AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 530 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Fortement autobiographique, ce nouveau livre d'une Lionel Shriver qui, plus que jamais, a beaucoup de choses à nous dire, devrait pas mal diviser, moi compris, un peu étourdi de ces quelques heures de lecture contrastées… et de ne pas oublier de remercier Belfond et Babelio pour cette avant-première.

Quand la pensée atteint un paradoxe, en tout cas en sciences humaines, c'est qu'on est sur une bonne voie… En faire ici la pseudo-démonstration reviendrait à une longue roulade dans une flaque, le dos piqué par de nombreux et impatients gravillons. Avec Lionel, on tient une bonne cliente pour ce qui est du franc-parlé, et d'idées qui pourraient sembler contradictoires au bloc gentiment huilé des « progressistes ». On peut se réjouir qu'elle ait de plus un solide sens de l'humour-tragique, surtout quand il s'agit de nous en conter sur la vieillesse, et de son éternel querelle des anciens et des modernes… et d'en profiter pour régler quelques comptes.

Avec ce prétexte du monde en plein essor des sports d'endurance extrêmes, elle en profite pour dézinguer ce type de troupeau d'égocentriques, liés par les codes et valeurs usuels d'un groupe délimité, mais chacun isolé par sa quête de performances individuelles. En corollaire, on peut y voir cet agacement face à la prise de pouvoir des émotions et ressentis personnels dans le débat public, et bien-sûr, la progressive sanctuarisation du particulier face à l'universel, bref cette chère Lionel n'est pas là pour se faire aimer de tous, ses apparentes ambivalences bousillant toute position manichéenne.

Mais le problème vient selon moi de la forme. Comme d'autres critiques ici et là, je trouve que les dialogues, en particulier à l'intérieur du couple, sont trop longs, un peu alambiqués, parfois ennuyeux, voire excessifs, nous sortant à coups de pied de l'histoire. La pagination/mise en page est austère, voire inexistante dans ses capacités structurative et esthétique.

La majorité des personnages sont de très gros clichés, et plutôt bas de plafond.
Le stéréotype est un paradoxe éclatant : facilement identifiable, car ayant une véritable existence, il est aussi rejeté voir combattu par une frange idéaliste que l'auteure aime à brocarder. Mais il n'y a pas dans ce livre de réel questionnement à ce sujet, dommage… on en reste à une utilisation convenue, pas très éloignée du tout-venant à gros tirage, les exemples pleuvent sans que je ne daigne me mouiller… Probablement plus facile à utiliser pour transmettre un message unanimement compris, ils nivellent au bulldozer le chemin des possibles… Soit !

L'auteure se fait grave plaisir avec cette retranscription imaginée d'une session d'un comité arbitral interne à une administration, saisie pour des accusations de violences racistes et sexistes par une dirigeante despotique mais intersectionnelle, «digne d'un rond-point en sept sorties », envers le mari de l'héroïne. Une bonne bataille de 38 tonnes, qui ne ferra changer d'avis à personne; la raison humaniste magnifiée face à l'ignorance particulariste moralisée. Un bon plaidoyer à charge et sans décharge, du coup inopérant sur nos consciences de lecteurs, mais asséné par une auteure qui peut se permettre davantage qu'un commun renvoyé vers les marges puantes des extrêmes pour ce genre d'idées.

Les noms de ses personnages…? Hum… disons qu'un stage chez l'inaccessible Thomas Pynchon pourrait aider, lui le spécialiste des patronymes sortis de nulle part, souvent chargés d'un sens plus ou moins caché, alors que ceux de Shriver tombent dans le gadget. Quitte à faire des comparaisons, je ne retrouve pas dans ce livre les qualités d'écriture d'un Franzen, ses « Corrections » pouvant avoir une certaine parenté de thèmes, tout en offrant une qualité de lecture générale beaucoup plus haute.

