Les avertissements de Brewer me reviennent en tête : notre futur dépend de notre ignorance du passé. Il n'appartient qu'à nous de faire de ce monde ce que nous souhaitons.
Je suis le vent... Je suis la mort.
Le garçon que j'aime est mort. Maintenant, je dois le tuer une seconde fois. Je tends la main, sens au creux de ma paume la poignée que mes doigts serrent sans hésiter. Un seul geste, ferme et rapide, et la lame glisse de son fourreau. O'Malley s'en rend compte et baisse les yeux pour découvrir son arme dans ma main. Il ouvre la bouche - comme pour crier " non " -, mais il n'a pas le temps de prononcer quoi que ce soit. Je le frappe. La pointe du couteau traverse sa combinaison, lui transperce l'abdomen et s'enfonce jusqu'au thorax. L'arme ne s'arrête que lorsque la garde bute contre la peau. O'Malley émet un don entre le soupire et la toux.
- Tu l'as tué... soufflé-je.
Lorsque je dégage la lame, le sang gicle et inonde ma main jusqu'à la manche. Du sang rouge.
- Je l'aimais et tu l'as effacé !
Je le poignarde une deuxième fois, de bas en haut. O'Malley affiche un masque d'incrédulité. Yeux écarquillés, bouche bée, il secoue la tête, imperceptiblement, comme s'il disait " Non, ce n'est pas possible. " Puis son expression change. Son regard se teinte de chaleur et d'amour. C'est le vrai O'Malley...mon O'Malley...et il sourit !
- Merci...murmure-t-il.
[...]
- Tiens bon, Kevin ! Je vais te sortir de là.
Il m'agrippe par les épaules avec le peu de force qui lui reste. Ses doigts s'enfoncent dans ma combinaison.
- Trop tard, balbutie-t-il.
Des guerriers de douze ans. Bien qu'ils aient élevés pour ça, ils n'ont pas l'apparence de soldats. Ils ressemblent à des poupées, habillées pour jouer à la guerre.
Il c'est en fin de compte rappelé comment discerner le bien du mal.
Je lis tellement d'émotions sur les visages qui me scrutent - fierté, dégoût, respect et doute, amour, peur et angoisse. Nous sommes bien trop nombreux pour que nos sentiments soient unanimes.