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Les vignes de Sainte-Colombe tome 1 sur 2
EAN : 9782226282910
496 pages
Albin Michel (07/03/1996)
3.92/5   145 notes
Résumé :
Nul ne sait mieux que Christian Signol enchaîner les destins de personnages multiples dans un dédale de passions, de drames et de bonheurs. Hier, les derniers bateliers de la Dordogne rythmaient les flots de sa Rivière Espérance. Ici, ce sont trois générations du pays des vignes qui se battent pour la survie d'un domaine où se cachent les secrets de la terre et du temps. L'Histoire gronde au-dessus du Solail dans ce Languedoc d'ombre et de lumière.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« le Solail. Dans ce seul mot roulaient tout le feu de l'été et la passion des hommes pour le sang de la terre. […] une véritable mer de vignes, comme on disait depuis que les ceps avaient remplacé les blés, depuis que les hommes avaient préféré le vin à la farine. » (page 14)
Je tombe sur cet ouvrage dans la boîte aux livres du Parc Rothschild de Boulogne-Billancourt. Quelle couverture, verdoyante et apaisante, qui reproduit le tableau « Coin de vigne » d'Édouard Debat-Ponsan (1847-1913) ! Cependant ce livre s'est emparé de mon regard surtout par l'intermédiaire de la musique. Parce que j'ai immédiatement imaginé l'oeuvre de Pascal Quignard « Tous les matins du monde » ainsi que le film du même nom, qui présente Marin Marais, à sa viole de gambe, et son apprentissage auprès du grand Sainte-Colombe, compositeur baroque !
Quand je l'ai ouvert, j'ai vu mon erreur, mais les descriptions de la nature languedocienne y étaient si somptueuses, dès la première page, qu'il m'était impossible de lâcher le roman. Parfois les malentendus font bien les choses ! Que de moments divins de la communion avec l'univers, que j'ai connus dans cette région pyrénéenne, ce livre m'a permis de revivre ! Encore une fois, c'est la musique qui, dans le passé, m'avait conduite là-bas et plus précisément le festival de Prades, créé par Pablo Casals, qui porte son nom et qui organise des rencontres, devenues légendaires, entre les plus éminents instrumentistes du monde. Les chemins de la musique sont vraiment imprévisibles ! Et il fallait que je déniche ce bouquin dans les dépendances de l'ancien château de Madame de Rothschild où on pouvait croiser jadis son invité de choix, Frédéric Chopin, ce visionnaire mélancolique…

Quelle écriture poétique que celle de Christian Signol : des paysages languedociens y sont si palpables qu'on croit mâchonner des graines du fenouil, enlevées au passage lors d'une randonnée qui laisse apercevoir le pic du Canigou à l'horizon ! Néanmoins il n'y a pas que ces paysages, l'écrivain dépeint en profondeur les caractères et les destins humains attachés à la Mère-Terre, il suit ses personnages dans leur longue évolution où les relations se compliquent, les sentiments se dénudent. Des jalousies, méchancetés, malédictions entrent en jeu, et surtout la soif du pouvoir sur les vignes. Des mots régionaux foisonnent pour nous conter les fêtes des vendanges mais aussi des misères des plus démunis. Christian Signol nous montre non seulement la passion de ses héros pour la terre mais également pour les animaux qui travaillent aux côtés des hommes. Je ne suis pas près d'oublier l'amour infini du ramonet* Firmin pour son cheval qu'il soigne comme un enfant.