Donc merci chère Lionel D être là, et surtout d'ouvrir ta gueule au milieu des couinements. Ton crédo est très important pour nous qui — comme toi sans doute si tu parlais français — pensons que le mot « autrice » est juste dégueulasse; qu'à force de tout réduire aux sensibilités de chacun et à un relativisme bon ton, aux sacramentaux « goûts personnels » face à une éducation par ses pairs, à l'illusion du choix et de son éternel inassouvissement, nous courrons vers une société ou la notion même d'apprentissage se retrouve en danger…
De la défiance des nouvelles générations, jetant le bébé-boom avec l'eau des chiottes, nous laissant hurler au besoin de personnalités complexes et tranchées comme toi, si seulement ta plume était à la hauteur de tes ambitions…
Commenter  J’apprécie          7915
4h22'18'' Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes (The Motion of the Body Through Space)- Lionel Shriver - MASSE CRITIQUE
Si on pense au titre en VO, la référence se fait au corps et à son mouvement dans l'espace à la recherche d'une certaine liberté perdue ou en train de nous quitter. La traduction française mesure ce mouvement chronomètre à l'appui.
Roman prise de vue du quotidien américain avec larges possibilités d'extension vers d'autres continents et d'autres humains.
Serenata et Remington, mariés maintenant depuis plus de 30 ans, sont au rendez-vous avec la soixantaine et l'expérience n'est pas des plus réjouissantes. Accepter son corps qui donne quelques signes de fatigue ou le fouetter et lui imposer un marathon ? Remington choisit le marathon à la grande surprise de sa moitié. L'apparence physique est importante, l'éclat qui invite l'admiration, mais quand les lumières de la rampe commencent à faiblir le drame s'installe, même qu'un break-down irréparable peut faire tout virer à la tragédie. le déclin physique est mal vécu.
Le coach de Remington, la jeune Bambi, corps impeccable, tête pétrie de certitudes.
"D'après Bambi, on doit continuer à fonctionner malgré ses blessures. On ne peut pas se laisser abattre par ça." La vérité péremptoire !? Je me le demande.
"Bambi détestait perdre, or il n'existait pas de meilleure tactique pour s'assurer de la victoire à n'importe quel jeu que de refuser d'ambler de jouer". Pourquoi refuser l'échec, la défaite ?
Renata, l'épouse, cherche l'originalité, se détacher de la foule :
"- Si, d'après vous les gens améliorent leurs performances physiques au contact d'autrui, ne voulez-vous as juste dire qu'ils répondent à la concurrence ?
- Quelle façon perfidement négative de présenter les choses, rétorqua Bambi. Je parle du gigantesque pourvoir du nombre en comparaison du pouvoir minable de l'individu."
La 4e de couverture parle de la "plume incisive" de l'auteure et de son "humour ravageur" que j'ai cherchés tout au long du roman. Je n'ai sûrement pas eu la même longueur d'onde.
L'auteure touche, effleure quelques thèmes, affiche toute une époque, notre siècle, en glissant dessus comme une oie sur la surface de l'eau : chômage des jeunes lettrés, l'emprise de la société sur notre vie, choix du travail, indifférence devant le malheur des autres, et en passant, un coup de griffe à la religion.
Les affirmations, touchant les soit disant certitudes, sont souvent sèches et pauvres, les phrases s'entrechoquent, tombent brutalement, des évidences de la vie qui nous arrivent à tous si on vit assez longtemps. le cortège d'événements peut devenir fâcheux quand le corps ne répond plus du tac au tac. On en prend conscience, oui, et après ?
Culte du corps "le triathlon n'est pas quelque chose pour quoi on est ou non taillé. C'est un défi que tu décides de relever"!!, prétendu bienfait du dépassement de soi. Pourquoi ne pas regarder autrement l'échec ?
Pourquoi ne pas accepter le droit de se tromper ?
[Renata]... "si tu voulais susciter mon admiration, tu aurais dû te mettre en tête d'accomplir autre chose. C'est injuste de dire : Je fais un truc idiot... mais tu n'auras jamais le droit de faire remarquer à quel point ce truc est idiot. Tu dois être persuadé au fond de toi-même que ce truc n'est pas idiot".
Des sentences et des vérités (?) lancées à tout bout de champ : "dans un combat avec le corps, le corps gagne toujours"... "seulement si on le laisse faire"(?). Je m'interroge.
"Aujourd'hui la colère est considérée comme une forme d'agression"(?). Ce n'est pas aussi absolu que ça !
Lionel Shriver veut tout balayer, est-ce possible sans rester superficiel ? Elle n'entre pas à l'intérieur des personnages, sauf à la fin pour éveiller un autre regard sur la vieillesse que celui qui s'attache à l'aspect extérieur.
Il y a comme une hésitation à moitié affirmée entre le plaisir d'une surface bien lustrée et un intérieur qui garde une certaine chaleur et qui acquière une certaine sérénité.
Le style sec, rapide, répétitif, se veut incisif mais ne mord pas assez, comme si une impatience l'empêche de s'y arrêter pour respirer et développer.
Les personnage sont plutôt un copié/collé de la vie sur papier, quel intérêt ?
Réactions rapides et assez superficielles devant notre transformation physique inévitable au cours des années. Et pourtant il existe une certaine cohérence entre le style et cette réalité, les deux revêtant le passage au pas de course, irréfléchi ou mal réfléchi.
Ça piétine, ça chute, ça bute, ça meurt ça glisse trop vite, ça tourne en rond dans un espace assez étroit où ni le corps ni la réflexion ne sont convaincants, l'imagination et la poésie encore moins. La patinoire du roman m'a fait glisser sans m'y attarder.
J'attends de la littérature une valeur esthétique, qu'elle me séduise par la façon de raconter une histoire, par la mise en forme d'un message, la création d'une atmosphère, une élégance des mots et des phrases dans des rythmes et des harmonies, des idées, des réflexions,... et plein d'autres choses encore. Je m'attarde à la quête des mots musicalement enchaînés et dans l'attente des rythmes, des sens nouveaux, d'une certaine émotion.
A la fin de ces Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes je suis restée sur ma faim.
"Bien que Serenata trouve étonnant le fait de vieillir, elle savait que ce sentiment était ordinaire ; en revanche, ce qui était extraordinaire, c'étaient les rares vieux qui acceptaient leur désintégration comme inéluctable."
La vie nous met souvent, des fois pour nous prévenir, des fois pour nous consoler, devant l'obligation de revoir certaines valeurs et de les relativiser, "une magistrale leçon d'humilité."
Une découverte d'une auteure américaine, une expérience de lecture, pour lesquelles je remercie la masse critique de Babelio et les éditions Belfond.
Commenter  J’apprécie          414
« Quand la nudité rend au corps un culte pur, c'est la chair qui est humiliée ». (Eugenio d'Ors Y Rovira)


