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Critique de Marple


C'est mon premier Aki Shimazaki mais ce ne sera certainement pas le dernier, tant son univers m'a séduite et intriguée. En fait, elle écrit de courts romans épurés sur la société japonaise, presque des nouvelles, qui s'assemblent pour former de grandes fresques, le héros du roman 1 étant un second rôle du roman 2, et ainsi de suite. Apparemment, elle écrit directement en français depuis son installation au Quebec, intégrant simplement les quelques termes japonais intraduisibles ou indispensables à l'ambiance.

Ici, on est immergé dans le Japon des années 80, celui des grandes compagnies internationales et de leurs shosha-men, ces businessmen qui doivent travailler comme on pratiquerait une religion, celui aussi des mïaï, ces mariages arrangés d'un autre âge qui se pratiquent encore pourtant, celui enfin où la froideur, l'absence de sentiment et la retenue sont érigées en valeurs... On y suit Takashi Aoki, le shosha-man amoureux, confronté à un dilemme aberrant entre Yuko sa belle et Goshima sa firme. L'immersion est profondément dépaysante, parfois effrayante, mais aussi étonnante et intéressante.

S'il y a beaucoup de cruauté et d'injustice dans le monde de Takashi, elles sont dissimulées derrière le masque d'une courtoisie parfaite. Il y a donc beaucoup de délicatesse, de pudeur et de poésie dans ce roman. Il y a surtout de petites perles d'humanisme, telles la métaphore du clou qui dépasse, et deux ou trois hommes bons et généreux, comme Toda ou Nobu. Dans le roman, Takashi dit que ces quelques hommes suffisent à lui donner envie de travailler pour la firme, je le paraphraserai en disant qu'ils suffisent aussi à donner un peu d'espoir dans cet univers déshumanisé, désincarné et complètement moutonnier...
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