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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nobu est un fils sans père- un thème récurrent de cette pentalogie où les pères meurent d'épuisement au travail,-Mitsuba- disparaissent pour permettre à leur famille de vivre sans déshonneur -Zakuro- ou se suicident harcelés par des campagnes de dénigrement injustes -Tonbo.

Nobu est un fils sans père , donc, et un homme qui oppose à l'injustice, à la sujétion, au sacrifice de l'individu,  le pouvoir du libre arbitre, de l'initiative individuelle.

Et qui ose substituer aux valeurs toutes puissantes d'un capitalisme ancré dans les traditions féodales de soumission au chef, les ambitions d'une pédagogie de la confiance, du soutien, de la créativité.  Il quitte la grande compagnie Goshima et crée une école du soir, un juku, fondée sur ces valeurs, pour permettre aux collégiens d'intégrer l'école de leur choix.

Son école porte un nom ailé,  diapré , joyeux comme une ancienne chanson,  léger comme l'insecte qu'elle désigne : Tonbo, la libellule.

A travers elle, et grâce à des emboîtements de récits- gigogne, Nobu redonne sens et honneur au métier et à la vie de son père,  enseignant calomnié.

Il retrouve la gaieté de la chanson enfantine fredonnée par sa fille.

En somme, il renoue les deux bouts de son histoire, il les accole. 

Ne dit-on pas que deux libellules qui s'accouplent forment un coeur?  Et que ce coeur a la forme même du Yamato, le vieux Japon primitif?

Le  coeur du pays, le coeur d'un père, le coeur d'un fils.

Le nom d'un insecte ailé,  celui d'une chanson, celui d'une école et celui d'une petite fille.

Ce troisième livre  tisse des correspondances plus étroites entre passé et présent, tradition et modernité.  

La trame se serre, le fil se tend, la navette passe et repasse entre les personnages.

Le chagrin se console, la blessure se ferme, la poésie s'incante, le coeur se berce.

Je suis au coeur du labyrinthe et je ne veux surtout plus en sortir. Je ne lâche pas le fil.. .

Impossible de refermer ce bestiaire fabuleux,  cet herbier délicat , où fruits,  fleurs,  insectes dessinent une cosmogonie complexe , malgré des phrases toutes simples, des histoires toutes nues.

 Touché(e) par  une simplicité si profonde, une complexité si limpide.


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Je suis "tombée" dans l'univers d'Aki Shimazaki...qui me captive totalement: le style épuré, poétique, des secrets, des histoires de vie, l'histoire du Japon, les usages & coutumes du pays...le poids des
conventions sociales au Japon, l'univers implacable du travail et de la compétitivité, l'ostracisme des Japonais à l'égard des Chrétiens, etc. Un suspens toujours très savamment dosé !...


Vu ma boulimie et ma curiosité du moment, j'ai fait une "razzia de réservations" de cette auteure à la médiathèque... Je constate au flux continu des emprunts des ouvrages d'Aki Shimazaki qu'elle est très "populaire" en France, et lu par un cercle des plus "fidèles" !

Comme je l'ai exprimé dans une précédente critique je lis les textes dans le désordre, indépendamment les uns des autres; ce qui ne gêne en rien...[Celui-ci "Tonbo" est le 3ème volet du cycle " Au coeur de Yamato"]

J'en arrive enfin à l'histoire de cet opus sous le cygne de "la libellule" ["Tonbo"]...nom donné par le narrateur, Nobu (sur l'idée de sa petite fille) à son institution de cours du soir ["juku" ] qu'il a créée après avoir dû quitter une grande entreprise, où un nouveau "chef" lui menait la vie dure,
l'avait pris en grippe !

Ce lycée du soir est une réussite dont Nobu est d'autant plus heureux qu'il réalisait en quelque sorte le rêve de son père, professeur ! Il est heureusement marié, a une petite fille...

Et un jour...il est contacté par un homme, Jirô, qui fut l'élève de son père; ce dernier... nous l'apprenons s'est suicidé quinze années auparavant, tourmenté et malheureux , après le décès brutal d'un lycéen rebelle et vindicatif ! Jirô...élève très apprécié de ce professeur était malmené, harcelé par Kazu (l'élève décédé...dont le "père -professeur" sera accusé totalement injustement de sa mort !)

Curieusement, Jirô ne viendra pas aux obsèques de son professeur, qu'il aimait pourtant... d'où l'incompréhension du fils, le narrateur !