Un matin, à l'heure du petit déjeuner, Remington Alabaster, la soixantaine, ingénieur en génie civil, licencié de la mairie d'Albany - près de New York - par suite de propos racistes, déclare à son épouse, Serenata Terpsichore, son intention de courir un marathon. Serenata, âgée de soixante-années, juge ce projet semblable à celui du caprice d'un adolescent. Toujours est-il que cette lubie provoque une forte tension au sein du couple.


Durant plus de quarante ans, Serenata a couru, nagé, bondi, rebondi, avalé des kilomètres sur son vélo. Mais le temps faisant son oeuvre, atteinte de douleurs aiguës aux genoux, Serenata a remplacé ses tenues de sport par une organisation d'entraînements quotidiens qu'elle accomplit scrupuleusement devant des émissions de téléréalité. Aigrie, désabusée, égoïste, misanthrope, systématiquement hostile à tout comportement grégaire - « Aujourd'hui, on tourne frénétiquement en rond, comme les tigres d'Helen Bannerman qui, à force de tourner, se transforment en flaque de beurre. Une civilisation jadis grandiose qui disparaît à l'intérieur de son cul. », - Serenata est irritée d'observer son époux, affublé d'un accoutrement criard et satiné, suivre le troupeau des coureurs du dimanche, très vite sous la houlette de « sa » très sexy coach Bambi.


La guerre est proclamée. ; le couple pourra-t-il résister à la crise face à ce bouleversement et au renversement des situations respectives. Au fond, la question posée par Lionel Shriver - avec pour prétexte le sport, la performance et le culte du corps -, est celle-ci : comment vieillir à deux, au sein du couple ?


