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EAN : 9782070366637
Gallimard (09/05/1975)
3.81/5   37 notes
Résumé :
Quand le docteur Kupérus apprend par une lettre anonyme que sa femme le trompe, il n'hésite pas : il saisit un revolver, surprend les amants et les tue.Quelques jours plus tard, il feint l'inquiétude : sa femme a disparu ! Bientôt les soupçons se portent sur lui et la rumeur se répand dans la ville : "Attention! V'là l'assassin..."
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Vu le titre, autant passer directement au crime.

À Sneek, en Frise néerlandaise à 130 kilomètres au nord d'Amsterdam, par une belle journée glaciale, le médecin local, Hans Kupérus, tue son épouse Alice et son amant, le comte Cornelius de Schutter, maire et avocat, à coups de revolver à bout portant.

Il aura fallu un an au médecin généraliste pour passer à l'acte après la découverte d'un message anonyme qui le renseigne sur la liaison clandestine entre sa femme et l'homme le plus riche du coin.

L'Assassin se pose lui-même des questions sur sa motivation profonde pour commettre ce double homicide : en veut-il à son Alice pour son infidélité ou plutôt à de Schutter qui lui a ravi la présidence de l'académie de billard de Sneek qu'il ambitionne fortement ?

Avec ce dilemme nous entrons de plain-pied dans l'univers équivoque et ambigu d'un Georges Simenon des années 1930.
L'auteur a achevé ce roman en décembre 1935 à Combloux, dans le département de la Haute-Savoie.

L'atmosphère et le contexte m'ont fait penser à "Pietr-le-Letton" de 1931, la toute première enquête du céĺébrissime commissaire Maigret, situé dans la même partie du globe.

Ce roman, proche d'un policier classique avec des questions comme qui a écrit la lettre anonyme et est-ce que le docteur sera condamné pour ce double meurtre, va bien au-delà et constitue essentiellement une analyse psychologique d'un individu sans histoires qui accomplit un acte prémédité et impardonnable. La psychologie de quelqu'un replié sur lui-même et de sa place dans une petite communauté qui le soupçonne et rejette.

Le nom du docteur Hans Kupérus a sûrement été inspiré par le poète et grand écrivain de la littérature néerlandaise, Louis Couperus (1863-1923), auteur du superbe classique "Eline Vere" de 1889 dont Harry Kümel a fait un film à succès en 1991 avec Marianne Basler, dans le rôle d'Eline, Aurore Clément, Michael York, etc.

Je termine par une citation, qui reflète à merveille le style du jeune Simenon : "Kupérus... s'arrêta devant une vitrine et il se regarda dans la glace, fut surpris de constater qu'il avait l'air d'un vrai veuf."
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D'un côté, les hasards de la création l'ont voulu ainsi, la fresque en majesté du binôme "45° à l'Ombre" et "Le Testament Donadieu", avec sa puissance qui vous prend à la gorge et aux tripes, l'assurance d'une cruauté bourgeoise qui ne se laisse pas oublier un seul instant et l'histoire d'une dynastie d'armateurs qui coule peu à peu par le fond, entraînant un maillon puis un autre maillon de la superbe chaîne familiale, le tout présenté, observé, minutieusement détaillé à travers une sorte de kaléidoscope spatio-temporel que le récit autorise en recourant à une recomposition chronologique des plus simples (en apparence). Dans "45° à l'Ombre", nous savons que pas mal de tempêtes ont déjà assailli la personne, aimable et toujours à l'écoute de l'Autre, du Dr Oscar Donadieu. Au milieu de la cacophonie qui s'élève de cette "Croisière se déchire" qu'est en fait "45 Degrés ...", les pieds bien plantés sur le pont de "L'Aquitaine", Simenon évoque en parallèle les hurlements et les coups de vent pleins de rage jaillis d'un passé qui est encore loin d'être canonique Peu à peu, le lecteur comprend que, sans ce passé qui chemine, la queue perpétuellement basse mais le regard toujours à l'affût d'un mauvais coup à faire, Donadieu ne serait pas là, sur "L'Aquitaine", à tenter de soulager les souffrances physiques, et encore plus morales, des passagers des trois classes - la troisième existait encore à l'époque. La clef de l'ouvrage se situe dans "Le Testament Donadieu", l'un des romans les plus balzacien de son auteur, et qui fait défiler sous nos yeux des personnages bien plus jeunes - qui pourrait ainsi deviner que le futur médecin était surnommé "Kiki" quand il avait quinze ans ? que cet homme posé, sûr de lui, cet hybride surprenant entre le bourgeois arrivé et l'anarchiste qu'on n'appelle pas encore écologiste mais qui ne rêve que de courir les mers, a fui sa famille corsetée et bordelaise pour ne pas se rendre complice d'un mode de vie fondé sur le Mensonge, le Regard-qui-se-détourne et le Murmure-que-l'on-tait pour préserver à jamais son statut social et les privilèges mondains et financiers qui vont avec ? D'où l'occasion, pour un Simenon en très grande forme, de nous donner sa version, bien particulière, d'un "Roméo & Juliette" soigneusement passé et repassé au noir et au glauque les plus attractifs bien que fort désespérants ...