Jirô, après toutes ses années de silence, viendra s'excuser et expliquer les éléments non-dits de cette tragédie passée entre deux lycéens, et un professeur qui a tenté de freiner, gérer une relation toxique entre deux lycéens à problèmes,.un face à face cruel entre deux adolescents: une victime, un bourreau... et un professeur impliqué, tentant de briser le cercle infernal !...

Deux extraits décrivent fort bien ce rapport destructeur et ambigu. Un professeur trop sensible, dépassé sans doute par cette violence
adolescente et mortifère, "démoli"ensuite par les commentaires mensongers des journalistes et d'une partie de l'entourage...!

Jirô se racontant,coupable de ne pas avoir soutenu son professeur, explique jusqu'à sa passion de la littérature russe, induite par cet événement cruel....

"-Pourquoi Kazu vous persécutait-il ?
- Au début , je pensais que c'était par jalousie.
Il était l'élève le plus brillant de l'école avant mon arrivée. Mais maintenant je ne pense plus ainsi.
- Alors, dis-je, quel était son problème ?
-Le problème de Kazu ? Non., c'était notre problème, à nous deux, comme agresseur et victime.
Nous étions attirés l'un vers l'autre, étant tous deux des enfants à problèmes. "(p. 90)


"Mais pourquoi la littérature russe ?
- A l'époque où je fréquentais un -teijisei- [= lycée du soir] à Yokohama, ma mère m'emmenait souvent au restaurant Zakuro, près de Chinatown. (...) Un jour, j'ai entendu deux vieux messieurs parler de Soljenitsyne et de la vie au goulag. L'un expliquait : " un thème récurrent de la littérature russe est la relation entre le tourmenteur et sa victime." j'ai été saisi en pensant à ma relation avec kazu. J'ai aussitôt lu cet auteur ainsi que Dostoïevski. Graduellement, l'envie m'a pris d'étudier la littérature russe." (p. 100)

Une histoire fort triste, enchaînant un tragique concours de circonstances, qui se poursuit heureusement de façon sereine et lumineuse... comme pour "racheter" , réparer le passé....Je n'en dirai pas plus long !!

Comme je l'écrivais en début de ce billet, nous retrouvons les mêmes thèmes récurrents dans des histoires de vies très différentes, avec toujours
un secret... qui est le moteur de la narration et du suspens ! Un délicieux moment de lecture...
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Quand Nobu a dû choisir un nom pour son juku, il a tout naturellement choisi ‘'Tonbo'', libellule. Comme la libellule de la comptine que sa fille fredonnait à cette époque. Comme la libellule que son père aimait observer. Comme la libellule qui traverse le pays vers le Nord où elle va mourir…
Au juku tonbo, on enseigne le kokugo, la langue japonaise. Les cours sont très prisés par les collégiens du quartier. Les locaux sont aussi utilisés par les adultes qui viennent y apprendre l'ikebana. Et, sous l'impulsion de sa femme, Nobu songe à des cours de piano et à une chorale.
Son affaire tourne bien, sa vie est paisible, Nobu est heureux malgré le suicide de son père qui a laissé une profonde blessure dans son coeur. Enseignant lui aussi, il avait subi une campagne de dénigrement après la mort d'un élève et ne s'en était jamais remis.
Quand un ancien élève de son père le contacte, Nobu voit enfin l'occasion d'en apprendre plus sur cette tragédie qui le ronge encore.