Lionel Shriver – en vérité, Margaret Ann Shriver, – est née, en 1957 aux États-Unis (Caroline du Nord). C'est à l'âge de quinze ans qu'elle décide de masculiniser son prénom, convaincue que la vie des hommes est plus simple que celle des femmes. Diplômée de Columbia, Initialement professeur d'anglais (New York), elle pérégrinera ensuite à travers le monde : Nairobi, Bangkok, Belfast… avant de s'installer à Londres. Elle a écrit huit romans traduits en français et remporté plusieurs prix littéraires. : « Il faut qu'on parle de Kevin » (Belfond, 2006), « La Double Vie d'Irina » (Belfond, 2009), Double faute (Belfond, 2010), Tout ça pour quoi ? (Belfond, 2012), Big Brother (Belfond, 2014), La famille Mandible (Belfond, 2017), Propriétés privées (Belfond 2020). « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes » est son huitième roman traduit en français. Elle vit actuellement entre Londres et New York avec son mari, jazzman renommé.


Une intrigue, des conflits, des décors, un paysage, des personnages habilement désignés (1) et des dialogues – car de même que les personnages font l'histoire, les dialogues font les personnages - constituent les fondements indispensables au succès d'un roman. Lorsque l'auteur y ajoute la finesse de l'analyse, les descriptions approfondies aux détails faussement inutiles, il peut espérer approcher la perfection, atteindre le chef-d'oeuvre.


Ça, c'était Lionel Shriver jusqu'à la parution de « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes », plus particulièrement dans son précédent livre de nouvelles, « Propriétés privées ».


Effectivement, plus brillant est l'auteur, plus grand est la déception après une lecture laborieuse de son récit. C'est l'envers du génie, la totale indulgence n'est accordée qu'aux moins talentueux. Si Lionel Shriver est habituellement remarquable, elle entame ses qualités dans son dernier roman. Celui-ci semble réunir l'ensemble de la critique lorsqu'elle « crie » au roman prodige. Mais un avis plus nuancé, voire radicalement opposé, peut être avancé. Et il ne s'agit pas de surjouer la critique négative en affirmant avoir éprouvé beaucoup de « souffrance » et d'ennui à la lecture de ce récit fastidieux.


Indubitablement, l'écriture de Lionel Shriver est, comme toujours, impeccable. Ses perceptions de la société et ses capacités à les écrire illustrent son intelligence et sa finesse d'esprit, plus particulièrement, lorsqu'elle dénonce, dans « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes », les outrances des discours et des comportements politiquement corrects aux États-Unis, plus spécialement à l'égard des afro-américains. le roman, à cet égard, ne manque pas de scènes décomplexées et truculentes.


Bien d'autres thèmes sont abordés avec beaucoup de justesse, les réseaux sociaux, la téléréalité… à travers de drôles et savoureux dialogues.


Mais voici comment les qualités d'un roman peuvent rapidement devenir des défauts rédhibitoires. Sauf le message essentiel, de la dictature du corps et de la performance physique, chaque phrase, chaque mot du roman renferme d'autres messages, certes très subtils, mais tous azimuts, entremêlés les uns aux autres sans une authentique cohérence. le roman est-il trop long pour le sujet entrepris ? Certainement. de fait, le récit évolue en un fourre-tout, dans lequel, d'ailleurs, l'auteur renoue avec des thèmes anciennement traités dans ses précédents romans « le désir d'appropriation du corps et de sa jeunesse » en référence explicite à « Propriétés privées. (Belfond, 2020)


En définitive, l'intrigue principale devient prétexte à écrire beaucoup trop de choses de façon très désordonnée.


Cela est également vrai à propos des dialogues entre Serenata et Remington – dont on peut concéder la qualité et l'humour souvent –, mais redondants et pénibles à lire sur toute la longueur du livre.


Lionel Shriver est un excellent auteur, elle m'a régalé avec ses précédents livres. Pas cette fois-ci. La confusion entre roman et autobiographie n'est sûrement pas étrangère aux circonstances. (2)



Bonne lecture


Michel.


