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Une monade où le nomade n'est plus…

Trois piliers semblent poser aujourd'hui des problèmes insolubles lorsque nous les mettons côte à côte : la finitude des ressources, la croissance démographique et le mode de développement. Robert Silverberg imagine un monde futur où ces trois éléments de l'équation sont enfin en adéquation pour former un nouveau modèle économique et social aux antipodes du nôtre. Nous sommes en 2381, la surpopulation n'est plus un problème. 75 milliards d'individus peuplent la Terre. L'Homme a trouvé la solution en se développant verticalement de sorte que suffisamment de terres exploitables sont libérées pour subvenir aux besoins. Les monades sont d'immenses tours-mondes, chacune peuplée de plus de 800 000 personnes dans lesquelles le mode de développement est contrôlé de très près. le meilleur des mondes ? Une utopie ? Pas vraiment…

J'aime ce terme mystérieux de monade. Mais avant de lire ce livre, je n'en comprenais pas vraiment le concept [même si Laetitia Sadier, chanteuse du groupe franco-anglais Stereolab, dont je suis l'une plus grande fan, en ai fait le nom d'un groupe de musique expérimentale].
Si l'on en croit la définition de Gottfried Wilhelm Leibniz l'ayant proposé au XVIIe siècle la monade est une entité simple, indivisible et indépendante qui contient en elle-même toutes les perceptions, idées et concepts qui lui sont propres. Les monades ne peuvent pas être affectées par les autres monades et ne peuvent pas agir les unes sur les autres. Cependant, elles peuvent être reliées les unes aux autres par des relations de similitude et de contiguïté.
Nous y sommes. Une monade selon Robert Silverberg est une immense, gigantesque tour en béton armé de 3000 mètres de haut, soit 1000 étages, colossal pilier, masse vacillante trouant l'air, au milieu d'autres semblables tours, comprenant chacune presque 900 000 personnes, divisée en blocs dans lesquels les individus ont un statut social déterminé. Plus nous montons dans la tour, plus le statut social est élevé. Les travailleurs manuels occupant ainsi les étages inférieurs tandis que les administrateurs et intellectuels vivent dans les hauteurs de la tour. Absolument tout est présent dans chaque bloc pour la vie en société, que ce soit les écoles, les hôpitaux, la nourriture, les centres de culte, de sorte que les personnes, parquées à la verticale, ne sortent pas, et n'ont pas le droit de sortir. Elles n'y pensent pas d'ailleurs, conditionnées à ce mode de vie où le bonheur semble déborder de toute part. Autosuffisance contrôlée, une monade tue le concept de monadisme. Et la mission de toute personne, dès l'âge de 10 ans, la puberté étant très précoce en 2380, est de procréer, sans relâche…De quoi monter dans les tours au sens propre, comme au sens figuré.

Très proche de Nous autres de Zamiatine, « Les monades urbaines » propose un monde futur dans lequel la société a totalement changé de sorte que ces humains regardent le passé, nos siècles, avec un étonnement perplexe. Et j'ai trouvé ce chamboulement des repères les plus élémentaires fascinante.
A titre d'exemple, mais il y en a plein dans ce livre, la notion d'intimité n'existe plus, celle de propriété non plus, de sorte que toute femme, pourtant mariée dès l'âge de puberté, est disponible à tout habitant. Cette liberté sexuelle a pour but de compenser les tensions possibles générées par un environnement surpeuplé. Liberté, enfin relative, car aucun habitant n'a le droit de se refuser à un autre. Un monde ultra moderne où la liberté se fait injonction…Les promenades nocturnes notamment sont l'occasion pour toute personne de pouvoir se glisser dans la couche d'un couple et de faire l'amour à l'épouse, le refus étant mal vu et devant être rare.
Le concept de jalousie, tout comme celui d'intimité ou de tabous, n'est plus. Les familles d'une dizaine d'enfants sont légion. Les gens sont dans une promiscuité oppressante, baignent depuis leur naissance dans un air aseptisé et ne connaissent pas l'air de la nature, la caresse du vent, la chaleur du soleil, le gazouillement des oiseaux. seuls quelques agriculteurs aux moeurs soi-disant barbares travaillent sur les terres, poussées à leur productivité maximale pour venir nourrir les 75 milliards d'individus désormais sur Terre.

Oui, impossible de ne pas faire le parallèle avec Nous autres de Zamiatine dans lequel le monde est sous cloche, en vase clos derrière une muraille verte qui isole les individus du monde sauvage et naturel, des animaux et de toute végétation, et dans lequel les habitations ont des murs transparents, palais de cristal, de façon à pouvoir toujours observer les faits et gestes de chacun.

