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sur 3141 notes
Parce qu'ils portent la double faute d'avoir étudié au collège et d'avoir des parents ''ennemis du peuple'', le narrateur et son ami Luo sont envoyés en rééducation dans un village de montagne. Entre les rizières et la mine, les conditions de vie sont difficiles mais les deux adolescents ont su endormir la méfiance des villageois grâce à leur talent de musicien, pour le narrateur, et de conteur pour Luo. Et puis, la campagne recèle aussi quelques trésors cachés. Par exemple, la fille du tailleur, la jolie Petite Tailleuse ou encore la valise pleine de livres que le Binoclard, un autre rééduqué, cache quelque part dans sa masure.

Balzac, Tolstoï, Dumas et bien d'autres tentations, toute cette littérature subversive, interdite, qui titille l'imagination, et les sens, de deux adolescents perdus à la campagne, sans trop d'espoir de rentrer chez eux. Et pourtant, qu'ils sont libres ! Les livres pour apprendre, comprendre, ressentir, pour s'évader loin de la montagne, de la Chine, du communisme, de la révolution culturelle, pour découvrir l'individualisme, et pourquoi pas l'égoïsme, le plaisir, l'amour, la sensualité, la liberté. Et si le contexte est rude, le travail épuisant, parfois dangereux, la menace d'une dénonciation toujours possible, Luo et son ami sont suffisamment optimistes, délurés, culottés, amoureux de la vie, pour donner au roman un souffle vital irrésistible.
Dai SIJIE prouve, s'il en était besoin, que la littérature est le plus grand vecteur de connaissances, d'évasion et de liberté. Cette ode aux classiques occidentaux est une petite merveille, une lecture joyeuse et optimiste où l'amour des livres brille à chaque page de la lueur de l'espoir. Un bijou !
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Lors de la Révolution Culturelle de Mao Zedong, deux lycéens que leurs parents bourgeois rendent « ennemis du peuple » sont envoyés en rééducation dans un village pauvre et isolé des montagnes du Sichuan. Ils survivent au dénuement et aux éprouvantes conditions de travail des rizières et des mines de charbon en se racontant des histoires, jusqu'au jour où, de manière inespérée, ils tombent sur un roman De Balzac miraculeusement soustrait aux autodafés. Cette lecture interdite va changer leur vie, et surtout celle de la fille du tailleur dont ils sont tous deux amoureux.


En partie autobiographique, ce livre est saisissant à maints égards, à commencer par la découverte d'un village arriéré tout droit sorti d'un autre siècle, où un simple réveil-matin fait figure d'objet si extraordinaire que sa sonnerie matinale en devient presque sacrée, où il est si compliqué de se procurer les choses les plus usuelles que le tailleur ambulant est attendu comme le Messie, et où, de manière générale, hygiène, conditions de vie et niveau d'instruction font dresser les cheveux sur la tête.


Mais l'épicentre de la révolte des deux garçons est la sensation d'étouffement provoquée par l'interdiction et la destruction des livres. Pour plaire à la fille du tailleur, et malgré les interdits, ils n'auront de cesse de lui faire découvrir la magie des histoires, puis celle des livres, ouvrant ainsi la porte à un champ de possibles totalement inexistants jusqu'alors pour la jeune femme.