L'action débute en 1870 tandis que les idées républicaines se propagent dans les campagnes. Charlotte, âgée de quinze ans, est fille du propriétaire du domaine viticole, Charles Barthélémie. Elle admire son frère aîné Léonce, trop audacieux, trop beau, trop fort, trop rieur, et très instruit aussi. C'est pour cela qu'on compte sur lui pour combattre le phylloxéra qui menace les vignes du château. Mais Léonce est ferme et secret. Charlotte est jalouse d'Amélie, l'amoureuse clandestine de ce dernier, et va jusqu'à les épier sur leur lit de dorines. L'autorité, presque l'omnipotence de leur père, propre à toute la lignée des Barthélémie, plane sur son esprit. Cet homme est inflexible, il est le maître. Seul Léonce ne cille pas devant le regard de son père. Charlotte veut se venger d'Amélie qu'elle croit lui voler son frère. le « marin », ce vent soufflant de la mer, met en danger la qualité des vendanges. En plus, certains travailleurs sont malheureusement appelés à la guerre tout juste annoncée avec la Prusse. Calixte, précieux ami d'enfance de Léonce, doit partir aussi. Mais ce n'est que l'ultime commencement de l'histoire, belle et incertaine, qui m'a enchantée. Très bientôt ces tourments de Charlotte sonnent déjà comme des enfantillages.

Ici, la vigne semble le lieu absolu, celui du travail religieux et créatif, de la prospérité, des joies, des amours, l'endroit béni et rêvé pour donner le jour à un enfant. Cette oeuvre nous donne envie de réapprendre la longue patience de la terre. Dans un silence épais, les tailleurs examinent des ceps avec inquiétude. Songeons au privilège (ou au malheur?!) que nous avons de parler de nos problèmes existentiels : nous ne faisons que ça, alors qu'à cette époque-là, les hommes, « au regard comme tourné vers l'intérieur d'eux-mêmes », dans la difficulté d'un travail, ne discutaient guère pour économiser leurs forces !
Et quand les ceps sont malades, on leur chuchote des mots doux, on les supplie de guérir, on les entend gémir. Dans cette lutte pour la vigne, les générations se succèdent, les soulèvements politiques pulsent, et c'est déjà la guerre de 14 qui rôde autour du château. Les lettres des tranchées se font attendre. Mais il y a une foi puissante, incroyable, dans la vision de Christian Signol, qui nous dit à la dernière page que les meilleures vendanges sont encore à venir parce que la terre nous aime, au moins un peu ! Les nuages, Les orages, La tempête, le tonnerre, sont les quatre parties de ce roman monumental, et j'y vois quelque chose des coups beethovéniens. J'ignore si l'écrivain s'est réellement inspiré de Beethoven, mais on sent que son oeuvre, à l'instar du génie musical au coeur si large, ambitionne de bâtir un monde meilleur, libre et fraternel.
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J'ai découvert cet écrivain avec ce roman familial palpitant et j'ai beaucoup aimé. La Provence, le soleil, les vignes... tout concourt à plonger le lecteur au coeur d'une région magnifique qui fleure bon les vacances.
L'écriture simple et accessible de l'auteur décrit merveilleusement la terre, les tradtions, la vie des paysans, des amoureux de la terre et de leur contrée. Une saga familiale qui nous entraine au coeur des espoirs, des déceptions, des bonheurs et malheurs de plusieurs générations de Barthélemie. Un roman agréable, aux arômes de raisins et d'amour.
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Je remercie les éditions Albin Michel pour l'envoi de ce roman.

Dans cette saga, nous voyageons dans une très belle région, celle du Languedoc Roussillon, dans le sud de la France. On plonge de suite dans une région qui sent les vacances…

Charles Barthélémie, chef de clan et maitre de Solail, disparait en 1870.
Trois générations se succèdent pour faire vivre le domaine du Solail. J'ai découvert un métier difficile, la terre, les traditions, la vie des paysans, l'histoire d'une famille, le domaine viticole...
Christian Signol est un conteur envoûtant et captivant.
À travers la plume de l'auteur, nous ressentons les odeurs de la terre, la chaleur et le soleil. Ce roman est parfaitement bien décrit. l'écriture est belle et fluide.
Les personnages sont attachants, j'ai adoré Charlotte, entière et passionnée, qui puise sa force dans son amour pour le domaine.
L'auteur nous offre une belle leçon de vie.


