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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un grand roman d'aventures maritimes.
La planète Hydros est recouverte par un immense océan, parcouru par de petites îles qui se déplacent en suivant les courants. Ces îles sont habitées par les Gillies et les quelques humains qu'ils tolèrent, à condition qu'ils aient renoncé à leur technologie sophistiquée.
Mais l'armateur Delagard provoque la mort de créatures proches des Gillies et ceux-ci, furieux, exigent le départ des soixante-dix humains qui résident sur l'île de Sorve, certains depuis leur naissance.
Où aller ? Quelle autre île pourrait tous les accueillir ? Faut-il se séparer et rompre ainsi les liens d'amitié tissés depuis tant d'années ? Ou bien essayer de découvrir la face des eaux, ce continent mystérieux dont les Gillies se tiennent à l'écart pour des raisons inconnues ?
Alors commence pour le médecin Lawler, l'armateur Delagard et leurs compagnons d'infortune un terrible voyage, un voyage où il faut survivre aux tempêtes sur de frêles voiliers, survivre aux assauts de créatures brutales ou sournoises, survivre à la faim et à la soif... Beaucoup périront.
Mais ce roman d'aventures incite aussi à la réflexion, car il voit s'affronter deux tendances de l'humanité, comme l'indique Gérard Klein dans sa préface : d‘une part l'armateur Delagard, avide de richesses et de domination, perpétuellement insatisfait et sans scrupules, et d'autre part le médecin Lawler, pour qui il est possible aux hommes d'être heureux sur Hydros, pourvu qu'ils respectent ses habitants et qu'ils s'adaptent à ce nouvel environnement sans le bouleverser.
Une très belle réussite.

P.-S. : on lira également l'excellente critique de finitysend qui précise un certain nombre de références, bibliques notamment, que je n'ai pas voulu répéter dans ma propre critique.
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Après avoir quitté la Terre, l'Homme s'est dispersé sur plusieurs planètes. Hydros, la planète-océan, est devenue une planète pénitentiaire, un endroit d'où il est impossible de partir. Quiconque décide de s'y faire larguer sait que c'est un « one way ticket ». A la surface, il n'y a que de l'eau et des îles artificielles. Il y a aussi les autochtones dont les Gillies et bien sûr la faune locale.

Silverberg nous emmène à la rencontre d'hommes et femmes de la 3ème génération qui vivent sur l'île de Sorve. Une petite communauté y coule des jours tranquilles jusqu'à ce que Nid Delagard, l'armateur, franchisse le point de non retour. Tous les habitants (humains) de Sorve sont chassés par les Gillies.

14 d'entre-eux prendront place à bord du Reine d'Hydros (il y a six navires en tout) pour tenter de trouver un nouvel endroit pour s'établir. Et, comme de bien entendu, les océans d'Hydros regorgent de créatures dangereusement mortelles ! le voyage ne se fera pas sans mal.

J'ai vraiment passé un très bon moment de lecture. L'écriture de Silverberg me plaît énormément. J'ai aussi beaucoup aimé la cohérence des personnages et surtout le personnage de Lawler et ses obsessions. Par contre, j'ai moins aimé les « bavardages » autour de la religion et donc le personnage de Quillan. Il y a aussi ces 70 dernières pages qui m'ont donné l'impression d'avoir basculé dans la 4ème dimension. Ce n'est certainement pas la fin que j'avais imaginée, elle ne me plaît pas du tout d'ailleurs.

Quoi qu'il en soit, cela reste un très bon roman.





Challenge pavés 2019
Challenge défis de l'imaginaire 2019
Challenge multi-défis 2019
Club Robert Silverberg
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Une belle croisière que voilà. Après nous avoir posé les bases de l'histoire, nous avoir expliqué qui sont les protagonistes et où ils se trouvent, puis avoir indiqué les raisons qui poussent tout ce petit monde à prendre le large, nous voici donc en route pour une incroyable traversée d'une durée totalement indeterminée, puisqu'il s'agit tout simplement de parcourir une planète dont la surface est entièrement constituée d'eau, à quelques exceptions près. Et dans ces exceptions se trouve la mythique et légendaire Face des eaux.

