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Hôtel Virginia » est un récit court qui nous fait voyager dans toute l'Europe, d'hôtel en hôtel. Dès que l'on croit reconnaître une époque, l'hôtel suivant chasse notre première impression. Quelques anachronismes émaillent le roman, tout comme les multiples identités de Léna nous échappent à chaque fois. On se met à douter de la raison de Ralph. Et si chaque femme qu'il croisait était différente et son état à lui plutôt obsessionnel ? La confusion interne du personnage est mise en scène par ce dispositif de montage de scènes et cette démultiplication des personnalités du personnage féminin. L'incipit (premières phrases du livre), déjà, participe de cet effet en emboîtant un récit dans le récit, au moyen de la radio. D'ailleurs, le prologue nous donne un indice : Nous entrons dans un espace de mensonge : « Si tu veux devenir une espionne digne de ce nom, Léna, tu dois t'imprégner de tes mensonges […] ». Nous nous engageons de faux pas en fausses pistes où s'enchaînent les faux semblant. Quant à son auteure,
Dorothéa Shultz, elle nous échappe sans cesse. Plusieurs livres devraient être consacrés à la reconstitution de sa biographie. C'est certainement quand elle a fui les Nazis que tout a commencé…
Le livre doit, probablement, contenir quelques traces d'une aventure de vie unique. Un livre parfois difficile à suivre dans sa continuité, une impression de décousu, mais un livre plein d'humour qui se lit au premier degré ou encore au troisième, voire même au quatrième. Véritable palimpseste, si on est attentif, on lit que plusieurs couches de références et de procédés humoristiques se superposent. Savoureux et plaisant !