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Thibaut Lambert (Autre)
EAN : 9782749947006
118 pages
Michel Lafon (24/03/2022)
4.17/5   21 notes
Résumé :
Le 9 janvier 1909 s’ouvre le deuxième jour du procès du peintre Henri Rousseau, dit « le Douanier Rousseau ». Vieil homme voûté par ses 64 ans, affaibli par quelques jours de détention, il a reconnu la veille les accusations de faux et usage de faux. Mais il ne comprend pas la gravité de son acte.

Cet album trace la journée d’audience où, face à l’attitude candide du peintre et de ses propos décalés, provoquant parfois l’hilarité du public, la cour de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il est sans doute le plus célèbre de la profession des douaniers : c'est le douanier Rousseau ! La Compagnie Créole avait d'ailleurs une chanson qui lui était consacré.

En réalité, il s'agissait plutôt d'un peintre autodidacte français considéré comme le maître de l'art naïf. Ses toiles étaient moquées à cause de l'aspect enfantin. Pourtant, il y avait toute la maîtrise d'une technique particulière. Il fut l'un des premiers avant-gardiste qui a donné la voie à d'autres maîtres de la peinture tel que Picasso ou Gauguin.

Certes, il fut surnommé le douanier Rousseau en raison de son ancienne profession certes éloigné du monde de l'art où il contrôlait l'accès des boissons alcoolisées sur Paris. Comme il était issu d'une famille modeste, il fallait bien vivre ! ll s'est familiarisé lui-même à la peinture. Il a produit un grand nombre de toiles qui représentent souvent des paysages de jungle alors qu'il n'a jamais quitté le territoire national.

Il a été arrêté en novembre 1907 pour avoir été entraîné dans une affaire minable d'escroquerie par un ami, Louis Sauvaget, comptable dans une succursale de la Banque de France. Il fut même incarcéré à la prison de la santé à paris après avoir été jugé à la cour d'assises de la Seine. Il a été condamné à deux ans d'emprisonnement. La BD revient sur son procès où ses réponses à la justice paraissaient en total décalage comme s'il ne parvenait pas à comprendre la gravité de l'accusation. En réalité, c'était un artiste à la candeur désarmante.

Voltaire disait que si les lois pouvaient parler, elles se plaindraient d'abord des gens de loi. Comme il avait bien raison car l'impunité touche souvent les notables quand les jugements sévères touchent le petit peuple. On se rend compte très vite que ce procès n'est qu'une mascarade de plus afin d'entacher la dignité d'un artiste. J'ai eu beaucoup de peine pour lui à l'énoncé d'un verdict vraiment inique.

J'ai bien aimé cette biographie et cette approche originale par son procès pour découvrir qui il était vraiment. C'est réellement un beau portrait plein de charme et de sensibilité pour un agréable moment de lecture !
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La simplicité leur est insupportable.
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Ce tome contient une biographie partielle du douanier Rousseau, ne nécessitant aucune connaissance préalable. Il a été réalisé par Mathieu Siam pour le scénario, et par Thibaut Lambert pour les illustrations et les couleurs. La première édition date de 2022. Il comporte cent-huit pages de bande dessinée, ainsi qu'une postface de sept pages avec illustrations, dans laquelle le scénariste explique la genèse du projet, sa motivation et ses objectifs ainsi que ceux du dessinateur.

Palais de Justice de Paris, le 9 janvier 1909. Il neige et un homme en costume avec un chapeau, une canne et une sacoche court pour y entrer. Il glisse sur les marches et perd l'équilibre. La sacoche vole dans les airs, s'ouvre en tombe et les papiers s'éparpillent. L'écrivain Castel reprend juste sa sacoche, sans prendre le temps de ramasser ses documents, même pas ceux que lui tendent des passants. Il pénètre enfin dans la salle d'audience et prend place à côté de du journaliste Rassat. Les deux hommes font connaissance. Rassat, journaliste au Petit Quotidien demande à l'écrivain ce qu'il vient faire dans un jugement de faits divers, car on n'est pas dans un café de Montparnasse ici. La veille au soir dans tous les cercles littéraires, on ne parlait que de ce procès. Il paraît que le peintre Rousseau est une curiosité à entendre et qu'il y a bien matière à faire un bel article. Ce peintre est fantasque. le juge fait entrer l'accusé : Henri Rousseau. Il demande au greffier de procéder au rappel des chefs d'accusation et des faits établis la veille.

