Bestial

Même si je n'avais pas lu son premier roman « Jeux de peau », en tant qu'amateur de polar je pouvais difficilement passez à côté de cet ouvrage fraîchement couronné du Prix Découverte lors de la quatrième édition du salon littéraire Iris Noir Bruxelles le weekend dernier. Difficile en effet de ne pas faire confiance à un jury qui attribue son Grand Prix à Olivier Norek pour son excellent « Dans les brumes de Capelans »… et j'ai bien fait !

J'emboîte donc les pas de cette sympathique famille partie à la découverte de Paris en juillet 2020. Juste avant d'entrer dans le métro, la mère se retourne et constate cependant avec effroi que Mathilde, leur aînée de 12 ans manque à l'appel. Si cette disparition subite en plein jour dans un quartier touristique de la capitale semble inimaginable, le commandant Stéphane Jourdain comprend très vite qu'il peut ajouter un nouveau prénom aux « disparues du 9e ». Agnès, Fanny, Pénélope, Jessica et Ambre disparues en 2007, puis, treize ans plus tard, cinq autres adolescentes de douze ans volatilisées dans le même quartier parisien sans laisser aucune trace : Elena, Candice, Inès, Sophia et maintenant Mathilde. Aucune piste exploitable…jusqu'à l'arrivée de cet SMS anonyme invitant la police à « suivre les chiens » pour retrouver les gamines…

Avec « Bestial », Anouk Shutterberg ne fait pas dans la dentelle car ces disparitions de jeunes filles s'avèrent très vite être le sommet d'un iceberg particulièrement sombre. Une plongée en enfer qui fait froid dans le dos et qui invite le lecteur à côtoyer le côté le plus obscur et pervers de l'être humain. Des tréfonds du Dark Web aux combats clandestins de chiens, en passant par la pédophilie, le viol, la mafia ou le trafic d'êtres humains, « Bestial » installe progressivement un univers glauque, abject et écoeurant qui ne va certes pas aussi loin que Mattias Köping dans « le manufacturier », mais dont la noirceur pourrait tout de même rebuter les âmes les plus sensibles.

La construction non linéaire qui alterne les temporalités tout en baladant le lecteur à travers l'Europe, sur la piste d'un réseau criminel qui s'étend au-delà des frontières, peut surprendre au premier abord, mais insuffle finalement du rythme à l'intrigue au fil de chapitres assez courts. Si on ne perd jamais le fil de cette intrigue et que toutes les pièces du puzzle finissent par s'emboîter, l'autrice aborde tout de même un peu trop de thématiques à la fois et donne parfois l'impression désagréable de construire une intrigue qui part dans tous les sens en balançant de nouveaux éléments/personnages en début de chapitre sans prévenir. Pourtant, au final, force est de constater que l'ensemble est bien construit, que l'on dévore les chapitres à grande vitesse et que le dénouement final, particulièrement prenant, est à la hauteur des attentes… le tout rehaussé d'une playlist qui accompagne à merveille la lecture.

L'autre petit bémol qui m'empêche de transformer cette très bonne lecture en coup de coeur est le manque d'empathie envers les enquêteurs. Exception faite des derniers chapitres, j'ai parfois eu l'impression de lire un compte-rendu des évènements au lieu de les vivre de l'intérieur, dans la peau des personnages. le fait que les policiers ne tirent pas véritablement l'enquête, mais que l'avancée repose souvent sur des indicateurs anonymes ou des éléments externes, n'y est probablement pas étranger. Où alors, c'est peut-être lié au fait de ne pas avoir lu « Jeu de peaux » car, même celui-ci peut se lire indépendamment du précédent, certaines références donnent parfois la désagréable impression d'avoir été invité à une soirée où tous les autres convives se connaissent déjà. Mais je pinaille probablement un peu trop là.

Du bon polar et une autrice à suivre !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..

Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire un roman pareil. Un récit de souffrances innocentes et de bestialité hors norme.