Nous suivons le médecin de cette communauté d'humains, personnage solitaire, sage, réfléchi, parfois trop attentiste et neutre. Tout le monde l'apprécie et le tient en haute estime. Lui veut simplement vivre sa petite vie, tranquille, seul mais tout en tenant une place de choix dans cette micro société mais d'une manière assez passive. Il donne son avis souvent uniquement quand on le lui demande. Et les rares fois où il décide enfin, de lui-même, de prendre le taureau par les cornes et d'essayer de contrôler une situation en la changeant radicalement, le circonstances détruisent brutalement l'embryon d'initiative, comme par exemple au commencement de la première partie où ce bon docteur veut négocier avec les insulaires qui partagent l'île.
Finalement il se contente essentiellement de subir les événements et de s'y adapter.

Concernant la trame du roman, on peut voir, au fond, une métaphore sur la destinée de la vie dans un sens général.
Notre héros est né sur une petite île, fils de l'unique médecin de l'endroit, et donc voué à lui succéder. Il ne peut pas quitter l'îlot à cause de cette responsabilité dans laquelle il est engagé, par la naissance et non pas par choix, mais il l'accepte comme une évidence.
Toutefois, un jour, comme chacun des habitants humains qu'il côtoie, il est contraint de dire adieu à sa "terre" natale. Et même à partir de ce moment, il n'est jamais réellement en mesure d'influer sur son destin, se contentant simplement de survivre et se rendre l'existence la plus agréable possible, comme le représente sa prise quotidienne de drogue d'algue. Jusqu'au bout, il donne l'impression de demeurer spectateur de sa propre vie, acceptant inconsciemment n'avoir aucune emprise sur ce qui lui arrive et qui s'impose à lui.
Les personnages secondaires, embarqués également malgré eux dans cette quête forcée, cette croisière à destination de leur destin, constituent finalement un intérêt au moins aussi grand que celui que nous pouvons porter au héros. Chacun a son caractère, ses défauts et qualités qui lui sont propres. Ils gravitent autour du médecin, et participent tous activement à ce théâtre qui se déroule en pleine mer et duquel notre docteur de bord est le seul spectateur.
En tout cas, c'est ainsi que je l'ai ressenti. J'ai le sentiment que l'auteur a construit son narrateur à la troisième personne d'une façon relativement doucereuse, neutre et passive, exprès pour que chaque lecteur puisse regarder facilement à travers lui cette grande aventure humaine et maritime qu'il nous narre si bien.

Robert Silverberg, avec sa formidable plume et son fabuleux talent de conteur, nous raconte l'histoire de l'évolution humaine, spirituelle, métaphysique, l'histoire de l'acceptation, parfois difficile et douloureuse, de tourner définitivement le dos à un passé pour en accepter le futur.

Personnellement, je trouve que ce roman aurait pu être plus court sans perdre pour autant l'essence même du message et de la symbolique, mais l'auteur est assez doué pour ne jamais parvenir à nous ennuyer.

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J'ai profité de la LC organisée par Millencolin – merci à lui – pour lire ce roman dont le sujet m'avait tapé dans l'oeil du fait de sa ressemblance de décor avec Un Monde d'Azur de Jack Vance.
J'ai rapidement abandonné cet angle d'attaque. Si l'abondance océanique, la présence d'îles, la carence en métal et la recherche de l'électricité constituent des points communs, ils n'ont pas le même poids. Bob Montagne d'Argent ne veut pas nous emmener au même endroit que Jack.

Signe des temps dans l'édition, Robert a un peu plus d'espace pour s'exprimer que Jack n'en avait 25 ans plus tôt. Eh bien pendant toute la première partie – qui se passe sur l'île de Sorve – j'ai vraiment songé qu'il meublait. Je me suis demandé à plusieurs reprises à quoi servait d'insister sur une scène : la beuverie de Lawler et Delagard, la consultation de Sundira, trop de détails qui ne font pas avancer l'histoire. Assurément, ces détails participent à la caractérisation des personnages. Mais même sous cet angle, l'auteur s'attache à certains personnages seulement, et pas forcément les plus riches de potentiel, et en laisse d'autres en plan, nous donnant seulement le goût d'en savoir plus sur eux.

