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3,59

sur 530 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tellement fan de cette autrice américaine, que je crains de ne pas être objective. Il n'empêche que ce nouvel opus de Lionel Shriver, Quatre heures, vingt deux minutes et dix huit secondes est un coup de coeur, un vrai !
Le thème abordé a quelque chose d'universel, le vieillissement, inéluctable à moins d'avoir quitté cette vallée de larmes avant de pouvoir constater les dégâts insidieux du temps !

Le couple vedette a récemment rejoint le club des sexagénaires, Remington vient d'être licencié, et Serenata souffre d'une arthrose avancée des genoux, et reste très réticente à confier ses articulations défectueuses aux bons soins d'un chirurgien orthopédiste. Dur pour cette sportive qui ne souhaite pas du tout ajouter le qualificatif d'ancienne à cette définition d'elle-même.

C'est ce moment compliqué que Remington choisit pour se consacrer à une nouvelle passion, le running, et pas en coureur du dimanche : il vise ni plus ni moins le marathon, même si sa première tentative l'a péniblement transporté à huit cent mètres de chez lui !

C'est le début d'une escalade qui met à mal le couple et ce qu'il reste de leur famille !

Lionel Shriver a le don pour camper des personnages très représentatifs , auxquels il est possible immédiatement, sinon de s'identifier, au moins de reconnaitre dans ces portraits les anonymes de la vraie vie, que l'on a forcément croisés un jour.

C'est l'occasion de dénoncer la société de consommation, car, ce qui fut gratuit naguère, avec une paire de chaussures de sport basique, est devenu un business florissant, proposant matériel, appli et tarifs d'inscriptions aberrants !

Plus encore, le fonctionnement des aficionados regroupés au sein de club a tout de la secte, vouant un culte au corps.

On apprécie aussi le constat d'échec éducatif de nos héros, dont les enfants ont opté pour des parcours peu banals !

400 pages addictives : j'attends le prochain !
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Remington , soixante six ans a profité de son licenciement pour se mettre au sport. et pas qu'un peu , puisqu'il envisage de courir un marathon alors qu'il peine à boucler le tour du jardin.
Parallèlement, sa femme , qui a fait de la pratique sportive en solitaire un art ou une raison de vivre est rattrapée par des douleurs récurrentes aux genoux.

Que c'est bien ! Mieux encore que Big Brother . Avec un peu le même procédé , l'exagération pour faire passer implacablement un , ou plutôt des messages .
Avant d'être un livre sur l'addiction au sport, extrêmement bien transcrite, ce livre nous renvoie à notre avenir , celui de la dernière ligne droite quand le corps a commencé lentement à se décomposer et à ne plus répondre à nos aspirations. C'est présenté avec beaucoup de discernement , et le contraste entre les deux époux renforce le trait.

Ce serait trop facile pour l'auteure de s'arrêter là.
Le licenciement de Remington est un grand moment du livre , celui d'un homme blanc licencié par sa supérieure afro américaine et le débat qui en découle.

Pour qui a pratiqué le sport et particulièrement la course à pied, on ne peut nier que l'auteure s'est bien informé ou pratique elle même. La diarrhée en footing , le ressenti ne s'invente pas :)!
Et le style ? assez roayl avec de belles répliques comme ce :
- Un tel a parcouru tout le royaume uni du nord au sud en courant en 11 jours ?
- Pourquoi, les trains étaient en panne ?

Toute la dichotomie du livre est là , entre admirateur béat de l'extrême sportif, pour qui la seule limite est dans la tête et adepte de la non souffrance inutile.
C'est aussi une histoire de couple , qui traverse les années avec des objectifs différents , parallèles ou antagonistes . C'est une histoire d'amour , avec un grand A, amour d'une vie , face aux tempêtes . Une belle leçon.
Un livre formidable.
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Voilà un livre féroce, caustique, et qui dépeint la société américaine dans l'une de ses caractéristiques sociales majeures – la course à la performance - : très réussi.

