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EAN : 9782253143208
222 pages
Le Livre de Poche (01/01/2008)
3.38/5   20 notes
Résumé :
J'ai franchi trois fois la ligne, la première fois en fraude, avec l'aide d'un passeur, en quelque sorte, une fois au moins
légitimement, et je suis sans doute un des rares à être retourné de plein gré à son point de départ.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le passage de ligne évoqué dans le titre n'est pas le passage de l'équateur mais le changement de catégorie sociale qui affecte la vie d'un homme. A 50 ans, Steve Adams retrace son histoire et revient sur ses « passages ».

Steve Adams est né d'un père anglais et d'une mère normande. Il passe sa petite enfance chez ses grands-parents dans un petit bled de la campagne avant de rejoindre sa mère. Les oncles et tantes sont tous partis se placer à la ville et Simenon décrit la vie de petites gens de la campagne au début du XXe siècle, où chacun s'en va se placer pour monter petit à petit dans l'échelle sociale. La mère, devenue gouvernante d'un magistrat, sort un peu du lot mais le personnage est peu aimable, pas chaleureuse et âpre au gain.

Juste avant de passer son bac, Steve abandonne les études et monte à Paris. Ce jeune homme assez solitaire passe son temps à observer, la rue, les gens… Il trouve un place de coursier, d'abord chez un épicier puis chez un papetier, ce qui lui permet de continuer de découvrir Paris, observer les gens. Lassé de son travail, il abandonne et va rencontrer Haags qui va lui faire découvrir une autre vie, nous sommes alors dans les années 30.

Haags fait découvrir à Adams le monde de la bourgeoisie, des palaces. Ce mentor le fait entrer dans ce milieu, lui en donne les codes et s'en sert comme assistant pour repérer des lieux et des habitudes afin d'organiser des vols de bijoux. Leur duo dure quelques temps et quand il est interrompu par des soupçons policiers, Steve a de l'argent devant lui.

Il continue à fréquenter ce monde de luxe et organise sa vie autour du Fouquet's avant de devenir secrétaire d'une femme richissime qui des entreprises, un journal, brasse des affaire… Steve découvre alors les vrais enjeux du pouvoir, l'importance des réseaux.

Cette aventure est arrêtée par la guerre qu'il fait dans la marine anglaise. de retour à Paris après-guerre, il monte un agence de publicité florissante. Marié à une jeune fille de la bonne bourgeoisie, il fuit sa routine, devient antiquaire à Hyères alors que sa femme le poursuit pour récupérer sa fortune. Cette dernière partie est tracée à grands traits et permet juste de situer l'antagonisme avec sa vie récente.

Simenon est vraiment fort, il arrive à rendre intéressant un personnage assez détestable, que l'on peut assez facilement qualifier de sale type. En même temps, son détachement en fait un spectateur de sa propre vie et un observateur de choix.

