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Le nez de Cléopâtre ». Avec un titre comme celui-ci autant vous dire que la grande amatrice d'histoire ancienne que je suis n'a pu résister à la tentation de découvrir ces six nouvelles uchroniques signées
Robert Silverberg. Seulement voilà : pas de Cléopâtre, peu de références antiques, et surtout des textes qui, bien que pour la plupart basés sur une idée originale, peinent à éveiller l'intérêt. Il faut dire aussi que la première nouvelle («
Légendes de la forêt Veniane ») n'est pas pour mettre le lecteur en confiance : cadre peu original (un empire romain toujours debout à l'époque moderne), intrigue bancale, personnages fades..., bref ça démarre mal. de même « Le sommeil et l'oubli », consacré à la rencontre improbable entre un homme du XXIe siècle et le célèbre chef mongol Gengis Khan, se lit sans réel déplaisir mais sans passion non plus. Les quelques récits relevant davantage de la science-fiction que de la fatnasy historique, sont pour leur part un peu plus réussis car plus originaux, qu'il s'agisse du « Traité de Düsseldrof » mettant en scène un extraterrestre chargé de ralentir aussi longtemps que possible les progrès techniques et scientifiques terrestres en faisant de l'Allemagne le grand vainqueur de la Première Guerre Mondiale ; ou encore de « Basileus », nouvelle consacré à la fascination d'un homme pour les anges bibliques auxquels il tente de donner vie sur son ordinateur.
Sans être pour autant mémorables, certaines nouvelles se font malgré tout plus intéressantes, à commencer par « Entre un soldat, puis un autre » où l'on découvre que des pros de l'informatique sont parvenus à mettre au point un programme permettant de recréer sous la forme d'hologrammes des personnages historiques capables de penser et de discuter avec des interlocuteurs de notre époque. « Imaginez
Louis XIV vantant les fontaines du château de Versailles, Picasso faisant la visite des musées parisiens,
Sartre échangeant des bons mots avec les passants depuis la terrasse du Café de Flore ! » Voilà ce dont il est ici question. Silverberg opte cela dit pour des choix plus originaux et c'est ainsi que l'on assiste avec une certaine curiosité amusée à la rencontre de Francisco Pizzare, capitaine espagnol du XVIe siècle vainqueur de l'empire inca, et Socrate, célèbre philosophe grec encensé par
Platon pour sa sagacité. L'idée ne manque pas de piquant et fait de cette nouvelle sans aucun doute la meilleure du recueil. « Tombouctou à l'heure du lion », texte consacré aux intrigues de cour africaines dans un monde où l'islam serait parvenu dès le Moyen Age à supplanter le christianisme, n'est pour sa part pas dénuer d'intérêt, même si là encore je doute d'en garder un souvenir impérissable
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Le nez de Cléopâtre » se révèle ainsi être un recueil très décevant, composé de nouvelles qui sont loin de représenter le meilleur de ce dont est capable
Robert Silverberg. A ceux qui voudrait s'initier aux récits de l'auteur, je conseillerai plutôt un ouvrage du genre du « Dernier chant d'Orphée », tout aussi court mais bien plus captivant. Dommage.