De
Simak je connaissais le magnifique "
Demain les chiens" et en gardais une impression si forte que je rechignais à aller plus loin dans la découverte de cet auteur très prolifique.
De peur d'être déçue..
Ainsi lorsque Babelio a proposé "
Voisins d'ailleurs" dans le cadre d'une opération "Masse critique" j'ai saisi l'occasion, même si je ne suis pas très amatrice de nouvelles.
Neuf histoires, neuf occasions de découvrir les thèmes chers à
Clifford D. Simak.
Peu de rencontres avec des habitants du cosmos ici, mais plutôt avec leurs réalisations.
L'auteur met face à face le Terrien et l'Objet qui va bouleverser sa vie et sa vision du monde. Ainsi, que ça soit dans "La maternelle", "Le bidule" ou " le cylindre dans le bosquet de bouleaux" c'est la machine qui joue le premier rôle et confronte l'homme à ses imperfections, ses faiblesses, ses angoisses et ses maux. Et lui donne une solution.
Chaque rencontre reprend le thème de "l'humanisme extra-terrestre" . L'Étranger supérieur à l'homme. Dans "
Demain les chiens" il s'agissait d'animaux ou de robots, ici le salut vient d'une boîte d'acier, d'un "bidule" ou d'un cylindre mystérieux. Tous ont la vocation d'abolir les souffrances ou tout au moins ses causes. de libérer l'homme de ses travers auto-destructeurs. de lui offrir une porte de sortie.
Simak tord le cou à l'extra-terrestre envahisseur, belliqueux et hostile. Il lui préfère l'être salvateur capable de balayer la guerre, la maladie, la méchanceté et même l'intelligence humaine lorsqu'elle se met au service d'un progrès trop avide de lui-même, et à terme néfaste pour la race humaine ("La fin des maux").
A tout cela, se mêlent les thèmes chers à la SF comme le voyage dans le temps ( " La photographie de Marathon"), la dissociation espace-temps, la supériorité technologique d'éventuels êtres venus d'ailleurs.
Mais, et c'est là où
Clifford D. Simak va plus loin que le bout de notre nez, en dehors de toutes ces "petites histoires" venues d'ailleurs c'est bel et bien de nous dont il parle.
L'ailleurs n'étant que prétexte pour mettre le doigt sur notre "ici". Et ses héros humains ont tous en commun d'aspirer à un monde meilleur, assez en tout cas pour être réceptifs aux solutions extra-terrestres.
Ainsi malgré le format "nouvelles", il arrive à nous présenter des hommes terriblement attachants et à nous les faire aimer en quelques lignes ("Le voisin"et son "pour vivre heureux, vivons cachés), ce que nombre d'auteurs n'arrive pas à faire en 500 pages.
Car sa lucidité sur nos travers ne l'éloigne pas de nous ni de nos préoccupations. Et il nous montre bien là toute la verve humaniste qui l'anime et l'inspire. Tout comme dans "Voisin" ou "La maternelle" l'homme malgré ses faiblesses reste digne d'être sauvé... Enfin, certains...
Un mot sur deux nouvelles plus fantastiques que SF. "La grotte des cerfs qui dansent" et " le puits siffleur". Là l'auteur parle du passé omniprésent et du poids du souvenir, il parle de solitude et du fardeau des ans qui passent. Et il nous montre toute la poésie dont il est capable. Et tout comme le "
Van Gogh de l'ère spatiale", l'homme devient le héros suprême, au final maître de ses décisions...
Alors si je devais n'en choisir qu'une, pour résumer tout le plaisir que j'ai eu à lire ce recueil... Et bien.... j'en choisirais deux : " le bidule" et " le voisin".... La première parce bien que très courte, elle m'a fait monter les larmes aux yeux, la seconde parce que oui, et depuis bien longtemps le "pour vivre heureux, vivons cachés" m'accompagne et me réconforte.. Et c'est ici dit avec tant de simplicité et tant de tendresse que je ne peux que m'y retrouver.
Un grand merci donc à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette lecture très agréable et pour m'avoir donné l'envie de lire
Simak et de dépasser mes réticences.