Seul existe Siva, lumière de la Conscience indifférenciée (prakasa) qui se manifeste sous forme de tout ce qui est. Cette lumière repose en elle-même, d'où sa béatitude ; libre, parce qu'unique , il n'y a rien dont elle dépende. Préexistant à l'espace et au temps qu'elle engendre, elle est omniprésente et éternelle. Elle contient tout, pas un atome n'existe hors d'elle.... Pour te connaître, il n'est nul besoin d'aide ; il n'existe pas d'obstacle non plus. Tout est submergé par le flot surabondant de Ton existence... La Réalité infinie, en sa plénitude, mais sans jamais sortir d'elle-même, irradie le monde. Mais pourquoi ne la discernons-nous pas comme tel et sommes-nous soumis à l'illusion, à l'angoisse et aux douleurs, asservis au corps et à l'ego ? ...Siva est un magicien qui, par sa force créatrice et décevante, la maya, se cache lui-même à lui-même comme l'araignée s'enroule dans sa toile afin de déployer son jeu prodigieux, servitude et délivrance.il se perçoit alors comme fragmentée en d'innombrables êtres pétris d'oubli de soi, car suscitant une multiplicité, il se dérobe et masque l'unité.
L’homme a la certitude d’être le centre de l’univers ; et il ne se trompe pas puisqu’il est le Soi universel.
Son erreur réside en la manière dont il prétend l’être :
traçant autour de soi, par amour-propre et orgueil, un cercle limité qui le coupe de la Totalité, il fait ainsi du Je cosmique un ego phénoménal et fuit le Centre véritable, son propre cœur, pour vivre à la périphérie de ce cercle ; il s’étend ainsi autant qu’il le peut à l’horizontale et se laisse aller au flot d’expériences sensorielles et conceptuelles, incapable de tenir la pointe de sa pensée fixée sur le Centre.
Il n’a pourtant jamais quitté ce Centre mais il y réside à son insu, agité et tourmenté.