Le livre est composé de chapitres qui pourraient être indépendants car se focalisant sur un des personnages croisés dans les chapitres précédents. D'ailleurs, la préface du livre nous explique que les histoires qui composent « les monades urbaines » ont été publiées séparément dans diverses revues, et dans le désordre. Cela ne se ressent pas du tout, les chapitres forment un tout homogène et les correspondances en termes de personnages et thématiques sont subtiles. Chaque chapitre zoome sur un des protagonistes et capte ses failles. Car si tout à l'air parfaitement fluide, heureux, parfait, sous contrôle, en réalité des fissures existent, colmatées souvent violemment. Ce sont ces fissures sur lesquelles Robert Silvergerg nous invite à nous pencher. Rêves de liberté, jalousie inavouée, refus d'obtempérer aussitôt contrôlé par des éthiciens, religion et drogue comme moyens d'asservissement, fuite hors de la monade, dépression par perte de sens, déshumanisation…

Le monde proposé par Robert Silverberg, à l'air croupi et à la pâle lumière artificielle, est glaçant. le traitement des femmes, à la fois respectées car porteuses de vie, voire honorées lorsqu'elles sont enceintes, mais aussi rejetées en cas de stérilité ou de frigidité, m'a horrifiée. Sous couvert de liberté sexuelle, de partenaires multiples, cette société met en valeur le summum de la réification de la femme en tant qu'objet pour assouvir ses besoins à tout moment, en tant qu'objet pour plaire et pour procréer. Gare aux premières rides…D'ailleurs, mis à part quelques dirigeants perchés tout en haut de la tour, il n'y a aucune personne âgée dans ce livre de sorte que nous nous demandons ce qu'elles sont devenues…Autre interrogation sur la frontière, sans doute pas si lointaine, où l'utopie va se transformer en cauchemar, les ressources étant finies. Si l'organisation spatiale verticale a permis de dégager beaucoup de terres et donc beaucoup de ressources, il y aura bien une fin, nous le pressentons. Enfin j'ai trouvé passionnant la question de ce nouvel être humain : est-il juste conditionné psychologiquement à cette vie ou est-il le résultat d'une modification génétique à long terme ? La plupart des histoires m'ont ainsi fascinée, interrogée, d'une fascination parfois malsaine. Quelques rares histoires m'ont davantage ennuyée comme celle de l'orgie des dirigeants, même si elle n'est pas dénuée d'intérêt mettant en valeur les turpitudes de nos classes dirigeantes, même dans ce monde-là. Je suis assez dubitative aussi sur la crudité de certains passages, la vulgarité de certains termes employés, ça vient gâcher un ensemble qui aurait pu être parfait et même assez poétique par moment. Un « Nous autres » plus crû en quelque sorte…c'est dommage. Mais mis à part ce bémol, « Les monades urbaines » est un très bon livre, étonnant et fascinant, riche, qui exploite, chapitre après chapitre, toutes les facettes du concept de départ posé par l'auteur.

Un livre assurément très marquant. Après cette lecture nous reconsidérons notre espace vital non restreint et notre important coefficient d'intimité privé avec soulagement et bonheur…jusqu'à quand ?
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Les Monades urbaines ou "le meilleur des mondes" selon Robert Silverberg...

Comment rendre heureux 75 milliards d'êtres humains ? Comment concilier utopie et surpopulation ? Robert Silverberg nous propose une réponse dans Les Monades urbaines.
Le titre américain du roman est « The World inside » ; le « monde à l'intérieur », c'est à la fois la société à l'intérieur de la monade urbaine 116, un immense immeuble de trois mille mètres de haut peuplé de presque neuf cents mille habitants, et les individus qui composent cette société.
Silverberg nous fait découvrir tout le ressenti de quelques habitants de cet univers singulier grâce à une écriture d'une rare sensibilité  : Charles qui fait découvrir la monade avec enthousiasme à un visiteur venu de Vénus, Aurea qui redoute d'être obligée de la quitter, Dillon le musicien virtuose, Micaël qui souhaite découvrir le monde extérieur, Sigmund le jeune surdoué qui côtoie les dirigeants de ce monde clos...
Bien qu'enfermés dans cet univers vertical, les habitants y semblent heureux : ils vivent dans une aisance relative, travaillent modérément, jouissent d'une totale liberté sexuelle. Mais cette société se caractérise par une politique nataliste aberrante : plus on a d'enfants, plus on est considéré !
En outre, cette apparente utopie révèle des failles inquiétantes : le pouvoir des maîtres de la monade ne repose sur aucune légitimité, hommes et femmes se doivent d'être sexuellement disponibles à quiconque le souhaite, les individus insatisfaits sont supprimés sans possibilité de se défendre DANS LA PLUS COMPLETE INDIFFERENCE et, plus inquiétant encore, les personnes âgées sont étonnamment absentes de cet univers, à quelques exceptions près (les maîtres de la monade). QUE SONT-ELLES DEVENUES ? Dans un monde qui n'accorde de crédit qu'au fait d'engendrer et d'élever les enfants, l'existence des personnes âgées ne semble avoir aucune justification…
Quant au monde extérieur, les eaux ont monté et les anciennes cités ont disparu, il n'y a plus d'animaux, plus de nature sauvage, rien que d'immenses plantations, des plantations qu'il faut sans cesse étendre pour nourrir la population croissante des monades : jusqu'à quand ? Tôt ou tard, même si l'échéance est repoussée, il y aura trop de bouches à nourrir : les monades ne seront plus correctement approvisionnées, l'utopie se transformera en cauchemar…

