L’orgueil, en principe, n’est pas un défaut féminin. Chez certaines femmes, il perd son éclat farouche, non dénué d’une certaine grandeur, pour prendre la saveur moins glorieuse de la vanité. Maria était de celles-là.
Mais les défauts sont des maladies de l’âme… Ce n’était pas la faute de Maria si les souvenirs d’enfance l’avaient cruellement marquée. L’ennemi à combattre, même au prix de durs sacrifices, l’ennemi numéro un, c’était l’amour ; cette passion dévorante et désintéressée qui avait jadis animé sa mère et dont elle était morte.
Tout dans cette femme, malgré la réserve qu’il s’efforçait de conserver, le bouleversait. L’essence même de sa beauté. Elle était tout en blondeur, avec une touche de miel sauvage sur sa peau claire… Le bleu intense des yeux, dans la nacre précieuse du visage… Il aurait été moins sensible à une beauté brune. Celle de Maria brillait comme une étoile insolite, dans la nuit où il s’était volontairement plongé depuis tant d’années. Il en émergeait brutalement, ébloui, luttant encore, vaincu déjà.
En toutes circonstances, Maria restait droite, avec un air d’orgueil que ne parvenaient pas toujours à adoucir le sourire de commande et la pureté des traits. Des sourcils dorés abritaient des prunelles d’un bleu limpide, saphirs sans défauts à la froideur de gemme. Son teint de vraie blonde était lisse et ambré. Ses lèvres fines et nacrées. De son père, elle tenait ce profil légèrement aquilin, à l’arête délicate, qui contribuait à lui donner un air aristocratique.
Maria était hôtesse d’accueil depuis un an, après avoir été mannequin. Elle avait également posé pour des couvertures de magazines. Ni l’un ni l’autre de ces métiers ne lui convenaient.
Ici au moins utilisait-elle, outre sa beauté, sa connaissance parfaite de plusieurs langues étrangères.
Il n’y a pas d’amour heureux ! Comme dans la chanson ! La seule chose qui compte pour moi, c’est la fortune. Et tu me fais rire avec ta vieillesse ! C’est quand on est jeune qu’il faut être riche. Pour profiter de tous les plaisirs !