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Critique de ODP31



Il court, il court le joggeur pendant que je furète le dernier roman de Lionel Shriver.
Le sport, c'est fatigant. Mais pas autant que les sportifs. le pitbull des lettres américaines s'est trouvé un nouvel os à ronger : le culte du corps et de la performance.
Serenata, la narratrice, perfusée à l'ironie féroce, doit supporter la dernière lubie de son mari qui vient de se faire virer de son emploi: courir un marathon. Comme son bonhomme a la soixantaine et n'a jamais fait de sport, elle prend d'abord cela pour une résolution de réveillons. Mais le pépère s'obstine et cette capitulation à des défis à la mode qui font sensation dans les dîners fragilise le couple, d'autant que de son côté, Serenata a tellement martyrisé son corps en galopant depuis son enfance qu'elle a les genoux qui grincent comme les portes d'un vieux manoir hanté.
La situation s'aggrave quand son Remington de mari décide de se faire aider par une coach dont le prénom, Bambi, résume bien le programme, et un groupe de camés de la dopamine qui préparent un triathlon de type Iron Man. Pour Bambi, il suffit d'un peu de volonté pour ne pas vieillir. le mot d'ordre est je cours donc je suis… et je sue aussi !
Le dépassement de soi pour flatter le moi. Coluche disait qu'il n'y avait pas plus con que le vélo comme sport. Je ne sais pas ce qu'il dirait de ceux qui pédalent dans la semoule une centaine de bornes après avoir barboté plusieurs kilomètres en eaux troubles avant de crapahuter pendant quarante kilomètres en plein cagnard.
Lionel Shriver ne s'en prend pas qu'à la secte du lycra dans son roman. L'insupportable fille du couple a rejoint « la brigade de Jésus » et enchaîne les leçons de morale à destination de sa mère pour la rendre responsable de tous ses échecs. Les évangiles pour se venger.
Mais à mes yeux bigleux à défaut d'être bleu, le véritable moment d'anthologie de ce roman se situe dans le récit par l'absurde d'un conseil de discipline qui aboutit au licenciement du mari. Lionel Shriver qui n'en est pas à sa première controverse, ridiculise ici le wokisme de façon brillante.
Comme Babelio a dû repérer que je n'aimais pas trop les romans à l'encre trop sympathique, je ne peux que dire merci pour cette masse très critique car le ton acerbe de Lionel Shriver a cajolé mon mauvais esprit.
Rien ne sert de courir, point !
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