Monsieur Henri Julien Félix Rousseau, retraité de l'Octroi de Paris, est accusé de faux et usage de faux. Messieurs les jurés, la cour a établi hier que Monsieur Sauvage, commis de 3ème classe à la banque de France, déclara à Monsieur Rousseau avoir été victime d'usurpateurs. Il lui demanda de l'aide pour récupérer son argent. Monsieur Rousseau n'y vit pas d'inconvénient. Sur les instructions précises du banquier véreux, Rousseau réalisa de faux chèques. le 9 novembre 1907, Rousseau se présenta à la succursale de la banque de France de Meaux, où le caissier lui remis 21 billets de 1.000 francs correspondants au montant des faux chèques. Il donna les billets à Sauvaget qui lui offrit 1.000 francs pour le service rendu. le juge demande à l'accusé s'il reconnaît les faits. Rousseau demande : lesquels ? Les chèques, le juge lui indique que ce sont des faux, mais pour le peintre ils étaient vrais, voilà tout. Il veut bien reconnaître tout ce qui a été dit, mais ce qui lui paraît grave, c'est de ne pas pouvoir finir sa toile en cours. Son avocat reformule : ce que son client veut dire, c'est qu'il comprend la gravité des actes reprochés, mais qu'il n'en est pas pour autant responsable. Il est lui aussi une victime de ce monsieur Sauvaget. Rousseau reprend : il est bien une victime. Mais après avoir réfléchi toute la nuit, il croit qu'il est possible d'arranger tout cela rapidement : on le libère et il fera un grand portrait de la dame du juge.

L'exercice de la biographie en bande dessinée nécessite de faire des choix : plutôt une construction chronologique ou plutôt une construction thématique, plutôt une histoire à la première personne ou plutôt des témoignages présentant des facettes différentes du sujet. Les auteurs parviennent à intégrer ces différentes approches en situant le temps présent de la biographie en 1909, lors du procès d'Henri Rousseau (1844-1910), alors âgé de soixante-cinq ans. À la prise de contact, voici donc une bande dessinée de prétoire : avocats, juge et témoins évoquent la vie du douanier Rousseau et celui-ci les interrompt par des commentaires décalés. D'un côté, cela donne un cadre au récit et constitue un dispositif propice à la prise de recul puisque chaque intervenant commente avec un jugement de valeur apporté par les années écoulées, ou sur la base d'un point de vue découlant de leur fonction, l'accusation, la défense, la gestion du procès. D'un autre côté, ce n'est pas un cadeau pour le dessinateur qui se retrouve avec des scènes très statiques essentiellement composées d'individus en train de parler tout en conservant une posture, à l'exception d'Henri Rousseau montrant plus naturellement ses émotions. Thibault Lambert réalise des dessins à l'aquarelle, sans trait de contour encré (sauf pour quelques nez et quelques mentons), en couleur directe. Il a opté pour une nuance chromatique d'ambiance appliquée aux séquences de procès, entre acajou, brique et terre de Sienne, déclinée en teintes plus ou moins foncées en fonction de l'éclairage. Cela apporte une forme de monotonie, faisant ressortir que ce n'est pas un environnement propice à l'épanouissement de l'artiste jugé, à l'expression de sa créativité. L'expressivité des visages transmet bien l'état d'esprit des intervenants, entre énervement, moquerie, amusement, ou incompréhension. Chaque personne en train de parler ou d'écouter adopte une position en cohérence avec ses propos ou la manière dont il les reçoit. L'artiste parvient à apporter du rythme et du mouvement avec le langage corporel et les cadrages, dans ces suites de plans poitrine et plans taille d'individus en train de parler.

