AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070408368
279 pages
Gallimard (07/12/1999)
3.69/5   62 notes
Résumé :
Kees Popinga est employé par Julius de Coster qui dirige une maison de fournitures de bateaux. Son patron, qui va faire faillite, s'enfuit en simulant un suicide. Dès lors Popinga est un autre homme. Il ne veut plus obéir à la routine journalière et quitte sa femme, ses deux enfants, son métier. Mais cette «libération» ne sera qu'un échec que Simenon décrit avec ce sens de la fatalité qui rappelle les tragiques grecs.

Source : Folio, Gallimard
Que lire après L'Homme qui regardait passer les trainsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 62 notes
5
2 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Trop longtemps  happé par le train train quotidien,
de sa vie de petit bourgeois hollandais bon père de famille
Popinga vient de se faire licencier.
Libéré du boulot, il compte prendre exemple sur son ancien patron,
avoir une maîtresse comme la belle Pamela
mais il lui tord le coup comme à un canard.
Devenu fugitif, Popinga saute dans un train...
C'est un très bon roman noir de Simenon
sans son célèbre commissaire Maigret.
Là, point d'enquête, il suffit de suivre le personnage
qui change d'identité et de peau...de vache !
L'homme qui aimait regarder  les trains passer, ça défile à toute allure....
Commenter  J’apprécie          560
- L'homme qui regardait passer les trains - ( le titre est un "aiguilleur" qui remplit sa mission à la perfection ) est l'un des 117 "romans durs" écrits par Georges Simenon. Par "roman dur", on entend une histoire dont ne fait pas partie le commissaire Maigret, encore que dans celui-ci, il y ait au 36 Quai des Orfèvres un commissaire Lucas qui peut lui servir de substitut.
Comme pour certains Tours de France, le départ de cette course contre la montre ( le temps est une composante essentielle du livre, et ce qui sert à le mesurer tout autant ) se fait à "Groningue, une ville néerlandaise, chef-lieu de la province de Groningue, dans le Nord des Pays-Bas."
Kees Popinga est un petit bourgeois de 39 ans, fondé de pouvoir d'une importante firme maritime, marié et père de deux enfants adolescents.
Nous sommes à quelques jours de Noël.
Kees Popinga fume sa pipe en regardant passer les trains... qui lui font toujours éprouver une drôle de sensation.
Sa femme complète son album de Kromos.
Sa fille rêve.
Son fils regagne la chambre de la villa parentale cossue.
Sans raison apparente, sans élément déclencheur, Kees Popinga décide de sortir pour aller s'assurer que tout est en ordre sur un des navires de la compagnie, navire qui est sur le point d'appareiller.
C'est l'instant que guettait le destin pour faire dérailler la vie jusque-là sans histoire de cet homme cantonné aux horaires fixes et réguliers ( comme ceux des trains ), à son club d'échecs et de billard ; sorties presque "ritualisées", où les notes immuables sont inscrites sur un papier à musique conservé comme un reliquaire par ses membres.
Le navire ne peut appareiller.
Julius de Coster, son PDG... comme on dirait aujourd'hui... a disparu.
Kees Popinga part à sa recherche et finit par le retrouver en train de s'enivrer dans un bar.
Il entre.
Son patron lui révèle qu'il a commis des actes de malveillance, que sa compagnie est en faillite et qu'il s'apprête à disparaître en maquillant sa fuite en suicide.
Kees Popinga qui avait placé toutes ses économies dans la compagnie, dont la superbe villa n'est pas encore payée, est ruiné.
Étrangement, ces révélations ne l'abattent pas mais le stimulent.
Son patron partage avec lui une importante somme d'argent.
L'expert-comptable va se muer en expert en liberté.
Ce monde n'étant basé que sur des mensonges et des apparences, il n'a plus de comptes à lui rendre.
Il prend enfin le train... pour Amsterdam... pour y retrouver une "prostituée", maîtresse de son patron, dont il rêve depuis longtemps.
La rencontre ne se passe pas comme il l'aurait souhaité...
Qu'à cela ne tienne, il prend un autre train pour... Paris...
Et là commencent les aventures de Kees Popinga.
Je ne vous en dis pas plus pour ne pas divulgâcher (j'aime bien ce verbe, que je répète de temps à autre...) votre plaisir.
Outre la formidable imagination de Simenon et son sens inné de l'action, ce polar psychologique est truffé de l'incontestable sens... de l'acuité devrais-je dire... de l'observation de l'auteur.
Ainsi, parmi les "tics" de Popinga, il en est un que vous interpréterez tel qu'il vous semblera bon ou juste de l'interpréter... c'est la relation quasi obsessionnelle de Popinga avec les glaces, les miroirs et son image.
L'image renvoyée par la psyché.
Psychée devenue le miroir de l'âme ou de l'inconscient... à vous de voir !
Il est plus que naturel de la part d'un lecteur de se demander quelle est celle que l'auteur a mise dans son "héros" - héros négatif en l'occurrence -.
Intéressante question concernant Simenon, l'homme aux "10 000 femmes" qui, c'est lui qui l'a révélé, avait des relations tarifées en moyenne six fois par jour... Et Kees Popinga, qui appelle son épouse "maman", ne peut dormir, trouver le sommeil, que s'il a à ses côtés, dans son lit... une prostituée...
Le travail, qualifié précédemment, de l'auteur concernant l'approche psychologique de son personnage est remarquable en cela qu'à travers ses déambulations parisiennes, il va le déconstruire, le déstructurer pour finalement réussir à le mettre à nu physiquement et psychologiquement.
Du très grand art !
J'ajouterai que, d'un point de vue symbolique ou autre(s) ( toujours à vous de décider... ), Popinga écrit sur un carnet en moleskine... de manière compulsive et... nécessaire, voire vitale.
À la fin du roman, il va demander un cahier pour y écrire " La vérité sur le cas de Kees Popinga "... on pourrait s'attendre ou y voir une mise en abîme... sauf que les pages de ce cahier vont rester blanches... comme si la vérité se trouvait ailleurs... ou comme s'il n'y en avait pas...
Comme si l'idée ou l'image que se fait Simenon de l'écrivain se "résumait" à ce constat...
Encore une fois, votre interprétation vaudra au moins tout autant si ce n'est davantage que la mienne.
Je me suis régalé à lire les 277 pages de cet excellent roman que j'avais initialement qualifié de polar psychologique, mais qui au-delà de l'étude sociale n'a pas fini de nous livrer tous les secrets insondables qu'il recèle...