Un univers et des personnages qui ne se laissent pas facilement oublier.
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Dans la préface, il est expliqué que les histoires qui composent « les monades urbaines » ont été publiées séparément dans diverses revues, et dans le désordre. A la lecture du roman de Silverberg, j'en suis très surprise car « les monades urbaines » est bel et bien un roman. La construction est singulière, certes, mais les différents chapitres, je me refuse à parler de nouvelles, composent un tout cohérent et qui me parait indivisible. Il y a tant de correspondances narratives et thématiques entre chaque chapitre que ça n'a pas de sens de lire « les monades urbaines » autrement que comme un roman.

Le 1er chapitre est une parfaite entrée en matière. Un observateur de Vénus visite une monade avec pour guide un des habitants. Ce visiteur sert un peu d'alter-ego au lecteur pour sa découverte du monde imaginé par Silverberg. Et d'ailleurs en quoi consiste cet univers ? En 2381, la surpopulation n'est plus un problème. L'Homme a trouvé la solution en se développant verticalement. Les monades sont d'immenses tours-mondes, chacune peuplée de plus de 800 000 personnes. Les monades, très hiérarchisées, sont divisées en étage, les travailleurs manuels occupant les étages inférieurs tandis que les administrateurs vivent dans les hauteurs de la tour. La natalité est vivement encouragée. Dans cet environnement surpeuplé, afin d'éviter toute tension et frustration, la liberté sexuelle est de mise. Aucun habitant de la monade n'a le droit de se refuser à un autre. La seule préconisation est d'éviter de choisir un partenaire d'une classe sociale supérieure. Les habitants de la monade semblent heureux de leur sort et voient en ce mode de vie le meilleur possible. Il y a toutefois quelques rares exceptions, des gens qui, un jour, ne vont plus être adaptés à ce système. Ceux-là, qu'on nomme « anomos », on tente de les rééduquer et en cas d'échec on les élimine.
Le monde imaginé par Silverberg est donc vraiment effrayant, glaçant. Et ce d'autant plus que les gens semblent, dans leur majorité, se satisfaire de ce système. D'ailleurs, la masse des habitants est assez effrayante en elle-même. Ils apparaissent comme quasiment dénués d'émotions et de sentiments, presque déshumanisés.
Après ce chapitre d'introduction, chaque histoire va, petit à petit, montrer que ce sytème utopique où tout le monde prétend être heureux est en fait une négation de ce qui fait l'Homme. Cette nature profonde et réelle refait surface chez les anomos malgré le conditionnement dont les habitants font l'objet depuis longtemps.
La sexualité est en fait la seule liberté dont disposent les habitants des monades. Mais cette liberté n'est qu'un leurre et ressemble plutôt à une injonction. La séduction est totalement absente. Les rapports charnels, s'ils ne sont pas dénués de plaisir, sont assez mécaniques et manquent à la fois de passion et de sentiment. D'ailleurs, il n'est guère étonnant que le couple le plus attachant soit celui de Jason et Micaela Quevedo, Il n'est guère étonnant non plus que le personnage de Micael Statler soit profondément troublé et marqué par Artha,

« Les monades urbaines » est un très bon roman, aux thématiques riches et intelligemment construit. Ceci dit, certaines histoires m'ont moins plu. L'histoire de Dillon, le musicien, m'a ennuyée. le chapitre où les dirigeants de la monade organisent une orgie ne m'a pas emballée non plus. Bien sûr ce chapitre développe un propos qui n'est pas inintéressant. Dans ce récit, est mis en avant l'aspect ultra-hiérarchisé de cette société et le fait que la liberté sexuelle ainsi que l'accès libre aux drogues sont avant tout un moyen de contrôle et de perpétuation du système. Si le propos de ce chapitre est intéressant, le traitement est en revanche assez médiocre et surtout très gratuit. D'ailleurs, le seul véritable grief que j'ai envers le roman, c'est la vulgarité de certains passages. Je ne sais pas si cela est dû à la traduction ou si c'est déjà le cas dans la version originale mais certains termes m'ont semblée mal choisis. Ainsi, lorsqu'il s'agit des relations sexuelles, le mot « défoncer » est celui qui revient le plus souvent. Je trouve que, outre sa vulgarité, ce terme n'est pas le mieux choisi car selon moi il évoque une notion de rapport dominé/dominant , qu'il soit une agression ou un jeu. Or, le sexe dans « les monades urbaines » n'a pas vraiment cette dimension. Comme je l'ai déjà évoqué, dans les monades le sexe est assez mécanique, il est quasiment dénué de désir et est davantage un moyen d'évacuer la pression qu'une source de bonheur. Je pense que le mot « baiser » aurait été plus approprié car il est plus neutre et n'évoque pas forcément autre chose que l'acte en lui-même, tout en restant assez trivial.