Dès qu'une personne apporte son témoignage, la bande dessinée passe en couleurs, toujours en couleur directe, majoritairement avec des teintes pastel. La peinture de Lambert comprend une forme de simplification des traits des visages, des silhouettes, des éléments de décors, sans pour autant essayer de singer les caractéristiques de la peinture du douanier Rousseau. Il utilise l'aquarelle pour évoquer l'ambiance lumineuse, rendre compte des formes, jouer avec les taches de couleurs, et à deux reprises opérer un glissement vers une toile de Rousseau, comme si la perception du peintre s'imposait à la réalité pour la transformer et entraîner le lecteur dans sa vision intérieure subjective entièrement modelée par sa sensibilité. Les séquences de témoignage apportent une forte variété visuelle de lieux et de personnages : les douaniers attendant sur le quai d'un port qu'un navire se présente, les collègues de Rousseau lui faisant un canular dans un cimetière de nuit, la visite d'une grande serre tropicale avec quelques animaux en cage, une vision de Paris et de la tour Eiffel, un été dans la campagne près de Laval, un atelier de ferblantier, un cabinet de notaire, un champ de tournesols (avec un clin d'oeil à Vincent van Gogh en page 46), une cellule de prison bien grise, l'appartement de Rousseau à Paris avec la petite cour en bas d'immeuble, et à trois reprises une source d'inspiration du peintre. D'un côté, le rendu à l'aquarelle apporte une forme d'unité visuelle à l'oeuvre. de l'autre côté, le dessinateur surprend régulièrement le lecteur par une composition ou l'agencement des couleurs : le dessin en pleine planche essentiellement blanche en page 15 alors que Rousseau entame une esquisse, les ombres chinoises des troncs dénudés de nuit dans le cimetière en page 19, les taches de couleurs pour les fleurs des bouquets d'une vendeuse sur le marché, l'effet de jungle naïve dans la serre, le blanc qui sépare une femme en train de poser de Rousseau qui prend les mesures pour bien montrer la distance d'interprétation entre sujet et artiste en page 71, le dessin en double page montrant l'activité effervescente dans la petite pièce principale de l'appartement parisien du peintre, etc.

Ainsi la narration visuelle tient le lecteur par la main pour qu'il considère la réalité pour partie avec le regard d'Henri Rousseau. le scénariste commence par le présenter sous son jour le moins flatteur : un contrefacteur pas très futé, criblé de dettes, un citoyen peu conscient de ses responsabilités et incapable d'y faire face, un peintre n'ayant pas les pieds sur terre et dont la prétention d'artiste suscite la moquerie des adultes du fait de la naïveté de ses toiles. Au fil des témoignages, le lecteur assiste à des passages clé de la vie de l'artiste, par ordre chronologique, à l'exception de la première scène expliquant d'où provient le qualificatif de Douanier qui a fini par remplacer son prénom. Il découvre un homme issu d'un milieu prolétaire, obligé de devenir soldat car son père l'a inscrit d'autorité dans l'armée. Mais aussi un créateur persuadé de son talent et de la qualité de sa vision artistique, ayant côtoyé Alfred Jarry que l'on voit commencer à composer Père Ubu dans l'appartement de Rousseau, Pablo Picasso avec qui il discute, Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin qui viennent manger chez lui, sans oublier Jean-Léon Gérôme (1824-1904), peintre et sculpteur français dont il fut le voisin de palier.

En entamant une biographie d'un artiste célèbre et retenu par la postérité, le lecteur espère découvrir sa vie, les conditions de développement de son talent, et la réalisation de ses principales oeuvres, ainsi que l'accueil qui leur a été réservé. le scénariste donne satisfaction sur chacun de ces éléments, en procédant par exemples ou par échantillons, plutôt que de manière exhaustive, avec un choix très intelligent et pertinent. Il ne s'arrête pas là : dans la postface, Mathieu Siam écrit que qu'il était intrigué par deux choses concernant ce peintre. Tout d'abord le fait qu'on ne l'appelle pas le peintre Henri Rousseau, mais le Douanier Rousseau, sans compter que le scénariste lui-même travaille pour l'administration des douanes. Puis le fait qu'il est personnellement réceptif à sa peinture : ses toiles provoquent un premier effet déstabilisant conduisant parfois à l'hilarité. Ses personnages aux proportions incohérentes, ses perspectives improbables et ses motifs naïfs, évoquent un travail enfantin. Au cours de cette biographie, ces caractéristiques sont exposées, y compris les réactions hilares. Puis Siam va plus loin en exprimant l'effet que les oeuvres du Douanier Rousseau produisent sur lui, ce qui lui parle et transforme sa vision personnelle du monde, le lecteur pouvant alors réagir en comparant ses propres réactions.