Commenter  J’apprécie          320
Etoiles Notabénistes : ******

ISBN : 9782258093584

Voici probablement la meilleure étude sur une personnalité de psychopathe à laquelle se soit livré Simenon dans sa série de romans psychologiques. Nous savons déjà qu'il a rarement traité le thème du tueur en série dans ses "Maigret" et que, les deux fois (je ne crois pas me rappeler qu'il l'a fait plus souvent), il n'a jamais réellement cherché à approfondir le caractère de ces personnages-là. Dans cet "Homme Qui Regardait Passer Les Trains", son but est visiblement tout autre. Non qu'il se prononce de façon définitive. Il laisse son lecteur se faire sa propre idée de son héros, Kees Popinga, mais pour l'y aider, il lui fournit tous les indices nécessaires. Indices et peut-être contre-indices, allez savoir ...

A chaque roman, Simenon se révèle comme un maître de l'analyse psychologique, qu'il l'ait été consciemment ou pas. Et il était trop fin pour ne pas savoir que, même si la logique d'un malade mental n'est pas la même que celle d'un être dit "normal", elle n'en existe pas moins bel et bien.

Normal, en tous cas, Kees Popinga nous le paraît sans conteste dès les premières pages. Dans sa belle villa de Groningue, en Hollande, il mène une vie paisible et terriblement hollandaise auprès de sa femme, qu'il appelle "maman" (sauf au lit, nous l'espérons) et de ses deux enfants, Frida, dont on ne sait jamais à quoi elle pense, et Carl, de deux ans plus jeune (il a donc quinze ans), adolescent qui ne présente aucun des défauts inhérents à cet âge - ce qui fait penser à son père, nous l'apprendrons plus tard, qu'il ne fera rien de bien dans la vie ... Popinga possède en plus une excellente situation dans la meilleure maison d'import-export du lieu, celle de Julius de Coster en Zoon Père & Fils. Bref, tout est chaud, tout est douillet, tout est prévu dans cette existence qui semble parfois nous restituer le lent et pondéré tic-tac d'une horloge comtoise, à la fois rassurant et lassant. le jeudi, M. et Mme Popinga vont non pas au cinéma - distraction décrétée peu convenable par maman - mais à l'Opéra. Kees s'interdit de lui-même de pénétrer dans certains bars qui ne sont pas convenables, eux non plus. Quant à la maison close du lieu, où, pendant des années, se produisit Paméla, la femme qu'il considérait cependant comme la plus attirante qui fût, jamais, pour rien au monde, Popinga n'y poserait le bout du gros orteil.

