Les Proscrits

Je crois que c'est la première fois que je lis une pièce de théâtre islandaise mais ce n'en est pas moins une oeuvre majeure inspirée des sagas. Ecrite en 1911, elle a été adaptée en film en 1918 par Victor Sjöström.

L'histoire est bien simple : nous sommes au milieu du XVIIIème siècle en Islande, Eyvindur est un homme en fuite qui, depuis le sud, a été soupçonné d'avoir volé un mouton. Condamné à la prison, il erre comme un proscrit dans les montagnes pour échapper à sa peine. le temps passe et Eyvindur s'est fait rebaptiser Kari. Il a été embauché comme ouvrier agricole auprès d'une riche fermière, Hatla, qui est veuve en plus d'être belle.
Une histoire d'amour prend forme entre Hatla et Kari qui, menacés par la révélation du secret, doivent fuir. La vie de proscrits se dessine à nouveau à eux et la nature, hostile, a tôt fait de donner des remous à leur passion.

Voici une pièce qu'on rapprocherait volontiers d'un Strinberg ou d'un Ibsen. Il y a peu de personnages mais l'issue semble d'entrée de jeu fatale. Entre le banni qui tente de se racheter une conduite et la veuve qui tente de redonner du piquant à sa vie, le mélange est explosif. Les paysages islandais, si prégnants et inconciliables sont sans doute le troisième personnage qui peu à peu s'installe. La liberté a un prix et même un couple, en proie à un amour véritable, semble bien léger devant autant d'adversité.

Dans des paysages aussi austères, faits de volcans, de glaciers, de froids redoutables et de vents violents, on comprend mieux le fonctionnement implacable de la société Islandaise contemporaine.
Aucune dérive n'est autorisée.
Nous sommes au début du XXème siècle. Un certain Eyvindur a volé un mouton au pasteur du coin, celui-ci ne voulant pas aider sa famille crevant de faim. Accusé, Eyvindur en prend pour 10 ans. Sauf qu'il s'évade et doit vivre comme un "proscrit", c'est à dire vivant en marge du monde des hommes, là bas dans ces âpres montagnes.
Puis, il se fait embaucher comme ouvrier agricole auprès de la riche et belle veuve Hatla, sous le nom de Kari. Une histoire d'amour va naître entre eux.. Hatla n'a d'yeux que pour son amant. Elle est prête à suivre cet homme qui vient de lui raconter son histoire de proscrit.
Björn, le maire du village, sait tout lui aussi. La menace guette.
Les deux amants devront quitter le village pour vivre en ascète parmi les volcans, le froid, la faim.
Que ne ferait-on pas pour l'amour?
Ce texte est brillant, humble et d'une grande clarté pour une pièce écrite en 1912.