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sur 3154 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans la Chine de Mao qui condamne les intellectuels, deux lycéens sont envoyés dans la montagne pour leur "rééducation", un "programme" destiné à frotter les jeunes au labeur manuel des paysans et surtout à réduire à néant l'érudition de la population. Luo et le narrateur, sans non plus être des génies, se retrouvent privés de tout et notamment de livres, interdits. Quand ils en découvrent chez le Binoclard, un autre jeune en rééducation, ils ne peuvent s'empêcher de les voler...

C'est bien connu : qui contrôle l'information, le savoir et la pensée contrôle la population. C'est le principe même d'une dictature. le début et le contexte de ce roman à grande part autobiographique sont très prenants parce qu'ils abordent les privations intellectuelles qu'un régime imposait, chassant tout individu ayant un peu de culture ou ayant fait des études poussées dans un domaine précis. Ce récit se produit dans les années 70 mais résonne fortement avec les atteintes à la liberté et le durcicement de ton depuis l'arrivée au pouvoir dans le pays de Xi Jinping, dont le style se rapproche de plus en plus de ce qu'avait pu être la dictature maoiste.
Néanmoins, ce livre est censé parler d'une petite tailleuse, et vu la citation en quatrième de couv', on se dit que cette demoiselle va découvrir la littérature et s'ouvrir au monde derrière l'illégalité du geste. Oui... mais pas vraiment en fait.
Une fois les livres volés et la rencontre avec la petite tailleuse effectuée, le récit s'appauvrit grandement quant à sa finalité. L'un des anciens lycéens, Luo, flirte grâce aux livres avec la belle et ils finissent par consommer leur relation (est-ce une histoire d'amour ?), mais à la fin cette dernière, après un avortement, inspirée visiblement par le monde extérieur, change silencieusement de vie et laisse les deux cocos derrière elle mariner dans la boue du village tandis qu'elle part découvrir la ville (est-ce une histoire d'utilisation d'autrui ?).
Heureusement que ça se lit vite, car ce roman est inégal dans son intérêt. de plus, peu avant la fin, la structure est radicalement, bien que temporairement, changée pour délivrer le récit personnel de trois personnages, ce qui casse complètement la fluidité générale. C'est d'ailleurs à partir de ce moment-là, qui intervient au bout des trois quarts du roman, que l'histoire devient moins intéressante, se terminant également presque comme un cheveu sur la soupe.
En soi pas une mauvaise lecture, mais je ne suis pas sûre de revenir vers cet auteur à l'avenir.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Avec la tragédie cambodgienne des khmers rouges, la révolution culturelle chinoise est la sombre page d'histoire du 20ème siècle au cours de laquelle le culte de l'ignorance aurait été porté à son point d'incandescence aux fins d'asservissement et de contrôle des contre-pouvoirs.
Comme les deux tout jeunes héros de ce roman, des milliers de Chinois sont envoyés en camp de ré-éducation, et partout dans le pays le petit livre rouge de Mao fera office de quasi unique nourriture des esprits.
Mais qu'on introduise dans ce désert intellectuel un conte De Balzac ou quelques lignes de Romain Rolland, et la pensée libre et riche se remet à vivre...
Telle est la lumineuse et singulière proposition de ce livre, d'autant plus exaltante qu'elle est mise en regard du quotidien terrible, harassant et abrutissant de ces deux gamins, contextualisé avec un réalisme particulièrement saisissant. J'en salue l'originalité et l'utilité du témoignage, tout en n'ayant pas franchement adhéré à la prose de l'auteur.
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Un joli portrait de trois adolescents marqués du sceau "ennemi du peuple", Luo et Ma apprennent par la fille du tailleur qu'un autre adolescent qui ce trouve lui aussi en camp de rééducation cache une malle remplit de livres. Ils vont dès lors s'échapper par la lecture interdite et pernicieuse. Dai Sijie dresse le portrait d'un pays dont la dictature interdit toute forme de pensée mais qui ne peut rien contre l'imaginaire et le pouvoir des livres. Avec finesse et talent Dai Sijie donne vie à des personnages qui nous charme et nous offre un beau récit sur l'amour de la littérature. Très bon moment.
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Deux jeunes étudiants en rééducation par le travail dans la campagne chinoise sont follement attirés par les livres interdits qu'un troisième possède en secret. Une drogue qu'ils recherchent et veulent faire partager à la belle tailleuse dont ils sont amoureux. le roman se lit sans déplaisir comme un conte. Sa brièveté évite l'ennui. Il ne me laissera pas un grand souvenir.
