Voici les récits que racontent les Chiens quand le feu brûle clair dans l'âtre et que le vent souffle du nord. La famille alors fait cercle autour du feu, les jeunes chiots écoutent sans mot dire et, quand l'histoire est finie, posent maintes questions :
« Qu'est-ce que c'est que l'Homme ? » demandent-ils.
Ou bien : « Qu'est-ce que c'est une cité ? »
Ou encore : « Qu'est-ce que c'est que la guerre ? »
On ne peut donner à ces questions de réponse catégorique. Les hypothèses ne manquent pas, les théories, ni les suppositions les mieux fondées, mais rien de tout cela ne constitue véritablement une réponse.
Les gens n’ont plus besoin de vivre enfermés dans une ville.
(La ville)
Bureau de réadaptation humaine.
(La ville)
Dans le cercle de famille, plus d'un conteur a dû recourir à l'explication classique : il ne s'agit là que d'un conte, l'Homme n'existe pas et non plus la cité, et d'ailleurs ce n'est pas la vérité qu'on recherche dans une légende mais le plaisir du conte.
La tondeuse passa en gloussant de plus belle; il la suivit d'un regard torve.
(La ville)
Prenant appui sur sa canne, il se leva peu à peu. Betty s'en voudrait peut-être de le traiter de la sorte en voyant combien le fardeau des ans lui pesait. Mais il devait rester prudent. Si elle découvrait qu'il n'avait pas besoin de sa canne, elle lui trouverait des tâches à accomplir ; par contre, s'il exagérait sa faiblesse, elle lui infligerait son imbécile de médecin une fois de plus.
("La ville")
L'homme d'affaire se cramponne encore au mythe de la cité, au mythe de la vente. Le temps viendra où il se rendra compte qu'il n'a pas besoin de la cité, et que le dévouement et une échelle de valeurs honnêtes lui apporteront des revenus plus substantiels que l'art de la vente.
Mais on a abandonné les villes, dispersé les industries. Et sans cibles, il n’y avait plus de guerres possibles.
(La ville)
Quand nous avons ramassé les traînards et que nous les avons recueillis dans la Maison Webster, je leur ai retiré leurs armes, non seulement des mains, mais de l'esprit. J'ai réédité tout ce qu'on pouvait rééditer de la littérature et j'ai brûlé le reste. Je leur ai de nouveau fait apprendre à lire, à chanter, à penser.Et les livres qu'ils ont lus ne parlaient plus de guerre, ni d'armes ; on y voyait plus de batailles, ni de héros, ni de trompettes.
" Mais c'était du temps perdu, songea Jenkins. Je sais maintenant que c'était du temps perdu. Car, quoi qu'on fasse, l'homme inventera un arc et des flèches."
En gros, vous les humains vivez en solitaires. Vous ne connaissez pas votre prochain.Et vous ne pouvez pas le connaître, faute de posséder la faculté de compréhension qui le permettrait. Vous nouez des amitiés, bien sûr, mais basées sur de pures émotions et non sur un savoir avéré. Vous parvenez à vous entendre, oui, mais par la tolérance et non par l'entendement. Vous résolvez vos problèmes sur la foi d'accords, mais ils reviennent simplement à imposer les vues des esprits les plus forts aux esprits les plus faibles.