Puis le voyage sur les eaux commence en même temps que la deuxième partie. Dans un certain sens, cela s'anime. Par certains côtés, on n'est pas loin du documentaire sur une expédition du commandant Cousteau. Je tire mon chapeau à Bob pour son inventivité en ce qui concerne les espèces animales et végétales qui croisent le chemin des héros. Certaines ont laissé leurs marques dans la mémoire de mes co-lecteurs, dont une en particulier qui offre à l'auteur l'occasion de nous rappeler qu'il a écrit des tas de romans érotiques.
J'ai poursuivi le voyage en voyageant moi-même physiquement, et curieusement le fait d'accompagner le mouvement à donné plus d'éclat à ce que je lisais. J'accordais plus de valeur aux descriptions et aux nombreux dialogues et introspections. Il m'est arrivé de ne pas être d'accord avec le traitement réalisé sur les personnages. Je pense en particulier que des hommes et des femmes lancés dans une telle expédition devraient être arc-boutés sur un seul objectif : la survie. Or on les voit parfois philosopher alors même qu'ils sont en manque d'eau potable. La licence poétique a une limite. En revanche les dissensions et les heurts dans un tel milieu en vase clos ne pouvaient qu'apparaître. J'ai trouvé l'équipage un peu trop grégaire et suiviste ; ce ne sont pourtant pas des militaires, et pourtant le chef Delagard ressemble souvent à William Bligh du Bounty.

La troisième partie m'a bien plu. Elle nous offre une explication sur la nature de cette planète Hydros où les humains sont venus s'échouer par le passé à leur corps défendant ; une explication que j'avais envisagé comme hypothèse vraisemblable en cours de lecture et que j'ai été ravi de voir confirmée car j'apprécie beaucoup ce thème. La résistance des héros – du narrateur Lawler en particulier – face à ce qu'ils découvrent évoque le combat du libre arbitre contre le bien collectif ; difficile de trancher absolument pour l'un ou l'autre camp.
Mais c'est un élément plus secondaire qui a fixé mon attention : le père Quillan – qui me sortait par les yeux avec son interprétation du moindre acte comme étant en relation avec Dieu – s'est racheté lorsqu'il a évoqué sa nouvelle croyance de l'existence de Dieu localisée dans les fissures logiques dévoilées dans le formalisme mathématique par le théorème de Gödel. J'ai eu l'impression de m'écouter. Car je me suis convaincu il y a un bout de temps que, si l'on devait absolument envisager l'existence d'un Créateur, il ne pouvait demeurer que dans les limites que la logique a découvert en elle-même, et aussi dans le désespérant chaos déterministe et dans l'étrange phénomène d'intrication quantique. Et voilà que c'est écrit noir sur blanc, dans un roman. Dingue !
Cela dit c'est un détail microscopique dans l'ensemble du récit.

En conclusion, le voyage fut moins mouvementé, plus descriptif, que ce que j'avais espéré. Mais il a dévoilé ses propres trésors et je ne regrette pas d'avoir embarqué.
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La face des eaux est un titre apparemment paradoxal .

Le roman repose en partie sur la quête d'un continent et la face des eaux serrait le nom de ce continent .
En fait ce serait une erreur de le croire dans un sens littéral et l'auteur démontre par ce titre , son aussi discrète que clairvoyante et habituelle aptitude en matière de métaphores d'inspirations bibliques .

La face des eaux est un idiotisme hébraïque עַל-פְּנֵי הַמָּיִם. qui exprime entre autre et métaphoriquement l'idée d'une une sorte de vacuité , de néant , tout en ayant aussi le même sens littéral qu'en français par ailleurs ( la face des eaux ) .
Ce néant est placé juste avant la création effective , il est le juste avant les créations de tangible ...

Ce continent imaginé par Silverberg aura peut-être toutes les apparences curieusement et apparemment contradictoires d'un néant fondateur ou d'une réalité ambiguë .
Un néant source de vie et créateur de vie ...
Je conclurais ce laïus en soulignant que l'auteur illustre par cette métaphore , le point biblique – ( le midrash ) suivant : » Ha hor m'in ha héfkér « – la lumière vient du néant , cf. Fiat lux et lux fit ...

Ce titre est le prélude à l'histoire de la difficile adaptation de l'humanité en exil , à la vie sur une planète océan dépourvue de terre .
L'humanité qui a dû fuir la terre et le système solaire , vit refugiée sur des iles artificielles sur ce monde océan , où elle est tolérée et ne saisit pas trop les règles qui lui éviterai de faire des impaires aux conséquences potentiellement fatales .

Ce monde héberge de nombreuses créatures dont certaines sont plus ou moins intelligentes .
Un jeune homme commettra une faute qui plongera le lecteur dans l'intimité très structurée de ces « communautés sur l'eau « , dans leurs habitudes et règles de vie conditionnées par des contraintes liées à ce monde étranger ....

