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EAN : 9782864325093
119 pages
Verdier (06/09/2007)
3.53/5   16 notes
Résumé :

Nul ne sait d'où vient cet homme qui marche - Julien Letrouvé, colporteur, fut un enfant abandonné - nul ne sait non plus où il va, sinon, peut-être, rejoindre, au bout de son errance, une femme qui l'attend dans son imagination égarée : celle qui lit les livres.Car la première des deux rencontres éblouissantes et décisives qui nous sont contées dans le récit, est celle d'une paysanne dont la voi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce récit débute en 1792 en Champagne, alors que la terreur révolutionnaire grandit et que la guerre avec les prussiens se rapproche.
Julien Letrouvé est un enfant abandonné. «On l'avait découvert nouveau-né à la corne d'un champ de seigle, recueilli au hameau, pourvu d'un nom, baptisé. C'était le petit prince du palais souterrain». Ce palais souterrain c'est l'écreigne creusée dans la terre où se déroule des veillées. Au sein chaud et rassurant de la terre une femme subjugue Julien. FIgure magique, transfigurée par la lecture des petits livres bleus que transporte à travers les campagnes, dans leur caisse en bois, les colporteurs.
«L'enfant chaque fois attendait l'effleurement furtif de la couverture bleue comme s'il allait le ressentir sur sa peau, non pas rêche, irritant, ainsi qu'il aurait pu le craindre, il avait au contraire la légèreté d'un duvet. Après quoi, il n'avait plus conscience de rien d'autre, la femme avait quitté sa gangue de terre, sa condition miséreuse, la femme souverainement lisait.»
Fasciné par cette lectrice, par les mots alors que lui-même ne sait et ne saura pas lire, Julien, va devoir quitté la chaleur de la terre-mère et décidera de devenir à son tour colporteur mais la guerre va venir bouleverser son destin et l'obliger à grandir.
Il y fera une deuxième rencontre importante, celle d'un déserteur prussien qui lui-aussi sait lire «Julien Letrouvé se rapprocha du soldat, inclinant la tête au point de toucher sa joue, ses yeux se déplaçant en même temps que les siens le long des lignes, douloureux à force d'attention. Il retrouvait le besoin inapaisable de comprendre ce que lui refusait son ignorance et qui, au temps de l'écreigne, le tenait blotti, retenant son souffle, contre la liseuse».

Ce que j'ai trouvé merveilleux dans ce récit c'est cet amour pour les livres qui envahit Julien et ne le quittera plus parce qu'ils sont auréolés de mystère. C'est bien sûr la femme qui lit, sa chaleur, qui l'y mène mais ensuite la musique des mots et les images qu'il font naître.
Et ce premier émerveillement fera sa force pour endurer ensuite les souffrances dues à la guerre et lui permettra de les surmonter. Et les petits livres bleus l'accompagneront jusqu'au bout.
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Un colporteur de livres confronté à la violence sur les chemins de Valmy : Un texte éblouissant pour dire l’amour des livres.

En ce mois d’août 1792, tandis que les troupes prussiennes pénètrent sur le territoire français, Julien Letrouvé, colporteur des livres de la Bibliothèque bleue, vient à la librairie de l’imprimerie Garnier remplir sa boîte d’ouvrages qui fleurent encore l’encre et la pâte à papier, avant de démarrer une nouvelle tournée, dans les campagnes de l’Ardenne et de Champagne.

Enfant abandonné au coin d’un champ, Julien Letrouvé est né de nouveau avec les mots. Dans le village où il a été retrouvé et élevé, il était admis chaque soir au sein d’un groupe de femmes qui filaient en écoutant les histoires lues par l’une d’elles aux veillées dans l’écreigne, une habitation souterraine au nom mystérieux, lieu de leur atelier. Cet endroit peuplé d’histoires fut la matrice de ce petit prince du palais souterrain. Là, oubliant l’abandon, il s’est construit au son de la voix et contre la chair de la matrone liseuse d’histoires.

Banni de l’écreigne à la puberté, l’injonction à transmettre les histoires fait de lui un colporteur des petits livres bleus. Homme solitaire, riche des lectures entendues dans l’écreigne, il est habité de ces histoires qu’il ne peut déchiffrer car, à sa grande honte, il est analphabète. Confronté à l’infortune et à la barbarie sur les chemins, inconscient des dangers annoncés par le grondement des canons, il se dirige vers le lieu de la bataille de Valmy, croise la berline noire de l’astronome Laplace, et va se lier avec le soldat Voss, déserteur de l’armée prussienne, par la lecture et les mots qu’ils échangent, avant le drame.

Avec les bouleversements de l’Histoire en arrière-plan annonciateurs de dévastations futures, que soulignent la citation de Ray Bradbury placée en exergue et l’évocation du juif errant qui parcourt tout le livre, ce roman de Pierre Silvain paru en 2007 aux éditions Verdier est un hommage pudique et somptueux à la littérature qui permet d’affronter la nuit noire et la solitude.

«Toutes les couvertures bleues sur le fond couleur sable étaient comme un attardement des beaux jours.»