(1)
 Remington fait référence à un minéral, en l'occurrence, dans l'esprit de l'auteur, un arbre.
« Droit comme un I. Remington était un homme mince au port altier qui donnait l'impression d'avoir gardé la ligne sas jamais rien fait pour… »
On peut noter que Remington est également une marque de célèbre machine à écrire. Est-ce à dire que l'auteur a fait un rapprochement entre la raison d'être de cette machine à « dialogues » et ceux, continuellement échangés, entre les époux Remington Alabaster et Serenata Terpsichore ?

 Alabaster, en français albâtre, est un terme anglais appliqué à des minéraux utilisés en tant que matériaux destinés à la sculpture.

 Terpsichore, du grec ancien, est une jeune fille, vive, épanouie, couronnée de guirlandes qui se dirige, tenant une lyre sur son épaule, de tous ses pas en cadence. Mère des sirènes, elle aurait un lien avec le Dieu Apollon.


(2)
On peut lire l'ouvrage comme une autobiographie romancée si l'on en juge par les déclarations de l'auteur, reprises dans la presse et, plus particulièrement « The Guardian et The New Yorker (1 juin 2000) « Looking for Trouble » (Lionel Shriver cherche des ennuis).


Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
Commenter  J’apprécie          295
Il est assez rare pour moi de laisser une critique quand je ne donne "que" 2 étoiles à un roman. Un peu comme une règle : les livres qui ne m'ont pas suffisamment transporté, je n'en fais pas tout un plat. Je passe au suivant.
Pourtant, dans ce dernier opus de l'Américaine Lionel Shriver, il y a quelques beaux instants. Quelques belles réflexions. Des sorties bien trouvées.
Il y a aussi malheureusement ces tirades qui n'en finissent plus et qui ont tendance à nous sortir de l'histoire. C'est dommage. Car le thème central du livre est intéressant. Ce couple de soixantenaires en quête de sens à donner à leur existence, est attachant. Jusqu'à un certain point cependant.
Car à la fin du voyage, personne n'a vraiment changé. Un marathon ou un triathlon plus tard, que reste-t-il ? Pas grand chose. Si ce n'est peut-être un personnage secondaire, Bambi. Une fêlée. Une dingue. Horripilante. Jamais arrêtée. Jamais condamnée. Révoltant.
Commenter  J’apprécie          210
Le synopsis est vraiment original et attrayant à la base : Remington, 64 ans, décide sur un coup de tête de courir un marathon. L'annonce faite à sa femme, Sérénata, grande coureuse solitaire devant l'éternel, fait l'effet d'une bombe ! Surtout depuis que l'arthrose qui dévoré ses genoux l'empêche de s'échapper pour imposer à son corps une performance dont elle se refuse officiellement à recueillir les lauriers.
J'ai malheureusement abandonné Remington et Sérénata à leurs débats de couplé sur la masculinité et la place de chaque individu dans une société où la course à l'originalité semble un souffle de survie. Je m'ennuie dans cette lecture, et je déteste m'ennuyer. J'avais retenu ce roman suite à une suggestion de Gérard Collard, mais c'est un flop pour moi (je pense ne pas partager les mêmes goûtés de lecture que Gérard 😅)
Je passe mon tour !
Commenter  J’apprécie          103
Je pensais avoir fait un billet sur « Il faut qu'on parle de Kevin », mais visiblement non alors que j'ai lu . En revanche j'ai chroniqué et peu apprécié « Double-Faute« de la même auteure. Je suis déçue par cette lecture qui pourtant commençait bien : un couple de sexagénaires se trouve à la retraite devoir résoudre la question qui traverse tant de couples : Que faire de tout ce temps libre que l'on doit maintenant passer ensemble, sans le travail ni les enfants ?

