au détriment de toute existence personnelle...

On apprend à Tabashi, doué en langues et connaissant le français, qu'il va être muté prochaînement à Paris... Il en est très honoré tout en étant bien perplexe car il est amoureux de Yûko...qui travaille elle-même dans la même compagnie... Mais le fils du principal banquier de l'entreprise veut se marier avec yûko....

Que deviendra la promesse des amoureux face au poids des puissants et des directeurs de la célèbre compagnie ?

On croise à nouveau Nobu, son ami... qui n'a pas pu rester dans cette compagnie car il refusait d'aller à l'étranger , en mission; qu'il souhaitait préserver sa vie de couple... Il est impensable de raisonner ainsi, de faire passer sa vie personnelle avant ses devoirs envers l'Employeur ou l'Etat !! ...d''exprimer la moindre opinion individuelle, ou une différence (même minime) dans son comportement social !...

"Il est dommage que son supérieur n'apprécie pas l'efficacité de Nobu au travail . Il veut que Nobu se comporte comme tout le monde pour ne pas troubler le wa (harmonie) c'est ironique , car ce mot signifie aussi "Japon" . Je songe au dicton :"le clou qui dépasse se fait taper dessus" . C'est triste mais c'est une réalité
qu'on ne peut ignorer dans cette société."

Une société fascinante par certains côtés, et absolument terrifiante, par d'autres aspects, dont ceux que je viens d'énumérer, de décrire ...

"Il est connu comme un -aïsaïka-. [: homme qui traite sa femme avec égards]. Depuis son mariage, il rentre à la maison directement alors que la majorité d'entre nous fréquentons les bars ou les restaurants jusque tard dans la nuit. Il ne joue ni au golf ni au mah-jong. C'est évident qu'il s'isole ainsi de ses collègues. Quoiqu'il expédie bien ses affaires, d'après ce que j'ai entendu dire, il n'est pas apprécié par son supérieur à cause de son attitude distante. D'ailleurs, ce supérieur n'aime pas le fait que Nobu est chrétien. En réalité, quand on prononce le mot -aïsaïka-, c'est plutôt pour ironiser sur quelqu'un comme Nobu, qui ne s'intéresse pas assez à son avancement professionnel. "(p. 23)

Takashi comme son camarade, Nubo... vont tenter dans ces règles sociales impitoyables...de ne pas complètement abdiquer leur vie et leur personnalité,
mais à quel prix !! On s'attache à Takashi, à ses efforts, ses combats pour une vie différente de son père, qui fut "sacrifié" sur l'autel de la Compagnie !...

Comme chaque fois, nous retrouvons des années plus tard, Takashi et l'auteure nous réservera une surprise de taille !

Un texte bouleversant, au style fluide et plein de légèreté...Une lecture forte gardant en dépit de règles sociales écrasant les individus, une luminosité
irradiant des personnages constructifs, courageux et bienveillants !..... Belle lumière induite par la tendresse qu' Aki Shimazaki éprouve pour ses personnages !!
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