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EAN : SIE43293_4837
(30/11/-1)
3.91/5   11 notes
Résumé :
Préface du Professeur Jacques BOURCART Avant-propos de Marcel BLEUSTEIN BLANCHET président de la Fondation de la Vocation
Le 16 juillet 1962, Michel Siffre spéléologue et géologue, lauréat de la Fondation de la Vocation, descendait dans le gouffre du Scarasson à cent trente mètres de profondeur, où loin de toute lumière solaire et par une température inférieure à zéro, il avait décidé de rester soixante jours. Soixante jours sans horloge : la notion de temps... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Michel Siffre: un génie, un héros, et pour tous ceux qui ont la chance de le connaître en personne, un honnête homme. Honnête homme, génie, héros, qui a inventé la chronobiologie au péril de sa vie et de sa santé mentale. Honnête homme, génie, héros, qui a fait rayonner le prestige de la France et devant qui la NASA se prosternait. Honnête homme, génie, héros, traqué par le fisc pour s'être ruiné personnellement dans des expériences scientifiques comme il n'en existe qu'une par siècle. Honnête homme, génie, héros, pillé sans vergogne par un directeur du CNRS qui s'est attribué tout le mérite de son travail sans jamais le citer, lui, Michel Siffre. Honnête homme, génie, héros, réduit à vivre du RMI dans le minuscule appartement hérité de sa mère... Voici le sort que la Ve République après De Gaulle a réservé à ses honnêtes hommes, génies, héros. Lisez Siffre!
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Michel Siffre nous livre le récit d'une réclusion volontaire, la sienne, dans une étude du comportement à but scientifique, d'une survivance dans des conditions extrêmes.
“Journal” qui rend bien compte de l'ambiance pénible et périlleuse de cette tentative de survie là où par définition il n'y a pas (ou si peu) de vie animale, à 110 m de profondeur sous la surface de la terre. L'atmosphère qui entoure ce livre devient envoûtante et parfois oppressante ... Quel est la nature du “temps” perçu par l'humain quand il n'y a plus de repères extérieur, quand il est rendu à ses propres rythmes biologiques et physiologiques … ?
Le récit est assez austère et technique, compte-rendu d'une aventure assez particulière.
La lecture de ses notes m'a surtout impressionné par le rapport de l'humain face à sa solitude fondamentale. Hors de tout conditionnement que sommes-nous au juste ? Lorsque nous nous sommes confrontés à cette réalité, celle de notre vacuité évanescente, celle-ci étant devenue tangible, notre approche de l'existence, sa perception hors des déterminismes, convenances sociétales, devient un champ de liberté vertigineux vers notre propre “cosmologie” interne, au risque de s'égarer … C'est un “voyage” pour les personnes ayant la capacité d'avoir « la tête dans le étoiles et les pieds fermement ancrés sur la terre » !
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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C'est vraiment très intéressant par la curiosité de la nature qu'abrite la région montagneuse de Nice et par les informations qui nous sont apportés à propos de cette dernière quand l'on veut s'adonner à une aventure de ce genre et cela en compagnie d'une moeurs Française en Duo rien de pareil.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Tel que j'étais, je ne devais pas vivre dans les souvenirs mais seulement dans le présent en me donnant un futur pour objectif. Il le fallait pour que je ne sombre pas dans la mélancolie qu'entraîne le souvenir. Il n'est pas du tout bon d'évoquer le passé lorsqu'on est dans une situation semblable ; mieux vaut supporter le présent et s'efforcer de le dominer. Il n'y a qu'une seule certitude ici : je vis et je crée ma sensation de durée, sorte de mouvement que je ne perçois pas et qui pourtant m'entraîne irrésistiblement vers la victoire ou la mort. Mon moi-animal combat ce milieu et essaie tant bien que mal de s'y adapter ; mon moi-pensant essaie de s'y harmoniser jusqu'à la délivrance. En somme ma liberté est toute relative. Je me sens en dehors du Cosmos, je suis en réalité prisonnier d'un espace réduit et hostile et du temps qui s'écoule avec moi à un rythme plus ou moins rapide. En dehors de moi, de ce mouvement immobile que je crée sans cesse, il n'y a qu'une inertie tragique de la matière. Pourtant je sais bien, moi, géologue, que cette matière vit, a vécu et vivra. Je sais bien que là où je suis en ce moment il y a eu des mers où se sont déposés les sédiments qui ont donné naissance aux chaînes des montagnes ; la vie régnait dans ces espaces sous-marins, puis elle s'est éteinte lorsque les continents sont apparus. Je sais aussi que ces montagnes disparaîtront à leur tour pour laisser la place à d'autres océans où la vie renaîtra sous des formes plus évoluées encore.