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/11/11/note-de-lecture-julien-letrouve-colporteur-pierre-silvain/

Pour acheter ce livre à la librairie Charybde, sur place ou par correspondance, c'est par là :
http://www.charybde.fr/pierre-silvain/julien-letrouve-colporteur_54370
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Julien, colporteur se rend chaque soir auprès d'une paysanne qui lit à haute voix ces livres de la "Bibliothèque bleue". Julien, enfant abandonné de la fin du 18ème siècle, ne sait pas lire mais adore les livres. Il part sur les routes pour proposer ces petits livres bleus mais va être confronté à la cruauté des hommes lors de la Bataille de Valmy. Un roman court, brève et intense.
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Je n'ai pas réussi à m'intéresser à l'histoire de ce colporteur qui parcourt la campagne pour vendre des livres. le contexte historique aurait pu m'intéresser (1792), le style m'accrocher (écriture très poétique) ou le personnage me toucher (Julien aime les livres bien qu'il ne sache pas lire, parce qu'autrefois on lui a raconté des histoires). Mais rien de tout cela n'a marché et je n'ai pas réussi à aller au-delà de la moitié du livre, que j'ai abandonné après avoir lu quelques passages ici ou là jusqu'à la fin, histoire de ne pas regretter mon abandon. C'est peut-être une question d'atmosphère, qui ne m'a pas convenu, qui m'a mise mal à l'aise.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Entre celles de toutes les autres femmes se remarquaient ses mains terreuses, écorchées par les fenaisons et les sarclages, qui aidaient aux enfantements comme aux vêlages, frottaient et lessivaient, s’ébouillantaient ou plongeaient dans l’eau glacée des ruisseaux, sans que jamais l’on sût si elles avaient caressé d’amour, mais on voyait ce geste quand avant de l’ouvrir elle touchait du bout des doigts le livre. L’enfant chaque fois attendait l’effleurement furtif de la couverture bleue comme s’il allait le ressentir sur sa peau, non pas rêche, irritant, ainsi qu’il aurait pu le craindre, il avait au contraire la légèreté d’un duvet. Après quoi, il n’avait plus conscience de rien d’autre, la femme avait quitté sa gangue de terre, sa condition miséreuse, la femme souverainement lisait.
Il faudrait cependant remonter, émerger dehors quand la voix se serait tue. Et c’était chaque fois pour l’enfant la même vision qui s’imposait à travers les dernières brumes de l’enchantement, celle du petit veau sanglant que les mains redevenues de fortes mains de paysanne retiraient d’une vulve. La main froide de la nuit l’extirpait sans douceur de sa caverne amniotique. Il refoulait, les dents et les poings serrés, le cri de sa première naissance, de son premier refus et de son abandon au coin d’un champ. En l’empêchant de redescendre l’échelle, en le poussant aux fesses rudement pour peu qu’il fît mine de manquer un barreau, la grosse femme qui soufflait derrière lui aidait de son côté à l’enfantement auquel, dans une informe prière, au moment où sa tête sortait de l’ouverture sous le regard moqueur de millions d’étoiles, il demandait à un dieu sourd de ne pas survivre.
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Il pénétra dans la ruelle des Chats. Le temps s’était fait de plus en plus menaçant. L’obscurité presque complète emplissait le passage resserré entre les maisons. Au-dessus d’une des portes, il parut chercher à tâtons la saillie d’un motif sculpté au coin d’un linteau qu’il savait être la tête hilare d’un démon. Il arriva dans la rue des Quinze-Vingts, puis dans celle de la Monnaie. Julien Letrouvé se rendait chez l’imprimeur Garnier pour se fournir en petits livres bleus. Les gouttes, avec violence, s’abattirent au moment où il atteignait le seuil de l’établissement.
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Longtemps elle continuerait de monter vers lui, cette voix tendrement bourrue qui savait se faire moqueuse ou apitoyée, fervente ou grave selon l'histoire qu'elle lisait, et s'était soudain enrouée de trop de peine contenue au moment de la séparation, lui, un pied sur le premier barreau de l'échelle, cachant ses larmes, elle, pressant le livre sur ses seins et lui disant de bien veiller à son salut et de ne pas l'oublier, cependant que les fileuses, en silence, les regardaient se quitter.
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A présent il n'était plus l'enfançon qui, tandis que les femmes filaient, que la liseuse reprenait, plus souple et chatoyant que le leur, le fil du récit interrompu la veille, jouait à la poupée avec l'épi de maïs aux longs cheveux pâles qu'on lui donnait pour l'occuper. Les mots aux mots s'ajoutant prenaient sens, il avait délaissé l'amusement puéril, une lumière, une pluie d'or allaient descendre sur lui, la fulgurance d'une révélation l'éblouir. Il écoutait.
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L’enfant chaque fois attendait l’effleurement furtif de la couverture bleue comme s’il allait le ressentir sur sa peau, non pas rêche, irritant, ainsi qu’il aurait pu le craindre, il avait au contraire la légèreté d’un duvet. Après quoi, il n’avait plus conscience de rien d’autre, la femme avait quitté sa gangue de terre, sa condition miséreuse, la femme souverainement lisait.
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