Mises à part ces 2 histoires, les autres chapitres sont tous passionnants et constituent une oeuvre riche qui explore toutes les facettes de son postulat de départ. le point commun de chaque récit est qu'il met au jour un dysfonctionnement de ce monde soi-disant idéal, à travers le destin d'un personnage particulier. En s'attachant ainsi à un être dans son individualité, en se détachant de la vision globale macroscopique de la monade, le texte nous rappelle que l'Homme, s'il est un animal social, a besoin d'exprimer une forme de singularité, notamment à travers des sentiments et des affects, qu'ils soient positifs ou négatifs.
Un roman fort et assurément marquant.
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Ça y est ! L'humanité a enfin trouvé la solution au problème de la surpopulation. Il faut remplir en vertical.

Imaginez des constellations de tours qui s'élèvent à trois kilomètres au-dessus du niveau de la mer, entourées de champs et de zones d'élevage à perte de vue. Imaginez que chaque tour – chaque monade – constitue une société en soit que la plupart des habitants ne quittent jamais. le second principe de la thermodynamique y a été vaincu tellement le recyclage est efficace. Tout y est disponible, le travail n'est pas harassant, le plaisir du sexe libre et la reproduction sont des devoirs, les loisirs sont nombreux. Oh il y a bien une hiérarchie – les manoeuvres en bas et les dirigeants en haut – mais pas de conflit de caste. Pourquoi y en aurait-il quand tout est disponible à foison ?

Alors quoi ? Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ? « le meilleur des mondes » ; l'expression est lâchée. Après avoir présenté le fonctionnement de ses monades, Robert Silverberg s'attache essentiellement à des personnages qui ont quelques difficultés d'adaptation. Parfois ce n'est pas grand-chose – comme pour Jason qui éprouve de la jalousie car son épouse semble éprouver plus de plaisir dans d'autres bras que dans les siens. Quelle drôle d'idée la jalousie ! – parfois c'est une catastrophe comme pour Auréa qui fait partie des tirées au sort pour partir peupler une nouvelle monade ou comme pour Micael qui rêve tant de découvrir l'extérieur.
Cependant il faut faire attention avec la déviation de la norme dans les monades. La sanction est rapide… et définitive.
Le meilleur des mondes.

Robert Silverberg maîtrise à la perfection l'art de nous projeter dans les pensées, les doutes, les peurs et les joies de ses personnages. C'est toujours terriblement criant de vérité. Nul doute que nous avons affaire à de véritables êtres humains ici. L'action est secondaire ; la peinture d'un monde et des gens qui la composent prime sur le reste. L'auteur se lâche parfois comme s'il se lançait un défi : la description d'un concert utilisant des instruments inconnus – mélange d'un planétarium en 3D et de musique de Jean-Michel Jarre est hallucinante. Je pense que certains de mes co-lecteurs durant la LC ont pensé que c'est Silverbers qui avait fumé, et pas que du tabac. Dans d'autres scènes, il exploite son expérience passée d'écrivain de porno pour nous brosser des orgies de chair qui ne déplairaient pas à Jodorowsky.

Ce monde parfait cacherait donc une part d'ombre. La belle affaire. Depuis que j'ai lu des essais de madame Ursula le Guin, je suis convaincu qu'elle a raison quand elle prétend que toute société, aussi belle paraît-elle, cache quelque chose qui va heurter la morale de certains, et plus facilement la morale de ceux n'appartenant pas à la société en question. Robert Silverberg n'est pas dupe. Même s'il construit une utopie dont il s'attache ensuite à montrer les imperfections, il prend du temps – à travers Jason l'historien – pour mettre en rapport les points positifs et négatifs de la société des monades en comparaison de la nôtre. Ces gens ne savent plus ce qu'est la guerre, la faim ou la maladie. Les cavaliers de l'apocalypse ont été vaincus, tous sauf la mort. Mais ils sont privés de la liberté de penser ce qu'ils veulent. L'auteur pèse.

Une petite déception tout de même concernant le sort réservé à Siegmund, le futur dirigeant. Oh le choix fait par Silverberg le concernant est tout à fait valide et apporte de l'eau à son moulin. Mais je pense que j'aurais plus apprécié de lire un portrait d'un homme qui acquiert petit à petit l'état d'esprit d'un dirigeant tel que Nissim Shawke, plutôt que celui d'un homme qui « dévie ». Un portrait plus empreint de cynisme.

Un excellent roman à épisodes qui me rappelle que « le meilleur des mondes », d'Aldous Huxley, manque à ma culture.
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Dans Les monades urbaines, Robert Silverberg offre un univers intéressant : le 24ème siècle et ses 70 milliards d'habitants (« croissez et multipliez ») qui vivent dans des tours d'un millier d'étages.