Serenata est une femme d'une soixantaine d'année chez qui tout irait bien – un mari attentif, un job de doubleuse en voix pour des jeux vidéo qui fonctionne bien, et des enfants problématiques mais loin du foyer – si une petite contrariété ne la perturbait pas : habituée à courir régulièrement tous les jours, avec un beau corps d'athlète « pour son âge », elle souffre d'un problème de genoux qui va l'obliger à renoncer à son sport quotidien, en attendant l'opération inévitable.

Son mari, Remington, n'en mène pas large. Employé au départ par l'Agence des transports d'Albany où il était très apprécié, voilà qu'une nouvelle supérieure hiérarchique lui est attribué : jeune, sans diplôme et totalement incompétente selon lui, mais voilà c'est une « femme de couleur » qui fait partie des minorités jusqu'ici reléguées, et qu'aujourd'hui plus personne ne souhaite attaquer...

Résultat : lorsque Remington hausse le ton dans un entretien avec elle parce qu'elle n'a pas lu l'analyse complète et sérieuse qu'il a faite sur une question d'éclairage, et qu'il se met même à taper du poing sur la table de colère, il se retrouve … licencié pour comportement agressif.

Il va reprendre alors le flambeau délaissé bien malgré elle par son épouse, et se mettre aussi à courir. Mais autant Serenata faisait discrètement son jogging quotidien, autant Remington tient à faire savoir à tout le monde qu'il va courir un Marathon. Branle-bas de combat qui agace sa femme au plus haut point – au départ à mots couverts mais ensuite de façon de plus en plus appuyée. Mais elle se console en se disant qu'une fois le Marathon opéré, il rentrera bien gentiment à la maison s'adonner à une autre passion.
Mais rien ne va se passer comme elle l'imagine.

Pendant le Marathon Remington se fait accompagner par une jeune sportive trentenaire prénommée Bambi – ça ne s'improvise pas – qui dans la vie est « coach sportif ». Voilà donc notre Remington embarqué dans une nouvelle aventure : après le Marathon, le Triathlon !!!
Mais il a un corps de soixante-quatre ans, et les entrainements de plus en plus douloureux qu'il s'impose sous la houlette de Bambi vont être de plus en plus problématiques …

Lionel Shriver décrit à la perfection la course à la performance à laquelle s'adonnent de très nombreux américains – et leur impact sur la vie de couple et la vie sociale. L'autrice de « Il faut qu'on parle de Kevin » est ultra lucide, féroce et caustique dans ses descriptions.

Mais ce qui est intéressant c'est que l'aventure malheureuse de Remington, manipulé par une coach sportive professionnelle de l'endoctrinement, est vu du point de vue de sa femme qui se lamente - sans rien pouvoir faire - de voir son homme être le jouet d'un fantasme de parfait sportif.

Cela va bien au-delà de la simple performance sportive, et l'épilogue, consacré à ces « baby-boomers » qui cherchent à tout prix à retarder l'âge du vieillissement m'a aussi fait penser à « La chair », roman de Rosa Montero lu il y a quelques semaines (même âge, même peur physique du vieillissement sur des corps féminins soixantenaires).

Il y aurait encore beaucoup à dire – sur les personnages secondaires par exemple, telle la fille qui se laisse endoctriner un temps par une église locale – mais je laisse aux Babeliotes le plaisir de la lecture.

Reste que Lionel Shriver, que je ne connaissais pas mis à part le film qui a été tiré de son roman « il faut qu'on parle de Kevin », est une grande portraitiste de la société américaine qu'elle décrit : je vous la recommande vivement.
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Quel bonheur de retrouver la plume-scalpel de Lionel Shriver !
Après avoir disséqué l'instinct de propriété dans son recueil de nouvelles (que je vous conseille vivement comme tous ses livres !), l'écrivaine a dans son viseur, cette fois, un couple de sexagénaires new-yorkais et le sport d'endurance.

Remington, 64 ans, peu sportif, annonce un matin à sa femme qu'il veut courir le marathon. Seranata, sa femme, qui, ne peut plus courir à cause de ses genoux après 40 ans d'intense activité sportive, accuse le coup. Non seulement elle ne le soutient pas mais ne supporte pas ce qu'elle assimile à une mode.