L'exercice de la biographie doit au moins satisfaire l'horizon d'attente comprenant le récit de la vie de l'artiste, un minimum de recul, et une narration visuelle en cohérence avec soit la vie du peintre, soit son oeuvre, et, au mieux, proposer des passerelles entre les deux. Les deux auteurs réussissent parfaitement à tenir cette promesse implicite, et parviennent à faire mieux en transmettant ce qui leur parle, ce qui les touche dans les toiles du Douanier Rousseau avec clarté et sensibilité. Une belle réussite qui donne envie d'aller voir ou revoir une exposition consacrée à cet artiste.
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Attirée par la vie de Henri Rousseau dit Douanier Rousseau (1844-1910) que je connaissais très peu, j'ai été contente de recevoir par Babelio et sa Masse Critique cette bande dessinée en échange d'une chronique.

Les frontières du Douanier Rousseau raconte une journée du procès que le peintre a vécu à la fin de sa vie après quelques jours d'emprisonnement. Accusé de vol, escroqueries et abus de confiance, Mathieu Siam et Thibaut Lambert choisissent de nous présenter un vieil homme de soixante-quatre ans, usé, complétement déphasé ne comprenant rien à ce qu'on lui reproche. le procès est représenté avec une absence de couleurs autour de bulle avec des nuances de marron, blanc et noir.

En faisant intervenir le témoignage de quatre personnes, le passé du Douanier Rousseau est évoqué. Tout d'abord, ce sont ces activités de douanier à l'Octroi qu'ils racontent. La personnalité du Douanier Rousseau est décrite comme naïve, rêveuse et décalée. Et pourtant, son ami reconnait son influence dans le groupe d'amis en amenant la beauté. Une formidable double page évoque la luxuriance du Mexique, en guerre avec la France, par le dessin de la serre du jardin des plantes où le talent de l'artiste semble être recréer.

Puis, le procès fouille dans sa vie d'étudiant pour ressortir un ancien délit avec le témoignage du fils du directeur de l'Octroi. On y découvre l'amour de jeunesse du Douanier Rousseau, une belle polonaise Yadurgha. Mais, aussi, que son père autoritaire est incapable de reconnaître les qualités de son fils.

Suit alors le témoignage du loueur de l'atelier du Douanier Rousseau. C'est ainsi tout l'entourage du peintre qui s'invite dans la BD. Y est montré la générosité du peintre qui héberge le poète et romancier Alfred Jarry. On apprend que Marie Laurencin n'était pas satisfaite de son portrait qui ne lui plaisait absolument pas alors que le peintre le trouve très réussi. Mais surtout, est reproduit l'éloge de Guillaume Apollinaire, son ami, qui, plus tard, sur sa tombe fera graver par Brancusi un si bel hommage !

Le dernier témoignage concerne la reconnaissance du talent du Douanier Rousseau. Il fut tellement décrié, et Mathieu Siam et Thibaut Lambert restituent bien le mépris de beaucoup, que même les hommes de loi au procès le déconsidèrent.

Sonia et Robert Delaunay qui forment aussi son cercle d'amis acceptent son côté fantasque et le présentent à un marchand d'art qui deviendra son principal vendeur.

Mathieu Siam explicite, à la fin des Frontières du Douanier Rousseau, son choix pour ce peintre, le travail avec Thibaut Lambert et ses recherches. le travail documentaire qu'il présente permet de considérer cette bande dessinée comme un véritable essai décrivant plus que la vie du peintre, sa façon d'être, son comportement avec son entourage et sa passion dévorante pour l'art. Ainsi, la bande dessinée n'est pas seulement un divertissement mais aussi une façon d'en apprendre plus sur ce sujet particulier.