Les 7 histoires évoquent des personnages qui évoluent tous dans la Monade 116. Elles permettent de se faire une bonne idée du mode de fonctionnement de cette société qui évolue en vase clos. Ce qui m'a le plus marqué c'est l'absence totale d'intimité et la liberté sexuelle démesurée. La nuit n'importe qui peut venir chez vous pour avoir des rapports sexuels et vous ne pouvez pas vous dérober. Quelle horreur !

Cela aurait pu plus me plaire mais c'était trop axé sur la sexualité. Je pense qu'il y avait d'autres pistes à explorer.

Je dois quand même avouer que j'ai beaucoup aimé la deuxième histoire centrée sur le personnage d'Aurea Holston. J'ai aussi trouvé intéressante celle (la sixième) qui s'intéresse de plus près à Micael Statler qui nous emmène voir ce qui se passe à l'extérieur de la monade.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé cette lecture bien ennuyeuse par rapport aux autres livres que j'ai déjà lu de l'auteur comme : Les déportés du Cambrien, Les ailes de la nuit & Les royaumes du mur.



Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (36)
2018, l'année Robert Silverberg… (LC)


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Difficile de ne pas être dérangé par les moeurs de cette société futuriste. En effet, elle est bien différente de la notre: la terre porte soixante-dix milliards d'êtres humains qui vivent dans des tours de mille étages, les monades urbaines. Chacun doit vivre en harmonie dans cet univers vertical, accepter son statut et remplir son devoir. Qui s'y oppose est exécuté.
Silverberg nous décrit une société utopique qui est parfois dérangeante comme par exemple la totale liberté sexuelle de chacun. Ici il est normal de passer d'un partenaire à un autre avec fierté sous les yeux des époux puisque la devise exige que les habitants se multiplient le plus possible. On est complètement baigné dans un univers original qui est très bien exposé par différents points de vues des personnages au fil des chapitres. Un roman agréable à lire.
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CROISSEZ ET MULTIPLIEZ ET REMPLISSEZ LES MONADES ! (OU CHUTEZ)

Projetons violemment notre univers terrestre quelques deux siècles et demi plus loin. En 2381, pour être parfaitement précis. Il n'est désormais plus question d'urbanisme anarchique de nos villes-champignons. Il ne s'agit plus de problèmes cruciaux de guerres, de luttes économiques, politiques, impérialistes entre état. Il ne s'agit plus guère de savoir comment parvenir au bonheur pour tous et pour chacun. Il ne s'agit même plus de savoir comment réguler l'ensemble de la population mondiale afin de la faire tenir sur une planète décidément trop petite et aux contours assurément définitifs. Non ! Tout cela, c'était des problèmes "pré-urbmonadiaux" tels qu'ils s'en trouvaient, de manière aussi exaspérante qu'irrésolue, dans les siècles précédents, et surtout au long de ce XXème siècle plein de toutes ces angoisses et de son chaos chronique, sans espoir.

Désormais domine, pour le bien de tous et son bonheur universel : La MONADE. Et pas n'importe laquelle : la MONADE URBAINE.

Qu'en est-il exactement de ce qui, chez les grecs pythagoriciens, représente cette unité métaphysique parfaite ou, chez les néoplatoniciens chrétiens est en quelque sorte dieu le père soi-même, son propre roi et son ultime unité ? Plus tardivement, c'est encore le célèbre mathématicien et philosophe Gottfried Wilhelm Leibniz qui développera le plus cette idée, la monadologie, selon laquelle, pour résumer très vite, tout être est soit une monade soit un composé de monades. Qu'en déduire, alors, de ces fameuses monades urbaines ? Qu'elles sont des unités parfaites composées, chacune, d'un peu plus de huit cent mille individus vivant dans ces tours gigantesques, dignes de Babel (mais d'une seule langue), se projetant vers le ciel à une hauteur de trois kilomètres, larges à leur base, légèrement profilées et pointues plus l'on se rapproche du sommet ; qu'elles sont composées de "villages" de trente à quarante mille de ces animalcules humains, villages re-nommés selon des noms aujourd'hui disparus de villes anciennement étales, horizontales et non verticales comme c'est désormais le cas ; que chacun de ces "villages" est composé d'une population relativement homogène, qui d'agent de maintenance, qui d'ouvriers manufacturiers, qui de petits fonctionnaires, qui d'artistes, qui encore d'intellectuels et de chercheurs ou, vers les cimes, d'administrateurs de premier plan ; que tout ce monde là vit (survit ?), «Dieu soit loué, Dieu soit loué !» avec onction dans la bienheureuse indolence de qui ne connait jamais le moindre vrai conflit, l'égoïsme de notre époque ayant été purement et simplement banni de ce monde vertical, de même que la multiplicité des religions (il n'y en a plus qu'une, mais qui n'est pas excessivement dominatrice), des langages, des idéaux, etc. Comment ? C'est fort simple : il n'y a plus de tabou : plus de pudeur, plus le moindre sens de la propriété, tout appartient plus ou moins à tous, y compris les êtres, on se marie encore, mais cela relève plus de la prescription pratique et administrative permettant à tout un chacun de croître et de multiplier au sein d'une famille nucléaire, puisque hommes et femmes se fécondent les uns les autres sans autre forme de procès, qu'il est de bon ton qu'à la nuit tombée, ces messieurs pénètrent la couche des femmes, connues d'eux ou parfaitement inconnues - le mari fut-il présent- ; que l'homosexualité, ou plus exactement la bisexualité n'y sont pas le moins du monde découragés, sauf qu'il faut, tôt ou tard, procréer, qu'aucun appartement n'étant jamais verrouillé . de toute manière, qu'y aurait-il à voler puisque tout le monde possède plus ou moins les mêmes choses, pourvu que l'on demeure dans sa strate socio-urbanistique.