La femme était une grande sportive elle a complètement détruit les cartilages de ses genoux à force de courir tous les jours, l'homme au contraire n'a pratiqué aucun sport mais vient de se faire virer de son boulot à la ville car il s'est opposé à une jeune femme noire qui est une spécialiste du « Woke » à défaut se s'y connaître en urbanisme. le roman commence par son annonce surprenante et qui m'a fait croire que j'allais aimer ce roman : il annonce à sa femme qu'il va courir un marathon. Sa femme vit très mal cette nouvelle passion de son mari. D'ailleurs cette femme vit tout très mal, il faut dire qu'il n'y a rien de très réjouissant dans sa vie. Sa fille est confite en religion et en veut terriblement à sa mère, son fils est délinquant et sans doute dealer, et elle souffre le martyre tout en continuant à s'imposer le maximum d'efforts physiques que son corps peut supporter.
Tout cela pourrait faire un bon roman, mais moi je m'y suis terriblement ennuyée. Comme pour beaucoup d'auteurs nord-américains c'est beaucoup trop long, mais ce n'est pas la seule raison. Cette écrivaine ne sait résoudre les problèmes de ses personnages qu'à travers des dialogues qui s'étirent en longueur. Cela a provoqué chez moi une envie d'en finir au plus vite avec cette lecture. Il faut dire aussi que je n'étais bien, ni avec la femme, ni avec son mari et son coach Bambi absolument insupportable, ni avec la fille confite en religion qui va faire le malheur de tous ses nombreux enfants. Je n'ai toujours pas compris ‑mais je l'avoue ma lecture a été très rapide à partir de la moitié du roman- pourquoi après tant d'événements qui déchirent ce couple, ils restent ensemble finalement.
Ce n'est donc pas une lecture que je peux conseiller, mais si ce roman vous a plu, je lirai volontiers vos billets.
Lien : https://luocine.fr/?p=14083
Commenter  J’apprécie          90
Découverte de cet auteur dont on m'avait dit le plus grand bien. J'étais intéressé par le sujet, car étant marathonien et Ironman. Belle déception ! les personnages n'ont aucune profondeur et sont vaguement attachants. Les dialogues sont soit surréalistes soit bien trop travaillés pour être convaincants. Les raccourcis sont nombreux, les descriptions à l'emporte pièce. Pas grand chose de ce qui est évoqué (la société de consommation, le culte du corps et du dépassement, l'affirmative action, la perte de sens des sociétés contemporaines) ne l'est ni avec finesse ni avec justesse. Tout est évoqué « à grandes eaux ». On esquisse parfois un ou deux sourires mais c'est tout .. 6-7 heures de «perdues » et 22€.
Commenter  J’apprécie          91
Je m'y attendais un peu...je n'ai malheureusement pas accroché à ce livre.
Dans un premier temps, je n'avais pas eu l'intention de le lire. Quelques critiques sur Babelio, plutôt positives, un sujet de fond sur le refus de vieillir, plutôt intéressant, ont fait que je l'ai emprunté malgré tout.

Trés vite, j'ai su que ça n'allait pas prendre.
Un couple de sexagénaires traverse une crise après que l'homme décide subitement de s'inscrire à un marathon, de se lancer dans le sport à outrance.
Son épouse, ex grande sportive, doit malheureusement renoncer à ses entraînements, le corps ne suit plus.
Il s'en suit des désaccords, des incompréhensions, de la jalousie, tout un panel de sentiments tendant à les séparer.

Le sujet semble léger mais est plus profond qu'il n'y paraît je le reconnais. L'auteur dresse un portrait de notre société trés juste. Importance du paraître, refus de vieillir, culte de la jeunesse, de la performance. Je ne peux pas dire qu'il n'y a pas matière à réflexion.

Je crois que je n'ai pas apprécié la façon dont le sujet est traité. Il y a un petit côté "gnan gnan" qui m'a agacée. Il faut gratter la première couche pour découvrir la vrai valeur du roman, et moi j'ai eu du mal à passer outre.
Que Bambi m'a agacée ! Que certaines scènes m'ont paru ridicules, que Remington est pathétique parfois...

C'est peut-être ça le problème, une approche trop caricaturale à mon goût.
Je manque finalement sans doute de fantaisie en matière de goûts littéraires.
Commenter  J’apprécie          70
Serenata et Remington forment un couple vieillissant mais toujours uni. Malheureusement, Remington est licencié pour un différend avec sa jeune responsable. Dans le même temps, Serenata, une sportive accomplie, se voit limitée dans ses exercices par de sérieux problèmes aux genoux. Remington va à ce moment-là décider de courir un marathon.