Comment le couple va-t-il survivre à ce basculement de rôles ? Comment vieillir ensemble ? C'est le thème central de ce roman à travers l'angle particulier de la performance, de la compétition sportive, du culte du corps.

Je ne suis pas une grande sportive (euphémisme) et je n'ai pas zappé une seule ligne des passages consacrés au sport d'endurance parce que tout sujet touché par Lionel Shriver devient intéressant.

Les réparties entre Seranata et Remington sont jubilatoires !
Les parallèles dressés entre le sport de haut niveau et l'endoctrinement religieux, feront grincer des dents mais j'ai toujours trouvé le propos pertinent.

Au passage Lionel Shriver égratigne pas mal le politiquement correct et la canceled culture.

Seranata est globalement assez peu sympathique et au fil des chapitres, on la découvre différemment, on apprend à l'aimer avec ses névroses, ses contradictions et ses défauts....probablement parce que cela nous renvoie aux nôtres.
Sur l'obsession de la santé, de la jeunesse et de la minceur, c'est drôle et intelligent !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lionel Shriver casse à nouveau la baraque.

Qui a dit qu'il était impossible de se remettre de Il faut qu'on parle de Kevin ??
L'écrivaine de 63 ans ( l'âge est important) sort les griffes et nous mange tout cru.

Le «nous » en l'occurrence c'est moi. Et tous les baby-boomers au ventre plat qui se prosternent devant le nouvel évangile du Corps. Pas le corps du Christ( qui a pourtant une place dans cette histoire) mais le corps-machine , celui de l'endurance, de la souffrance, celui qui repousse toutes les limites sportives et orthorexiques , celui que j'utilise pour me préparer à plus de soixante ans à un triathlon de type Ironman .
On pense avoir l'idée lumineuse qui vous démarquera définitivement de la masse geignarde de losers fatigués. Mais pas du tout en fait, on fait comme beaucoup, on suis …le mouvement.

Lionel n'a pas son pareil pour décrire physiquement les individus, en l'occurrence les vieux addicts au sport ( dont je fais/ faisais partie). Et c'est à la fois très triste et désopilant.

Au passage elle étripe ( toujours le langage du corps) l'intersectionnalité , la culture woke , et là c'est complètement bidonnant. Deux passages valent à eux seuls leur pesant de cacahuètes :
l'entretien de licenciement de Remington et la «dénonciation » de Serenata sur les réseaux sociaux.

L'histoire est donc celle d'un vieux couple qui a du mal à vieillir. Elle a un sérieux problème de genou, il va faire un marathon puis un triathlon.

C'est très enlevé , passionnant, édifiant.

La demi-étoile en moins tient à 2 choses :
C'est un tout petit peu bavard parfois, en particulier les dialogues du couple.
Il y a des phrases difficiles à saisir qui , à mon humble avis, sont des problèmes de traduction dans les parties à connotation ironique.

Ceci-dit ça vaut vraiment 4 étoiles 3/4.