Les frontières du Douanier Rousseau rendent particulièrement bien compte de la personnalité étrange mais si attachante d'un peintre longtemps déprécié mais qui a su imposer, au fil des années, sa conception du monde. Mathieu Siam et Thibaut Lambert ont réussi à recréer ce personnage dans toute sa complexité et son talent. Leur travail, délicat tout en respectant les faits historiques, est un soutien à la compréhension de cet artiste, admiré par les avant-gardistes du XXè siècle et dont on reconnait l'importance aujourd'hui. Une découverte très appréciée !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Belle réussite : l'angle d'approche. L'album s'ouvre sur le procès d'Henri Rousseau (accusé de faux et usage de faux). 4 témoins vont se succéder à la barre : Antoine Cotton, un collègue douanier et ami de Rousseau, Valentin Fleury, un ami d'enfance, Armand Quéval, propriétaire du logement de Rousseau et enfin, M. Unde, un spécialiste et critique d'art.

4 témoins qui vont permettre de dévoiler l'homme.

Le premier dessin de Rousseau révèle un vieil homme qu'il faut soutenir, accablé par ce qui lui arrive et qui ne comprend pas ce qu'il fait là puisqu'il a une toile à terminer.

La première image que l'on a de ce peintre est donc emprunte d'empathie, on a envie de l'aider, on ne comprend pas non plus ce qu'il fait là, le délit parait si mineur (surtout aujourd'hui où les hommes politiques rivalisent de comportements plus abjects les uns que les autres).

« Ce que nous montre Rousseau, c'est l'émerveillement. » dira M. Unde.

Et ce que font Mathieu Siam et Thibault Lambert, c'est ouvrir la porte vers cet émerveillement. le lecteur ne peut qu'être surpris, touché, bouleversé par cet homme qui croit, sans faillir, en son art et qui est pourtant moqué partout et notamment au salon des Refusés.

On dit de sa peinture qu'elle est naïve, on pourrait dire de l'homme qu'il est authentique. Il ne ment pas, il ne se cache pas derrière des faux-semblants, il parle avec ses fantômes, il peint des paysages qu'il imagine ou qu'il voit sur des cartes postales ou dans des catalogues, il fait fi des règles de la perspective, (ce qui est au premier plan est juste plus gros), les formes et les couleurs sont celles qu'il a envie de montrer, peu importe la réalité. Il offre, à celui qui regarde ses tableaux, un rêve.

Avec cette BD, Mathieu Siam nous incite à réfléchir sur la notion même d'art. Qui décide de ce qui est beau ? Qui entre dans les codes ? Qui n'y entre pas ? Qui décide des codes ?