Ce roman est une sorte de genèse , de « béréchit « , de « Au commencent « .
Dans la version originelle du texte biblique , les premiers mots des sections intitulent et définissent , les textes et les lignes qui suivent ....
Et cela vaut pour ce roman , le titre nous promet le récit d'une genèse et le lecteur ne sera pas déçu car l'humanité naitra littéralement à ce monde , mais la ballade serra aussi dépaysante que compliquée ...

La faute , changera le monde et changera l'homme , pour le meilleur et pour le pire ...

Comme souvent , chez l'auteur la signification est liée a un arrière-plan culturel judaïque .

A conseiller particulièrement si vous n'êtes pas sujet au mal de mer ...
A conseiller aussi , car c'est un assez bon roman maritime sur un monde océan , étranger et très étranger ....

Donc : Béréchit , ... au commencement , al panim hamaim sur la face des eaux ....
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La Face des eaux (The Face of the Waters) est un roman de science-fiction de Robert Silverberg appartenant au genre Planet Opéra publié en 1991.
L'auteur est né le 15 janvier 1935 à Brooklyn (New-York). Romancier et nouvelliste américain.

C'est à travers le challenge Robert Silverberg, que je me suis enfin décidée à reprendre la lecture de ses romans. Jusqu'à présent je n'avais lu que Roma Aeterna que j'avais bien aimé.
Cette fois-ci c'est une toute autre situation, un groupe d'humains en exil de la Terre qui a explosé plusieurs générations auparavant, se retrouve donc sur une planète océan Hydros, dépourvue de terre. Même toujours après cinq générations, l'adaptation de l'humain est très difficile au contact des Gillies, les autochtones de cette planète les acceptent tout juste, du moment qu'ils ne se côtoient pas. Ils sont réfugiés sur des îles artificielles créées par les Gillies

Ce monde, Hydros, héberge de nombreuses créatures dont certaines sont plus ou moins intelligentes et semblent toutes reliées entre elles.
Suite à une grosse bévue de l'un des humains de l'île, la petite communauté dont fait partie le héros principal Lawler, médecin de son état, se retrouve doublement en exil, car chassée de l'île artificielle qu'ils ont toujours connue.

Je n'en dévoilerai pas trop, sur l'histoire, il vaut mieux la découvrir, car ce sont de nombreuses descriptions de faune, de flore toutes plus extravagantes les unes que les autres, mais grâce à l'écriture de Robert Silverberg, que j'aime beaucoup on a l'impression de les voir apparaître devant nous. C'est très coloré, très angoissant, car on ne sait jamais ce qui va tomber sur la tête de nos héros.
Ce sera un voyage très dépaysant, très compliqué, où les incidents alternent avec les périodes de calme pendant lesquels les passagers du bateau se confrontent autour de considérations philosophiques, religieuses, sociétales.
On y découvre un tas de métaphores d'origine bibliques. On sent une recherche métaphysique de l'auteur à travers ses héros.
J'ai bien aimé ce roman, c'est un récit lent, plein de descriptions mais ponctué de scènes d'action : confrontation avec les Gillies, attaque du navire par différentes créatures, tempêtes et trombes d'eau et puis la Face des eaux.
Tous ces éléments nous éclairent sur la personnalité, les buts, les doutes et les délires de chacun des personnages.
Un personnage central, Sundira, la petite amie de Lawler, pose aussi les bonnes questions sur le pourquoi, le comment sur la planète et ses habitants. Je pense que d'eux tous c'est elle qui s'approche le plus de la nature de cette planète dans sa volonté de comprendre le tout.
Chouette livre, mais un peu lent pour moi. Il faut prendre le temps de l'assimiler niveau faune et flore et aimer les voyages maritimes. L'action est quand même présente, on se sent sur le chemin d'une quête. Et que donnera-t-elle ? Je vous laisse le découvrir.
Très bon moment de lecture.
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Hydros est une planète-océan sur laquelle vivotent de minuscules communautés humaines, disséminées sur des îlots artificiels et sans contact possible avec les autres planètes. "La Face des Eaux" nous fait découvrir l'une de ces communautés, composée de soixante-dix-huit personnes habitant l'île de Sorve. Robert Silverberg a pris le parti de se focaliser sur le médecin de l'île ; même si la narration est à la troisième personne et non à la première, tout ou presque est vu à travers son regard. Si j'ai autant apprécié ce roman, c'est sans doute car je me suis trouvé des affinités avec le docteur Lawler (bien plus, par exemple, qu'avec Gundersen dans "Les profondeurs de la terre") : son côté casanier, son destin d'exilé involontaire, sa nostalgie envers une Terre qu'il n'a jamais connue... Autant de traits de caractère qui m'ont parlé et même touché. Le revers de la médaille est que les autres personnages restent forcément en retrait, même si tout au long des 500 pages que comporte le roman certains d'entre eux auront l'occasion de se mettre en valeur. Malheureusement, ce ne sera pas le cas des Gillies, l'espèce autochtone de l'île de Sorve. J'aurais aimé qu'ils soient davantage développés, qu'on en sache davantage sur leur culture, leur mode de vie. Il aurait pu être judicieux, au moins sur cet aspect, de délaisser un peu Lawler au profit de son amie Sundira qui, elle, se passionne pour la culture des Habitants... Mais ceux-ci ne serviront qu'à provoquer l'exil des humains de Sorve et à les jeter sur des mers aussi mystérieuses que dangereuses.

