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Critique de latina


« Même si les manques nous rongent, la satiété est pire encore ».

Cette histoire parle de faim.
Mais quelle faim ? La recherche d'aliments permettant de nous nourrir, de nous rassasier ? Ou le recherche de sens à sa vie ?
Qui n'a pas de projet est malheureux. Qui a atteint son objectif n'est peut-être pas aussi heureux qu'on pourrait le penser.

Cette histoire parle de culpabilité.
Jusqu'où peut-on laisser ceux qu'on aime s'enfoncer dans la dèche, dans le dégoût de soi, sans interférer dans leur histoire personnelle et sans soi-même laisser tomber sa propre histoire.

Cette histoire parle d'éducation.
« Il est effarant de constater le nombre de jeunes gens prometteurs qui se prennent pour des génies en attente d'être découverts, et il peut être désastreux de voir valider cette estime de soi injustifiée dans l'antichambre de sa vie d'adulte ».
Comment agir face à un jeune qui rue dans les brancards, qui veut quitter l'école, quitter ce système à diplômes? Faut-il l'encourager à suivre son rêve d'indépendance et de gloire ou le guider fermement dans la voie classique ? Faut-il « anticiper sa déception », puisque très souvent, un jeune sans balises errera ?

Cette histoire parle de célébrité, ou du désir de célébrité. Des paillettes de la gloire éphémère. du profond désir d'être aimé par le plus grand nombre, d'être adulé. Et puis du gouffre qui s'ensuit lorsque l'engouement s'est détourné.

Cette histoire parle d'apparence physique et de son corollaire : les régimes.
Comment l'obèse est-il considéré dans notre société ? le physique, une fois qu'il est hors norme, provoque une curiosité morbide et même le rejet.
Comment peut-on prendre le pouvoir sur son corps en s'affamant ou simplement en étant obsédé par l'alimentation saine ?

Cette histoire parle de fraternité. de famille. de cette difficile alchimie sans laquelle on ne peut vivre. Famille, belle-famille, enfance, souvenirs d'enfance. Famille qui pèse et qui soulève.

« Big Brother », c'est tout cela. La narratrice, la quarantaine, mariée depuis 7 ans à un homme très dans le contrôle de soi et père de deux adolescents, est une femme comme il y en a tant, enfin, qui se voudrait telle. Et pourtant elle a réussi professionnellement, presque par hasard.
Et pourtant, son enfance a été spéciale, dans le sens où son père a été un scénariste et acteur de seconde zone, reconnu pendant quelques années. Son frère, son idole de toujours, est parti vivre sa vie à 17 ans, et quand elle le revoit, des années après, il est devenu...gros. Immensément gros.
Et il s'installe chez eux, pour quelques semaines.
Et l'histoire commence. Qui parle de faim, de culpabilité, d'éducation, de célébrité, d'apparence physique, de fraternité. de famille.

Merci à Canel de m'avoir proposé « Big Brother ». J'ai souri beaucoup au début, j'ai grincé des dents aussi, mais j'ai croqué avec appétit la narration savoureuse de Lionel Shriver.
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