Ainsi, l'on baise beaucoup dans Les Monades urbaines - que les yeux chastes se rassurent, l'ouvrage n'est en rien un livre érotique ni pornographique. On y trouve bien, de loin en loin, quelques moments un peu plus "torrides", mais dans l'ensemble les scènes de copulation brièvement décrites y ressemblent à ce que peuvent être des scènes d'amour sans la moindre forme de sentiment, de purs besoins physiologiques à assouvir : des actes parfaitement mécaniques et relativement répétitifs -. Mieux, on "défonce" et se défonce (certaines substances hallucinogènes - de type LSD, époque de rédaction de ce livre oblige - y sont en effet sont parfaitement légales) en permanence, dès que les individus sont nubiles : neuf ans pour les plus précoces, onze à treize en moyenne, et dans cette société où n'existe aucune forme de contraceptif, où la simple idée de pouvoir contrôler les naissance est conçue comme une idée déviante, abominable et illégale, le problème de la surpopulation ayant été réglé par la verticalité, la famille (très) nombreuse y est une sorte de bénédiction.

Robert Silverberg, dont c'est là, assurément le plus connu et, très probablement le meilleur des ouvrages, va ainsi développer son utopie, chapitres après chapitres, en nous présentant quelques uns de ses membres : un "sociocomputeur" nommé Charles Mattern, un jeune couple destiné à voyager - horreur ! - vers une monade nouvellement créée, la monade 116 où se déroule l'action étant sur le point d'atteindre ses limites en population ; on suit quelques temps un artiste, Dillon Chrimes, joueur de vibrastar génial et heureux de son existence ; on va croiser deux beaux-frères, Jason, historien sans grande ambition, spécialiste de l'histoire du XXème siècle et Micael, frère jumeau de l'épouse du précédent (prénommée Micaela), électronicien adorateur des films de ces époques englouties étudiées par Jason, et qui rêve d'ailleurs ; on va suivre, enfin, Siegmund Kluver, une sorte de citoyen modèle, encore jeune (une quinzaine d'années), mais à l'ambition aussi dévorante que son intelligence est brillante et qui rêve d'atteindre le niveau suprême de la Monade 116, la fameuse Louisville, le lieux où vivent et agissent les mystérieux "administrateurs" de cet ensemble colossal. Peu à peu, le miroir aux alouettes va se fendiller pour carrément se briser concernant certains des personnages centraux de ce roman polyphonique à la narration extérieure volontairement froide - un peu comme si Silverberg nous présentait un genre de documentaire du quotidien, suivant une logique propre, essayant d'illustrer des parcours différents, mais liés, de cette fameuse monade 116 -. cela peut surprendre, c'est en tout les cas très intelligent car entre les lignes, à travers ces portraits tout autant que les nombreuses digressions pratiquées par ce même narrateur ou par les acteurs involontaires de ce drame à l'occasion de leurs échanges, se met en place un univers clos d'une grande solidité narrative et hypothétique. .