J'ai parlé d'horloge. Et une horloge, si solide qu'elle soit, c'est fragile. Tous les trois mois, ma grand-mère faisait venir son horloger pour qu'il vérifiât les mécanismes de celles de la maison, c'est tout dire. Et ma grand-mère savait ce qu'elle faisait ! ;o) Mieux valait prévenir tout détraquement éventuel car, une fois le détraquement survenu, adieu la modération, adieu la sagesse, adieu la sécurité même si la lassitude s'en va aussi avec elles ... Or, par un soir de période de Noël, à Groningue, l'horloge des Popinga est prise d'assaut par la menace qui la guette depuis sa création ...

Il faut dire que, sorti dans la nuit par exception (après avoir mis ses caoutchoucs) pour vérifier une dernière fois si "L'Océan III", l'un des bateaux de la Compagnie, sera fin prêt pour prendre la mer le lendemain, c'est avec ahurissement et non sans effroi que Kees Popinga doit faire face à un capitaine furieux qui n'a pas été réapprovisionné en mazout ainsi que cela était prévu. Encore sous le choc et après un détour au manoir de Julius de Coster le Jeune - lequel, ne vous y trompez pas, a soixante ans pour une épouse de trente ans plus jeune - Popinga est renvoyé, non sans mépris, par cette dernière aux bureaux de la Compagnie où, d'après ce qu'il lui a dit, son mari avait pour idée de travailler tard. Mais vous pensez bien que Popinga, en employé modèle, y est déjà allé, aux bureaux de la Compagnie. Des bureaux où De Coster brillait par son absence.

Finalement, tout à fait par hasard, alors qu'il jette un regard de biais par la vitrine de l'un des bars mal famés de la ville, "Le Petit-Saint-Georges", Popinga, qui n'en croit pas ses yeux, y découvre, paisiblement installé à une simple table de bois, son patron en train de consommer, son patron qui le voit à son tour et lui fait signe fort aimablement de le rejoindre.

Avec une urbanité charmante et un cynisme écoeurant de froideur, Julius annonce à son chargé d'affaires que la Compagnie sera très bientôt déclarée en liquidation judiciaire parce que, entre autres, cela fait bien vingt ans que lui, Julius fait de la contrebande et se livre à divers trafics sous cette couverture qu'il a héritée de son père, désormais sénile mais qui, du temps de ses beaux jours, avait lui-même fait fortune en trafiquant au Transval lors de la Guerre des Boers. Ayant cette fois-ci poussé le bouchon un peu loin, Julius a décidé de "disparaître" en toute discrétion, ce soir-même, pour se réfugier en Angleterre où l'y attend un confortable magot. Et ce sont sur ces bonnes paroles et avec le conseil paternel de l'imiter qu'il abandonne Popinga à ses réflexions ...

Et c'est là que jaillit d'un seul coup le côté obscur de Popinga, cet homme qui aime tant à regarder passer les trains, surtout les trains de nuit qui, compte tenu de l'implication sexuelle qu'il associe à leurs wagons, lui inspirent une fascination étrange et lourde. Tout d'abord, avec l'argent que lui a donné le très serviable De Coster, il s'offre un ticket pour Amsterdam. De Coster y a abandonné, à l'Hôtel Carlton[, la fameuse Paméla, qu'il entretenait là-bas depuis quelque temps. Popinga se présente à elle et, sans plus de préambule, parce qu'il trouve sa demande naturelle ("après tout, c'était son métier, n'est-ce pas ?", dira-t-il plus tard), exige de passer une heure de sexe effréné avec elle. La jeune femme lui éclate de rire au nez et ...

