Chronique sociale poignante, Mauvaise Herbe nous offre le tome parfait pour clore ce genre d'histoire, merci à
Keigo Shinzo.
L'auteur ne tombe pas dans la facilité à l'heure de mettre en terme à son histoire. Il montre que dans des cas comme celui-ci, il y a des conséquences aux actes de chacun. Oui, le lieutenant Yamada a fait un acte d'un grand coeur mais on ne peut pas accueillir comme ça chez soi un adolescent qui a fugué de chez lui. Oui, Shiori est partie de chez elle parce que sa mère la maltraitait, mais sans l'avoir dénoncée officiellement, elle ne peut pas faire ça vu qu'elle est encore mineure. C'est terrible mais il est juste de montrer qu'ils ne vivent pas au pays des bisounours et l'auteur l'a très bien compris.
Il nous offre cependant un dernier acte plein de douceur et de chaleur humaine avant que la réalité ne les rattrape. C'est un peu artificiel quand on connait le contexte, mais on voit véritablement une Shiori heureuse dans sa nouvelle vie avec le lieutenant Yamada. Elle a enfin un foyer aimant où s'épanouir et osé être elle-même, ce qui l'aide à se trouver. Pour Yamada, Shiori est celle qui va l'aider à tourner la page sur sa fille décédée et à l'aide d'une dernière scène bouleversante, qui m'a mise complètement en vrac, il va enfin s'en libérer. C'était magnifique !
Cependant comme je le disais la réalité et là, et les choix passés de Shiori la rattrapent. Son accointance avec un serial-killer qui s'en prenait aux gens qui vont mal va faire remonter la police jusqu'à elle et jusqu'à Yamada. C'était logique, dur mais normal et j'ai aimé cela, parce que pour moi l'auteur a osé aller au bout de son propos. Il dénonce ainsi une réalité normative qui se fracasse face à une réalité concrète. Oui, on n'a pas le droit d'héberger un(e) fugueur(-se) mineur(e), mais qu'est-ce qu'on propose concrètement pour les aider quand ça ne va pas chez eux ? le système est-il assez réactif, assez protecteur, ne protège-t-il pas trop les parents avant les enfants ? L'auteur pose de vraies questions de société pertinentes au Japon.
L'auteur pointe aussi du doigt une société trop portée sur le sensationnel, qui préfère se délecter de la chute d'un homme bien en l'accusant de tout et n'importe quoi plutôt que de chercher la vérité. C'est terrible de voir ces hommes et femmes de tout âge et tout milieu pointer du doigt Yamada, mal considérer Shiori, juste sur base de ragot colporté à droite à gauche. C'est rude mais réel une fois de plus.
Heureusement, Mauvaise Herbe n'est pas qu'un titre qui fait mal et qui dénonce, c'est aussi un titre plein d'apaisement qui offre une deuxième chance. Ainsi, l'auteur va-t-il proposer un final lumineux où tous les gens positifs, parce qu'il y en a eu heureusement, qui ont croisé l'héroïne auront eu un vrai impact sur elle, pour l'aider à échapper au terrible schéma dans lequel elle était enfermée. Et les dernières pages muettes résument tout, tout ce que Yamada a su apporter à Shiori et tout ce que Shiori a su apporter à Yamada. C'était magique !
Pour conclure, je ne suis pas une adepte des récits de société. J'avoue ne pas aimer lire de choses trop dures parce que je trouve que la réalité l'est assez. Mais ici, c'est fait avec tellement de justesse, de positivité et de lumière sous la noirceur que je n'ai pu que me sentir profondément touchée par l'histoire de cette enfant maltraitée et de son sauveur. Merci à
Keigo Shinzo.
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