Petit traité assez technique (Que sais-je oblige) dont j'ai sauté les derniers chapitres mais néanmoins très instructif sur l'histoire de cette maladie qui a marqué les âges et le déroulé des différentes épidémies ayant eu lieu au cours de notre ère.
A lire.
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Ce fut un plaisir pour moi d'en apprendre plus sur la peste à travers ce livre. C'est un point de l'histoire auquel je me suis toujours intéressé, et ce livre a largement répondu à mes attentes. le vocabulaire et les explications employés sont très accessibles. J'ai adoré apprendre des choses sur l'histoire de la peste, les différentes pandémies, les symptômes, les différentes formes de peste, les conséquences, la peste à l'heure actuelle…
Je vous conseille grandement ce livre si vous aussi, vous voulez en apprendre d'avantage !
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Sans doute est il difficile aujourd'hui de prendre toute la mesure des découvertes de Yersin et de Simond. Pour mesurer réellement le retentissement, peut-être faut-il s'imaginer la peur et la douleur des hommes qui vécurent les grandes épidémies de peste de l'Antiquité et du Moyen Âge. Mettre en évidence l'agent causal de la tuberculose, du choléra ou encore du typhus, par exemple, représentait une prouesse scientifique de nature exceptionnelle et nobélisable. Mais identifier le bacille de la peste et objectiver son mode de transmission, cela revenait à démystifier ce qui fut considéré, pendant des siècles, comme le fléau par excellence, dont la seule explication possible ne pouvait résider que dans le châtiment divin.
... l'expression "mort noire" ne date pas du tout du XIVe siècle ; elle est même totalement anachronique. Pour désigner la peste, les hommes du Moyen Age parlent de la "grande mortalité", de la "maladie des bosses", de " l'épidémie "Les rares auteurs médiévaux, comme les plus récents, à avoir utilisé cet adjectif qualificatif (nigra ou atra en latin) faisaient référence au sens figuré (horrible, terrible; atroce…) et non pas au sens propre, c'est-à-dire à la couleur noire et foncée qui pouvait être celle des malades et des cadavres.
Sans pour autant envisager un scénario catastrophe, il convient de ne jamais oublier que, comme le déclarait en 1999 le professeur Henri Mollaret, "la peste a un passé, elle a un présent, mais il ne faudrait cependant pas sous-estimer ses capacités d'avenir".
La transmission de la peste, d'un animal malade à un animal sain est donc assurée par un agent vecteur: la puce [...]
Dans l’Ancien Testament, et plus précisément dans le Deuxième Livre de Samuel, se trouve l’épisode du châtiment du roi David, où l’Ange exterminateur brandit son épée, symbole de la colère divine, et fait s’abattre la peste sur les hommes. Lorsque l’Ange remet son arme au fourreau, la peste cesse ! Dans l’Apocalypse de saint Jean, l’arc et les flèches arment le cavalier de l’Apocalypse qui représente la peste. Cette association symbolique entre les flèches et les traits de la peste se retrouvera depuis la première pandémie jusqu’au XIXe siècle. À travers ces deux exemples, on comprend donc toute l’impuissance des hommes devant la peste, qu’ils fussent médecins ou non, et ce, durant des siècles. La croyance biblique et chrétienne, entre fléau et colère divine, est également manifeste dans le monde musulman où la maladie est le résultat de la volonté de Dieu et pas d’une simple contagion.
Dans cette logique d’origine divine de la maladie, il convenait donc de faire en sorte de calmer l’ire de Dieu en chassant ceux qui pouvaient en être la cause et en demandant le soutien des saints guérisseurs, thérapeutes ou thaumaturges du panthéon chrétien : la Vierge est invoquée dès 590 à Rome, saint Sébastien en 680 à Rome, saint Roch à partir du XIVe siècle, puis saint Charles Borromée au XVIIe siècle. Prières, messes et processions sont organisées pour implorer le pardon divin et nombre de villes feront des vœux pour la cessation de la peste : à Monaco et à Dignes, pour l’épidémie de 1631 ; à Chaumont en 1636 ; à Marseille en 1722.