Je vous invite à découvrir cette agréable saga familiale pendant vos vacances estivales.
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1870, en Provence. Charles Barthelemie, chef de clan et maître du Solail décède. S'en suivra une rude rivalité entre ses enfants qui voudront l'un et l'autre régner sur la vigne et la terre. Les évènements qui vont jalonner le 20ème siècle, le phyloxera, la guerre, vont rendre les choses encore plus difficile, malgré l'attachement toujours intact pour cette terre, la terre familiale.
Une très belle saga familiale, qui nous fait traverser les grandes crises de la fin du 19ème et du 20ème siècle, grâce à cette famille et à leur passion pour cette terre. Les personnages sont attachants, surtout celui de Charlotte, qui puise sa force dans son amour pour le domaine.
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Christian Signol demeurera toujours l'un de mes auteurs préférés car dans ce livre que je viens de terminer, une nouvelle fois, il nous offre par le biais d'une très belle région, celle du Languedoc-Roussillon, une fresque de 1870 à 1918.

Dans cette histoire se succèdent plusieurs générations qui se battent pour faire survivre le domaine du Solail. On découvre les vignes de Sainte-Colombe avec beaucoup de précision dans les descriptions qu'il nous offre. On ressent l'angoisse des personnages lorsque celles-ci se trouvent touchées par le phylloxéra et à mesure qu'on avance dans l'histoire, on rentre aussi dans l'horreur de la Première Guerre Mondiale.

Au-travers de cette fresque historique, on y découvre une région, des métiers, l'histoire d'une famille, d'un domaine viticole, d'une terre pour laquelle hommes et femmes se donnent sans compter les heures et se trouvent fiers de leur métier, peu importe leur situation.

Contrairement à notre époque, on voit aussi que la France comme aujourd'hui, n'étaient pas préparé à la Première Guerre Mondiale puisque les soldats en première ligne, portaient des pantalons rouges et que l'artillerie française ne valait rien face à celle des Allemands ! Heureusement que les Américains sont intervenus même s'il a fallu plus d'un an pour qu'elle puisse se terminer.