Dans Tonbo, Aki Shimazaki s'intéresse à Nobu, déjà rencontré dans Mitsuba où il avait donné sa démission à la société Goshima, son chef voulant le muter au Brésil. Trop soucieux du bonheur de sa famille et trop attaché à son pays natal pour s'expatrier, Nobu est resté au Japon où il a ouvert un juku, un de ces établissements privés qui donnent des cours du soir et préparent collégiens ou lycéens aux examens de fin d'année.
Comme tous les personnages de ce cycle, Nobu a été confronté à l'absence de son père. le sien a choisi le suicide, incapable de lutter contre l'injustice et la diffamation. Grâce à un ancien élève, il va en apprendre plus sur le disparu et les circonstances de son décès.
Au coeur de cette histoire, le harcèlement, la méchanceté, la cruauté et bien sûr les actes de nos pères et leurs conséquences. Vies brisées et douleurs mais aussi lumière et espoir…
Tous les livres d'Aki Shimazaki sont des écrins où s'épanouissent la délicatesse des sentiments et la profondeur des âmes. Une autrice essentielle.
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Je suis contente, j'avais vraiment envie de découvrir un peu plus ce personnage atypique selon le Japon : un salarié qui préfère passer du temps avec sa femme et ses enfants ! Shocking !
Ce personnage est intéressant, son passé permet d'aborder l'ijimé (le harcèlement allant jusqu'à pousser au suicide) en mettant en scène deux lycéens et le père de notre héros.
Je me plais dans les romans d'Aki Shimazaki. J'ai toujours l'impression de savourer un bon dessert, pas trop sucré (les récits sont plutôt noirs en fait) mais à chaque fois savoureux par son style.
Et puis au final j'aurai dévoré les plus de 500 pages du recueil en si peu de temps...
.
A noter qu'avec ce livre, j'ai enfin compris le titre "Au coeur du Yamato" du recueil. Yamato c'est l'ancien nom du Japon.... et c'est aussi l'ancien nom de la libellule !
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« Les lunettes des libellules sont des lunettes bleues parce qu'elles ont volé dans le ciel bleu
Les lunettes des libellules sont des lunettes brillantes parce qu'elles regardaient le soleil
Les lunettes des libellules sont des lunettes rouges parce qu'elles ont volé dans le nuage embrasé »
Tonbo no megane, cette jolie chanson traditionnelle, la petite fille de Nobu la chante tout le temps. Elle parle de la libellule, ‘tonbo », cet insecte qui remonte de ville en ville vers le Nord, où elle meurt.

Ce roman plein de l'âme japonaise m'a remplie, il n'y a pas d'autre mot. Je me suis sentie comblée par la profondeur des personnages, par le désir intense du héros de préserver le kokugo, la langue nationale, en la transmettant aux élèves de son juku, l'établissement qu'il a créé.

Ce roman m'a parlé de la vulnérabilité, à travers le harcèlement dont le père de Nobu, enseignant, a fait les frais ; dont un élève de cet enseignant, également, a souffert.
« Il voulait me faire souffrir par n'importe quel moyen. Il sentait ma faiblesse : j'avais peur de lui. Nous étions maladifs tous les deux. Agresseur et victime : nous étions attirés l'un vers l'autre. »
Cette vulnérabilité est le coeur de l'histoire. Elle est intimement liée à la cruauté, qui peut toucher chacun d'entre nous.

Ce roman m'a touchée par la souffrance infinie qui transparait dans ses lignes.
Nobu a perdu son père.
Un élève de son père a perdu le sien.
Le père de Nobu a perdu son travail, sa confiance en soi et son but dans la vie.
Ce roman susurre la souffrance d'un fils, d'un père, et leur culpabilité.
Est-on responsable des actes de son père ?

La perte, la souffrance, mais aussi l'espoir.
Les libellules sont les symboles de l'âme des morts qui viennent en aide aux vivants.
La clarté revient toujours.
La vie, cette éblouissante aventure.

Les lunettes des libellules sont des lunettes brillantes parce qu'elles regardaient le soleil.

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Nobu se rappelle son père défendant un de ses élèves harcelé puis harcelé à son tour par la presse et poussé au suicide.

Lui-même, persécuté par son chef, a démissionné de la compagnie Goshima et ouvert un lycée de cours du soir ou est enseignée la culture japonaise, la calligraphie, les vieilles chansons folkloriques oubliées. C'est sa fille qui a choisi le nom de son lycée, Tonbo, qui signifie 'libellule', ancien nom du Japon.

Le récit est au présent, et de nouveau raconté par un homme. Bizarre de la part d'une auteure non? mais cela donne un côté 'real life' très agréable à lire.
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Beaucoup de douceur et de tristesse également dans ce 3ème volet de "Au coeur du Yamato".

Souvenez-vous de Nobu, l'ami de Takashi dans Mitsuba. Epoux d'une infirmière enceinte de leur deuxième enfant, la société d'import-expert Goshima l'envoyait à l'étranger selon les principes de cette société. Trop lié à sa famille, il démissionna et fonda un établissement de cours privés pour les jeunes étudiants désireux de continuer des études supérieures. Ce genre d'école, très en vogue au Japon, s'appelle un juku. Après leur journée d'école du jour ou leur journée de travail, les jeunes y apprennent surtout l'anglais, les soirs et les week-end. Mais Tudo est soucieux de transmettre à ces enfants la culture du Japon, à travers l'apprentissage de la langue nationale, le Kogugo, la redécouverte des beaux textes empreints de poésie que chantaient les parents et les grands-parents, l'étude l'écriture japonaise, la musique. Fonder un juku était d'ailleurs le rêve de son père.