Hommage aux classiques de la littérature occidentale, ce roman met parfaitement en lumière le formidable pouvoir des livres, irremplaçables vecteurs de connaissances, d'émancipation et de liberté. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La France fut un temps le refuge principal des dissidents chinois. La plupart étaient des intellectuels, écrivains, cinéastes ou philosophes chassés par la dictature communiste et trouvant là une opportunité unique de continuer leur oeuvre. C'était le cas de Dai Sijie qui s'inspirant de sa propre histoire situa ce roman pendant la révolution culturelle. Comme l'auteur l'avait été lui-même dans sa jeunesse, deux fils de médecins considérés comme des ennemis du peuple étaient envoyés en camp de rééducation dans un village reculé de la campagne chinoise. L'entreprise d'abrutissement par le travail battait alors son plein sur tout le territoire et les enfants d'anciens notables connaissaient le sort bien peu envieux des esclaves de la terre. le labeur étant le maitre mot, il restait peu de distraction à ces jeunes gens habitués aux lumières de la ville. Heureusement leur culture cinématographique et leurs talents de conteur allaient leur permettre de retenir l'attention des villageois car dans ces régions reculées peu d'habitants avait eu l'occasion d'aller dans une salle obscure. Chaque soir pour tromper leur ennui et pour garder un semblant de lien avec la civilisation, il se lançait dans la description d'un long métrage devant une foule ébahie. Et puis un jour leur vie aux camps va changer grâce à la rencontre dans le village voisin de la fille du tailleur qui va former avec eux un trio inséparable. Elle va changer surtout par l'intermédiaire d'un livre De Balzac trouvé chez un camarade qui deviendra pour eux une vraie source d'enrichissement et d'évasion. Les deux jeunes érudits vont profiter de cet ouvrage pour ouvrir la petite tailleuse à la culture et au plaisir de la lecture au point que se rendant compte de sa condition, elle finira par partir vers d'autres horizons laissant derrière elle les deux amis et leur avenir incertain. Outre l'immersion dans l'univers concentrationnaire chinois du temps de Mao, ce livre exposait à quel point l'écriture pouvait être une arme contre l'obscurantisme et un facteur d'émancipation. A lire pour tous les lecteurs sensibles à ce message...
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Nous sommes dans la Chine communiste de Mao au début des années 1970.
Deux jeunes gens Luo et le narrateur sont envoyés dans la montagne pour y travailler et abolir leurs envies de nourrir leur esprit intellectuel.
Ils sont victimes de cette mesure car leurs parents médecin et dentiste sont considérés comme des traîtres dangereux pour le régime.
Dans le village voisin, ils rencontrent "le binoclard" un jeune homme quasi aveugle sans ses lunettes. Il possède des livres d'auteurs occidentaux cachés dans une mallette mais il ne veut pas l'avouer. Les livres sont très convoités par les deux jeunes. le binoclard se montre proche du régime communiste pour pouvoir retourner dans sa ville.
Luo va tomber amoureux de la petite tailleuse et va la sortir de sa condition, lui ouvrir des horizons en lui lisant des extraits De Balzac difficilement obtenus des mains du camarade à lunettes.
C'est un livre merveilleux où la narration est semblable à un conte dont l'écriture est très belle.
Les faits font suite ,de longues années après, à un essai d'Alain Peyrefitte "Quand le Chine s'éveillera" que j'avais lu quand j'avais 17 ans et qui m'avait totalement surprise.
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Sur ma lancée... après la lecture captivante de trois textes de Xinran, dont "Chinoises", j'ai eu envie de relire un récit personnel d'un auteur chinois, ayant vécu avec son meilleur ami, respectivement âgés de 17 et 18 ans, la "rééducation" au fin fond des campagnes chinoises. Là, il s'agissait d'un village très pauvre, isolé dans les montagnes...Les adolescents, en question, sont les enfants de cadres, l'un médecin, l'autre , dentiste...

"Deux mots sur la rééducation : dans la Chine rouge, à la fin de l'année 68, le Grand Timonier de la Révolution, le président Mao, lança un jour une campagne qui allait changer profondément le pays : les universités furent fermées, et les "jeunes intellectuels", c'est-à-dire les lycéens qui avaient fini leurs études secondaires, furent envoyés à la campagne pour être "rééduqués par les paysans pauvres" (...)
La vraie raison qui poussa Mao Zedong à prendre cette décision restait obscure (...)
Notre conclusion fut la suivante: Mao haïssait les intellectuels." (p. 13-14)

Les livres détruits, brûlés, interdiction de s'instruire...La grande ironie de "La Révolution culturelle" !!...Les seuls livres tolérés : le petit livre rouge de Mao, et les ouvrages purement scientifiques !