Dans l'envol des pages de ces deux romans, on perçoit le "han" du bûcheron qui taille, tranche, abat, construit dans le grandiose, avec l'obsession de l'immortalité.

Tout le contraire de "L'Assassin", lequel, parmi son titre alléchant, est, à ce que je m'entêterai toujours à appeler la "Fresque Donadieu", un vrai petit chef-d'oeuvre de miniaturisation raffinée, débordant de délicatesse et de finesse et tout ça sur un fond lui aussi délicieusement glauque. Mais ici, on assassine en douceur - et l'on peut rester à rêvasser une ou deux minutes sur le fait que, dans cette affaire, l'assassin est un disciple d'Hippocrate ... L'épouse qui trahit, l'amant qu'elle se prend, les deux y passent. Avec méthode, dans un esprit qu'on ne serait pas loin de qualifier de "scientifique." Car notre "Assassin", le Dr Hans Kupérus, qui partage avec son confrère des deux romans précédents le désir de fuir, de laisser tomber une vie guindée qui ne lui plaît plus - en admettant qu'il ait jamais suivi cette voie, paisible et rectiligne, avec l'enthousiasme qu'il eût apporté à devenir un grand chercheur ou un héros de ce genre - pour exister enfin par lui-même en s'affirmant, tant socialement que sexuellement et sentimentalement dans la ville où il exerce.

Donadieu, qui n'a jamais transigé, a réussi, nous le savons. Kupérus, lui, malgré tous ses efforts (et son plan est habile) restera en rade. Pis : il deviendra proie à son tour, ne devant sa survie qu'à Neel, la servante avec laquelle il s'est remarié et qui, en dépit des pressions de son amant, Karl Vorberg, se refuse à l'empoisonner. le prix à payer : tout le monde sait qu'il est responsable de la mort de sa première épouse mais il s'y est si bien pris qu'il n'y aura jamais ni preuve, ni témoin pour le prendre en défaut. Alors, incapable de le punir légalement, les notables locaux s'arrangent pour lui créer une sorte de cellule virtuelle : on le voit, on le salue, on change de conversation quand il arrive, on lui retire insensiblement l'accès aux parties de cartes ou de billard du bistrot où il avait ses habitudes, on méprise officiellement la pauvre Neel, tenue pour complice : bref, même s'il vit bien en Métropole, on le traite et on le traitera jusqu'à sa mort comme l'un de ces parias dont Simenon nous a déjà brossé un portrait aigu et comme englué à la fois de noir et de rouille (comme dans "Le Coup de Lune" par exemple).

Les habitués de l'auteur distinguent pratiquement tout de suite la différence. le trait est ici plus mesuré, on peut avoir l'impression, à certains moments, d'être tombé dans un Simenon mineur et puis, quand on ferme le livre, on demeure pétrifié devant l'adresse exceptionnelle avec laquelle le romancier liégeois est parvenu à retranscrire toute la noire et pour ainsi dire diabolique puissance de certains registres de son écriture, registres qui, en principe, réclament de la place et aiment à s'étaler dans le sang et le malheur comme le ferait une pièce élizabéthaine , dans ce qui, au premier regard d'un lecteur par trop distrait, passerait facilement pour l'une de ces boules de verre-souvenirs qu'il suffit de mettre tête-bêche pour faire couler pluie ou neige ...