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Le livre Balzac et la Petite Tailleuse chinoise est époustouflant, je l'ai adoré! Moi qui préfère largement les romans policiers ou d'aventures, ce livre m'a beaucoup plu, il sort totalement de mes livres habituels. Cette histoire ce passe en 1970, lors de la révolution culturelle de Chine. Deux jeunes garçons âgées d'à peine 17 ans, le narrateur et son ami Luo sont exilés dans un village de montagne pour y être rééduqués et pour travailler dans des mines car ils faisaient partis des intellectuels, et étaient eux et leurs familles les ennemis de la révolution.
Les personnages sont tout les deux différents, et ont différentes passions. le narrateur est très timide, et réservé, il joue à certains instruments pour penser à autre chose alors que Luo est beaucoup moins réservé et timide. Lorsqu'ils partent tout les deux dans la montagne chez un couturier, ils y découvrent la petite Tailleuse chinoise, ils tombent tout les deux immédiatement amoureux.
Luo et le narrateur s'évadent aussi dans des livres interdits, très dangereux en Chine trouver chez un rééduqué,, ils voient la vie différemment surtout grâce au livre De Balzac. Grâce à ce livre, la petite Tailleuse chinoise va littéralement changer, elle va devenir une toute autre femme qui va avoir beaucoup plus confiance en elle, et qui ce prendra en main.
Je le recommande!
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Après avoir fini un roman de fantasy des plus conséquents je voulais changer totalement de genre et me plonger dans un récit bien plus court, ce roman me semblait des plus approprié.
On y suit le début de la « rééducation » de deux jeunes Chinois ayant pour seul tort un parcours scolaire un peu plus long que la moyenne et des parents lettrés. N'ayant presque aucune chance de retourner un jour dans leur ville natale ils dépérissent peu à peu jusqu'au jour ou il découvre une valise remplie de livres.
Ce roman, ode à la culture, montre son pouvoir d'émancipation et d'émerveillement. Histoire poétique, contemplative et parfois même ironique, je trouve simplement dommage qu'on n'y fasse que survoler les difficultés et les menaces qui pèsent sur les deux jeunes hommes.
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Du temps de Mao, en Chine, on envoyait les jeunes intellectuels dans les campagnes profondes pour être rééduqués au dur labeur du travail de la terre. Les livres, la lecture sont proscrits.
2 jeunes chinois font de la résistance et lisent les grands auteurs occidentaux, en cachette.
Récit qui confronte 2 mondes, 2 cultures.
Petit bémol: je trouve dommage que ce soit une confrontation de la culture occidentale et chinoise. Je pense qu'il y a des auteurs chinois qui aurait été intéressant de citer afin de confronter des idées différentes dans la même Chine.
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J'ai lu ce roman du 14/09/2016 au 15/09/2016.
Un roman lu pour les cours. C'est pour le moment celui que j'apprécie le plus et aussi une première venant d'un auteur chinois. Ce roman est son 1er roman écrit en français, j'ai apprécié car ce n'est pas vraiment un roman autobiographique mais plutôt un roman d'apprentissage (cela nous rappelle pas Balzac déjà ?).
J'ai adoré suivre les pensées de notre narrateur qui doit être "rééduqué" (période chinoise où Mao interdit l'éducation en envoyant les jeunes dans la campagne pour bosser durement pour soit 2-3 ans soit à vie si les parents sont des "ennemis du peuple" ou les enfants).
Pour notre narrateur et son ami, Luo, passent du stade d'enfant à adulte en découvrant le sentiment du désir, de l'amour grâce à la petite Tailleuse.
Mais surtout grâce à la littérature française (où tous les livres occidentaux étaient interdits sous le régime de Mao) qui leur fait prendre des risques de se faire dénoncer, attraper.
Ainsi, j'ai apprécié l'impact de la littérature sur nos protagonistes et surtout sur la petite tailleuse chinoise car on le voit à la fin avec une chute surprenante
Mais aussi voir la vie de ces jeunes sous le régime qui est très cruel avec eux.
Donc je vous conseille de le lire si vous aimez lire, si vous êtes curieux de découvrir le régime de Mao en Chine.

Ma note : 7.5/10
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Il paraît, finit par dire Dai Sijie, que « Balzac lui a fait comprendre une chose: la beauté d'une femme est un trésor qui n'a pas de prix ». Voilà bien mon malaise à la lecture de ce roman pourtant plaisant. de quelle liberté faut-il prendre la défense ? Celle qu'encenserait nos grands auteurs classiques ? Quel contre sens me semble-t-il, a fortiori concernant Balzac. Je n'en suis pas un grand spécialiste mais le trilogie du père Goriot, des Illusions perdues et de Splendeur des Courtisanes me semble démontrer l'exact contraire de cette assertion finale chez Dai Sijie. Et Balzac ne fut pas le seul à montrer la face sombre de notre soi-disant progrès vers plus de liberté : liberté pour qui, dans ces régimes de classes ?

