J'ai fait l'erreur il y a longtemps, de sacraliser ce qui serai ma première lecture de l'une des enquêtes du commissaire Maigret. C'est forcément une erreur puisque cette espèce d'attente déraisonnable m'a conduit à une déception et pour être honnête, je me sens un peu bête...
Maigret, pour moi, c'est
Jean Gabin et surtout
Bruno Crémer. Mon père, féru de policiers old school, n'en ratait pas un épisode lorsque cela passait sur France 2 dans les années 90 et, bien que petite fille, je regardais avec lui.
Je me souviens du générique avec netteté, de la fumée et d'une atmosphère pluvieuse.
Je me souviens plus vaguement des enquêtes -étrangeté de la mémoire, je me rappelle que l'une d'elle se terminait parce qu'une victime portait une robe bleue- quoique au fil des ans, je sois parvenue à les suivre moi aussi. Mon père m'aidait à récapituler les indices et me parlait de
Simenon, de l'ambiance de ses romans, du Paris gouailleur des années 50... Les enquêtes du commissaire Maigret, c'était mon père au même titre que
Hitchcock,
Agatha Christie et Henry-Georges Clouzot...
Alors forcément, quand je lirai enfin
Simenon, ce serait aussi bien que les films, aussi bien que mes souvenirs et quelque part, c'est peut-être pour ça aussi que j'ai mis du temps à y venir.
Or donc, cela n'a pas été aussi bien du tout que dans mes souvenirs et je dois avouer m'être ennuyée dans cette "Affaire Saint-Fiacre" dont la lenteur m'a exaspéré… Pourtant, les longueurs, les contemplations, j'aime ça moi d'habitude… Mais là...! Non vraiment, c'était trop...
Alors peut-être ai-je mal choisi mon enquête, j'aurai sûrement dû en choisir une plus parisienne pour entrer dans l'oeuvre de l'homme de Liège… Mais j'étais un peu perdue au milieu de tous les titres possibles (allez chercher un roman qui se résout avec une robe bleue quand vous n'avez pas plus d'éléments…) et j'ai donc jeté mon dévolu sur le seul titre qui me restait, "
L'Affaire Saint Fiacre", parce qu'en quatrième, notre professeur nous en avait fait étudier l'incipit.
Pourtant, cette peinture de la France rurale des années cinquante me semblait prometteuse en terme d'ambiance et l'idée de départ était des plus séduisante...
Le commissaire Maigret est de retour en Auvergne sur les terres de son enfance et chaque pas fait ressurgir en lui des souvenirs oubliés: le regard de sa logeuse, le froid mordant du petit matin, la silhouette du château qui se découpe sur le ciel blanc. Il faut dire que son père était le régisseur du château et que le petit garçon a grandi entre les frondaisons du parc et les pavés de la place principale du village... Son retour au pays pour émouvant qu'il soit n'a pas été provoqué par un désir de retour aux sources cependant mais par un courrier anonyme adressé au quai des orfèvres prédisant un meurtre dans le paisible bourg auvergnat et plus surprenant encore, le message se targue même de connaître par avance le lieu et le moment du décès... le commissaire était un peu dubitatif, il s'est pourtant rendu sur place pour se rendre compte -mais trop tard- que le corbeau disait vrai: lors de la première messe des morts, la comtesse de Saint-Fiacre s'effondre, victime d'un malaise cardiaque.
L'homme de l'art dès lors n'a plus le choix: officieusement mais sûrement, il va enquêter pour tenter de résoudre une affaire plus délicate que prévu, observant inlassablement ses semblables lesquels dissimulent bien des non-dits et des secrets en même temps qu'il se remémore un passé enfui depuis longtemps.
Il y avait tout pour me plaire dans ce court roman: une atmosphère délicieusement désuète, un monde récréé qui doit ressembler à ce que fut celui de mes grands voire arrières grands-parents, une intrigue tortueuse mais bien ficelé... Oui mais voilà, j'ai trouvé qu'il résultait du tout une impression de langueur, de longueur même qui m'a ennuyée au point de me faire parfois perdre le fil de l'enquête... C'est d'autant plus dommage que tout concordait pourtant à faire de cette lecture une réussite... Trop longue à venir la réussite!
Alors oui, je suis déçue et un peu triste, mais surtout déçue. Je ne renoncerai pas pourtant: j'en lirai un autre au moins que je veillerai à choisir avec plus de soin. Qui sait?