Après Amsterdam, Paris. Popinga s'y promène glorieusement et, au début en tous cas, dans l'euphorie de sa nouvelle vie, sans aucune lassitude, sans aucune crainte : ni de la pègre, ni de la police qu'il a pourtant bientôt à ses trousses. Simenon nous révèle, par à-coups, son besoin (contre lequel il lutte ou ne lutte pas) d'avoir des rapports sexuels mais aussi de tuer uniquement des femmes. S'il avait à tuer un homme, Popinga le ferait également sans le moindre scrupule mais ce serait sans doute dans le cas d'une légitime défense. La preuve : sur la fin du livre, alors qu'il avait à sa merci un clochard, endormi sur un banc et dont il voulait à tout prix les vêtements, il renonce au geste meurtrier.

A partir du moment où Popinga monte dans le train qui l'amène à Amsterdam, le lecteur monte dans son rêve éveillé de refoulé qui, brusquement, voit éclater, exploser la personnalité qui lui servait de paravent et aussi de refuge. Tandis que les personnages qui se meuvent autour de lui - notamment Jeanne Rozier, son amant Louis et leur bande de malfrats - appartiennent à la réalité, bonne ou mauvaise, il n'y a plus, pour Popinga, qu'une Réalité : la sienne. Kees Popinga y règne en maître, fait la une des journaux, écrit aux directeurs de certains quotidiens pour rectifier ce qui, selon lui, est faux dans ce qu'ont rapporté sur lui leurs rédacteurs. Il s'offre même le luxe d'écrire au commissaire Lucas qui traite son affaire au Quai des Orfèvres. Peu à peu, il se berce de sa célébrité mais surtout de l'adresse, exceptionnelle, avec laquelle il échappe à ses persécuteurs, tous ces gens qui vivent dans la norme. Il caresse, flatte, et ressasse sans cesse la valeur de son intelligence. Kees Popinga échappe à tous parce qu'il est le Plus Fort, le Plus Intelligent. D'ailleurs, tous le disent ...

Quand les journaux, probablement sur les ordres de la Sûreté, cessent de le mettre en avant, le Rêve Enchanté de Popinga commence à vaciller sur ses bases. Et notre homme est prêt à tout pour le retrouver et le faire durer éternellement.