En tout cas, c'est un livre que j'ai adoré et que je conseille fortement de lire car à mes yeux, l'auteur nous offre de belles leçons de vie.
Lien : http://kerzicbooks.eklablog...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
D’où lui venait cette passion pour les vignes et ceux qui se penchaient sur elles ? Pourquoi se contentait-elle de les surveiller au lieu de se mêler à eux comme lorsqu’elle était enfant ? Elle sentit des larmes douces-amères éclore dans ses yeux à l’instant où se fit entendre la première complainte de la montagne. […] Elle s’aperçut alors qu’elle connaissait tout de ces gens, de leurs coutumes, de leurs rites et de leurs petits bonheurs. Elle se sentit riche, infiniment, non point de sa position, mais de son appartenance à ce monde qu’elle aimait plus que tout, elle le découvrait aujourd’hui en étant rejetée sur sa rive comme une branche morte par une rivière. […]
Pour une grappe oubliée par une coupeuse – à condition qu’elle eût plus de sept grains, les autres étant réservées au grappillage des pauvres de la commune –, un porteur avait le droit de « mascarer » la fautive, c’est-à-dire de barbouiller son visage du raisin le plus noir. Encore fallait-il l’attraper ! Les autres porteurs se mêlaient à la poursuite et ils n’étaient pas trop de trois ou quatre pour maîtriser la belle qui se débattait, avant de disparaître entre les ceps pour de mystérieux échanges au cours desquels naissaient parfois des idylles. Certains porteurs préféraient « chaponner » les fautives, autrement dit les mordre très légèrement au front ou sur la joue. Cela dépendant de l’âge ou de l’humeur. Mais tous les vendangeurs assistaient aux poursuites en criant et en riant, malgré la présence du régisseur qui ne pouvait s’opposer à ces rites antiques.
Quand la fille eut disparu entre les ceps, Charlotte ne put s’empêcher de penser à ce jour où, à treize ans, parmi les enfants qui jouaient à imiter les adultes, elle avait été mascarée pour la première fois par un fils de montagnard qui ne savait pas qui elle était. Ce qu’elle avait appris ce jour-là, elle ne l’avait jamais oublié, et elle se disait parfois que le meilleur de sa vie se trouvait sans doute entre deux ceps de son domaine, du jus de raisin plein la bouche, maintenue par des bras vigoureux, les yeux grands ouverts sur le feu du soleil et le regard de l’homme. Elle se demandait si ce moment, ce souvenir, ne serait pas le seul qu’elle emporterait, à l’heure de quitter cette terre, et, chaque fois qu’elle y pensait, quelque chose de doux et de sacré remuait dans son cœur.
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Il n’avait revu ni l’avocat ni personne, alors que les cellules se vidaient des prisonniers condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Et, pendant tout ce temps, il s’était efforcé de ne pas penser à Prudence afin de préserver ses forces pour l’ultime combat : celui de son jugement. Elle était en effet le seul lien qui l’attachait encore à la vie et le seul qui, parfois, dans les moments de découragement, lui donnait des regrets. Il savait qu’elle l’approuvait, mais il ne doutait pas qu’elle souffrît autant que lui de leur séparation. Car Prudence, sa femme, c’était, c’était… Comment parler d’un tel amour, quand on n’a jamais communiqué que par des regards ou des gestes silencieux ? Les mains, les yeux de Prudence étaient au fil des jours devenus ses propres mains, ses propres yeux. Elle devait l’attendre à la Combelle, ce matin, il en était sûr, et les quatre heures de route lui paraissaient interminables, tandis que, passé Saint-Marcel, il voyait se rapprocher enfin les collines dont il avait rêvé chaque nuit.
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Dès qu’ils entrèrent dans les vignes, cependant, la houle verte des feuilles l’emporta dans un sentiment de bonheur qui était chaque fois aussi profond, aussi intense. Comme les hommes du domaine, il entretenait avec les ceps et les raisins des rapports quasi charnels qui le poussaient à palper, à caresser, à laisser glisser entre les doigts la terre brune nourricière. L’odeur douceâtre de la vigne, accentuée par celle de la garrigue qui descendait des collines, assaillit Léonce, qui regardait jouer une lumière blonde entre les feuilles. Au contraire de son père qui ne descendait jamais du cabriolet, il avait besoin d’un contact direct avec la vigne et n’hésitait pas à aider à la taille ou au soufrage, malgré la réprobation de Charles Barthélémie qui veillait à garder ses distances avec les hommes en toutes circonstances.
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Tu laisserais des vignes en friche, toi ?
- Si je ne peux pas faire autrement, je serai bien obligé.
- Tu es devenu complètement fou ! dit Léonce, incapable d'envisager une telle éventualité.
- Tu n'as jamais connu une crise comme celle-là répliqua Arthémon. C'est la misère partout. Les petits propriétaires comme les grands, les journaliers comme les artisans crèvent de faim. Que deviendrait-on si Charlotte ne faisait pas l'avance de recettes qui ne se réaliseront peut-être jamais ?
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Ce fut une journée de cauchemar qui s'éternisa jusqu'au soir sans qu'ils trouvent quoi que ce soit à manger. A la nuit, Justin vola des pommes dans un enclos, puis ils se couchèrent sous le porche, déjà conscients du fait que cette vie était sans issue.
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Vidéo de Christian Signol
Extrait du livre audio « Une famille française » de Christian Signol lu par Cyril Romoli. Parution CD et numérique le 18 octobre 2023.
En savoir plus : https://www.audiolib.fr/livre/une-famille-francaise-9791035414382/
Commander sa version CD : https://boutique.audiolib.fr/produit/2258/9791035414382/une-famille-francaise
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