Il faudra des millions d'années, mais les changements de la nature ne sont pas perceptibles à l'échelle de l'homme, ils sont d'un autre ordre. Nous vivons trop peu de temps pour nous apercevoir même qu'ils existent.
p. 136
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VIE SOUTERRAINE
Je me sentais délivré des exigences de notre civilisation effrénée, seule ma vie comptait. Dans un sens j'étais heureux de me trouver enterré. Ma pensée n'était ni tournée vers le passé ni vers l'avenir, seulement vers un présent où je me sentais dominé par les éléments que je savais hostiles. Oui, dans ce milieu tout était contre moi, les rochers d'abord, la glace ensuite, le climat, je subissais l'emprise de ces éléments et pourtant j'essayais toujours de les dominer. Ma lutte était féroce et si j'ai survécu, je le dois à ce combat sans cesse renouvelé jusqu'à ma sortie ; j'avais l'impression d'être immobile et pourtant je me sentais entraîné par le flux ininterrompu du temps. Le temps était la seule chose mouvante dans laquelle je me déplaçais, je lui courais après, j'essayais de le cerner et chaque soir je savais que j'avais échoué. Comme un courant sans fin le temps était le seul être dont je percevais le mouvement. Tous les autres éléments étaient neutres, sans vie. Si quelqu'un avait pu me voir à travers les 130 mètres de rochers qui me séparaient du monde, il aurait aperçu soit une forme qui se déplaçait lentement avec les gestes répétés d'un automate, mais de moins en moins précis, soit une forme allongée, recroquevillée dans un sac de soie. Un autre jour, il m'aurait aperçu assis sur une chaise pliante en train de lire ou d'écrire à la faible lueur d'une lampe électrique.
p. 93
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Mais la raison fondamentale de ma claustration volontaire, où beaucoup n'ont vu qu'un pari, qu'un exploit, c'est que j'ai voulu essayer de cerner, d'appréhender la chose la moins préhensible, la plus fuyante et tragiquement irréversible puisqu'elle conduit à la mort, le temps, cette notion qui a hanté l'humanité depuis son origine.
C'est pourquoi j'ai associé à la biologie pure, la psycho-physiologie pour annexer des données quantitatives, précises et irréfutables sur le temps humain et son déroulement, qui puissent permettre de préciser si le temps est un produit de la conscience ou bien une réalité en soi, objective, associée à l'espace. D'ailleurs peut-être existe-t-il au maximum trois niveaux de temps pour l'homme : le temps perçu, créé par le cerveau, le temps biologique et enfin le temps objectif, celui des horloges ? Et sait-on s'il n'y a pas un rapport étroit entre le temps physiologique et le temps perçu, tel que le rythme vital soit déterminé en partie ou totale-ment par la durée perçue par l'homme ou vice versa ?
Mais comment aborder ce problème du temps ? La première idée qui m'est venue à l'esprit a été de m'isoler totalement des changements de milieu — facteurs qui ont conditionné l'homme depuis son origine — de façon à mettre en évidence le mécanisme fondamental de notre “horloge”, de notre rythme physiologique et sa fréquence élémentaire.
p. 34
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J'étais sans cesse menacé par les chutes de glace ou de rochers ; à plusieurs reprises, j'avais glissé et failli m'écraser au fond du glacier, je savais ce que cela signifiait, une mort lente par le froid ou simplement par ma chute sur des blocs aux arêtes aiguës. Ces risques étaient toujours présents et, malgré mes efforts pour les limiter, je les prenais presque tous les jours. Cette sensation sans cesse renaissante, me faisait toucher du doigt ma condition et j'en retirais un certain sentiment d'humilité en même temps qu'une agressivité provoquée par ma volonté de survivre — car c'était là mon but. En essayant de dépasser certaines limites physiologiques en dehors du temps j'essayais de me donner un sens, de rechercher des raisons d'exister. Cette poursuite à la recherche de moi-même se continuait sans cesse et lorsque j'essayais de l'appréhender elle allait toujours un peu plus loin. C'est ce qui se passait aussi dans mon essai d'appréhension du temps, il fuyait parce que j'étais là mais en fait il n'existait pas. Le temps des horloges était une fiction. Quelle idée de séparer en moments quelque chose d'infini que nous créons nous-mêmes ? Chaque « jour » je comptais mes réveils et mes couchers. C'était ma seule base de référence, mon seul point commun avec les hommes ; à part cela, je vivais étranger, comme un animal.
p. 103 – 04
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VIE SOUTERRAINE
Et cette nuit ne s'arrêtait jamais, toujours identique à elle-même, toujours aussi noire, toujours aussi silencieuse et éternelle. La nuit souterraine est vraiment différente de la nuit cosmique, l'opacité est absolue. A l'extérieur au contraire on y voit toujours un peu, la nuit ; la lueur des étoiles ou celle de la nuit laisse toujours apercevoir quelque chose, quelques objets. Là où je suis, rien.
Dans ce monde ou tout est néant, une seule chose subsiste, ma pensée : va-t-elle aussi sombrer dans ce néant sans fin ? C'est comme un vertige de la pensée et je la sens prête à chavirer.
p. 117
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Video de Michel Siffre (1) Voir plusAjouter une vidéo

Michel SIFFRE, spéléologue
Jacques CHANCEL s'entretient avec Michel SIFFRE, spéléologue et géologue sa vocation précoce; ses études; ses premières expériences avec l'aide de la fondation de la vocation. L'aide de la NASA. L'exploitation de ses expériences en astronautique. Les recherches sur le sommeil et les rythmes biologiques issues de ses séjours sous terre, isolé et sans notion du temps. Ses découvertes...
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