Le cycle de Majipoor, tome 5 : Les Sorciers de Majipoor

Un ennemi dont l’âme est faible, mais qui dispose d'une grande autorité, est plus dangereux qu'un ennemie fort.

La faveur d'un ennemi est souvent un cadeau empoisonné.

De vieux libraires parcheminés, qui n'étaient rien d'autre que des cerveaux hypertrophiés montés sur les tiges desséchées de membres atrophiés , s'y affairaient du matin au soir, époussetant et classant, s'interrompant de loin en loin pour considérer d'un regard satisfait quelque obscur et précieux volume de leurs collections quasi illimitées.

Il ne suffit pas d'avoir l'air d'un roi; il faut l’être au fond de soi-même.

Il y avait dans ce regard une terrible et sinistre force, mais aussi une mystérieuse tendresse.

Son moi rationnel se hérissait comme à l'accoutumée devant cette nouvelle manifestation de superstition, cette croyance naïve en des corps minéraux, mais il n'en était pas moins impressionné par la pureté et l'intensité de la foi qu'elle suggérait, une foi en des esprits bienveillants et attentifs, sous la protection de qui on pouvait se placer.

Il y avait eu des présages toute l'année, une pluie de sang sur Ni-moya, des grêlons effilés en forme de larme sur trois des cités du Mont du Château, puis une vision véritablement cauchemardesque, un gigantesque quadrupède noir au yeux de rubis étincelants, avec une corne unique en spirale au milieu du front, qui voguait dans les airs au-dessus de la cité portuaire d'Alaisor, à la tombée du jour. Jamais un animal de cette espèce n'avait été vu sur le sol de Majipoor, et encore moins dans le ciel.