Voilà un roman qui, surtout dans sa partie centrale, devrait moins plaire aux lecteurs de SF purs et durs qu'aux amateurs de récits d'aventures maritimes. En plus des péripéties auxquelles on peut s'attendre (tempêtes et calmes plats, avaries, accidents bénins ou mortels), la promiscuité du navire sera propice aux rapprochements sexuels et à l'attisement des rivalités, aux débats philosophiques et aux questionnements métaphysiques... Et bien sûr, l'équipage de la "Reine d'Hydros" fera connaissance avec la faune locale : les poissons-pilon capables de transpercer une coque avec leur corne longue de cinq mètres, les poissons-taupe qui se déplacent en immenses nuées survolant les embarcations, ainsi que de nombreuses autres espèces inconnues... Mais le secret le mieux gardé d'Hydros est la Face des Eaux, qui prête son nom au roman. S'agit-il d'un continent légendaire, d'un lieu maudit, d'un authentique pays de cocagne ? C'est ce que les rescapés de l'expédition seront amenés à découvrir, aboutissant à une conclusion qui pourra laisser perplexes certains lecteurs... Mais cette fin, malgré son côté onirique et mystique (après tout, nous sommes chez Silverberg !) reste cohérente, elle est à la fois une vraie fin et une ouverture sur "autre chose", tout en bouclant la boucle par rapport à l'idée de communauté, d'appartenance ou non à un groupe, qui est au coeur du roman.

En débutant la lecture de "La Face des Eaux" sont remontés à la surface des souvenirs de "Un monde d'azur" de Jack Vance et "L'Écorcheur" de Neal Asher, deux romans se déroulant eux aussi sur une planète-océan et mêlant donc la SF et le récit d'aventures maritimes... Sauf que là où Vance et Asher m'avaient laissé sur ma faim, Silverberg a su une fois de plus me combler. Je ne me faisais pas trop de souci sur sa capacité à nous présenter un univers aussi fascinant que cohérent, en revanche je l'attendais au tournant sur l'intrigue en elle-même, car c'est sur ce point qu'il m'avait déçu dernièrement, notamment dans "Ciel brûlant de minuit" : un univers génial mais une histoire un peu fourre-tout et des péripéties sans grand intérêt... Ici l'écueil est évité, l'auteur n'a pas cherché à plaquer une intrigue de manière artificielle sur son récit. "La Face des Eaux" s'intéresse essentiellement à la planète Hydros et aux personnages, à leurs rapports mutuels et à leur environnement. Par conséquent, on ne peut pas dire que le rythme du récit soit effréné, et c'est tant mieux. Quoi de plus logique que de prendre son temps quand on suit la progression d'une coquille de noix sur l'immensité des océans ?
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Hydros est une planète entièrement sous les eaux, quelques humains sont venu s'y perdre avec aucune possibilité de s'y échapper. Ils vivent éparpillés sur des îles artificielles flottant au gré des courants maritimes, ils doivent y résider en compagnie des Gillies, autochtones à moitié mammifères marins, pas vraiment accueillant, les tolérant tout juste. Suite à un incident, la petite colonie de l'île de Sorve est chassée et les 78 humains vont devoir errer sur les flots dans une poignée de bateaux à la recherche d'une hypothétique île non artificielle. le voyage est absolument fantastique, plein de dangers, de surprises, de peurs, de tensions entre les membres, de sentiments aussi.
C'est un récit sous forme de quête, d'errance, de long voyage initiatique sur mer, il fait référence bien sûr à l'Odyssée d'Homère, et aussi à la Genèse. On s'imprègne parfaitement de l'ambiance, le rythme est parfait, chaque personnage y voit sa propre quête, et ces désirs, ces objectifs multiples s'enlacent dans une aventure merveilleuse, angoissante et parfois un peu mystique, sans tomber dans la caricature new-age ou le prosélytisme ronflant. Ma lecture achevée, il me reste des rêve de mer, d'îles mystérieuses, de monstres marins, que du merveilleux, j'ai fait un voyage extraordinaire.
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Hydros , une planète océan ou seules sont habitables des îles végétale dérivants continuellement, de nombreuses espèces semi-intelligentes peuplent cette planète, mais les Gillies dominent et acceptent tout juste que les humains exilés sans espoir de la quitter partagent leur espace.
Le jour ou l'un des habitants de l'île de Sorve contrevient une fois de trop aux règles, les Gillies chassent les humains résidents, et l'histoire a prouvé que c'était définitif, les Gillies ne reviennent jamais sur leur parole, les humains n'ont plus qu'à chercher une île où ils seront acceptés, et si personne ne veut d'eux ils seront condamnés à errer sur la mer infinie en lutte continuelle avec les monstres qui y pullulent jusqu'à ce qu'ils se retrouvent face au mythique et interdit continent de la Face des Eaux