Lionel Shriver est une auteure incisive, et le mot est faible. Elle décrit sans pitié tous les travers de notre société actuelle. J'avais beaucoup aimé Il faut qu'on parle de Kevin pour son discours sans concession sur la maternité. Ici, c'est la vieillesse et le sport à haute dose qui en prennent pour leur grade. C'est dur, froid et sans appel et terriblement déprimant.

Bien sûr, le style est parfait et la critique est sans aucun doute justifiée, mais c'est vraiment un tableau très noir qui ne m'a apporté que mauvaise humeur et découragement. Je ne suis pas certaine que j'aimerais autant Il faut qu'on parle de Kevin, aujourd'hui…
Commenter  J’apprécie          50
Lorsque Remington annonce à Seranata, qu'il a l'intention de courir un marathon, elle manque de recracher son café. Sexagénaire, il n'a jamais fait de sport ; il choisit de commencer lorsque son épouse est forcée à l'immobilité, en raison d'un problème médical. Toute sa vie, elle a été une sportive accomplie et elle s'est imposé une rigueur monumentale dans l'effort. Elle hésite entre rires et jalousie. Au départ. Remington suit un programme sur Internet. Il s'accroche. de plus en plus. Surtout depuis sa rencontre avec Bambi, sa coach, qu'il paie une fortune. Tout son temps et son argent sont consacrés à son objectif. Serenata est envahie par les membres du club, qui passent des soirées à son domicile. Entre Bambi et elle, les relations sont houleuses. Les deux femmes ont du caractère et de la répartie, aussi, les échanges sont teintés d'ironie, de méchanceté, de piques et de compétition.


Un évènement est à l'origine de la nouvelle passion de Remington : il a été licencié, avec une retraite diminuée, car il a été accusé de racisme. Cet employé modèle, qui travaillait pour sa ville depuis trente ans, a été poussé à bout par sa supérieure, qu'il considérait comme incompétente. La dernière altercation a marqué la fin de sa carrière.


A l'orée de la vieillesse, les rôles se sont inversés dans le couple. Remington veut réussir dans le domaine qui était celui de Serenata, au moment où elle n'en a plus les capacités. Il s'affirme alors qu'elle lutte contre les conséquences de l'âge. J'ai aimé les passages dans lesquels, tous deux confrontent leurs points de vue sur des sujets de société, sur le fonctionnement de leur couple, sur leurs regrets à propos de leurs enfants. J'ai aussi aimé leurs disputes qui font émerger leurs sentiments, leur personnalité et leurs opinions très tranchées. Ils ont peu de nuances et parfois, ils sont dérangeants. J'ai été intéressée par l'observation des dérives de la société : la défense des minorités, motivées par la peur des procès, le culte de l'effort poussé jusqu'au mépris de ceux qui ne peuvent pas performer, etc. Aussi, j'ai regretté qu'une grande partie du roman soit consacrée à la description des entraînements, des épreuves physiques, des performances, etc. Je préférais les répercussions psychologiques des faits au récit des faits eux-mêmes, qui, eux, m'ont ennuyée. J'aurais préféré que le roman soit épuré d'une grande part, je pense que mon ressenti final aurait été autre. Malheureusement, je n'ai pas aimé Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes. Mon intérêt était relancé lorsque les émotions et les réactions dominaient, mais j'ai été lassée par les exploits et les échecs sportifs. Évidemment, cet avis est personnel. Il me semble que c'est le propre des livres de Lionel Shriver de diviser les lecteurs.


Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Belfond pour cette masse critique privilégiée.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          40


Lecteurs (1188) Voir plus



Quiz Voir plus

Coupe du monde de rugby : une bd à gagner !

Quel célèbre écrivain a écrit un livre intitulé Rugby Blues ?

Patrick Modiano
Denis Tillinac
Mathias Enard
Philippe Djian

10 questions
861 lecteurs ont répondu
Thèmes : rugby , sport , Coupe du mondeCréer un quiz sur ce livre

{* *}