Simenon explore son personnage en long et en large et de l'intérieur de son cerveau. le résultat est magnifique - même si certains ne le jugeront certainement pas assez "gore". Mais le "gore" n'était pas l'affaire de Simenon. Son affaire à lui, c'était l'être humain. Et, malgré sa déviance et même sa perversion, sans oublier sa mégalomanie, c'est bien le souvenir d'un être humain que le lecteur emporte de Kees Popinga, l'Homme Qui Regardait Passer les Trains. Bonne lecture à vous !
Commenter  J’apprécie          80
Je ne suis pas un expert de Simenon, j'en ai quand même lu une grosse dizaine quand même! et celui-là me semble atypique sur certains points: d'abord l'histoire commence hors de France en mettant en scène un personnage principal non français....ensuite et c'est ce qui m'a le plus surpris , c'est "presque" un roman d'actions!!! Là, où Simenon nous ( m') avait habitué à un récit tout en tensions lentes, évolutions progressives , ici, on va de rebondissement en rebondissement et on accompagne le personnage principal en permanence en mouvement ! On retrouve quand même la belle écriture et aussi , je trouve ,ces "héros " qui basculent dans leurs actes hors de la loi, souvent considérés comme ...fous mais qui semblent si proches de nous et de nos semblables....
Commenter  J’apprécie          203
(...) Per un caso del tutto improbabile, una sera Kees Popinga (quale miglior nome per dire il ridicolo del personaggio?) incontra il suo principale, che tra un bicchiere e l'altro gli rivela di accingersi a suicidarsi per finta e fuggire con la cassa per andare a godersi la vita in qualche luogo esotico. Resosi conto di essere stato l'utile idiota del ricco armatore, senza mai accorgersi dei suoi loschi affari, Popinga, che si è sempre ritenuto più intelligente degli altri - non li batteva tutti giocando a scacchi? - vuole provare a se stesso e al mondo di essere anche lui un dominatore, persino uno che fa paura se vuole: (...)
Lascia quindi senza esitazioni famiglia, lavoro, paese, fiducioso di potersi prendere dalla vita tutto ciò cui finora ha rinunciato (i treni che vede sfrecciare rappresentano per lui le misteriose avventure che da sempre avrebbe voluto vivere) per adattarsi a desideri e principi mai sentiti veramente suoi, e innanzitutto va a proporsi all'amante del suo principale, che non immaginava essere una prostituta d'alto bordo (anche lei quindi in un certo senso lo ha preso in giro). Senonchè lei ride di lui e lui, offeso dal suo riso di cui sente il significato offensivo, la strangola. Scattano le ricerche da parte della polizia e tutti i giornali parlano di lui.
All'inizio questa situazione di assoluta irresponsabilità e perciò di assoluta potenza, lo esalta come una partita a scacchi del cui esito lui è sicuro, fidando nella sua abilità di prevedere le mosse dell'altro, e persino pretendendo che stampa e polizia si occupino di lui come di un uomo estremamente interessante. Ma la vita è più complicata di un gioco e lui deve non solo fare i conti sia con un progressivo indebolimento della sua baldanza iniziale a causa della crescente solitudine (tutto si svolge nel periodo natalizio …) sia con quella che gli sembra colpevole incomprensione da parte dei giornali, che lo definiscono “il pazzo di Amsterdam”, ancor più quando avrà aggredito una seconda donna, che pure gli si era rifiutata. Senza contare che la vita non è una partita a scacchi ...
Alla fine, infatti, nuovamente il caso porterà scompiglio tra le sue pedine, dandogli scacco matto: uno dei più abili scippatori d'Europa (!), che lui ha preso per un turista americano, gli ruba tutto il denaro che gli resta riducendo così drasticamente le sue possibilità di fuga e soprattutto rivelandogli che in realtà lui “è solo un dilettante” e come tale non meritevole dell'attenzione della stampa e della polizia (a proposito di polizia, sicuramente Popinga si occupa del commissario Lucas più di quanto Lucas si occupi di Popinga).
Scopertosi “un dilettante”, Popinga desidera ormai solo una cosa: sparire, ma non senza aver prima scritto a un giornale che quando la sua lettera giungerà a destinazione, lui avrà già iniziato una nuova stupenda vita in un luogo che non rivela.
A questo punto, avendo ben pianificato la sua azione - pensa -, vestito solo di un brutto soprabito perché nessuna traccia porti alla sua identificazione e alla smentita di quanto ha scritto, si stende sui binari del treno. Senonchè - altro caso da lui non previsto - i macchinisti lo vedono, lo portano al sicuro ecc. ecc. Così Popinga si ritrova infine in un manicomio olandese dove la moglie va a trovarlo cercando inutilmente di coinvolgerlo nelle problematiche familiari e un dottore non capisce quanto matto lui sia. D'altra parte lui stesso si è sforzato per tutto quel tempo di spiegarsi e di spiegare al mondo la sua propria personalità, ma … “Non c'è una verità, vero?”, dice al medico sorpreso di trovare vuoto il quaderno in cui il suo paziente si proponeva di scrivere “La verità sul caso di Kees Popinga”.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Il avait du temps devant lui. Il pouvait chercher ses phrases. Le poêle ronflait comme celui de Groningue et les tables étaient garnies de clients paisibles qui attendaient l'heure d'un train.

Monsieur le rédacteur-en-chef,

Je vous demande tout d'abord d'excuser mon français, mais pendant les dernières années en Hollande, je n'ai pas eu beaucoup la pratique.

Supposez que, dans tous les journaux, des gens qui ne vous connaissent pas , écrivent que vous êtes comme ci et comme ça, alors que ce n'est pas la réalité et que vous êtes autrement ? Je suis sûr que cela vous ferait déplaisir et que vous auriez le désir de dire la vérité.

Votre rédacteur est allé à Groningue et a questionné les gens, mais les gens ne pouvaient pas savoir, ou encore ils ont menti exprès, ou rencore ils ont menti sans le faire exprès.

Je veux rectifier et je commence par le commencement car j'espère que publierez ce document qui, lui, est véridique et montrera comment on peut être victime de ce que disent les autres. D'abord, l'article parle de ma famille. Il en parle d'après ma femme, qui a déclaré à votre reporter :

- "Je ne peux pas comprendre ce qui est arrivé et rien ne le faisait prévoir. Kees était d'une excellente famille ; il a reçu une très bonne éducation supérieure. Quand il m'a épousée, c'était un jeune homme calme et réfléchi qui ne rêvait que de fonder un foyer. Depuis lors et pendant seize ans, il a été un bon époux, un bon père. Il avait une santé magnifique mais je dois dire que, le mois dernier, un soir de verglas, il est tombé sur la tête. Est-ce que ce n'est pas cela qui a provoqué des troubles du cerveau et de l'amnésie ? Certainement, il n'a pas fait ce qu'il a fait en connaissance de cause et il est irresponsable ..."