Ce roman sociologique nous décrit une France populaire de la première moitié du XXe siècle, à la campagne et à la ville ; dans ce contexte, l'histoire de Steve Adams a peu d'importance, elle sert juste de fil rouge. S'il est assez cynique sur la vie à la campagne et en province, il faire revivre un Paris disparu aux quartiers typiques, chacun avec une population bien différenciée, avec ses petits boulots et la prostitution omniprésente. Il insiste sur les détails qui permettaient de repérer les gens en fonction de leur quartier, de leur habillement et rend longuement l'ambiance du Moulin Rouge, bal où toutes les catégories sociales se croisent.
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Je ne sais pas si je ne vais pas gâcher un peu l'expérience du lecteur en disant que c'est l'histoire d'un délinquant qui finit par aller voir un psy à la fin du roman, sans se rendre compte qu'il a vraiment un grave problème. Moi je n'étais pas au courant, j'ai appris cela petit à petit et je ressentais instinctivement une petite compassion au début pour le narrateur qui commence par raconter son enfance, avec des parents divorcés, une mère qui ne l'aime pas, un père qui le traite en étranger, balloter de famille en famille, chez ses tantes, grands-parents ; cela lui donne la particularité psychologique de ne jamais se sentir appartenir à aucune famille, à aucun groupe, dans un total manque d'affection, de toujours se sentir étranger et d'avoir même une grande aversion pour les cases sociales, tout ce qui donne un sentiment d'appartenance il le voit comme une prison, quelque chose de faux. Il devient très solitaire et sans morale.
Et là, malaise. Après la puberté, quand il commence à commettre divers délits pour « passer les lignes », gravir les échelons, dynamiter les conventions sociales, sans cupidité, sans envie, sans passion, sans esprit de revanche, sans rien, comme par simple curiosité. Il raconte tout cela avec une telle froideur, une telle absence de morale et d'émotion. En tant que lecteur, ça a été mon passage de la ligne, je suis imperceptiblement passé de la compassion au mépris. Déçu, comme devant quelqu'un de prometteur, d'intelligent, fort, lucide qui sombre dans la folie. Je ne vais pas dire tout ce qu'il fait, c'est plus ou moins grave. Toutefois son rapport avec les femmes est caractéristique de son absence d'affection. Et la façon dont il le raconte surtout, toujours avec une recherche de logique, dénuée de morale et de sentiment, une froide intelligence.
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En prévision du mois belge, j'ai aussi sorti de ma pile ce Simenon, mélange habile, comme savait le faire l'auteur, de roman d'apprentissage et de roman noir. C'est un livre qui prend son temps,
pas un roman policier à proprement parler, mais une analyse fine des prédispositions qui amènent une personne à « franchir la ligne », concept qui s'éclaire au fur et à mesure la lecture. le narrateur revient sur son enfance, sa jeunesse pauvre avec une mère célibataire et un père anglais qu'il voit rarement. Comment accède-t-il ensuite à la vie à laquelle il rêve, sans états d'âme, voilà le sujet du roman avec lequel j'ai pris parfois quelque distance. C'était cohérent avec la froideur du personnage toutefois. Un roman intéressant, avec une belle écriture dont je ne me lasse pas.
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Le passage de la ligne, oui mais quelle ligne? Celle entre le bien et le mal? Celle entre l'honnête homme et l'escroc? Celle entre les bénéficiaires du luxe et les gens humbles? Un peu tout ça sans doute. En nous emmenant dans les pas de son Steve Adams, né obscur, d'une mère dure et âpre au gain et d'un père anglais de passage sans doute un peu mou; Simenon nous offre une peinture détaillée de la France de l'entre deux guerres tant du côté de la Province que du côté de la Capitale. Il réussit aussi le tour de force de nous rendre attachant ce personnage sans scrupule sans doute pas véritablement criminel mais très certainement voleur.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Non seulement je n’ai jamais été hostile, mais je suis rarement resté indifférent. J’ai envie de dire que j’étais simplement étranger, mais ce mot aussi me paraît trop fort […]
Je ne crois pas que ce soit la notion de vide qui m’affectait si fort, mais la notion d’immobilité, d’une immobilité qui confinait à l’irréel.
Dans tous les groupes humains avec lesquels j’ai vécu par hasard ou par choix, j’ai connu, tôt ou tard, la même sensation angoissante […]
Il se produisait, d’une seconde à l’autre, sans que j’y sois pour rien, une rupture de contact. Les gens, autour de moi, pouvaient continuer à s’agiter : à mes yeux, ils n’en étaient pas moins figés. Ils remuaient les lèvres et les sons m’arrivaient d’un autre univers. La question qui se posait était, est encore, invariablement :
- Qu’est-ce que je fais ici ?
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Quant à ma solitude, elle constituait une défense, voulue ou non. Je n’appartenais à aucun des milieux que je découvrais et il ne fallait à aucun prix que je me pose sur une des cases où je risquais de rester figer pour toujours.
Je n’étais ni un pauvre, ni un riche, ni un bourgeois, ni un artiste, ni un employé, ni un patron. Je n’étais pas un révolté non plus, pas davantage un satisfait. Je n’étais rien.
Et je voulais être tout.
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J’étais au bord de la vie comme au bord de l’eau, la vraie vie, la vie anonyme, celle dont on ne sait encore rien et où on va essayer ses forces.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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