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Critique de BazaR


BazaR
28 novembre 2019
Un roman un peu hors du coeur d'oeuvre de Bob que voilà, qui m'a vu trépidant de joie puis assez déçu.

Hors du coeur par l'absence de véritable imaginaire dans ce Livre des Crânes. Camarades ! On vous ment ! Les étiquettes SF ou fantastique qui estampillent le bouquin n'existent que grâce à la classification standard de l'auteur. Ce livre devrait être en littérature générale, tout comme, j'imagine, l'historique Seigneur des Ténèbres. Pourtant on les trouve dans le rayon SF parce que c'est là qu'on s'attend à trouver un Silverberg.
En revanche ce roman est en plein dans le coeur de l'intérêt de l'auteur pour les profils psychologiques fouillés. C'est même le principal thème abordé ici. La première partie montre quatre camarades amis et cependant très différents les uns des autres, partis pour un road trip en quête d'immortalité. Je n'ai jamais lu de « road novel » mais c'est comme ça que je les imagine.
Et là, je me suis régalé. Les regards croisés de « l'aristo » Timothy, du « paysan self-made man » Oliver, du Juif Eli et de l'homosexuel Ned sont superbes, jouissifs et donnent lieu à des scènes de réflexion philosophiques fortes et d'autres plutôt comiques.

Puis arrivent la fin de la route et le début de la deuxième partie. Les choses deviennent sérieuses. Et je pense – en accord avec ma co-lectrice Fifrildi – qu'à cette occasion Silverberg gâche sa construction.
Je veux dire que l'auteur rebat les cartes des profils psychologiques. Ceux que l'on croyait connaître se mettent à penser, à agir différemment. Et j'ai eu du mal à trouver une justification à cette bifurcation. Dans un premier temps je l'ai attribué au changement de contexte : fini le monde étudiant relativement désinvolte, maintenant on joue avec la vie et la mort. En tirant un peu ça serait passé.
Mais lorsque certains secrets profondément enfouis en chacun sont révélés, j'ai sauté comme un fusible. Ces jeunes cachaient au fond de leur conscience des choses absolument traumatisantes, qui à aucun moment ne filtrent, ne participent à la construction psychologique de la première partie. Ce sont leurs points de vue, leurs pensées, leurs réflexions, leurs émotions qui nous sont offertes dans tout le roman ; et rien, absolument rien ne montre que ces événements traumatisants les ont façonnés. On aurait dû dès le début avoir des indices, des comportements curieux. Seul Oliver en montre un peu.
Bref, le fait d'avoir gardé des événements forts pour renforcer le final invalide beaucoup la présentation psychologique de la première partie. Trop à mon goût. J'ai eu un goût de gâchis dans la bouche.

Comme Fifrildi, j'ai aussi eu du mal avec l'aspect érotique du roman. Je connais Silverberg et en général ça ne me gêne pas plus que ça. Mais là les femmes sont vraiment traitées comme des objets sexuels, et je ne pense pas qu'il était nécessaire d'aller aussi loin pour la cohérence du roman.
Est-ce que j'ai là une réaction anachronique d'un gars de 2019 pour un roman des années 1970 ? Ou est-ce que c'était déjà dur à supporter à l'époque ? Je ne saurai jamais.

Je remercie ma super co-lectrice encore une fois. On s'est bien monté le bourrichon tous les deux durant les deux parties, synchros dans nos réactions.
Ce roman m'aura tout de même marqué même s'il ne m'a pas complètement plu. Cela même le rend bien plus intéressant que, par exemple, le Dernier Chant d'Orphée.
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