Peu à peu se dresse ainsi cette tentative d'utopie réelle - où une lecture en surface semblera n'avérer finalement qu'un pur cauchemar mais c'est pourtant loin d'être aussi simple -, sans le didactisme souvent ennuyeux des exercices sociologiques ou philosophiques de ce genre, rapprochant ainsi Les Monades urbaines d'une autre mieux connue, le Meilleur des mondes de Haldous Huxley.
Mais à travers l'utopie filtre le soupçon d'un monde totalitaire - d'un totalitarisme d'ailleurs sans véritable chef, plutôt une hydre méritocratique et fortement administrative. A aucun moment Robert Silverberg n'évoque un chef ni même un pouvoir strictement établi, connaissable et reconnaissable, mais plutôt une espèce d'aristocratie de l'intelligence, largement secondée par l'informatique. Nous en saurons encore moins sur le pouvoir qui chapeaute ces rassemblement de monades sous forme de villes verticales dans lesquelles personne ou presque n'a de contact physique direct avec ses voisins. La seule chose que l'on sache de leurs rapports c'est que les monades se livrent des concours entre elles à qui aura le plus grand nombre de naissance à l'année... - à travers ce filtre, donc, on comprend que certains parmi ces centaines de milliers d'individus, parqués comme dans des sortes de gigantesques termitières, pètent littéralement les plombs. Tel va essayer de trancher sa petite famille au couteau de cuisine, tel autre va tenir des propos "asociaux", clamant sa haine des enfants, désirant à corps et à cris sortir, devenant égoïste, jaloux, barbare selon les critères imposés par ce nouveau fonctionnement social, les coutumes et les lois. Ainsi existe-t-il ces fameux (et honteux pour leurs proches) "anomo". Robert Silverberg, en bon professionnel de l'écriture, s'est inspiré d'un terme fondamental de la sociologie d'un des pères-fondateur de celle-ci, le français Emile Durkheim : l'anomie, qui est une sorte de "mal de l'infini" d'un être humain qui ne sait plus borner ses désirs au sein d'une société donnée. Celle-ci peut, très souvent, aboutir au suicide ou aux dérèglements asociaux. le monde des monades a ainsi saisi toute l'importance et la gravité de ces comportements déviants et n'applique, généralement, qu'une sentence à ses manifestations les plus visibles : la "chute" ! Autrement dit, une condamnation à mort via une descente vers les tréfonds de ces immenses villes gratte-ciels où les corps seront immédiatement recyclés en... combustible ! Car rien ne peut se perdre dans une telle économie quasi autarcique dans laquelle seuls les produits de bouche viennent de petites communautés agricoles extérieures et tenues très précautionneusement à l'écart de tout contact monadique (il y aurait d'ailleurs encore long à conter sur l'entrevue de ce monde, pour le coup, parfaitement horizontal et, tout aussi volontairement, dépeuplé des campagnes de cet avenir terrible. Silverberg y consacre un des chapitres les plus étranges et déprimant de son ensemble littéraire).

Ce texte d'un peu plus de trois cent pages est absolument foisonnant. Mieux (ou pire, selon le point de vue), il pose autant de question à son lecteur qu'il semble vouloir en résoudre. On se rend compte par exemple très vite que la population décrite dans l'ouvrage est jeune, très jeune, incroyablement jeune. Que si l'on veut bien admettre que l'humanité en boite est d'une maturité et d'une précocité invraisemblable (la plupart des personnages sont parents à onze ans, ont déjà une activité professionnelle à treize, sont d'une vitalité sexuelle incroyable, semblent littéralement brûler leur existence par tous les moyens), cela explique pourtant mal la rareté des portraits de femmes ou d'homme ayant la vingtaine, du nombre presque nul de ceux ayant passé les trente ans, et du trou abyssal dans la pyramide des ages de ceux ayant entre quarante et soixante ans. Il n'y a que chez ces espèces d'archontes des derniers étages que l'on croise quelques soixantenaires. Et encore semblent-il être des exceptions. Ceux entre deux âges ont-ils donc tous fini par chuter...?

A y bien réfléchir, on se sent aussi parfois gêné de voir cette société du plaisir hédoniste immédiat, de l'uniformité presque obligatoire, de l'interdiction du moindre désir égoïste, etc, se profiler sous nos yeux, le tout dans un modèle urbain vertical et pyramidal dans lequel l'individu en tant qu'être n'a que peu d'importance, sinon en tant qu'il est un des micro-éléments de cette fameuse monade, cette supposée perfection. Bien sur, ce n'est pas (encore) le portrait de notre monde. Bien entendu, les problématiques de surpopulations de l'époque de rédaction de ce livre se posaient autrement qu'aujourd'hui, et sans doute de manière alors bien plus angoissante. Il n'empêche que cette société d'individus se situant entre la fourmi laborieuse et le singe bonobo - qui est connu pour désamorcer les prémices de conflits sociaux par l'accomplissement d'actes sexuels non reproductifs - ne semble ni tout à fait impossible, ni forcément si lointaine de certains voeux, sans doute pas ainsi exprimés, émis par tous ceux rêvant d'un monde sans guerre, sans conflit, sans haine, sans disparités sociales trop fortes (c'est d'ailleurs un échec dans le monde décrit ici, un phénomène de caste y étant très pesant et presque irréductible), et il est évident que nous sommes beaucoup à idéaliser un tel monde. Cependant, cette société telle qu'imaginée avec intelligence et un grand sens du détail fortuit, indirect, par Robert Silverberg donne surtout le sentiment d'être un genre d'enfer climatisé où toute vraie liberté est niée, à l'exception de celle de copuler avec qui bon vous semble (et bien que l'auteur demeure victime des préjugés de son temps, que c'est ainsi l'homme qui se déplace d'appartement en appartement et pro/pose l'acte, tandis que la femme est socialement et légalement obligée d'accepter le rapport, sauf à être déjà occupée... C'est un "détail" sur lequel il y aurait beaucoup à redire, mais il est à parier que l'auteur n'avait alors qu'assez peu conscience de l'aspect phallocrate de cet aspect de son roman. A moins qu'il lui ait semblé que ce fut là le seul moyen de maintenir un genre d'équilibre entre les sexes ? La question est difficile à trancher).