Lisez "L'Assassin" : c'est la meilleure façon de mieux comprendre ce que j'ai cherché à dire ici. Bonne lecture ! ;o)
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"L'Assassin" de Georges SIMENON : 1937.
L'humain dans tous ses mystères...

Hans Kuperus, médecin... devenu criminel "par accident", par impulsion, des suites d'une humiliation.

Gamins qui bientôt chuchotent derrière lui : " Attention, v' là l'assassin ! "... Salle d'attente de son cabinet qui peu à peu se vide... Mais le Docteur Kuperus reste...

Au fait, pourquoi reste-t-il ?
Peut-être "pour voir"...

"La vérité, l'âpre vérité." (DANTON et sa célèbre phrase en épitaphe du "Rouge et le Noir" de STENDHAL)

Allons... QUI écrit aujourd'hui comme Simenon ?
Evidemment plus personne.

Intériorité saisie dans tous ses mouvements : une (longue) fuite immobile.
Tout est juste... Hypnotique. Désespéré. "Vrai" : c'est-à-dire humain.

Parmi tant d'autres noires merveilles simenoniennes, un court roman virtuose.

Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Ce roman, très bien mené, retrace avec simplicité le chemin psychologique d'un homme qui transgresse le cadre dans lequel il évoluait. Un homme qui chamboule tout, commet l'irréparable et devient l'esclave de ce geste.
Pour nous, lecteurs d'aujourd'hui, c'est aussi un témoignage d'une autre époque, d'autres moeurs...Pourtant pas si lointains.
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Je ne recommande pas ce livre !
Je suis très déçue de ce livre suite à ma lecture j'ai d'abord pu apercevoir un problème d'impression des tâches d'encres sur certaines pages ainsi que des mots mal imprimés (transparent)!
Ensuite, je ne vous parle pas du nombre de fautes d'orthographe qu'il y a ! C'est inadmissible !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
...] ... Il la regarda dans les yeux, sous la lampe.

- "Tu es triste ?

- Un peu ...

- Tu l'aimais vraiment ?

- Est-ce qu'on sait ?

- Pourquoi a-t-il accepté s'il t'aimait ?

- Il fallait bien !

- Déshabille-toi ... Je ne veux plus que tu aies d'amant, tu entends ? ... Rien que moi ! ..."

C'était une bouffée chaude qui lui montait à la tête et alors rien n'existait plus au monde que la chair un peu fade de Neel et ses yeux qui restaient indifférents au plus fort de l'étreinte.

- "Tu me détestes, Neel ?

- Non.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas.

- Tu as peur de moi ?

- Non plus !"

Et pourtant, il lui meurtrissait les chairs ! Comme au premier jour, elle aurait pu soupirer :

- "Ce que vous êtes passionné !"

Il se penchait sur ses yeux grisâtres. Il les fixait de tout près, à en avoir les pupilles écarquillées et douloureuses. Il ne savait que dire pour troubler l'eau de ces yeux-là.

- "Neel ! ...

- Oui ...

- Tu n'as pas peur de vivre toute seule dans la maison avec moi ?

- Pourquoi ?

- Tu n'as pas peur ?" insista-t-il.

- "Non ...

- Neel ! ...

- Oui ...

- Est-ce qu'il y a des gens qui racontent que c'est moi qui ai tué madame et Schutter ?"

Il l'étreignait toujours.

- "Réponds ! ... Ne crains pas de répondre.

- Il y en a.

- Qu'est-ce qu'ils disent ?

- Qu'on ne saura jamais la vérité.

- Qu'est-ce qu'ils disent encore ?

- Et que cela fera du tort à votre situation de médecin ...

- Et encore ... ?

- Que vous avez toujours eu un drôle d'air ..."

Alors, il éclata de rire, d'un rire dur, car ça, c'était faux, archifaux ! Les gens étaient des imbéciles, des aveugles ! Pendant toute sa vie au contraire, toute sa première vie, celle d'avant l'événement, il avait été l'être le plus banal, un Hollandais aussi pareil aux autres que possible, un docteur comme tous les docteurs de province, un mari comme tous les maris ! ... [...]
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[...] ... On le trouva très digne, au point qu'il échappa au ridicule. Pourtant, il ne se donnait pas la peine de jouer la comédie. Il faisait ce qu'il avait à faire, simplement.

