Dès les débuts du roman, au ton de l'histoire, nous comprendrons que nous aurons affaire à un documentaire fiction plutôt qu'un récit historique romancé.
Éric Simard utilisera la première personne pour nous conter le destin d'Alexandre, roi de Macédoine, dit " le Grand". Et c'est lui qui racontera, en chapitres courts, comme communiquant des confidences faites pour ses mémoires.
Le contexte d'époque est vite replacé et nous comprendrons là aussi sans doute quelque chose qui nous avait échappé avec le récit épique de l'Illiade- guerre entre les Athéniens et les Troiens- : il y a eu une véritable guerre ouverte entre la Grèce et l'Asie Mineure ( pour vous rendre compte de l'état de chose, situez donc les adversaires sur une carte, chers jeunes lecteurs).
Quel était l'objet de cette opposition?
La conquète bien sûr. Tout partait de là et du contrôle: contrôle des voies maritimes et commerciales, contrôle et reconnaissance des cités, importations de matières premières ou étrangères. C'était une découverte de l'ailleurs et de son exotisme, sans accords et par la force.
Au moment où le roman débute son aventure, Alexandre vient de soumettre la Perse.
Il faudra s'imprégner de la culture de ces guerriers dont les actes étaient souvent dictés par des songes qui se voulaient la volonté des dieux de l'Olympe.
Ils croyaient dur comme fer au destin qui devait s'accomplir et s'immortaliser dans le marbre. S'immortaliser parmi les étoiles était un but en soi, marquer
L Histoire.
Le personnage d'Alexandre donnera l'image intéressante d'un genre de guerrier qui voudra se distingue du barbare.
La guerre est un art, une science, elle est réfléchie, maitrisée, ses résultats seront d'avantage l'illustration indéniable d'un excellent meneur, très avisé, plutôt que d'un personnage au bras armé invincible et impitoyable. On considérera que ces personnages ont une haute opinion d'eux-mêmes ou sont d'une grande exigence morale.
" Ceux qui n'ont pas réussi sont des incapables, déclarait-il "
Alexandre est assez complexe, irritant par sa suffisance mais aussi fascinant.
L'auteur Éric Senabre ne nous présentera pas le portrait d'un égocentrique mais celui d'un personnage à la mesure de ses ambitions. Ceci en fait un homme particulier que l'on peut ne pas apprécier mais pourtant, qu'il faudra considérer pour ses actions spectaculaires.
L'aventure d'Alexandre le Grand sera passionnante pour préfigurer au public ado les qualités qui seront celles attendues d'un profil de nouveau chef d'état, instruit et cultivé, sage et audacieux, qui saura négocier ou faire respecter d'une poigne de fer.
Nous oublierons ainsi les anciens rois dignes par le sang et l'éducation ou ceux barbares élus par les qualités physiques.
Nous avancerons pas à pas, dénombrant les épreuves qui firent la légende d'Alexandre et qui lui vaudront le surnom du " Grand" encore aujourd'hui.
Les souvenirs historiques, les détails culturels et sociologiques seront précis, il faudra s'accrocher parfois mais cela sera distillé comme il se doit, pour garder au récit un caractère digeste, inspirant et captivant.
Le roman devrait intéresser le lectorat ados mais aussi adulte pour une lecture historique plaisir.