Un texte qui apprend de multiples détails, usages du quotidien chinois, hors des villes, dans des campagnes ignorantes du monde extérieur et de ce qui se peut se passer dans le pays même... Des mondes, univers
parallèles difficilement rejoignables...sauf dans cet épisode narré par l'auteur, où les deux jeunes gens ... pour tenter de persuader un troisième camarade
(qui possède une valise de livres interdits, cachés) de leur prêter un ou deux livres, vont récolter d'un vieux meunier isolé, des vieilles chansons traditionnelles ...[ pour rendre service à ce camarade récalcitrant... qui veut tenter , par le biais de sa mère, poétesse,
de les faire publier...]


"Souvent, après minuit, on éteignait la lampe à pétrole dans notre maison sur pilotis, et on s'allongeait
chacun sur son lit pour fumer dans le noir. Des titres de livres fusaient de nos bouches, il y avait dans ces noms des mondes inconnus, quelque chose de mystérieux et d'exquis dans la résonance des mots, dans l'ordre des caractères, à la manière de l'encens tibétain, dont il suffisait de prononcer le nom, " Zang Xiang", pour sentir le parfum doux et raffiné (...)
- Et maintenant, où ils sont , ces livres ?
-Partis en fumée. Ils ont été confisqués par les Gardes rouges, qui les ont brûlés en public, sans aucune pitié, juste en bas de son immeuble. "(p. 65)

Une relecture faite avec plus d'attention...et toujours autant de plaisir... J'avais également vu avec grand intérêt l'adaptation cinématographique de ce livre...

J'avais par contre totalement zappé la chute de ce récit...inattendue... montrant aussi que la liberté que donne les Livres, la lecture de la littérature peut faire s'envoler "votre amoureuse" , vers la ville et ses
propres rêves...!! Un livre touchant... et précieux témoignage d'une période terrible de l'histoire
chinoise !...

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Sous le joug de la Révolution Culturelle lancée par Mao Zedong, deux amis d'enfance sont astreints à rejoindre un hameau reculé de montagne dans la province du Sichuan. 

Luo et le narrateur comptent parmi les millions de zhiqing - jeunes instruits - envoyés à la campagne afin d'y être "rééduqués par les paysans pauvres". 

"Nous n'étions ni les premiers ni les derniers des cobayes utilisés pour cette grande expérience humaine."

Éloigné du berceau familial sans perspective de retour, les adolescents doivent apprendre à composer chaque jour avec l'extrême rudesse des conditions de vie mais aussi de travail. 

Pourvus d'une grande vivacité d'esprit, ils parviennent à endormir la méfiance des villageois en tirant profit de leur talent de conteur. 

Tous les livres étant interdits hormis ceux au service de la propagande communiste, qu'elle n'est pas leur joie de trouver fortuitement une valise remplie de tels trésors. 

"Nous la débarrassâmes de ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains (...) nous accueillaient à bras ouverts (...). J'avais l'impression de m'évanouir dans les brumes de l'ivresse."

Cette découverte inespérée pourrait bien bouleverser leur existence ainsi que celle de la petite tailleuse chinoise dont ils sont amoureux …

*

Sensible, touchant et non dénué d'humour, ce roman d'apprentissage est un très bel hymne à la puissance de la littérature.

Source infinie de plaisir, d'évasion, de connaissance et formidable vecteur d'émancipation, elle a le pouvoir de transformer nos vies. Les personnages en feront ici l'inoubliable expérience. 

Si le récit retrace une période sombre de l'Histoire et nous offre par ailleurs une vision saisissante de la ruralité chinoise au début des années 70, il se focalise davantage sur leur parcours d'initiation placé sous l'influence des classiques occidentaux.

Pas à proprement parler autobiographique, Dai Sijie a toutefois entremêlé à la fiction des éléments issus de sa propre histoire. Lui-même aura connu cette jeunesse sacrifiée sur l'autel de l'idéologie maoïste.

Une lecture aussi brève que prenante à découvrir!