Son père, suicidé il y a 15 ans, alors qu'il était un professeur aimé de tous. Que s'est-il passé ? Car la douleur est toujours présente en Nobu. Et lorsqu'un des anciens élèves de son père le contacte et désire lui parler, il se demande bien ce qu'il va lui dire.

Ici encore le thème de la douleur pour un père disparu trop tôt, emportant avec lui un lourd secret.
Le départ volontaire, par le suicide, éclabousse de honte les membres de la famille. La "faute" se propage sur les survivants, interagit dans leur vie au risque de la saccager.

J'ai adoré ce 3ème volet. La gravité du récit est là, c'est certain, mais conté avec tant de poésie et de simplicité. Les passages qui décrivent les petites choses de la vie quotidienne, dans la maison et le jardin de Nobu et de sa femme, entourés de leurs nièce ou nevoeu, sont si doux qu'à la lecture, on se sent serein.
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Après avoir quitté sa compagnie qui voulait l'envoyer à l'étranger, Nobu décide d'ouvrir un établissement privé "juku" où l'on dispense des cours pour les enfants et les adultes.
Les méandres du passé ressurgissent toujours au moment où l'on s'y attend le mois. Ainsi, un jour, il reçoit la visite d'un homme qui a connu son père lorsqu'il était professeur dans un lycée. Intrigué, Nobu va peut-être enfin pouvoir éclaircir les circonstances du suicide de son père quinze ans plus tôt.

D'une extrême délicatesse dans le style, Aki Shimazaki nous transporte au coeur de la société japonaise où le travail, la famille et l'éducation en sont les piliers. Même si pour les individus ce n'est pas toujours facile d'y vivre car la différence est vite pointé du doigt.
Ce court roman, trop court à mon goût, a des accents poétiques. le rythme des phrases courtes s'impose comme un dialogue qui nous contraint de terminer ce livre rapidement. L'idéal serait de lire Mitsuba et Zakuro peu de temps avant pour bien saisir toutes les ramifications entre les personnages.
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Le pays Yamato, comparable à la forme de deux petites libellules «Tonbo», en train de s'accoupler.

Bien qu'indépendants les uns des autres, les petits livres des séries littéraires de la romancière Aki Shimazaki sont autant de chapitres décrivant la société japonaise sur plusieurs décennies. Chaque livre est une histoire en soi mais l'amusement du lecteur se situe dans la découverte des interactions de personnages au fil des récits, comme une quête de petits cailloux blancs.

Le fil rouge de la série Au coeur du Yamato est une grosse entreprise japonaise et ses multiples employés. Comme dans les deux précédents opus, celui-ci nous entraîne dans le parcours personnel de l'un d'entre eux, contraint à la démission pour avoir refusé de quitter sa famille pour un poste à l'étranger, et reconverti en directeur d'établissement scolaire traditionnel.

L'occasion de mettre en perspective le système éducatif japonais avec ses écoles à mi-temps, à but élitiste ou ouvrier. D'y dénoncer, comme en entreprise, des méthodes cruelles d'intimidation et de persécutions entre élèves. Et d'éclairer la notion de fatalité dans l'éducation familiale qui fait peser sur les épaules de plus jeunes les fautes de leurs aînés: un concept ancré dans les mentalités.

Vivant au Québec, écrivant en français, Aki Shimazaki construit son oeuvre littéraire en hommage à son identité, attachée à ses racines culturelles, aux traditions et à l'histoire de son pays.
Et elle le fait si bien...
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Encore une fois Aki Shimazaki exploite le thème de la paternité.
Après le père absent dans Zakuro, ici c'est le suicide de père de Nobu. Notre personnage travaille dans un lycée qui donne des cours privés comme son père avant lui. Et c'est la rencontre avec un ancien élève de son père qui va faire remonter en lui des souvenir et surtout en apprendre davantage sur lui et le drame qui a touché sa famille.

C'est un très beau roman, touchant et magnifiquement écrit.Le texte est court mais très intense. "Perdre son travail, ce n'est pas seulement perdre de l'argent. C'est aussi perdre sa confiance en soi et son but dans la vie.

Si je devais ajouter juste un peu négatif, je dirais que le roman est un peu long a se mettre en route tandis que la fin est très/trop rapide. Malgré tout ça reste un magnifique roman comme tous les écrits d'Aki Shimazaki.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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