Kees commanda un second café et faillit demander un cigare, mais il se souvint de sa décision et, avec un soupir, bourra une pipe, relut ces quelques lignes et commença à les réfuter.

- "Voici, monsieur le rédacteur-en-chef, ce que j'ai à dire à ce sujet :

1) Je ne suis pas d'excellente famille. Mais vous comprendrez que ma femme, dont le père était bourgmestre, tienne à raconter ces choses aux journalistes. Ma mère était sage-femme et mon père, architecte. Seulement, c'était ma mère qui faisait vivre le ménage. Mon père en effet, quand il allait voir des clients, restait à bavarder, à boire avec eux, trop gai et trop liant qu'il était de nature. Après, il oubliait de faire un prix, ou bien il oubliait un détail des travaux à entreprendre, si bien qu'il avait toujours des ennuis.

Il ne se décourageait pas pour cela, il soupirait :

- "Je suis trop bon !"

Mais ma mère ne l'entendait pas ainsi et je n'ai pas connu un jour sans qu'il y eût des scènes de ménage à la maison ; elles étaient particulièrement violentes quand mon père avait bu plus que de coutume et ma mère nous criait, à ma sœur et à moi :

- "Regardez cet homme et essayez de ne jamais lui ressembler ! Il me mettra au tombeau !" ... [...]
Commenter  J’apprécie          20
..."aux dernières nouvelles, le nommé Popinga aurait quitté son domicile de Groningue dans des conditions qui permettent de se demander s'il n'a pas un autre crime sur la conscience. En effet, son patron, M. Julius de Coster, a disparu subitement et"....
- C'est bien toi ? martela Jeanne Rozier, à bout de patience.
- Bien sûr que c'est moi !
- C'est toi qui a étranglé cette femme ?
- Je ne l'ai pas fait exprès.. Je me demande même comment elle a pu en mourir... D'ailleurs, il y a beaucoup de choses exagérées dans l'article, et même des choses tout-à-fait fausses....
Commenter  J’apprécie          90
En ce qui concerne personnellement Kees Popinga, on doit admettre qu'à huit heures du soir il était encore temps, puisque, aussi bien, son destin n'était pas encore fixé. Mais temps de quoi ? Et pouvait-il faire autre chose que ce qu'il allait faire, persuadé d'ailleurs que ses gestes n'avaient pas plus d'importance que pendant les milliers et les milliers de jours qui avaient précédé ?
Commenter  J’apprécie          120
Il paraît, toujours d'après Mme Popinga, que pendant seize ans j'ai été un bon époux et un bon père. Ce n'est pas plus vrai que le reste. Si je n'ai jamais trompé ma femme, c'est qu'à Groningue on ne peut le faire sans que cela se sache et que Mme Popinga m'aurait rendu la vie impossible.
Commenter  J’apprécie          140
Quand vous recevrez cette lettre, je ne m'appellerais plus Kees Popinga et je ne serais plus dans la situation d'un criminel qui fuit la police. J'aurai un nom honorable, un état-civil indiscutable et je ferai partie de cette catégorie de gens qui peuvent tout se permettre parce qu'ils ont de l'argent et du cynisme.
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Georges Simenon (131) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Simenon
Le dessinateur publie avec Jose-Louis Bocquet, une adaptation en BD du "polar dur" de Simenon. L'occasion de dessiner l'héroïne du livre, de nous raconter l'histoire, de croquer le héros de son enfance, et de nous donner les quatre références qui l'ont construit.
ITW : Anne Douhaire-Kerdoncuff Image et son : Noémie Sudre Montage : Didier Mariani
Plus de bd sur France Inter : https://www.radiofrance.fr/arts-divertissements/bd-manga/bandes-dessinees Plus de vidéos BD sur France Inter : https://www.youtube.com/playlist?list=PL43OynbWaTMLSUzMpmqwuKcJNbTeC5GhD
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Notre sélection Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (154) Voir plus



Quiz Voir plus

Le commissaire Maigret

Quel est le prénom du commissaire Maigret ?

Hercule
Édouard
Jules
Nestor

12 questions
257 lecteurs ont répondu
Thème : Georges SimenonCréer un quiz sur ce livre

{* *}