Ainsi alla-t-il trouver le chef de la police, un grand maigre qu'il connaissait depuis longtemps et qui portait toujours une jaquette. Le chef de la police était d'un naturel lugubre. Kupérus, pour la commission qu'il avait à faire, n'avait pas à se montrer gai.

- "Asseyez-vous. Vous allez bien ?

- Assez bien.

- Mme Kupérus aussi ?

- Voilà ! Je ne sais pas ... Je suis venus vous signaler que ma femme a disparu depuis deux jours ..."

Il faisait cela comme une corvée, avec un air d'ennui. Et c'est cette douleur pudiquement voilée qu'on prit pour l'expression pudiquement voilée d'une grande douleur.

- "C'est étrange ... " murmura le chef de la police en regardant les boulets rougeoyant sur une grille.

- "Que ma femme ait disparu ?

- Qu'on me signale en même temps une autre disparition, celle de l'un de vos amis, Schutter, l'avocat ..."

Kupérus haussa les épaules, comme pour dire que cela n'avait aucun rapport. Cela ne l'amusait même plus de voir des gens comme le chef de la police marcher à fond, le regarder avec compassion, le reconduire comme on reconduit un malade et lui serrer la main avec insistance.

- "'Je vous promets de faire mon possible, il faut espérer que ce n'est qu'une fugue, peut-être un malentendu ..."

Et Kupérus remercia d'un pâle sourire. Dehors, il s'arrêta devant une vitrine (celle d'une pharmacie, par hasard, où il n'y avait rien à voir qu'un immense bocal jaune), et il se regarda dans la glace, fut surpris de constater qu'il avait l'air d'un vrai veuf. .... [...]
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" Je ne pensais pas qu'il était possible d'être à la fois aussi populaire et aussi bon. "

Henry Miller (1891-1980) de Georges Simenon.

(4e de couverture de l'édition Folio Policier).
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[...] ... On le trouva très digne, au point qu'il échappa au ridicule. Pourtant, il ne se donnait pas la peine de jouer la comédie. Il faisait ce qu'il avait à faire, simplement.

Ainsi alla-t-il trouver le chef de la police, un grand maigre qu'il connaissait depuis longtemps et qui portait toujours une jaquette. Le chef de la police était d'un naturel lugubre. Kupérus, pour la commission qu'il avait à faire, n'avait pas à se montrer gai.

- "Asseyez-vous. Vous allez bien ?

- Assez bien.

- Mme Kupérus aussi ?

- Voilà ! Je ne sais pas ... Je suis venus vous signaler que ma femme a disparu depuis deux jours ..."

Il faisait cela comme une corvée, avec un air d'ennui. Et c'est cette douleur pudiquement voilée qu'on prit pour l'expression pudiquement voilée d'une grande douleur.

- "C'est étrange ... " murmura le chef de la police en regardant les boulets rougeoyant sur une grille.

- "Que ma femme ait disparu ?

- Qu'on me signale en même temps une autre disparition, celle de l'un de vos amis, Schutter, l'avocat ..."

Kupérus haussa les épaules, comme pour dire que cela n'avait aucun rapport. Cela ne l'amusait même plus de voir des gens comme le chef de la police marcher à fond, le regarder avec compassion, le reconduire comme on reconduit un malade et lui serrer la main avec insistance.

- "'Je vous promets de faire mon possible, il faut espérer que ce n'est qu'une fugue, peut-être un malentendu ..."

Et Kupérus remercia d'un pâle sourire. Dehors, il s'arrêta devant une vitrine (celle d'une pharmacie, par hasard, où il n'y avait rien à voir qu'un immense bocal jaune), et il se regarda dans la glace, fut surpris de constater qu'il avait l'air d'un vrai veuf. .... [...]
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Le mélange était si intime entre la vie de tous les jours, les faits et gestes conventionnels et l'aventure la pluie inouïe, que le docteur Kupérus, Hans Kupérus, de Sneek (Frise néerlandaise), en ressentait une excitation quasi voluptueuse qui lui rappelait les effets de la caféine, par exemple.
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