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Critique de BazaR


En 1967, Robert Silverberg publiait un roman nommé « La Porte des Mondes » connoté « jeunesse » (assez peu pertinent à mon avis). Cette porte ouvre sur l'infinité des mondes alternatifs qui naissent à la moindre décision que nous prenons ou au moindre battement de cil différent : un choix égale un nouvel univers.
Dans ce cadre, l'auteur nous propose la découverte d'une Terre uchronique où les ¾ de la population européenne ont péri de la peste au 14ème siècle (c'est le même point de départ que Kim Stanley Robinson prend dans ses Chroniques des Années Noires). Les Turcs se sont emparés de leurs terres, les royaumes africains se sont développés, les empires Inca et Aztèque ont prospéré, la Russie a mis la main sur toute l'Asie et la nation Maori est une puissance maritime notable.
Silverberg nous offre une agréable balade dans un Mexique de 1963 incréé, à travers le périple d'un jeune anglais en mal d'aventure. Ne vous attendez pas à une histoire pleine de suspense et d'action ; ce n'est pas le but de l'exercice. Nous sommes avant tout ici pour faire du tourisme et découvrir le pays, ses coutumes et ses décors fabuleux. Cela n'empêche pas l'auteur de travailler son personnage principal aussi bien que d'habitude. Notre anglais jouit d'une véritable épaisseur, d'un comportement humain plutôt naïf et capable de décisions stupides. le récit est agréable et frais, baignant dans l'exotisme du fait même que ce Mexique n'est pas le nôtre. Par son personnage en balade et la découverte d'un monde différent, il m'a rappelé son roman Les Ailes de la Nuit.

Au début des années 1990, Silverberg s'associe à deux amis – et quels amis puisqu'il s'agit de John Brunner (Tous à Zanzibar) et de Chelsea Quinn Yarbro (Ariosto Furioso) – pour étoffer son monde. Chaque auteur produira une longue nouvelle, ou un court roman comme vous voulez).
Le ton est nettement plus géopolitique à présent. Silverberg s'intéresse à la succession au sein du royaume africain du Songhaï (qui a réellement existé), succession perturbée par l'ingérence plus ou moins discrète des grandes nations de ce temps. Brunner nous invite à table à Cracovie, au côté de convives qui ont tous un secret en relation avec la mort récente du Tsar de Russie. Enfin Yarbro nous décrit les tergiversations de l'empire Inca à la recherche d'alliés contre un usurpateur des Vastes Plaines.
Plusieurs messages passent : en premier lieu, si les nations éliminées ou soumises par la domination de l'Europe avaient eu les coudées franches, elles ne se seraient comportées ni mieux ni moins bien que les nations européennes : désir de conquête, de puissance, habileté diplomatique et trahisons, volonté de guerre, sont des constantes indépendantes des acteurs qui les portent. En second lieu, les nations maîtresses de cette Terre subiront tôt ou tard le déclin, les peuples soumis se révoltant à la première bonne occasion. Cela a quelque chose de déculpabilisant pour un européen, et aussi je pense pour un américain (pensez au sort des amérindiens). Je ne sais pas si les auteurs voulaient provoquer ce sentiment chez leurs lecteurs cependant.

Le présent livre réunit tous ces récits dans une Intégrale, bel objet avec couverture cartonnée comme Mnémos sait les faire. de plus, les deux récits de Brunner et Yarbro sont de vrais inédits en français, et je ne peux que louer ces petites maisons d'édition de leurs efforts de traduction constants. J'ai cependant eu l'impression que cette présente traduction avait manqué de relecture. Des dialogues manquent de vérité, des diplomates parlent parfois comme des piliers de bar et surtout, des fautes de style m'ont fait grincé des dents.

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