Un roman qui se déroule dans des espaces clos, d'abord sur une île, bâtie par les autochtones avec des composants organiques, sur laquelle sont à peine tolérés une soixante dizaine d'humains; puis, chassés de leur foyer et sillonnant l'océan planétaire sur une flotte de six navires, la narration se poursuit au fil des réflexions du docteur Lawler, l'espace se réduisant au navire "Reine d'Hydros" et à ses quatorze membres d'équipage originel.
Le récit est imprégné des introspections du docteur, membre respecté de la communauté, parfois en opposition avec Nid Delagard, l'armateur égoïste, avide de pouvoir et de richesse. le docteur vit dans le regret de la perte de la Terre, détruite dans un cataclysme, alors qu'il est issu de la troisième génération d'exilés et n'a aucune connaissance réelle du monde qui a vu naître l'humanité, il n'a pas vraiment de but dans la vie, et dépressif consomme quotidiennement une drogue douce, le père Quillan, lui un exilé volontaire, en doute sur sa religion, va amener le récit à des questionnements mystiques, les analogies avec la Genèse sont évidentes, et finalement Quillan trouvera sa révélation dans l'esprit collectif de la planète.
Un récit surtout composé d'introspections, même si quelques attaques de monstres marins mettent un peu d'animation, les pages défilent avec lenteur, amenant à la réflexion, la lecture est agréable, même si elle est parsemée de quelques longueurs qui rendent plus réelle l'ambiance qui règne, jusqu'au dénouement final où peu de révélations seront faites sur la Face des Eaux enfin atteinte …


Un livre qui incite à la contemplation et aux réflexions, une lecture agréable qui devrait satisfaire les amateurs du genre …
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Sur la planète Hydros constituée presque uniquement d'eau, une soixante d'humains vivent depuis des années en bonne intelligence avec les Gillies, les habitants originels sur Sorve, une île artificielle. Un jour, Lawler, le médecin de l'île, très ami des Gillies, est étonné de se voir repoussé par eux. En effet, Delagard, l'armateur, vient de commettre l'irréparable : à cause de lui, trois plongeurs sont morts, ce que les Gillies ne pardonnent pas. Les humains sont donc chassés de l'île à tout jamais. Alors commence à bord des vaisseaux de Delagard une terrible odyssée à la surface d'océans remplis de vies intelligentes mais terriblement hostiles. La petite colonie trouvera-t-elle un endroit pour s'établir et prospérer ? Un vieux marin leur a parlé d'une terre agréable appelée « La Face des eaux » qui pourrait être la solution...
Un roman de science-fiction particulièrement original. Une odyssée qui fait un peu penser à celle d'Homère. Un monde étrange, complètement différent du nôtre, dans lequel l'homme se retrouve ridiculement faible et dépourvu face à une nature hostile remplie de krakens, de poissons volants hyper dangereux et autres filets gluants qui avalent le capitaine dès le début de l'histoire. Les personnages pris dans ce huis clos sont bien campés et leurs rapports bien rendus. L'intrigue est bien menée et émaillée de nombreux rebondissements. On ne déplorera qu'une fin un peu décevante par sa platitude et son mysticisme onirique.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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