Certes Michel Bonnin a montré dans son étude du xiaxiang, (Génération perdue : le mouvement d'envoi des jeunes instruits à la campagne en Chine, 1968-1980) qui, je crois, fit date, le sort des zhiqing, envoyés à la campagne non par nécessité économique ou démographique, mais parce que Mao voulait rééduquer ces jeunes intellectuels, transformer leur mentalité, les amener à s'unir aux masses afin d'empêcher qu'ils ne trahissent sa révolution (en cela, il connaissait l'histoire). Ce faisant, les arrachants à leurs familles, à leurs projets, à un avenir qu'ils voulaient se construire par eux-mêmes.
Ainsi, le xiaxiang a-ttil entraîné, pour Bonnin, la formation d'une « génération perdue » : celle qui perdit illusions et espoirs, ainsi que pour la grande majorité, jusqu'à la possibilité même de faire des études. Mais, dit-il encore, elle fut aussi une génération « réfléchie », lucide, avec une expérience sociale et politique exceptionnelle, qui a appris à mettre en question les fausses évidences, les décisions les plus arbitraires, qui compte aujourd'hui notamment des artistes, des écrivains et des chercheurs en nombre significatif, sachant puiser dans leur expérience pour proposer des analyses et créer des oeuvres originales. Li Yinhe, une ancienne jeune instruite, aujourd'hui sociologue, en témoigne, qui explique comment à partir du xiaxiang, les jeunes instruits ont préféré s'en tenir à ce qu'elle appelle une "vérité d'expérience" : « Nous n'avons plus fait confiance trop facilement à quiconque. Au début, la personne qui nous a dit d'aller "dans le vaste monde" pour y être "rééduqués", n'avait sans doute pas imaginé quel serait l'effet de cette cruelle décision, quel genre de personnes elle forgerait ainsi. Son idéalisme a formé notre réalisme ; son dogmatisme a engendré notre liberté de pensée ; sa politique d'abrutissement du peuple a été à l'origine de notre indépendance d'esprit ». Moins Balzac, donc, que, paradoxalement, Mao. Et moins la découverte qu'il faut jouer le jeu du développement piloté par une élite que la conscience de ses dangers.

Faut-il donc toujours ramener, et (faire) croire que toute émancipation vient de l'occident ? N'est-ce pas là aussi un endoctrinement ? Plus : n'est-ce pas tronquer l'histoire que d'en oublier certains ressorts ? Ne fallait-il pas que la Chine ait à rompre avec les idées que nos invasions et guerres d'opium avaient inoculées de force pour que le traitement ne puisse être envisagé qu'ainsi : une désintoxication au grand air ? de même que la Russie soviétique n'a cessé d'être une Union de républiques socialistes assiégée, ayant à lutter contre les assauts militaires (et cela dès 1918), les suspicions et coups durs diplomatiques, les sanctions économiques, du monde dit « libre », une Chine qui voulait extirper le mal en elle avait peu de recours.
« On dit d'un fleuve qu'il est violent, mais nul ne taxe de violence les rives qui l'enserrent » disait Bertolt Brecht. Cela ne diminue en rien les souffrances qui ont pu exister c'est absolument vrai. Mais le romancier qui veut servir L Histoire doit être juste. Faute de quoi il se sert d'un récit pour écrire sa version de l'Histoire.
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L'histoire se déroule dans la Chine du début des années 70, en pleine Révolution culturelle, et raconte la vie de deux jeunes hommes, Luo et le narrateur, envoyés en rééducation dans un village de paysans de la montagne du Phénix du Ciel. Pendant les presque trois ans de leurs vies qui s'y écoulent, nous plongeons dans la majesté et la dangerosité des montagnes, nous assistons à la dureté de leur nouveau quotidien, à leurs rencontres avec des gens réels - les paysans, un autre rééduqué, le meunier, le tailleur, sa fille - mais aussi avec les personnages de romans occidentaux interdits, qui auront au moins autant d'impact, sinon plus, sur leur existence, que les vraies personnes.
Ce roman (largement autobiographique) parle de l'âpreté de la vie, mais aussi de sa beauté. de l'amour de l'Art, qui peut aider chacun à découvrir le monde et à se découvrir lui-même. Et particulièrement l'amour de la littérature, qui a cette faculté quasi magique de nous rendre proche et familier ce qui est au premier abord lointain et étranger. Exactement comme ce livre-ci, qui nous transporte véritablement dans cette Chine des années 70 et sa curieuse réalité, ses montagnes, et nous laisse avec l'impression d'avoir nous aussi rencontré les personnages de ce roman.
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