L'album est beau, il est doux au toucher, tendre dans les illustrations, avec des couleurs qui alternent entre les bruns de la salle d'audience et les flamboiements des verts, des rouges, des jaunes, comme une résonance avec les tableaux du peintre.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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C'est un épisode peu glorieux de la vie du Douanier Rousseau qui remplit les pages de cette bande dessinée. En effet, le 9 janvier 1909, s'ouvre le procès d'Henri Rousseau, peintre et douanier, pour faux et usage de faux. C'est le prétexte qu'ont trouvé Mathieu Siam et Thibaut Lambert pour dévoiler comment Henri Rousseau s'est consacré à la peinture. Ce procès fut tantôt rocambolesque, tantôt comique par l'attitude naïve de ce peintre-douanier qui n'attendait qu'une seule chose : retrouver au plus vite ses toiles et ses pinceaux. Cette bande dessinée est complétée par la prose de Mathieu Siam qui explique pourquoi et comment il s'est intéressé à la vie de ce peintre si particulier qui a marqué son époque par la naïveté et l'exubérance de ses toiles. Celles-ci ont acquis, au fil des ans, une popularité sans frontières et sans tabous auprès d'un public enthousiaste.
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critiques presse (1)
LeFigaro
29 avril 2022
Vie et mort d'un homme qui a fait de sa naïveté un art.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Pour répondre à votre question, monsieur le président, que valent les tableaux ? Je pourrais vous faire une réponse analytique de critique d’art, vous expliquer que la valeur d’une œuvre dépend de la pertinence des couleurs, de la lumière, de la composition, des idées, du propos, du traitement… Mais un tableau, dans le sens noble du terme, est bien plus que tout ça. L’œuvre incarne l’implication complète de l’artiste qui a surmonté ses faiblesses et ses erreurs par des conseils ; du travail et une croyance indéfectible en son art. rousseau nous offre une vision singulière et indiscutable du monde. Les motifs, les ponts, les fauves ont bien peu d’importance dans ses tableaux… car ce que nous montre Rousseau, c’est l’émerveillement. Une vision exacerbée comme seuls peuvent en avoir les enfants. La beauté des premiers printemps, les odeurs de la pluie, les peurs innées et l’Amour. À travers ses œuvres, nous plongeons dans ces sensations de notre jeunesse, enfouies au plus profond de nous.
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Avec Rousseau, nous fréquentions la même école à Laval. Rousseau coiffait régulièrement le bonnet d’âne et cumulait quelques retards, si bien qu’en cinquième j’avais 12 ans et lui 16. Pour autant, Rousseau pouvait aussi faire preuve de fulgurances. Il a ainsi obtenu un deuxième accessit de musique vocale et un deuxième accessit de dessin. Un jour, des notables ont tiré au sort le nom des jeunes qui partaient à la guerre. Le hasard a décidé de nos vis. Certains partaient pour l’armée, certains restaient désœuvrés. Eugène, Henri et moi, nous avions gagné mais nous ne savions pas quoi. Nous tournions en rond dans cette ville peu désireuse de nous offrir une place. Père, que l’oisiveté agaçait au plus haut point, parla de nous dans ses cercles d’influence. Nous eûmes alors la promesse de maître Fillon, notaire à Angers, de nous prendre comme avoués dans son étude dès le mois de septembre. Nos parents se réjouissaient de cette nouvelle autant que nous l’appréhendions. Nous étions en juin et nous nous promîmes que ce dernier été à Laval serait celui de la liberté. Nous parcourions les rivières, les champs en suivant les papillons au gré du vent. Ce furent aussi les mois des émois. Nous avions croisé, sortie de nulle part, une belle polonaise prénommée Yadurgha. Nous étions tous trois éperdument amoureux, mais, allez savoir pourquoi, c’est Rousseau qu’elle préféra. Le dernier dimanche d’août arriva trop vite. Le lundi suivant allait tourner une nouvelle page sur une vie que nous n'avions pas choisie.
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Yadurgha, mon amour. Quand j’ai évoqué mes rêves dans ma sinistre chambre, je peux te l’avouer, c’était de toi dont je parlais. Tu es l’Amour. La réalité t’a faite encore plus belle que je ne l’imaginais. Mais comment aurais-je pu prévoir qu’une personne puisse être aussi merveilleuse que toi. Nos baisers sont riches comme de la terre fertile où fleurissent de doux silences. Hier soir, je lisais ces mots de Chateaubriand : Des arbres de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les parfums se mêlent, se croisent ensemble, montent dans l’air à des hauteurs qui fatiguent les regards. Quand je reviendrai mon Amour, nous construirons un jardin luxuriant, infranchissable par les hommes sans cœur. Nous y trouverons le bonheur. Comme je regrette d’être parti. Je t’aime ma Yadurgha. Prends soin de toi.
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Monsieur Henri Julien Félix Rousseau, retraité de l’Octroi de Paris, est accusé de faux et usage de faux. Messieurs les jurés, nous avons établi hier que Monsieur Sauvage, commis de 3ème classe à la banque de France, déclara à Monsieur Rousseau avoir été victime d’usurpateurs. Il lui demanda de l’aide pour récupérer son argent. Monsieur Rousseau n’y vit pas d’inconvénient. Sur les instructions précises du banquier véreux, Rousseau réalisa de faux chèques. Le 9 novembre 1907, Rousseau se présenta à la succursale de la banque de France de Meaux, où le caissier lui remis 21 billets de 1.000 francs correspondants au montant des faux chèques. Il donna les billets à Sauvaget qui lui offrit 1.000 francs pour le service rendu.
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Des écoles et des maîtres, il n’a rien su, rien vu peut-être, rien pris à coup sûr. Ingénument, il va comme il peut, de pauvres moyens spontanés le servent tant bien que mal, il s’approche autant qu’il est en lui, des formes qu’il veut figurer.et l’on y sent une conscience magnifique, une sincérité que nul déboire n’arrête, un vouloir patient et continue. Et je pense conclure par : Surpris, nous le sommes pour notre plus grand plaisir.
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