Deux enquêtes qui se suivent à quelques années de distance mais qui semblent vouées à l'échec: aucune piste, pas la moindre trace qui permette de diriger les investigations dans une direction précise. Un modus operandi identique: de jeunes préadolescentes d'une douzaine d'années qui disparaissent subitement dans le même périmètre à proximité de Montmartre.Le commandant Jean Pierre Ribault en 2007 puis le commandant Jourdain plus de dix ans après son prédécesseur, conscients de laisser sur la carreau des familles inconsolables et parmi elles certains parents qui ne se remettront jamais de la disparition de leur fille.
Et pourtant des faits nouveaux avaient potentiellement relancé l'enquête en 2017, dix ans après les premières disparitions : l'arrivée d'un étrange colis au domicile des parents des jeunes victimes : un chiot dont la race était celle de chiens d'attaques donc potentiellement dangereux. Venant un peu plus torturer les familles mais n'apportant finalement aucun indice supplémentaire à l'équipe du commandant Ribault à quelques mois d'une retraite bien méritée légèrement altérée par le souvenir de cet échec cuisant.
Un fait va cependant donner aux enquêteurs de l'équipe du commandant Jourdain de nouveaux espoirs : l'arrivée d'un SMS sur le mobile de Jourdain : “Si vous cherchez les filles, cherchez les chiens “ accompagné d'une vidéo.


Première incursion dans l'univers de l'auteure qui m'a soufflé par ce scénario comme cette écriture d'une intensité rare. Vous êtes prévenu : l'auteure nous embarque dans un puits de noirceur insondable. Celui, sans limite, de la bestialité humaine. Des êtres humains de chair et de sang, devenus insensibles aux malheurs et aux souffrances morales et physiques qu'ils font subir à de jeunes filles innocentes. Comme si toute humanité avait déserté leur esprit et leur âme.
Le récit ressemble alors à une descente aux enfers pour la jeune Mathilde qui vient d'être kidnappée à quelques mètres de sa famille par un rabatteur sans scrupule, puis qui va découvrir avec effroi le jeu pervers auquel elle vient d'être conviée malgré elle , le viol ne représentant que les prémices d'un futur rimant avec humiliations successives rabaissant l'homme à l'état d'animal reproducteur.
Du côté des enquêteurs c'est une course contre la montre qui vient de démarrer afin de sauver les filles avant qu'elles ne disparaissent définitivement.
Le rythme est à l'avenant : des chapitres courts qui se succèdent à vitesse grand V. Un terrain de jeu à explorer qui va rapidement s'expatrier au-delà des frontières hexagonales. Une traque qui ne fait que commencer.

Février 2017. Comme tous les matins depuis dix ans, Stéphanie se scarifie. Les médicaments ont remplacé l'alcool, son couple s'est défait, son fils a grandi comme il a pu. Elle est « une mère seule et malade de vivre ». Sa vie s'est arrêtée le 14 juillet 2007, quand sa fille a disparu. Agnès avait douze ans. Avant elle, entre février et avril 2007, dans le même périmètre autour de Montmartre, quatre adolescentes du même âge se sont, également, volatilisées. Stéphanie est persuadée que Fanny, Pénélope, Jessica, Ambre et Agnès sont prisonnières d'un sadique. Elle le sent dans ses tripes et les images que cela évoque lui sont insoutenables. Ce 22 février, elle reçoit un paquet ; c'est un cadeau piégé, un message.


20 juillet 2020. Les parents de Mathilde, une jeune fille blonde, âgée de douze ans, signalent sa disparition. le commandant Stéphane Jourdain comprend, immédiatement, que le prénom de l'adolescente va étoffer le dossier des « disparues du 9e », celui qui le hante depuis plus d'un an. Elena, Candice, Inès et Sophia se sont évaporées en plein jour. Comme Mathilde. Cinq filles : la sinistre série de 2007 se répète. C'est alors que Jourdain reçoit un sms mystérieux, lui conseillant de suivre les chiens.


Si votre maman a toujours peur, quand vous arrivez en retard, les Éditions Plon, dans une publication de conseils pour la fête des Mères, vous recommandent Bestial. 😀 Certainement pour renforcer ses peurs, car ce thriller est une plongée en enfer. Il nous entraîne dans les tréfonds du Dark Web, dans les profondeurs du mal, dans l'inhumanité barbare, aux domaines de compétence élargis. le récit alterne entre l'enquête et les horreurs commises par des personnes, qui n'ont d'humain que le nom. Leur conscience a été engloutie par les flots, en même temps que leur innocence. Guidé par un indicateur anonyme et appuyé par la capitaine Lucie Brunevial, Jourdain remonte les traces de trafics effroyables. L'horreur balaie sa vie. Les rebondissements rythment ce suspense et il y en a un que vous appellerez de tout votre coeur…


J'avais adoré Jeu de peaux et j'ai été encore plus conquise par Bestial. J'ai ressenti qu'Anouk Shutterberg avait déversé ses tripes. Ce thriller a résonné avec mes angoisses de mère et mes terreurs au sujet de la monstruosité humaine. J'ai été meurtrie, malmenée, effrayée et happée par le suspense.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..

