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Critique de dourvach


"Le fond de la bouteille" - écrit en 1948 depuis les Etats-Unis par notre écrivain liégeois universel - est un récit pluvieux, un sombre récit-lisière entre Mexique et Arizona. Quand la Santa Cruz est en crue, les ranchers se regroupent et s'alcoolisent les uns chez les autres pour y tromper leur ennui (et pour certaines dames, leurs maris, cela arrive...). L'un d'entre eux, Patrick - Patrick Martin Ashbridge, dit "P.M." - voit, un soir, débarquer dans sa vie son frère Donald, son cadet, un "raté" dont il est sans nouvelles depuis des années : évadé d'un pénitencier, il s'est d'abord réfugié chez leur soeur, beaucoup plus complaisante et moins jugeante que son aîné rancher... Durant toutes ces années où Donald se déclassait et s'enfonçait dans l'irrémédiable, "P.M.", lui - à force d'efforts et du "hasard" d'un mariage gratifiant - réussissait matériellement sa vie... le choc de leurs retrouvailles en est d'autant plus violent - d'autant que l'alcool les happe tour à tour. Abel et Caïn se battent puis s'apaisent... "P.M." promet d'aider Donald à passer la frontière - à savoir les eaux boueuses et dangereuses de la rivière. Car "P.M." est un homme de devoir...

La tragédie d'un homme ordinaire.

Pierre ASSOULINE, en sa monumentale biographie "Simenon", avait montré comment "Le fond de la bouteille" retraçait psychogiquement le sauvetage - par Georges - de Christian, son cadet chouchouté par sa mère étant enfant, bientôt parfait "raté" de sa famille, devenant fier collabo "rexiste" durant l'Occupation de son pays, dûment poursuivi pour collaborationnisme et crimes de guerre à la Libération : l'homme fuyant la Belgique s'évadera de France grâce à l'aide matérielle de son frangin, "écrivain célèbre richement pourvu" et très embêté..., puis disparaîtra dans les sables de la Légion étrangère sous un nom d'emprunt...

Non seulement, le sous-texte du roman est passionnant mais la montée des passions dans ces pages de double enfermement alcoolisé - quand la pluie violente bat au dehors sur les sols détrempés, face au désert embrumé - forme un ensemble inoubliable.
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