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Citations sur Les vignes de Sainte-Colombe (10)

Dès qu’ils entrèrent dans les vignes, cependant, la houle verte des feuilles l’emporta dans un sentiment de bonheur qui était chaque fois aussi profond, aussi intense. Comme les hommes du domaine, il entretenait avec les ceps et les raisins des rapports quasi charnels qui le poussaient à palper, à caresser, à laisser glisser entre les doigts la terre brune nourricière. L’odeur douceâtre de la vigne, accentuée par celle de la garrigue qui descendait des collines, assaillit Léonce, qui regardait jouer une lumière blonde entre les feuilles. Au contraire de son père qui ne descendait jamais du cabriolet, il avait besoin d’un contact direct avec la vigne et n’hésitait pas à aider à la taille ou au soufrage, malgré la réprobation de Charles Barthélémie qui veillait à garder ses distances avec les hommes en toutes circonstances.
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Il n’avait revu ni l’avocat ni personne, alors que les cellules se vidaient des prisonniers condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Et, pendant tout ce temps, il s’était efforcé de ne pas penser à Prudence afin de préserver ses forces pour l’ultime combat : celui de son jugement. Elle était en effet le seul lien qui l’attachait encore à la vie et le seul qui, parfois, dans les moments de découragement, lui donnait des regrets. Il savait qu’elle l’approuvait, mais il ne doutait pas qu’elle souffrît autant que lui de leur séparation. Car Prudence, sa femme, c’était, c’était… Comment parler d’un tel amour, quand on n’a jamais communiqué que par des regards ou des gestes silencieux ? Les mains, les yeux de Prudence étaient au fil des jours devenus ses propres mains, ses propres yeux. Elle devait l’attendre à la Combelle, ce matin, il en était sûr, et les quatre heures de route lui paraissaient interminables, tandis que, passé Saint-Marcel, il voyait se rapprocher enfin les collines dont il avait rêvé chaque nuit.
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D’où lui venait cette passion pour les vignes et ceux qui se penchaient sur elles ? Pourquoi se contentait-elle de les surveiller au lieu de se mêler à eux comme lorsqu’elle était enfant ? Elle sentit des larmes douces-amères éclore dans ses yeux à l’instant où se fit entendre la première complainte de la montagne. […] Elle s’aperçut alors qu’elle connaissait tout de ces gens, de leurs coutumes, de leurs rites et de leurs petits bonheurs. Elle se sentit riche, infiniment, non point de sa position, mais de son appartenance à ce monde qu’elle aimait plus que tout, elle le découvrait aujourd’hui en étant rejetée sur sa rive comme une branche morte par une rivière. […]
Pour une grappe oubliée par une coupeuse – à condition qu’elle eût plus de sept grains, les autres étant réservées au grappillage des pauvres de la commune –, un porteur avait le droit de « mascarer » la fautive, c’est-à-dire de barbouiller son visage du raisin le plus noir. Encore fallait-il l’attraper ! Les autres porteurs se mêlaient à la poursuite et ils n’étaient pas trop de trois ou quatre pour maîtriser la belle qui se débattait, avant de disparaître entre les ceps pour de mystérieux échanges au cours desquels naissaient parfois des idylles. Certains porteurs préféraient « chaponner » les fautives, autrement dit les mordre très légèrement au front ou sur la joue. Cela dépendant de l’âge ou de l’humeur. Mais tous les vendangeurs assistaient aux poursuites en criant et en riant, malgré la présence du régisseur qui ne pouvait s’opposer à ces rites antiques.
Quand la fille eut disparu entre les ceps, Charlotte ne put s’empêcher de penser à ce jour où, à treize ans, parmi les enfants qui jouaient à imiter les adultes, elle avait été mascarée pour la première fois par un fils de montagnard qui ne savait pas qui elle était. Ce qu’elle avait appris ce jour-là, elle ne l’avait jamais oublié, et elle se disait parfois que le meilleur de sa vie se trouvait sans doute entre deux ceps de son domaine, du jus de raisin plein la bouche, maintenue par des bras vigoureux, les yeux grands ouverts sur le feu du soleil et le regard de l’homme. Elle se demandait si ce moment, ce souvenir, ne serait pas le seul qu’elle emporterait, à l’heure de quitter cette terre, et, chaque fois qu’elle y pensait, quelque chose de doux et de sacré remuait dans son cœur.
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Ce fut une journée de cauchemar qui s'éternisa jusqu'au soir sans qu'ils trouvent quoi que ce soit à manger. A la nuit, Justin vola des pommes dans un enclos, puis ils se couchèrent sous le porche, déjà conscients du fait que cette vie était sans issue.
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Tu laisserais des vignes en friche, toi ?
- Si je ne peux pas faire autrement, je serai bien obligé.
- Tu es devenu complètement fou ! dit Léonce, incapable d'envisager une telle éventualité.
- Tu n'as jamais connu une crise comme celle-là répliqua Arthémon. C'est la misère partout. Les petits propriétaires comme les grands, les journaliers comme les artisans crèvent de faim. Que deviendrait-on si Charlotte ne faisait pas l'avance de recettes qui ne se réaliseront peut-être jamais ?
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Firmin s'arrêta sur le sentier, écrasé par l'idée qu'après tout ce qu'il avait subi, depuis son retour au domaine, il risquait de perdre son cheval. C'était là plus qu'il n'en pourrait supporter.
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« Ah quel homme c’était, son père ! Quand il apparaissait sur le perron, en costume, gilet et pantalons rayés, souliers vernis et demi-guêtres, que son regard d’acier se portait vers les hommes rassemblés, Antoine, le vieux régisseur, n’avait pas besoin de demander le silence. Aussitôt, les brassiers, les charretiers, les domestiques de cave ou d’écurie se décoiffaient et se taisaient. » Page 15
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« C’est ainsi que les vendages commencèrent à la mi-septembre, par une journée de grand soleil comme on en connaissait depuis le début de l’été. Rosemonde, la mousseigne qui menait si bien les colles, était morte depuis cinq ans, Charlotte dut elle-même en prendre la direction, laissant à Calixte la responsabilité du transport du raison et de son déversement dans les cuves, à Pascaline celle des repas, notamment celui du soir, dans la cour du Solail. » Page 414
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Firmin eut l'impression que personne ne dormait, cette nuit-là, dans la plaine. Et il ne put trouver le sommeil, tandis qu'il reposait près de Prudence, les yeux grands ouverts, attentif à la douleur de cette blessure à laquelle, il le devinait, il ne pourrait pas survivre longtemps.
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Malgré l'appel au calme de Marcelin Albert, des émeutiers avaient mis le feu à l'hôtel de ville et des coups de feu avaient été tirés pour mettre fin au désordre dont on se demandait si les responsables n'avaient pas été soudoyés.
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