Mais j'ai un doute. J'ai adoré ce livre, je le trouve bouleversant ( waou, quelle fin!!)
Il épingle magistralement les travers d'une société nourrie au Red-bull et à la marche nordique.
Je me demande juste s'il va intéresser les plus jeunes…..????
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Première fois que je lis un roman de Lionel Shriver, et je suis estomaquée. Tout en abordant un thème éternel, le vieillissement, quelle satire décapante de nos sociétés contemporaines ! le vieillissement, c'est le coeur de l'ouvrage mais les thèmes adjacents traités sont l'occasion de satires virulentes, et de pages d'anthologie. Les thèmes traités en dehors du vieillissement, sont variés : place de la performance sportive, culte du corps, wokisme, échecs éducatifs, individualisme et avant-gardisme contre suivisme et consommation de masse, écologie de façade couplée aux lois du marché, religion .... Les personnages sont forcément très typés mais pas forcément caricaturaux au point d'être improbables. L'auteur déboulonne tous les diktats à la mode et leurs dégâts collatéraux. Je l'ai lu sans savoir à quoi m'attendre, et ce fut une découverte fort agréable, d'un bout à l'autre. J'y ai trouvé un grand vent de fraîcheur, étonnant, pour un livre dont les héros principaux sont un couple de baby-boomeurs !
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Amis des sports extrêmes, bonjour. Et bravo ! Cependant, retenez cette citation glanée dans ce roman :
« La gloire liée à la souffrance est peut-être la plus grosse arnaque du genre humain et la plus recyclée. »
Serenata et Remington sont un couple dans la soixantaine. Elle a toujours couru sans rechercher la performance mais à présent, des douleurs lancinantes au genou l'empêchent de pratiquer le running. Lui vient d'être viré de son boulot, adepte toute sa vie du canapé plutôt que des salles de sport, le voilà que lui vient une lubie : participer à un marathon.
Alors le monde se divise en deux catégories : ceux qui en font moins que vous sont des débiles, ceux qui en font plus que vous sont des cinglés. Et le couple va se déchirer.
On va assister aux efforts de Remington pour se dépasser, (il part de très très loin) avec l'aide de sa coach qui répond au doux prénom de Bambi mais qui en réalité est une winneuse de la pire espèce.
Serenata quant à elle va ronger son frein, elle n'y croit pas, bien entendu mais elle voit son mari glisser lentement dans la “secte” et l'influence de Bambi qui lui serine la petite musique “TU PEUX LE FAIRE, ou NE PAS DOUTER” Pour Serenata, son mari a tout simplement été kidnappé.
Alors que dire lorsqu'enfin il arrive au bout de son marathon ? On va pouvoir passer à autre chose, à mener une vie tranquille ? Non, Môssieu s'inscrit au triathlon, le “tri”pour les adeptes. le Mettleman. Sauf qu'il faut arriver avant minuit pour obtenir le graal : un mug et un T-shirt.

Une critique acerbe (mais avec pas mal d'humour) du monde de la compétition, du culte du corps ou de la réussite, du commerce spécialisé, du coaching ou du dépassement de soi. On y égratigne aussi la religion, le couple, l'éducation des enfants, le wokisme ambiant.
Bouger son cul peut être mauvais pour la santé, faire le légume sur le canapé du salon également. Tout est dans la mesure !
Un régal, pas le coup de coeur mais pas loin.

Challenge Multi-Défis 2023.
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Sport extrême.

Serenata est dépitée. Ses genoux viennent de la lâcher. Un comble pour une sportive comme elle. Mais le pire est à venir. Remington, son mari, vient de se lancer dans la préparation d'un marathon.

Une lecture parfaitement jubilatoire ! L'auteure fait usage d'un humour ravageur et d'un cynisme décapant. Un couple de sexagénaire entre en crise à cause de l'obsession pour le sport d'un de ses membres.

C'est une splendide critique au vitriol sur le culte du corps parfait. Serenata se voit au rebut à cause de ses genoux. Remington devient obsédé à l'idée de faire les meilleures performances possibles. Il y est encouragé par sa coach, poupée au corps de rêve. Une grande partie de l'intrigue montre la dictature de la performance liée à l'apparence parfaite. Une plongée totale dans l'ère de la superficialité.

En arrière-plan l'autrice critique également la montée des communautarismes sous couvert de justice sociale. Ainsi Remington s'est fait renvoyer de son travail à cause d'accusations fallacieuses de racisme. Quand à Serenata, elle trouve de moins en moins de travail comme voix off sous couvert d'être caricaturale et non-représentative.

En somme ce roman est une découverte explosive d'une autrice que je ne manquerais pas de relire à l'avenir.