Après avoir été séduite par son 1° roman (Jeu de peaux), je n'ai pas mis longtemps à plonger dans le second « Bestial ».
Dans ce thriller particulièrement glaçant, Anouk Shutterberg nous entraine dans la noirceur de réseaux qui cumulent les trafics : trafic humain, trafic de chiens, … et nous promène dans plusieurs pays en Europe…
En 2007, cinq préadolescentes de 12 ans ont été enlevées dans Paris sans que la moindre piste ne permette de les retrouver ni même de comprendre ce qui avait pu advenir d'elles…
En 2019, cinq nouvelles jeunes filles du même âge se volatilisent dans les mêmes conditions.
C'est le commandant Stéphane Jourdain et la capitaine Lucie Bunevial qui sont chargés de cette enquête éprouvante… en dépit du temps écoulé depuis les premières disparitions, il semble rapidement certain que la même organisation est derrière…
Chaque minute compte pour espérer sauver ces jeunes filles de leurs ravisseurs…
Un scénario tortueux et complexe, des trafiquants sans état d'âme, des psychopathes nourris sur l'autel de la violence et de la vengeance, des chefs de projets peu scrupuleux… l'ensemble produit un mélange sulfureux et détonnant !
La fin de « Jeu de peaux » laissait bien penser que la suite serait « tordue »… mais je n'avais pas imaginé à quel point !
Encore une Louve dont je vais attendre avec impatience le prochain roman et le retour de son duo d'enquêteurs atypiques 😊

Trigger warning : le nom du roman n'est pas pour vendre du rêve, certains sujets abordés pourtant avec tact (si on peut le dire ainsi devant les éléments) peuvent profondément heurter le lectorat.
Si vous avez des sujets qui vous sont difficiles, en mp je vous confirmerai ou infirmerai les thématiques sensibles car on est d'accord qu'il n'est ni question de spoiler ni de remettre en cause la qualité du roman .

J'ai eu la chance de rencontrer l'autrice pour la sortie du tome suivant Bestial et d'évoquer la naissance de ses idées .
Si vous pensez que les femmes ne savent pas écrire des polars/thrillers ou romans noirs, lisez Anouk et le collectif #leslouvesdupolar.

Harmonylectures, mais aussi d'autres parlent de mise en apnée et de ressenti viscéral pour les romans d 'Anouk, je confirme et pour celui-ci j'irais personnellement plus loin puisque certaines similitudes avec des evenements de ma vie ont pris une dimension violente. Oui j'ai souffert à lire au moins jusqu'au chapitre 30 sans compter les angoisses que mon cerveau projetaient. Ensuite mon ventre s'est contracté, j'ai même pleuré ... une lecture dont je ne sors pas indemne et pourtant....

Pourtant la qualité du roman est indeniable. La plume parfaite. Tout se tient. Anouk ne donne pas dans le voyeurisme malsain ou le descriptif à tout prix. Non, elle nous raconte des histoires Bestial, des monstres et tout ça avec le respect du lecteur.
Les traumas de l'enfance.... peuvent faire des bourreaux mais aussi des victimes et parfois des êtres qui se reconstruisent.

Maintenant que j'ai dit tout ça... de quoi parle t on ? Des petites filles toujours âgées de 12 ans disparaissent souvent en pleine rue. Ça fonctionne par cycle . 5 ou 6 disparitions tous les 9 ans.
Sont elles vivantes ? Mortes ? Et pourquoi certains parents reçoivent des chiots de catégorie "attaque" plusieurs années plus tard.
Anouk touche le désespoir et la ruine des familles dont l'enfant disparue n'est jamais retrouvée, oscillant entre espoir et crainte des sévices qui pourraient être infligés.
On ne peut que partager leurs craintes et constater les dégâts.

Il se trouve qu'un nouveau cycle a démarré et c'est Jourdain qui a la charge de cette nouvelle affaire (rappelez vous Jeu de peaux). Lucie qui avait quitté la policie veut reprendre du service justement pour boucler ce dossier de disparition bien qu'elle soit maintenant à l abri du besoin.
Noemie est nouvelle flic à potentiel.

Et quel bonheur pour moi de retrouver Asako (enfin Anouk je ne te dis pas merci pour tout quand même).

C'est un excellent roman mais attention si vous avez comme moi des zones douloureuses, protégez vous.