Le comble, malgré ce que cette chronique interminable (sic !) peut donner comme sentiment de l'oeuvre... c'est que ce roman qui se lit comme un rien, qu'on y suit, agréablement mais sans toujours comprendre immédiatement les enchaînements, tous ces acteurs d'une grande diversité, chaque chapitre étant très indépendant du suivant un peu comme s'il s'agissait, de manière très trompeuse, d'une succession de nouvelles (rappelons que l'auteur en rédigea des centaines). Qui peut même souvent sembler facile, évident. Qui s'avère d'une richesse jamais totalement confondue. C'est très certainement la marque des très grands textes et Les Monades urbaines la possède indubitablement, se classant de fait parmi le peloton de têtes, si l'on peut dire, des grands romans dystopiques du XXème siècle récemment écoulé.
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Au XXIVe siècle, la population s'élève à 75 milliards d'humains, soit dix fois plus qu'au XXIe siècle. Et où loge-t-on tout ce monde ? Dans des monades urbaines, des immenses gratte-ciels de plusieurs centaines d'étages comptant près d'un millier d'hommes par monade. La façon de vivre aussi est différente, il faut se multiplier le plus possible, en commençant le plus tôt possible. Et puis il n'y a pas d'intimité ou de jalousie, puisque chacun peut coucher avec tout le monde.
Dans chaque chapitre, on retrouve un personnage particulier, on découvre une vie singulière avec femme/homme et enfants, son rôle dans la société, ses états d'âme. Si la plupart semble adhérer à cette idéologie, d'autres se posent des questions, angoissent et cherchent à résoudre leurs questions existantielles. L'auteur suit un fil chronologique puisqu'on passe à un nouvel habitant dans la continuité du quotidien, mais c'est à chaque fois une nouvelle facette qui permet de comprendre ce monde étrange et un peu effrayant . Ces monades urbaines semblent plein d'amour et de partage au premier abord mais sous le vernis...
Un livre qui fait réfléchir sur le surpopulation, l'organisation des sociétés d'une façon forte. Attention à ne pas être claustrophobe, on ne sort pas beaucoup de ces monades... J'ai trouvé ce roman plus abouti que le premier que j'ai lu de Robert Silverberg, Les déportés du cambrien. Il a une oeuvre conséquente et j'ai encore quelques livres dans ma PAL.
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lu à 20 ans : appréciation maximale ! :-)
relu à 50 ans : sans plus :-(

le livre de S.F. qui m'avait enthousiasmé, l'architecture, la surpopulation ...enfin une vision concrète d'un monde futur !!
sauf que à la relecture , ces tours de 3000 mètres laissent encore pas mal d'ombres !!!!

par contre je viens de mettre dans mon pense bête : "Silo" ..... histoire similaire, peut être un peu plus crédible !? ...... à suivre :-)
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Mon avis est assez mitigé : J'ai adoré l'aspect anticipation, avec cette façon de résoudre le phénomène de surpopulation de la terre, ce système de tours géantes permettant la population terrestre d'atteindre les 100 milliards d'habitants, cette structure sociale froide, avec une souplesse déguisée, sous fond de liberté sexuelle exacerbée, et cette culture totalement vide de sens, tout cela est très bien imaginé et conçu. Mais le roman est construit un peu comme un recueil de nouvelles, et les chapitres sont très inégaux. le chapitre sur la musique et les drogues, par exemple est un modèle de l'esprit hippie caricatural assez imbuvable. Dès que les écrivains de science fiction de cette époque s'attaquent à la musique, on tombe généralement dans la soupe new-age à la sauce LSD, comme s'il ne concevaient l'avenir de la musique que dans du Jean-Michel Jarre ou du Klaus Schulze (on a le droit d'aimer, mais il s'est passé plein d'autres choses dans la musique après les années 70), et c'est décrit avec un style ronflant et finalement assez creux. Bref, on peut très bien lire ce roman en sautant le chapitre 3, mais il est aussi représentatif de ce que je reproche à l'ensemble : en centrant la problématique du roman sur la liberté sexuelle, on tombe dans les travers de l'époque et de cela résulte un roman très daté. J'aurais aimé un peu plus d'approfondissement sur les structures extérieures, d'ailleurs le chapitre où l'on rencontre le monde des agriculteurs est de loin le plus passionnant, j'aurais aimé que les rapport avec les autres monades, ou celui avec les colonies extraterrestres soient traitées de la même façon. le roman reste un ensemble très intéressant, justement pour l'aspect anticipation, mais par moment, même si l'auteur ne le cautionne pas forcément, la pensée et les obsessions de l'époque (1971) deviennent parfois trop présente.
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