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Serenata Terpsichore, 60 ans et Remington Alabaster, 64 ans sont mariés depuis 32 ans. Serenata doit à sa belle voix et son talent d'imitation des accents d'enregistrer des livres audio et donner une voix aux héroïnes féminines des jeux vidéo. Ingénieur de formation, Remington travaillait au service des transports de la ville d'Albany. Il a dû démissionner suite aux accusations de menaces de sa cheffe de service, la jeune Luncinda Okonkwo, qui doit son poste plus à son genre et sa couleur de peau qu'à ses compétences. Avec une retraite réduite et sa réputation compromise, Remington et Serenata ont vendu leur maison d'Albany pour retourner dans la ville natale d'Albany pour se rapprocher de Griff, le père de Remington. Serenata, qui s'est toujours déplacée à vélo et fasait quotidiennement 15 kilomètres de course par jour depuis plus de quarante ans, se voit contrainte de ralentir le rythme car ses deux genoux sont déformés par l'arthrose. Elle devrait subir une opération, mais elle retarde l'échéance, à la lecture sur internet des témoignages des personnes opérées. Elle est de moins en moins contactée pour les livres audio. Un ami l'informe qu'un lui reproche son talent à prendre différents accents, alors que certains voudraient que les livres écrits ou mettant en scène des personnes de couleur soient interprétés par des acteurs de couleur.

Ils ont deux enfants, aussi différents de leurs parents qu'entre eux. Valeria, l'aînée est devenue membre très actif d'une église évangelique, le Sentier lumineux est mariée à un condisciple. Ils sont parents de quatre enfants en bas âge. Deacon, auteur de menus larcins lors de son adolescence, ne donne de ses nouvelles à ses parents que lorsqu'il a besoin d'argent.

Remington, qui n'a jamais pratiqué aucun sport ni fait aucun exercice physique déclare tout de go à son épouse qu'il a l'intention de participer à un marathon au printemps suivant. Il s'achète un équipement dernier cri et suit un programme d'entrainement déniché sur internet. Serenata est sceptique sur sa volonté de persévérer dès que l'hiver sera venu. Mais Remington tient bon et s'inscrit au marathon de Saratoga Springs.
Serenata pense qu'il s'agit pour Remington d'une expérience pour barrer la ligne "courir un marathon" de sa liste de choses à faire avant la mort.
Lors de la course, Remington fait connaissance de Bambi Buffer, une ravissante jeune femme qui est coach sportif à Hudson. Remington décide de la prendre comme coach pour s'entrainer pour participer à ... un triathlon.

Lionel Shriver décrit à merveille l'entrée dans le troisième âge de baby boomers pris en sandwich entre parents très âgés et jeunes adultes qui peinent à voler de leurs propres ailes. Elle fait des comparaisons audacieuses entre la religion et le sport amateur pratiqué sans modération ni réflexion. Surtout, elle s'interroge sur le vieillissement du couple, confronté à la dégradation physique et aux changements économiques et sociaux.
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Qu'est-ce qui nous fait courir ? Sauter, soulever, tracter, ou toute autre activité sportive pratiquée dans le but de se dépasser ? Pourquoi est-il pratiquement impossible de ne pas en faire trop ? D'autant que toutes ces activités ne semblent pas particulièrement réjouissantes en elles-mêmes, car c'est le résultat qui compte : repousser les limites, faire partie des meilleurs, des gagnants, avoir un corps admirable... Toutes recherches sources de souffrances physiques et morales, dont la fierté est quelque peu éphémère, quand on a la chance d'être parmi les élus. Sans compter les dépenses financières sans fin.

Ce pourrait être l'une des questions de ce roman de Lionel Schriver, qui en aborde bien d'autres, toutes profondément ancrées dans nos préoccupations angoissées d'époque tourmentée : le vieillissement, le grand-âge, les limites, la douleur, la solitude, le couple, la parentalité, les réseaux sociaux et leur influence, le harcèlement au travail, le fanatisme dans quelques-uns de ses déguisements...

Ce roman est réjouissant, l'écriture et la construction sont impeccables, les personnages sont complexes, fragiles et ambivalents. Serenata Terpsichore est absolument attachante avec sa misanthropie caustique, ses contradictions, son masochisme sportif, sa lucidité, ses remises en questions. Fidèle dans ses attachements, elle est également déterminée.

J'ai adoré cette lecture au ton incisif et à la réflexion profonde, et Lionel Schriver est en passe de devenir une de mes autrices préférées, si ses autres romans sont à la hauteur de celui-ci.

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