***

"Ouvre un livre, c'est lui qui t'ouvrira." (Proverbe chinois)
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J'avais été un peu déçu par ma découverte de Dai Sijié : Par une nuit où la lune ne s'est pas levé. Une "babelionaute" m'avait alors recommandé ce titre de l'auteur. Je m'étais promis de le lire. C'est chose faite et il me faut remercier @Erveine et son conseil. Balzac et la Petite Tailleuse chinoise était un titre prometteur, il m'a tellement plus enthousiasmé. Une belle histoire, simple, très réussie, qui plonge au cœur du quotidien d'intellectuels en rééducation agraire lors de cette période troublée de la longue Histoire chinoise que fut la révolution culturelle. Malgré la rudesse d'une ruralité éloignée du progrès, la culture, que le régime de Mao combattait, résiste à l'obscurantisme, se fraye un chemin dans ce monde paysan fruste, participe de l'espoir, ouvre les âmes à l'amour et émancipe une jeune paysanne pour qui Balzac sera en quelque sorte, la pomme qu'Ève croqua. Le lecteur et l'auteur que je suis parfois ont ressenti une forte empathie pour la poésie littéraire de ce roman qui place LE LIVRE au centre et de la trame dramatique et de l'épanouissement humain.
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Le narrateur et Luo sont deux dangereux intellectuels, coupables du double crime d'avoir terminé leurs années de collège et d'avoir des parents ennemis de la révolution. En conséquence, on les envoie en rééducation dans un petit village d'agriculteurs perdu dans les montagnes. Entre l'agriculture et le travail dangereux dans les mines de charbon, leur vie n'est pas très enviable. Seul leur talent de conteur leur permet de gagner quelque peu l'estime des villageois.

Pendant une visite chez un de leur compagnon d'infortune, le Binoclard, leur attention est attirée par une valise suspecte, qui doit contenir des livres, pourtant interdits. Un peu de chantage et de pression plus tard, un livre De Balzac tombe entre leurs mains. Cet unique livre va leur ouvrir les portes d'un univers qui leur est totalement inconnu, les seuls autorisés en Chine étant les livres d'économie marxistes. Il fera partager leurs découvertes avec la Petite Tailleuse, qui est devenue entre-temps la petite amie de Luo.

Un beau livre à découvrir, qui nous fait à la fois découvrir la vie dans une dictature, et nous force à nous interroger sur la place des livres dans la vie : seuls témoins d'une époque qui disparaîtraient avec eux, garants d'idées ou même de sentiments presque disparus.

Serions-nous les mêmes aujourd'hui si nous n'avions lu aucun livre de toute notre vie ?
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C'est un roman instructif , il permet de comprendre l'élan de la révolution culturelle pour combler le fossé entre la classe aisée de la ville et les paysans d'une campagne perdu, même si la méthode est calamiteuse.
La campagne de Mao est vue comme initiatique pour ces jeunes, ils apprennent à prendre le goût de l'initiative, leur responsabilité, et à jouer avec le système et découvrent les premiers émois.
La grande finesse de Dai Sue est d'avoir pu créer du suspense avec l'histoire d'amour afin d'amener la citation De Balzac pour surprendre le lecteur à toute fin du livre.
La citation De Balzac est tellement surprenante dans le contexte qu'elle génère un débat entre les lecteurs. C'est très bien fait !
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Deux jeunes étudiants sont envoyés en rééducation par le travail dans la campagne chinoise, pendant la révolution culturelle. Ils ont trouvé une astuce pour garder une étincelle d'espoir. L'un violoniste, l'autre conteur, ils parviennent à sauvegarder la part de rêve qui est en eux.
Les romans défendus, source d'évasion et d'enchantement, armes redoutables contre l'obscurantisme, leur permettront de survivre dans ce monde d'ignorance et de brutalité.

Un roman à la fois magique et cruel, dont les faits semblent irréels tellement ils sont insensés. J'ai eu l'impression de lire un conte, dans lequel le génie bienfaisant était un livre, venu exaucer les vœux de ces deux jeunes garçons , emprisonnés par un sortilège maléfique.

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