Citations sur Big Brother (88)
Au fil des ans, j'ai été contrainte d'admettre que la plupart des fêtes sont décevantes. Plus un évènement est organisé avec soin, plus il est probable qu'il dégouline et se dilue sur l'autel des bonnes intentions. Les Noëls, les anniversaires, les cérémonies de mariages sont engloutis d'un côté par l'organisation et les préparatifs et , de l'autre, par le rangement, et donnent l'impression qu'ils n'ont jamais vraiment eu lieu (....) Je serais dans l'incapacité de nommer la source du problème, au-delà de cette inaptitude propre à l'espèce de profiter du moment présent ou d'une impossibilité universelle à anticiper que le fait de rester debout un verra à la main n'a rien de si génial.
Les statistiques n'ont rien à voir avec le destin personnel, sinon tu aurais 2.2 enfants.
Je n'étais pas la seule à être touchée par cette hystérie [de perte de poids]. La même frénésie régnait partout sur internet : réquisitoires contre le sucre, astuces consistant à manger dans de petites assiettes ou à boire des litres et des litres d'eau, reportages sur des célébrités prétendant faire "quatre-vingts repas par jour", tableaux répertoriant l'index glycémique des panais et des pommes de terre. Elle s'exprimait par l'augmentation de demandes de cercueils XXL, par la fabrication de montagnes russes aux poutrelles renforcées, d'ascenseurs conçus pour supporter deux fois leur charge. Elle se traduisait par les ventes accrues de vêtements pour "formes généreuses", par le retour du corset. Elle se voyait dans le marché des extensions de ceinture de sécurité des sièges d'avion, des lunettes de toilettes "Big John", des tabourets pour douche supportant des charges de trois cent soixante kilos, des "LuvSeats" pour faire l'amour, adaptés aux 'couples corpulents'. Elle se manifestait dans l'essor des sites web comme BigPeopleDating.com, mais aussi dans le prestige des tailles 0 et dans le nombre d'élèves qui, dans la classe de Cody [13 ans] avaient été hospitalisées pour avoir refusé de manger ou s'être fait vomir. Comment ne pas s'interroger sur l'intérêt d'un microprocesseur, d'un télescope spatial ou d'un accélérateur de particules quand nous avions perdu la plus animale de toutes les maîtrises ? A quoi bon découvrir le boson de Higgs ou se pencher sur l'économie des voitures à hydrogène ? Nous ne savions plus comment manger.
(p. 328-329)
- Comme dit le proverbe, "l'ignorance est une bénédiction", a déclaré en plaisantant l'homme corpulent qui se trouvait derrière moi à la caisse.
Il désignait le pèse-personne professionnel dans son carton, dont l'encombrement nécessitait un chariot plate-forme.
- Ça c'est sûr, a surenchéri aimablement la femme devant moi. J'aime autant ne pas savoir.
- Certes l'ignorance est une chose, me suis-je aventurée, mais le leurre en est un autre.
- Le leurre, c'est ce qui rend la vie supportable, a poursuivi le philosophe dans mon dos, en déposant son pack de Bud sur le tapis. S'ils se voyaient trop clairement dans le miroir, tous les êtres humains se balanceraient d'un pont.
J'ai éclaté de rire
- Mon frère et moi venons de commencer cette horrible diète liquide . Et si on ne se met pas à noter nos progrès, on va vraiment se balancer d'un pont.
Par ailleurs, comme toutes les autres femmes, j’ai subi un lavage de cerveau qui m’a poussée à adhérer au calibrage prescrit de la séduction.
La corpulence est relative : si tout le monde est gros, alors personne ne l'est.
- Tu boulottes la nourriture comme si tu avais peur que quelqu'un vienne te la piquer, ai-je expliqué. Quelqu'un dans ton genre, en fait. C'est comme si tu mangeais en cachette de toi-même. [...] A mon avis, si tu manges autant, c'est parce que tu n'apprécies pas la nourriture, et non parce que c'est si bon que tu n'arrives pas à t'arrêter. Tu demandes à la nourriture de te donner quelque chose qui n'est pas en son pouvoir, et du coup, la quantité que tu ingurgites est potentiellement infinie. C'est comme si tu ouvrais le robinet de l'évier pour remplir la baignoire Tu auras beau l'ouvrir en grand, tu n'arriveras jamais à remplir la baignoire.
(p. 245)
- Je regrette de t'avoir traité de gros.
J'en ai déduit qu'il s'agissait là de toute l'étendue de la concession qu'il était disposé à faire.
- Ecoute, man, je sais que je suis gros...
Enfin, Edison se décidait à s'adresser directement à Fletcher.
- ... mais de la façon dont tu dis ça, on dirait que je suis de la merde. C'est pas une description, c'est un verdict. Comme si j'était une abomination, la source de tout le mal et de toute la dépravation dans le monde. Je mange trop, mais j'ai tué personne. Je suis pas un pédophile. J'ai même pas piqué ton portefeuille, man.
- A quoi tu joues ? a demandé Fletcher d'un ton acerbe. C'est la 'Fat Pride' ?
- Je ne suis pas fier de moi. Ou plutôt si, mais pas de mon poids. Et quand j'avale un beignet, je le fais pas contre TOI.
Fletcher a accusé le coup. En toute franchise, je crois qu'il vivait vraiment les quantités de nourriture qu'absorbait Edison comme une forme d'agression.
- Tu te tues à petit feu, tu sais.
- Si c'est le cas, ça me regarde.
[...]
- Mais Edison a raison sur un point, ai-je riposté. Tu te comportes comme si tu menais une croisade morale. Son poids fait de lui un paria social. Il réduit la probabilité qu'il se remarie un jour. Il a de graves implications sur sa santé. Mais ce n'est pas une expression du mal. De même, tout le sport que tu fais n'a rien à voir avec être quelqu'un de bien. Je sais que c'est ce que tu crois. Le sport te fait te sentir bien, te fait penser du bien DE TOI, mais te donne aussi l'impression d'être supérieur à tous ceux qui glandent à longueur de journée.
(p. 162-164)
Au fil des ans, j'ai été contrainte d'admettre que la plupart des fêtes sont décevantes. Plus un évènement est organisé avec soin, plus il est probable qu'il dégouline et se dilue sur l'autel des bonnes intentions. Les Noëls, les anniversaires, les cérémonies de mariages sont engloutis d'un côté par l'organisation et les préparatifs et , de l'autre, par le rangement, et donnent l'impression qu'ils n'ont jamais vraiment eu lieu. Je serais dans l'incapacité de nommer la source du problème, au-delà de cette inaptitude propre à l'espèce de profiter du moment présent ou d'une impossibilité universelle à anticiper que le fait de rester debout un verra à la main n'a rien de si génial
Peut-être la plus grande faveur d'un conjoint est-elle de fermer les yeux sur ce qu'on ne peut s'empêcher soi-même de voir.